Le chef de l’État a déployé des trésors de diplomatie pour ramener son pays dans le concert des nations footballistiques. Récit.
Ce que l’opinion ne sait pas, c’est l’implication décisive du président Biya depuis la mise au ban de la fédération camerounaise de football (Fecafoot). En effet, de sources introduites, l’on apprend que le chef d’État, au moment où ses collaborateurs conduits par René Emmanuel Sadi prenaient l’avion pour le siège de la Fifa, à Zurich (Suisse), Paul Biya auparavant, avait personnellement décroché son téléphone et appelé le président de l’instance planétaire, Joseph Sepp Blatter. Au cours de cet échange que les mêmes sources ont qualifié de «courtois» et «constructif», le président de la République a dit à son interlocuteur à quel point il souhaitait que ce triste épisode soit clos au plus vite.
Pendant de longues minutes, apprend-on, Paul Biya a démontré à son correspondant que le gouvernement camerounais, contrairement à ce qui était prétendu, n’avait aucun intérêt à semer le désordre au sein de sa fédération phare. Enfin convaincu par ces arguments, M. Blatter - lequel contrairement à son interlocuteur avait des choses à se reprocher - aurait aussitôt penché pour une levée de suspension. Restait plus maintenant qu’à concevoir un scénario qui permettrait à la Fifa de sauver la face. N’étant pas homme à humilier son vis-à-vis, Paul Biya n’y verra aucun inconvénient à ce que l’instance mondiale de football et son président préservent leur crédibilité sur l’affaire Cameroun. La mission Sadi (le ministre de l’Administration territoriale a été flanqué du très incompétent Adoum Garoua, ministre des Sports) participait donc de ce jeu d’habillage.
On comprend, après coup, pourquoi la levée de la suspension de la Fecafoot est vite intervenue au lendemain de la rencontre Sadi-Blatter, et peu de minutes après l’installation du Comité «Joseph Owona.» Un bon numéro d’acteurs ! Au finish, revoici le Cameroun réhabilité dans son honneur, avec la mise en place d’un Comité de normalisation, en charge de réviser les statuts de la fédération et d’organiser de nouvelles élections à la tête de cette instance d’ici au 31 mars 2014, tout en gérant les affaires courantes. Du coup, on peut envisager la suite des éliminatoires de la Coupe du monde brésilienne avec optimisme.
Le doigté de l’homme-lion
C’est avec un grand soulagement que les Camerounais ont appris, lundi, la levée de la suspension de leur pays par la Fédération internationale de football association (Fifa). Le temps s’était en effet pratiquement arrêté depuis le 4 juillet 2013 et cette violente sentence valant humiliation internationale, «pour motif d’ingérence gouvernementale» dans les affaires de la discipline. Le Cameroun avait connu pareille déconvenue en janvier 1999 pour les mêmes motifs. En avril 2004 également, la même instance mondiale infligeait une lourde amende aux Lions indomptables assortie d'une déduction de 6 points pour avoir arboré un équipement non conforme à la règlementation, grâce une fois encore à l’entregent personnel de Paul Biya, les choses étaient rapidement revenues dans l’ordre.
Cet heureux dénouement intervient au moment où les passions ne sont toujours pas retombées entre les camps qui se livrent une rude bataille pour le contrôle de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), avec aux avant-postes une horde de prédateurs décidés à faire la peau au président sortant, Mohammed Iya, reconduit à son poste, mais derrière les barreaux pour d’obscures raisons de règlements de comptes.