Fonction Publique : Un monstre au foyer de l'inertie
Yaoundé, 11 mars 2013
© Fidel Castro Mouzong | Le Soir
Frustrations statutaires, humiliations salariales, pilotage automatique, recyclages dévalorisés, démobilisations tous azimuts, ce sont là les goulots d'étranglement qui tirent le service public vers le bas.
© Fidel Castro Mouzong | Le Soir
Frustrations statutaires, humiliations salariales, pilotage automatique, recyclages dévalorisés, démobilisations tous azimuts, ce sont là les goulots d'étranglement qui tirent le service public vers le bas.
Le constat est là, implacable. La
Fonction Publique camerounaise est dans l'agonie. Dans une de ses
adresses de fin d'année, Paul Biya fustigeait l'incompétence des agents
publics de l'Etat. La gestion des ressources humaines y serait pour
quelque chose. Elle est qualifiée par certains de «hasardeuse». «Des
responsables en charge de la gestion des ressources humaines n'ont aucun
background leur permettant d'exercer cette activité», affirme une
source au MINFOPRA. Par voie de conséquence, le Cameroun n'arrive pas à
maîtriser ses effectifs et la même source d'ajouter : «les concours sont
lancés sans aucune programmation, aucune prévision dans la gestion des
ressources humaines. Tout est fait au hasard. Cela n'étonnera personne
que dans quelques années, l'on se mette encore à dégraisser les
effectifs de la fonction publique».
Le Statut Général de la Fonction Publique est matérialisé par le décret No 94/-199 du 07 octobre 2000, modifié et complété par le décret No 2000/287 du 12 octobre 2000. Il a constitué en son temps, une innovation sous le Ministre Sali Dahirou. Puis, fait l'objet d'une médiatisation à outrance. Le Cameroun se targuait de pouvoir passer, sans transition ni heurts, d'une Fonction Publique de carrière à une Fonction Publique de poste de travail.
La compétence des agents publics était le but ultime recherché. Seulement, plusieurs années plus loin, seuls les avancements de grades automatiques et les sanctions disciplinaires sont appliqués. Aucun ministre ne détient un document digne de ce nom qui définit les postes de travail, tel que le prévoit l'article 4 dudit statut. La mobilité des agents publics reste un principe sacro-saint alors que le même article 4 dans son alinéa (1) soumet la mobilité aux compétences. En ce moment, une division du Ministère de la Fonction Publique «travaille sur les statuts particuliers des corps». Mais un regard critique des statuts discutés montre que l'article 5 de ce Statut Général n'est pas respecté. En effet, «le corps n'est pas lié à la formation initiale, mais au poste de travail ou mieux à l'activité effectivement exercée».
Qui pis est, la gestion des informations des carrières des personnels de l'Etat reste une cacophonie. Alors qu'elle est bien organisée par l'article 23 du Statut Général de la Fonction Publique. Les agents publics continuent eux-mêmes à monter et descendre avec leurs actes de carrière. Les dossiers sont parfois bloqués. Si celui-ci ne veut pas produire un acte que l'administration est sensée détenir.
Notation
La formation permanente des stages des agents publics constitue une nébuleuse.
Aucun plan de formation. Il existe des agents publics qui, selon nos informations, finissent leur carrière sans bénéficier de la moindre formation. Alors que les textes prévoient que chaque agent a droit à un stage tous les 5 ans. Pour ceux des agents qui bénéficient des stages au forceps, quand ils reviennent, ils subissent un phénomène de rejet et parfois, ils sont utilisés à des fins qui ne sont pas celles ayant fait l'objet de la formation. C'est le cas d'un cadre du Ministère de la Fonction Publique, qui a fait 5 ans à la Direction des Etudes, de la Discipline et des Contentieux. «Il a bénéficié d'une formation d'une année à l'ENA de Paris, et dès son retour de stage, il a été reversé à son Ministère d'origine, qui n'a rien à voir ni avec son expérience de service ni avec sa formation», indique un fonctionnaire sous le couvert de l'anonymat.
