Flambée de violence dans le pays
Flambée de violence dans le pays
(France2 17/12/2010)
Dix manifestants et dix membres des forces de l'ordre ont été tués, selon le camp Gbagbo qui a aussi évoqué "des blessés". Celui de Ouattara parle de 14 manifestants tués.
La police est intervenue à Abidjan contre des partisans d'A. Ouattara, appelés à marcher sur la télévision publique. Des combats ont par ailleurs eu lieu dans le centre du pays.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis en garde jeudi soir contre l'agression de civils ivoiriens. Il "exhorte toutes les parties ivoiriennes à exercer un maximum de mesure, à rester calmes, à résister aux actes de provocation, à s'abstenir de toute violence et à travailler ensemble pour restaurer une paix durable"
Des tirs à l'arme lourde ont été entendus à Abidjan ainsi que des explosions aux abords de l'Hôtel du Golf où est installé Alassane Ouattara.
Le bilan varie de 11 à 30 morts selon les sources, et s'élève à au moins 80 côté blessés. La répression vise les manifestants pro-Ouattara, appelés par le président élu à marcher sur la télévision publique ivoirienne.
Les partisans de ce dernier, qui tentaient de rejoindre le siège de la télévision d'Etat RTI, se sont heurtés aux forces de l'ordre loyales à Laurent Gbagbo. Selon Amnesty International, au moins neuf personnes auraient trouvé la mort. Les Forces nouvelles, soutiens de Ouattara, déplorent deux morts et un blessé dans leurs rangs. Guillaume Soro, "Premier ministre" du candidat vainqueur des urnes, évoque "une trentaine de morts et 110 blessés". Au siège de l'Onuci, une vingtaine d'Ivoiriens blessés ont été accueillis.
Dans le quartier populaire d'Abobo (nord d'Abidjan), fief de M. Ouattara, des dizaines de jeunes s'étaient rassemblés face à un important déploiement des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo.
Dans le quartier chic de Cocody (nord), les voies menant à la radio-télévision RTI étaient fermées par plusieurs dizaines de militaires, policiers et gendarmes. Aux deux extrémités de la grande artère longeant la RTI, étaient positionnés des véhicules blindés, canon pointé vers l'extérieur du périmètre et des membres des FDS, kalachnikov à la main. Les militaires ont fait usage de gaz lacrymogènes et de leurs armes automatiques alors que des hélicoptères de l'ONU survolaient la zone. Les manifestants arrivés sur place ont été arrêtés, déshabillés et frappés, selon la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme.
Un proche de Laurent Gbagbo a confirmé que l'armée avait tiré à l'arme lourde sur les manifestants. L'ambassade des Etats-Unis a été touchée par un tir de roquette incontrôlé, provoquant seulement des dégâts mineurs.
Jeudi après-midi, des heurts ont également opposé des forces fidèles à Gbagbo à des soldats de l'ex-rébellion ivoirienne, favorable à Ouattara, à Tiébissou, dans le centre du pays. Les ex-rebelles ont tenté de franchir un poste de contrôle dont les forces loyales à Laurent Gbagbo ont ouvert le feu. Les combats ont fait au moins 27 blessés dans le camp des ex-rebelles, selon une source hospitalière.
Le pays est au bord de la guerre civile depuis mercredi. Le ton est monté d'un cran lorsque plusieurs personnes ont été blessées à Yamoussoukro (centre) après des tirs de l'armée. Au moins une personne aurait été tuée.
Réactions à l'étranger
Les Etats-Unis, la France et les puissances africaines ont fixé à Laurent Gbagbo un ultimatum pour quitter la Côte d'Ivoire dans un délai qui se compte "en jours", faute de quoi il s'expose à des sanctions, a déclaré jeudi un responsable américaincité par l'agence Reuters. "Nous avons dit clairement que nous sommes prêts à imposer des sanctions, à lui ainsi qu'à d'autres. Il sait ce que nous sommes prêts à faire et nous lui avons donné un laps de temps limité pour prendre sa décision", a dit le responsable sous le sceau de l'anonymat.
"Je crois à l'acceptation par Gbagbo des résultats de l'élection où les Ivoiriens ont très clairement désigné Ouattara comme leur président, nous appelons également à la retenue de part et d'autre", a déclaré Mme Alliot -Marie.
"Je crois effectivement qu'il faut éviter toute violence. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de ça", a répondu la ministre française des Affaires étrangères à une question sur l'opportunité ou non de demander l'annulation de la marche annoncée par les partisans de M. Ouattara.
Le Parlement européen a adopté une résolution appelant les Ivoiriens à rejeter la violence, à "enrayer tout risque d'escalade de tension et à empêcher tout affrontement". La chef de la diplomatie européenne Catherien Ashton doit prendre de nouvelles initiatives pour soutenir Alassane Ouattara, reconnue par l'UE.
