Football professionnel - Gen. Pierre SEMENGUE: "Il ne faut pas oublier que je suis militaire, et chez nous les militaires, les ordres ne sont pas une base de discussion..."
DOUALA - 21 JAN. 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager
Sur un siège éjectable ? Le président de la Ligue de football professionnel (Lfp) vient de renvoyer le coup d’envoi du championnat D1, initialement prévu le 26 janvier prochain, à une date ultérieure. Il exige des présidents de clubs qu'ils transforment leurs structures en véritables sociétés commerciales et s’arriment aux nouveaux statuts en vigueur.
Football professionnel: Les présidents de clubs réclament la tête de Pierre Semengue
Sur un siège éjectable ? Le président de la Ligue de football professionnel (Lfp) vient de renvoyer le coup d’envoi du championnat D1, initialement prévu le 26 janvier prochain, à une date ultérieure. Il exige des présidents de clubs qu'ils transforment leurs structures en véritables sociétés commerciales et s’arriment aux nouveaux statuts en vigueur. Toutes choses que n’admettent pas les concernés qui exigent manu militari la démission du général d’armée à la retraite.
C’est un président de la Lfp visiblement « courroucé » qui s’est présenté aux hommes de médias vendredi 18 janvier dernier à Yaoundé. Le visage serré, le ton grave et le style caustique, Pierre Semengue a commencé son propos en précisant que sa déclaration ne sera accompagnée d’aucune question venant de la presse. L’essentiel de son discours ayant pour épine dorsale le report du championnat de football professionnel sine die et les raisons qui expliquent ce contrepied que personne n’a vu venir. A le croire, le lancement des championnats D1 et D2 ne débutera que lorsque les clubs auront décidé de se constituer en sociétés anonymes à objet sportif (S.a.o.s) ou encore en Sociétés anonymes à responsabilité limitée (S.a.r.l). Car explique-t-il, « si le professionnalisme nécessite l’injection d’énormes capitaux, comme le fait déjà l’Etat qui a inscrit dans la loi des Finances 2013 les mesures comme les dons, libéralités et subventions allouées aux clubs participants aux compétitions nationales officielles d’élite qui sont admis en déduction dès lors qu’ils sont justifiés et dans la limite de 5% du chiffre d’affaires de l’exercice ainsi que l’exonération totale de la taxe foncière des propriétés appartenant aux clubs ou organismes sportifs agréés, cela exige également un minimum de la part des dirigeants de clubs de devenir professionnels et surtout à une autonomisation de la gestion desdits clubs ».
Pour le général d’armée à la retraite, les clubs doivent cesser d’être la propriété des individus puisqu’il s’agit désormais d’une activité économique à laquelle toutes les composantes de la société doivent avoir part si elles le désirent. A cet effet, précise-t-il, « elles peuvent prendre des actions dans une société commerciale à objet sportif en vue de contribuer à leur financement». Et pour montrer que sa décision de renvoyer le démarrage du championnat n’a rien d’une fantaisie, Pierre Semengue annonce qu’il vient d’envoyer une correspondance au ministre des sports lui demandant de ne procéder au déblocage de la subvention accordée par l’Etat aux clubs qu’après leur mutation complète en sociétés commerciales. « Etant l’intermédiaire privilégié du gouvernement, je serai le seul habilité à le tenir informé de l’effectivité de cette mutation », argue-t-il avant de rappeler que la Ligue a avancé à chaque club la somme d'un million Fcfa prélevée sur l'avance des 75 millions Fcfa reçus de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) pour lui permettre de constituer une société commerciale.
Clubs mythiques
Et de remarquer pour le déplorer que ce sont des dirigeants de clubs mythiques, censés tirer vers le haut les autres clubs qui s'opposent farouchement à la mutation des associations existantes à ce jour en sociétés commerciales à objet sportif. Allusion faite sans doute au Canon et à Tonnerre Kalara club de Yaoundé, englués dans des batailles de leadership sans précédent pendant la saison dernière. Mais quelle mouche a piqué Pierre Semengue pour qu’il en vienne à une décision aussi drastique envers les clubs ? A l’écouter, tout serait parti de la tripartite de Douala (rencontre entre les 28 clubs de l’Elite, la Fécafoot et la Lfp), tenue mercredi dernier à Douala, en prélude au lancement de la deuxième saison du championnat professionnel. Certaines mesures qui avaient été prises au Conseil d’administration de la Ligue, détaille-t-il, ont été balayées du revers de la main par les clubs. Ainsi que « la circulaire prise conformément aux résolutions du Conseil d’administration de la Ligue et à la déclaration révisée de Douala, de novembre 2011, demandant aux clubs de se constituer en sociétés ».
