Financement : Les partis politiques passent déjà à la caisse
Très peu de militants de base sont informés du virement que le ministère des finances fait discrètement chaque année au bénéfice de leurs formations politiques.
Pour l’année 2011, les premiers virements sont faits depuis la fin de ce mois. Ceux qui ne sont pas encore servis s’inquiètent.« Je vais guetter le président, il semble que c’est généralement à cette période que le virement est fait ». L’auteur de cette phrase est cadre d’un parti politique de l’opposition camerounaise. Mais il venait d’être informé que depuis puis plusieurs années, son président perçoit discrètement de l’Etat du Cameroun, au titre du financement public des partis politiques, une somme d’argent dont il ignore même le montant. Les militants des partis politiques sont nombreux dans ce cas. Le dernier arrêté conjoint ministère des Finances / ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, portant répartition de ce financement a été signé le 23 mars 2010 pour le compte de l’année 2010. Et toutes les formations politiques étaient déjà passées naturellement à la caisse.
C’est pourtant depuis le 19 décembre 2 000 que l’Assemblée nationale avait voté une loi relative à ce financement. Ladite loi stipule que « Les partis politiques légalement reconnus peuvent bénéficier du financement public dans le cadre de leurs missions d’expression des suffrages selon les modalités prévues au titre 2 de la présente loi. Le financement public concerne aussi bien les dépenses couvrant les activités permanentes des partis politiques que celles consacrées à l’organisation des campagnes électorales ». Pour comprendre cette loi (Cf tableau), « la subvention est répartie en deux tranches d’égal montant : une première tranche destinée aux partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ; une deuxième tranche destinée aux partis politiques en fonction de leurs résultats à la dernière élection législative… A condition qu’ils aient obtenu au moins 5% des suffrages exprimés dans au moins une circonscription au cours de la dernière législative ».
On compte ainsi au Cameroun 17 partis politiques concernés par un tel financement, dont cinq représentés à l’Assemblée nationale qui se répartissent l’enveloppe de 1,5 milliard de Fcfa, en application de la loi de 2 000. Un montant que d’aucuns qualifient de minable. Le rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui affiche une majorité écrasante à l’Assemblée nationale (153 députés sur 180) se taille naturellement la part du lion. Avec près d’un milliard de Fcfa. Très loin devant le principal parti de l’opposition camerounaise, le Social democratic front (Sdf) qui n’a glané que 16 sièges aux dernières législatives en 2007.
Tableau 1
N°d’ordre Partis politiques Nombres de sièges Montant alloué
bénéficiaires l’assemblée Nationale
obtenus à
1 RDPC. 153 637 499 999,998
2 SDF 16 66 666 666,666
3 UNDP 06 24 999 999,999
4 UDC 04 16 666 666,666
5 MP 01 4 166 666,666
TOTAL 180 749 999 999, 995
Tableau 2
N° d’ordre Partis Politiques Nombre de circonscriptions où le parti ntant alloué
a obtenu au moins 5% des suffrages exprimés
1 Rdpc 85 335 526 315,789
2 Sdf 45 177 631 578,947
3 Undp 28 110 526 315,789
4 Upc 07 27 631 578,947
5 Udc 04 15 789 473,684
6 Add 04 15 789 473,684
7 Mdr 04 15 789 473,684
8 Andp 03 11 842 105,263
9 Afp 02 7 894 736,842
10 Mp 01 3 947 368,421
11 Upr 01 3 947 368,421
12 Mdp 01 3 947 368, 421
13 Mldc 01 3 947 368, 421
14 Fsnc 01 3 947 368, 421
15 Popc 01 3 947 368, 421
16 Mcnc 01 3 947 368, 421
17 Rcpu 01 3 947 368, 421
TOTAL 190 749 999 999,994
Sources : arrêté conjoint Minatd/Minfi