Les eurodéputés, qui demandent la démission de M. Gbagbo, soutiennent "la décision de l'Union européenne d'imposer des sanctions contre (lui)" et "invite la (...) haute représentante de l'Union pour la politique étrangère et de sécurité à présenter, dès que possible, de nouvelles initiatives afin de soutenir les autorités démocratiquement élues en Côte d'Ivoire".
MM. Ouattara et Gbagbo revendiquent tous les deux la victoire
Presque tous les pays étrangers ont reconnu la victoire de M. Ouattara à la présidentielle du 28 novembre, tandis que M. Gbagbo refuse de quitter le pouvoir. Le Conseil constitutionnel ivoirien, dirigé par un proche de Gbagbo, avait invalidé les résultats de la Commission électorale et annoncé la victoire du président sortant, Laurent Gbagbo.
L'armée loyale à Laurent Gbagbo, qui s'est proclamé élu après le scrutin du 28 novembre en dépit d'une majorité de votes en faveur de Alassane Ouattara, avait lancé à la veille de ces marches prévues jeudi et vendredi "un appel" aux Ivoiriens "à s'abstenir de s'associer à de telles entreprises périlleuses".
L'armée a également accusé le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Choi Young-Jin, de soutenir ces marches qui visent à prendre le contrôle de la télévision publique RTI et du siège du gouvernement. La RTI, média essentiel du pouvoir à Abidjan, est actuellement totalement sous la coupe du camp de M. Gbagbo. L'armée a rendu responsable par avance l'ONU d'éventuelles violences.
A Abidjan, Charles Blé Goudé, chef des patriotes pro-Gbagbo et fer de lance des manifestations anti-françaises de 2003 et 2004 nommé ministre de la Jeunesse et de l'Emploi du gouvernement Gbagbo, a promis d'agir "bientôt". "Je ne suis plus prêt à tolérer des vampires prêts à boire le sang des Ivoiriens. Je vais agir bientôt", a-t-il lancé à quelque 3.000 jeunes.
Face à cette impasse, le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, pourrait de se rendre d'ici vendredi à Abidjan pour relancer les efforts de médiation dans la crise ivoirienne.
En cas de confrontation jeudi et vendredi entre militants des deux camps, la France n'a "aucune intention d'intervenir militairement" pour s'interposer, a affirmé mercredi le ministre de la Défense, Alain Juppé. "C'est à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités", a-t-il ajouté.
Par FTV avec AFP
(France2 17/12/2010)
Dix manifestants et dix membres des forces de l'ordre ont été tués, selon le camp Gbagbo qui a aussi évoqué "des blessés". Celui de Ouattara parle de 14 manifestants tués.
La police est intervenue à Abidjan contre des partisans d'A. Ouattara, appelés à marcher sur la télévision publique. Des combats ont par ailleurs eu lieu dans le centre du pays.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis en garde jeudi soir contre l'agression de civils ivoiriens. Il "exhorte toutes les parties ivoiriennes à exercer un maximum de mesure, à rester calmes, à résister aux actes de provocation, à s'abstenir de toute violence et à travailler ensemble pour restaurer une paix durable"
Des tirs à l'arme lourde ont été entendus à Abidjan ainsi que des explosions aux abords de l'Hôtel du Golf où est installé Alassane Ouattara.
Le bilan varie de 11 à 30 morts selon les sources, et s'élève à au moins 80 côté blessés. La répression vise les manifestants pro-Ouattara, appelés par le président élu à marcher sur la télévision publique ivoirienne.
Les partisans de ce dernier, qui tentaient de rejoindre le siège de la télévision d'Etat RTI, se sont heurtés aux forces de l'ordre loyales à Laurent Gbagbo. Selon Amnesty International, au moins neuf personnes auraient trouvé la mort. Les Forces nouvelles, soutiens de Ouattara, déplorent deux morts et un blessé dans leurs rangs. Guillaume Soro, "Premier ministre" du candidat vainqueur des urnes, évoque "une trentaine de morts et 110 blessés". Au siège de l'Onuci, une vingtaine d'Ivoiriens blessés ont été accueillis.
Dans le quartier populaire d'Abobo (nord d'Abidjan), fief de M. Ouattara, des dizaines de jeunes s'étaient rassemblés face à un important déploiement des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo.
Dans le quartier chic de Cocody (nord), les voies menant à la radio-télévision RTI étaient fermées par plusieurs dizaines de militaires, policiers et gendarmes. Aux deux extrémités de la grande artère longeant la RTI, étaient positionnés des véhicules blindés, canon pointé vers l'extérieur du périmètre et des membres des FDS, kalachnikov à la main. Les militaires ont fait usage de gaz lacrymogènes et de leurs armes automatiques alors que des hélicoptères de l'ONU survolaient la zone. Les manifestants arrivés sur place ont été arrêtés, déshabillés et frappés, selon la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme.