Pierre Semengue qui dit avoir été victime du mépris et de l’irrévérence de certains alors qu’il croyait se comporter en gentleman, avoue avoir apposé sa signature « sur insistance des clubs », annulant ladite circulaire, sur les points relatifs à la reconnaissance exclusive des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée, régulièrement constituées d’une part, et le non-cumul des fonctions de président d’association et de la société commerciale à objet sportif créée d’autre part. « J’ai donc signé en toute connaissance de cause, mais surtout pour éviter le trouble qu’aurait pu occasionner ma non-signature à ce moment précis ». Il dénonce donc ce document, qui, pour lui, n’a aucune valeur juridique dans la mesure où « seuls l’Assemblée générale et le Conseil d’administration sont habilités à prendre des décisions engageant la Ligue ».
Bombe
Mais en face, cette justification ne semble pas rencontrer l’assentiment des clubs, membres de l’association des clubs d’élite. Leur président, nouvellement élu, Emile Onambelé Zibi, à travers un communiqué rendu public vendredi dernier, est monté au créneau pour dénoncer la sortie de l’ancien président de la ligue nationale de football (Linafoot) dont il exige par ailleurs la démission. « Nous ne sommes aucunement concernés par la prise de position du général qui est plutôt de nature à créer la digression et à perturber la sérénité des clubs qui se préparent. Bien plus, Pierre Semengue n’a aucun pouvoir d’écrire au ministre des sports pour exiger le non-déblocage de la subvention allouée aux clubs par l’Etat. Il n’est ni ministre encore moins président de la République. Les stades appartiennent au gouvernement et les arbitres à la Fécafoot. Le championnat D1 va démarrer bel et bien le 26. Tonnerre jouera à Garoua et nous comptons bien faire le déplacement sans que personne ne nous en empêche», confie serein le patriarche joint au téléphone par le Messager.
La décision de Pierre Semengue est-elle donc inopportune ? Ce d’autant plus qu’après avoir lui-même fixé unilatéralement la date du 26 janvier, les clubs avaient dans un premier temps menacé de ne pas jouer (comme la saison dernière Ndlr). Ils accusaient le bureau directeur de la Lfp d’être allé vite en besogne et exigeaient la satisfaction des préalables comme les subventions et les droits de sponsoring, avant toute reprise. La tripartite de Douala avait donc permis de désamorcer la bombe et les clubs avaient accepté de faire retentir la cloche de la rentrée le 26 janvier 2013. Dans cette guerre ouverte entre la Ligue et les dirigeants de club, le contre pied de Pierre Semengue pourrait être la goutte d’eau qui va déborder le vase. A suivre…
© Christian TCHAPMI | Le Messager
Sur un siège éjectable ? Le président de la Ligue de football professionnel (Lfp) vient de renvoyer le coup d’envoi du championnat D1, initialement prévu le 26 janvier prochain, à une date ultérieure. Il exige des présidents de clubs qu'ils transforment leurs structures en véritables sociétés commerciales et s’arriment aux nouveaux statuts en vigueur.
Football professionnel: Les présidents de clubs réclament la tête de Pierre Semengue
Sur un siège éjectable ? Le président de la Ligue de football professionnel (Lfp) vient de renvoyer le coup d’envoi du championnat D1, initialement prévu le 26 janvier prochain, à une date ultérieure. Il exige des présidents de clubs qu'ils transforment leurs structures en véritables sociétés commerciales et s’arriment aux nouveaux statuts en vigueur. Toutes choses que n’admettent pas les concernés qui exigent manu militari la démission du général d’armée à la retraite.
C’est un président de la Lfp visiblement « courroucé » qui s’est présenté aux hommes de médias vendredi 18 janvier dernier à Yaoundé. Le visage serré, le ton grave et le style caustique, Pierre Semengue a commencé son propos en précisant que sa déclaration ne sera accompagnée d’aucune question venant de la presse. L’essentiel de son discours ayant pour épine dorsale le report du championnat de football professionnel sine die et les raisons qui expliquent ce contrepied que personne n’a vu venir. A le croire, le lancement des championnats D1 et D2 ne débutera que lorsque les clubs auront décidé de se constituer en sociétés anonymes à objet sportif (S.a.o.s) ou encore en Sociétés anonymes à responsabilité limitée (S.a.r.l). Car explique-t-il, « si le professionnalisme nécessite l’injection d’énormes capitaux, comme le fait déjà l’Etat qui a inscrit dans la loi des Finances 2013 les mesures comme les dons, libéralités et subventions allouées aux clubs participants aux compétitions nationales officielles d’élite qui sont admis en déduction dès lors qu’ils sont justifiés et dans la limite de 5% du chiffre d’affaires de l’exercice ainsi que l’exonération totale de la taxe foncière des propriétés appartenant aux clubs ou organismes sportifs agréés, cela exige également un minimum de la part des dirigeants de clubs de devenir professionnels et surtout à une autonomisation de la gestion desdits clubs ».