L'article 4a du Statut Général de la Fonction Publique, complété par les textes d'application de 2002 du Premier Ministre, a abrogé le système de notation des agents publics. Plusieurs années après, au mépris des textes, certaines informations révèlent que les bulletins annulés depuis des lustres, continuent d'être utilisés et n'ont de cesse de conditionner les avancements des agents publics.
Le système d'affectation des agents publics au Cameroun est entouré d'un halo de mystère qui touche tout le monde et donne matière à réflexion. Comment peut-on discuter d'égal à égal avec les bailleurs de fonds si les personnels amenés à le faire sont inaptes et disqualifiées? Comment peut-on respecter les conditionnalités si l'on n'y comprend que dalle? Paul Biya a toute les raisons d'être courroucé en permanence.
Le Statut Général de la Fonction Publique est matérialisé par le décret No 94/-199 du 07 octobre 2000, modifié et complété par le décret No 2000/287 du 12 octobre 2000. Il a constitué en son temps, une innovation sous le Ministre Sali Dahirou. Puis, fait l'objet d'une médiatisation à outrance. Le Cameroun se targuait de pouvoir passer, sans transition ni heurts, d'une Fonction Publique de carrière à une Fonction Publique de poste de travail.
La compétence des agents publics était le but ultime recherché. Seulement, plusieurs années plus loin, seuls les avancements de grades automatiques et les sanctions disciplinaires sont appliqués. Aucun ministre ne détient un document digne de ce nom qui définit les postes de travail, tel que le prévoit l'article 4 dudit statut. La mobilité des agents publics reste un principe sacro-saint alors que le même article 4 dans son alinéa (1) soumet la mobilité aux compétences. En ce moment, une division du Ministère de la Fonction Publique «travaille sur les statuts particuliers des corps». Mais un regard critique des statuts discutés montre que l'article 5 de ce Statut Général n'est pas respecté. En effet, «le corps n'est pas lié à la formation initiale, mais au poste de travail ou mieux à l'activité effectivement exercée».
Qui pis est, la gestion des informations des carrières des personnels de l'Etat reste une cacophonie. Alors qu'elle est bien organisée par l'article 23 du Statut Général de la Fonction Publique. Les agents publics continuent eux-mêmes à monter et descendre avec leurs actes de carrière. Les dossiers sont parfois bloqués. Si celui-ci ne veut pas produire un acte que l'administration est sensée détenir.
Notation
La formation permanente des stages des agents publics constitue une nébuleuse.
Aucun plan de formation. Il existe des agents publics qui, selon nos informations, finissent leur carrière sans bénéficier de la moindre formation. Alors que les textes prévoient que chaque agent a droit à un stage tous les 5 ans. Pour ceux des agents qui bénéficient des stages au forceps, quand ils reviennent, ils subissent un phénomène de rejet et parfois, ils sont utilisés à des fins qui ne sont pas celles ayant fait l'objet de la formation. C'est le cas d'un cadre du Ministère de la Fonction Publique, qui a fait 5 ans à la Direction des Etudes, de la Discipline et des Contentieux. «Il a bénéficié d'une formation d'une année à l'ENA de Paris, et dès son retour de stage, il a été reversé à son Ministère d'origine, qui n'a rien à voir ni avec son expérience de service ni avec sa formation», indique un fonctionnaire sous le couvert de l'anonymat.
L'article 4a du Statut Général de la Fonction Publique, complété par les textes d'application de 2002 du Premier Ministre, a abrogé le système de notation des agents publics. Plusieurs années après, au mépris des textes, certaines informations révèlent que les bulletins annulés depuis des lustres, continuent d'être utilisés et n'ont de cesse de conditionner les avancements des agents publics.
Le système d'affectation des agents publics au Cameroun est entouré d'un halo de mystère qui touche tout le monde et donne matière à réflexion. Comment peut-on discuter d'égal à égal avec les bailleurs de fonds si les personnels amenés à le faire sont inaptes et disqualifiées? Comment peut-on respecter les conditionnalités si l'on n'y comprend que dalle? Paul Biya a toute les raisons d'être courroucé en permanence.