Un proche de Laurent Gbagbo a confirmé que l'armée avait tiré à l'arme lourde sur les manifestants. L'ambassade des Etats-Unis a été touchée par un tir de roquette incontrôlé, provoquant seulement des dégâts mineurs.
Jeudi après-midi, des heurts ont également opposé des forces fidèles à Gbagbo à des soldats de l'ex-rébellion ivoirienne, favorable à Ouattara, à Tiébissou, dans le centre du pays. Les ex-rebelles ont tenté de franchir un poste de contrôle dont les forces loyales à Laurent Gbagbo ont ouvert le feu. Les combats ont fait au moins 27 blessés dans le camp des ex-rebelles, selon une source hospitalière.
Le pays est au bord de la guerre civile depuis mercredi. Le ton est monté d'un cran lorsque plusieurs personnes ont été blessées à Yamoussoukro (centre) après des tirs de l'armée. Au moins une personne aurait été tuée.
Réactions à l'étranger
Les Etats-Unis, la France et les puissances africaines ont fixé à Laurent Gbagbo un ultimatum pour quitter la Côte d'Ivoire dans un délai qui se compte "en jours", faute de quoi il s'expose à des sanctions, a déclaré jeudi un responsable américaincité par l'agence Reuters. "Nous avons dit clairement que nous sommes prêts à imposer des sanctions, à lui ainsi qu'à d'autres. Il sait ce que nous sommes prêts à faire et nous lui avons donné un laps de temps limité pour prendre sa décision", a dit le responsable sous le sceau de l'anonymat.
"Je crois à l'acceptation par Gbagbo des résultats de l'élection où les Ivoiriens ont très clairement désigné Ouattara comme leur président, nous appelons également à la retenue de part et d'autre", a déclaré Mme Alliot -Marie.
"Je crois effectivement qu'il faut éviter toute violence. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de ça", a répondu la ministre française des Affaires étrangères à une question sur l'opportunité ou non de demander l'annulation de la marche annoncée par les partisans de M. Ouattara.
Le Parlement européen a adopté une résolution appelant les Ivoiriens à rejeter la violence, à "enrayer tout risque d'escalade de tension et à empêcher tout affrontement". La chef de la diplomatie européenne Catherien Ashton doit prendre de nouvelles initiatives pour soutenir Alassane Ouattara, reconnue par l'UE.
Les eurodéputés, qui demandent la démission de M. Gbagbo, soutiennent "la décision de l'Union européenne d'imposer des sanctions contre (lui)" et "invite la (...) haute représentante de l'Union pour la politique étrangère et de sécurité à présenter, dès que possible, de nouvelles initiatives afin de soutenir les autorités démocratiquement élues en Côte d'Ivoire".
MM. Ouattara et Gbagbo revendiquent tous les deux la victoire
Presque tous les pays étrangers ont reconnu la victoire de M. Ouattara à la présidentielle du 28 novembre, tandis que M. Gbagbo refuse de quitter le pouvoir. Le Conseil constitutionnel ivoirien, dirigé par un proche de Gbagbo, avait invalidé les résultats de la Commission électorale et annoncé la victoire du président sortant, Laurent Gbagbo.
L'armée loyale à Laurent Gbagbo, qui s'est proclamé élu après le scrutin du 28 novembre en dépit d'une majorité de votes en faveur de Alassane Ouattara, avait lancé à la veille de ces marches prévues jeudi et vendredi "un appel" aux Ivoiriens "à s'abstenir de s'associer à de telles entreprises périlleuses".
L'armée a également accusé le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Choi Young-Jin, de soutenir ces marches qui visent à prendre le contrôle de la télévision publique RTI et du siège du gouvernement. La RTI, média essentiel du pouvoir à Abidjan, est actuellement totalement sous la coupe du camp de M. Gbagbo. L'armée a rendu responsable par avance l'ONU d'éventuelles violences.
A Abidjan, Charles Blé Goudé, chef des patriotes pro-Gbagbo et fer de lance des manifestations anti-françaises de 2003 et 2004 nommé ministre de la Jeunesse et de l'Emploi du gouvernement Gbagbo, a promis d'agir "bientôt". "Je ne suis plus prêt à tolérer des vampires prêts à boire le sang des Ivoiriens. Je vais agir bientôt", a-t-il lancé à quelque 3.000 jeunes.
Face à cette impasse, le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, pourrait de se rendre d'ici vendredi à Abidjan pour relancer les efforts de médiation dans la crise ivoirienne.
En cas de confrontation jeudi et vendredi entre militants des deux camps, la France n'a "aucune intention d'intervenir militairement" pour s'interposer, a affirmé mercredi le ministre de la Défense, Alain Juppé. "C'est à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités", a-t-il ajouté.
Par FTV avec AFP
© Copyright France2