Pour le général d’armée à la retraite, les clubs doivent cesser d’être la propriété des individus puisqu’il s’agit désormais d’une activité économique à laquelle toutes les composantes de la société doivent avoir part si elles le désirent. A cet effet, précise-t-il, « elles peuvent prendre des actions dans une société commerciale à objet sportif en vue de contribuer à leur financement». Et pour montrer que sa décision de renvoyer le démarrage du championnat n’a rien d’une fantaisie, Pierre Semengue annonce qu’il vient d’envoyer une correspondance au ministre des sports lui demandant de ne procéder au déblocage de la subvention accordée par l’Etat aux clubs qu’après leur mutation complète en sociétés commerciales. « Etant l’intermédiaire privilégié du gouvernement, je serai le seul habilité à le tenir informé de l’effectivité de cette mutation », argue-t-il avant de rappeler que la Ligue a avancé à chaque club la somme d'un million Fcfa prélevée sur l'avance des 75 millions Fcfa reçus de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) pour lui permettre de constituer une société commerciale.
Clubs mythiques
Et de remarquer pour le déplorer que ce sont des dirigeants de clubs mythiques, censés tirer vers le haut les autres clubs qui s'opposent farouchement à la mutation des associations existantes à ce jour en sociétés commerciales à objet sportif. Allusion faite sans doute au Canon et à Tonnerre Kalara club de Yaoundé, englués dans des batailles de leadership sans précédent pendant la saison dernière. Mais quelle mouche a piqué Pierre Semengue pour qu’il en vienne à une décision aussi drastique envers les clubs ? A l’écouter, tout serait parti de la tripartite de Douala (rencontre entre les 28 clubs de l’Elite, la Fécafoot et la Lfp), tenue mercredi dernier à Douala, en prélude au lancement de la deuxième saison du championnat professionnel. Certaines mesures qui avaient été prises au Conseil d’administration de la Ligue, détaille-t-il, ont été balayées du revers de la main par les clubs. Ainsi que « la circulaire prise conformément aux résolutions du Conseil d’administration de la Ligue et à la déclaration révisée de Douala, de novembre 2011, demandant aux clubs de se constituer en sociétés ».
Pierre Semengue qui dit avoir été victime du mépris et de l’irrévérence de certains alors qu’il croyait se comporter en gentleman, avoue avoir apposé sa signature « sur insistance des clubs », annulant ladite circulaire, sur les points relatifs à la reconnaissance exclusive des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée, régulièrement constituées d’une part, et le non-cumul des fonctions de président d’association et de la société commerciale à objet sportif créée d’autre part. « J’ai donc signé en toute connaissance de cause, mais surtout pour éviter le trouble qu’aurait pu occasionner ma non-signature à ce moment précis ». Il dénonce donc ce document, qui, pour lui, n’a aucune valeur juridique dans la mesure où « seuls l’Assemblée générale et le Conseil d’administration sont habilités à prendre des décisions engageant la Ligue ».
Bombe
Mais en face, cette justification ne semble pas rencontrer l’assentiment des clubs, membres de l’association des clubs d’élite. Leur président, nouvellement élu, Emile Onambelé Zibi, à travers un communiqué rendu public vendredi dernier, est monté au créneau pour dénoncer la sortie de l’ancien président de la ligue nationale de football (Linafoot) dont il exige par ailleurs la démission. « Nous ne sommes aucunement concernés par la prise de position du général qui est plutôt de nature à créer la digression et à perturber la sérénité des clubs qui se préparent. Bien plus, Pierre Semengue n’a aucun pouvoir d’écrire au ministre des sports pour exiger le non-déblocage de la subvention allouée aux clubs par l’Etat. Il n’est ni ministre encore moins président de la République. Les stades appartiennent au gouvernement et les arbitres à la Fécafoot. Le championnat D1 va démarrer bel et bien le 26. Tonnerre jouera à Garoua et nous comptons bien faire le déplacement sans que personne ne nous en empêche», confie serein le patriarche joint au téléphone par le Messager.
La décision de Pierre Semengue est-elle donc inopportune ? Ce d’autant plus qu’après avoir lui-même fixé unilatéralement la date du 26 janvier, les clubs avaient dans un premier temps menacé de ne pas jouer (comme la saison dernière Ndlr). Ils accusaient le bureau directeur de la Lfp d’être allé vite en besogne et exigeaient la satisfaction des préalables comme les subventions et les droits de sponsoring, avant toute reprise. La tripartite de Douala avait donc permis de désamorcer la bombe et les clubs avaient accepté de faire retentir la cloche de la rentrée le 26 janvier 2013. Dans cette guerre ouverte entre la Ligue et les dirigeants de club, le contre pied de Pierre Semengue pourrait être la goutte d’eau qui va déborder le vase. A suivre…