Football professionnel: Les présidents de clubs exigent le départ de Pierre Semengue

Douala, 10 mai 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager

Courroucés par la révocation du secrétaire général de la Ligue de football professionnel (Lfpc) et les agissements rébarbatifs du général d’armée à la retraite à leur égard, les présidents de clubs de football de Mtn Elite one et two, réunis au sein de l’Association des clubs d’élite (Acec), conditionnent la reprise du championnat par le départ du président de la Ligue.

Semengue must go ! Un énième communiqué pour crier leur colère et leur désolation face à la gestion (tyrannique) de la Lfpc par Pierre Semengue et le mauvais état de santé des équipes de D1 et D2 depuis que le football local a décidé de revêtir les attributs du professionnalisme. Les présidents de clubs qui conspiraient jadis sous cape, sont sortis du maquis pour réclamer cette fois à ciel ouvert la tête du général d’armée à la retraite. On n’est visiblement pas encore sorti de ce jeu de ping-pong qui n’a que trop duré. Trois jours seulement après la décision du président de la Ligue de suspendre les championnats Elite one et two, au motif de la non transformation des clubs d’association en Société anonyme à objet sportif (Saos), les dirigeants relancent le tango et décident à leur tour de la suspension de leur participation auxdits championnats « jusqu’au départ du président actuel de la Lfpc et la tenue sans délai sous l’égide de la Fédération camerounaise de football, d’une assemblée générale élective pour la mise en place d’un nouveau bureau de la Ligue ». L’essentiel de cette décision (courageuse) est contenu dans un communiqué de presse signé d’Emile Onambélé Zibi, président de l’Acec qui jure de rester inflexible aux multiples médiations qui pourraient être engagées d’ici là.

Comment en est-on arrivé à pareil revirement alors que ces mêmes présidents de clubs qui passent à la caisse depuis vendredi dernier, annonçaient à grandes pompes le retour de leurs équipes dans les stades pour le 11 et 12 mai prochains ? C’est que, écrivent-ils, « nous avons pris acte de la volonté manifeste de nuire maintes fois exprimée par le président de la Ligue ». En fait, ceux-ci s’indignent de ce que, sans l’avis du conseil d’administration, le président de la Lfpc, a pris unilatéralement la décision de révoquer de ses fonctions Francis Laibe Wapie, le secrétaire général de la Ligue, cheville ouvrière de l’institution. Par ailleurs, poursuivent-ils, « les clubs désapprouvent ce limogeage illégal et sans fondement qui est nul et de nul effet, nonobstant l’engagement pris par le président à la dernière assemblée générale du 23 février 2013 de respecter scrupuleusement les textes de la Lfpc en matière de gestion des cadres ».


Mélodrame

Une bévue de trop qu’Onambélé Zibi et ses pairs n’entendent pas pardonner. Le fair-play n’a plus sa place dans ce conflit ouvert entre Semengue et ses « adversaires » qui ne jurent plus qu’au nom de son départ. On parlait de blocage mais cette fois, la crise semble avoir atteint un point de non retour au regard de la gravité de cette situation qui n’honore pas l’image du football camerounais. Joint au téléphone mercredi dernier, le président de la Ligue dit ne pas vouloir se prononcer précocement sur la question puisque « les consultations auprès du ministre des sports ne se sont pas encore achevées ». Onambélé Zibi, lui, en appelle à la bonne compréhension du public sportif camerounais qui, face à ce mélodrame, ne sait plus à quel saint se vouer. « Notre public doit rester serein et comprendre qu’il arrive parfois dans la vie qu’on prenne des décisions dures mais qui vont dans le sens de l’intérêt général. Nous sommes conscients que les fans de nos équipes sont sevrés de spectacle mais nous estimons qu’il faudrait construire notre football professionnel progressivement dans le respect des textes et de l’environnement qui est le notre», confie-t-il.

Pendant ce temps, Adoum Garoua qui a engagé une énième médiation pour ramener les deux parties à de meilleurs sentiments, poursuit ses consultations. Mardi après-midi, le patron des sports a tour à tour reçu en audience, Pierre Semengue et Francis Mveng, vice-président de la Fécafoot. Réussira-t-il à calmer les esprits et à faire enterrer la hache de guerre ? L’heure est aux supputations. Force est de constater que les présidents de clubs qui veulent écarter le général Semengué aujourd’hui ont pourtant accepté les subventions promises de l'Etat contre l'imposition par le gouvernement du président de la Ligue dont la durée du mandat avait été bien précisée (2 ans). Ils ne sont pas investis de manière légale-ou par un lobbying afin que la subvention promise soit encadrée et consacrée par un texte législatif. Eux qui sont membres du Conseil d'administration de la Lfpc ont ourdi un complot contre Semengue par la soudaine et opportuniste solidarité des clubs d'élite. Or pendant plusieurs décennies, le leadership managérial de la Fécafoot a été sujet de calomnies, d’intrigues et de tyrannie.


Soldat

En face, le général-président n’entend pas pour autant se laisser humilier de la sorte. Pas question de démissionner. Lui qui a été nommé avec pour mission d’amener le football camerounais au professionnalisme conformément aux instructions de la Fifa contenues dans la Déclaration révisée de Douala (entre le Cameroun et l'instance faîtière de gestion du football mondial) du mois de novembre 2011 n’est pas prêt à plier l’échine. « J’irais jusqu’au bout de ma mission quoi qu’il advienne pour faire respecter les engagements internationaux pris par le Cameroun et la loi de la République. Pendant la guerre, sur le champ de bataille, si l’on doit mourir c’est les armes à la main. Si je dois donc être révoqué, ce sera l’âme en paix avec le sentiment du devoir accompli », tranche-t-il en bon soldat. Pendant ce temps, ce sont les joueurs et le public footeux qui payent la note (salée).

Christian TCHAPMI




10/05/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres