Filouterie: Jean Jacques Ekindi détourne un immeuble à Douala
YAOUNDE - 04 AVR. 2012
© Thierry Djoussi | La Météo
En voilà une affaire qui pourrait annuler le peu de crédit qui reste à Jean Jacques Ekindi, leader et unique député du Mouvement progressiste (Mp) à l'Assemblée nationale. Convaincu de filouterie immobilière, l'élu du Wouri trame de sérieuses accusations de trafic d'influence. Un délit dans un autre délit, en quelque sorte! Lesquels, additionnés à ses envolées tribales au plus fort des émeutes de Déido, en janvier dernier, lui valent une couronne dans le royaume des parlementaires à l'esprit tordu.
L'histoire de l'immeuble détourné remonte en 1984. Son patron d'alors, le Français Claude Bricard, est en butte à de sérieux ennuis de santé en terre camerounaise. Ce qui le contraint à repartir vers sa France natale. Mais, avant son départ, M. Bricard confie à son second, Jean Jacques Ekindi, la gestion de sa société dénommée Soreleg dont la valeur, apprend-on, se situe dans les 1,2 milliard FCFA. Selon nos informations, Claude Bricard vit aujourd'hui à Libreville au Gabon, avec sept pontages au coeur. Mais, très vite, l'ancien super-président de la section Rdpc du Wouri se montre piètre gestionnaire. En quatre années de direction en effet, Soreleg finit sa trajectoire dans la faillite. M. Ekindi, en quête de prébendes, s'empresse de mettre l'immeuble qui abritait le siège de Soreleg en location. Ledit bâtiment appartient en toute propriété à M. Bricard, à en croire des sources judiciaires crédibles. Une hypothèque de premier rang y est inscrite au profit de la Société générale des banques du Cameroun (Sgbc). Rappelons qu'Ekindi avait également reçu mandat de gérer la société Soreleg et d'en rembourser la dette vis-à-vis de la Sgbc. Il se dit, arguments à l'appui, que depuis 1988 au moins, le «chasseur du Lion» a géré l'immeuble, sis rue Franqueville, en plein coeur d'Akwa à Douala, sans jamais reverser le moindre kopeck à son légitime propriétaire. Las d'attendre la reddition de comptes (présentation de bilan) de son ancien poulain, Claude Bricard décide de reprendre le contrôle de son immeuble. Le recours à la justice se révèle inéluctable, face à un J. J. Ekindi qui refuse sec de libérer les lieux.
«Immunité parlementaire».
Assigné en expulsion devant le tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri, le député Mp va multiplier les arguties. C'est dans ce dessein qu'il sollicite (et obtient) un sursis à statuer, après avoir déposé auprès du juge d'instruction une contre-plainte pour «abus de confiance portant sur un immeuble». Infraction impossible en droit pénal camerounais, renseigne-t-on. Cahin-caha, la procédure d'expulsion va suivre son chemin, bénéficiant même d'une conjoncture formidable: le changement de la composition du tribunal et le legs du dossier à un juge «facilement influençable» par l'éternel perdant aux élections présidentielles multipartistes organisées au Cameroun. Ce juge, s'appuyant sur le droit, va commencer par abroger la mesure de sursis, totalement vide de sens. Acte qui mettra tout de go l'affaire en délibéré.
Se fondant sur l'existence d'un titre foncier conférant des droits non contestés, le tribunal ordonne l'expulsion avec exécution provisoire de l'occupant Ekindi "avec tous les locataires de son chef". Encaissant mal sa déconvenue judicaire, le député sollicite, devant la Cour d'appel du Littoral, les «défenses à exécution».
Huit mois après, la Cour déclare ledit recours irrecevable pour "violation de la loi organisant les défenses à exécution". En violation de la loi, l'ancien patron du Rdpc dans le Wouri va introduire un deuxième recours, qui s'écrase derechef sur le veto de la Cour d'appel. Puis vient une troisième requête contre le même jugement et, cette fois, l'affaire est mise en délibéré pour le 09 avril 2012.
Joint au téléphone hier, mardi, M. Ekindi a éludé les questions du reporter de La Météo. «Les décisions de justice ne se commentent pas dans les journaux", a-t-il digressé avant de couper la communication. Cette fuite en avant n'est-elle pas une reproduction a minima des mesures dilatoires qu'il n'a eu de cesse de multiplier depuis la saisine des tribunaux par M. Bricard?
Notons que, dès le rejet de la première requête d'Ekindi, l'huissier de justice en charge d'exécuter la décision d'expulsion a déposé une réquisition à force publique devant le procureur du Tgi. Cela fut fait depuis décembre 2011. Cette réquisition n'est toujours pas signée depuis près de quatre mois. Suffisant, pour qu'une large part de l'opinion soupçonne l'opposant d'opérette d'avoir mis en branle ses réseaux tapis au sein de la magistrature pour qu'une forte pression soit exercée sur la personne du procureur. C'est le même réseau tribalo-maffieux sur lequel ce député, qui n'a rien d'honorable, entend s'appuyer pour jouir ad vitam aeternam du bien d'autrui.
M. Bricard a également engagé d'autres procédures contre J. J. Ekindi, qui est loin d'être un modèle de vertu.
© Thierry Djoussi | La Météo
Le
député perçoit indûment, depuis 1988, les loyers sur un bâtiment urbain
appartenant à un investisseur français. Bien que le tribunal ait
ordonné son expulsion et celle de ses locataires, J.J. Ekindi a mis en
avant son immunité parlementaire pour en bloquer l'exécution.
En voilà une affaire qui pourrait annuler le peu de crédit qui reste à Jean Jacques Ekindi, leader et unique député du Mouvement progressiste (Mp) à l'Assemblée nationale. Convaincu de filouterie immobilière, l'élu du Wouri trame de sérieuses accusations de trafic d'influence. Un délit dans un autre délit, en quelque sorte! Lesquels, additionnés à ses envolées tribales au plus fort des émeutes de Déido, en janvier dernier, lui valent une couronne dans le royaume des parlementaires à l'esprit tordu.
L'histoire de l'immeuble détourné remonte en 1984. Son patron d'alors, le Français Claude Bricard, est en butte à de sérieux ennuis de santé en terre camerounaise. Ce qui le contraint à repartir vers sa France natale. Mais, avant son départ, M. Bricard confie à son second, Jean Jacques Ekindi, la gestion de sa société dénommée Soreleg dont la valeur, apprend-on, se situe dans les 1,2 milliard FCFA. Selon nos informations, Claude Bricard vit aujourd'hui à Libreville au Gabon, avec sept pontages au coeur. Mais, très vite, l'ancien super-président de la section Rdpc du Wouri se montre piètre gestionnaire. En quatre années de direction en effet, Soreleg finit sa trajectoire dans la faillite. M. Ekindi, en quête de prébendes, s'empresse de mettre l'immeuble qui abritait le siège de Soreleg en location. Ledit bâtiment appartient en toute propriété à M. Bricard, à en croire des sources judiciaires crédibles. Une hypothèque de premier rang y est inscrite au profit de la Société générale des banques du Cameroun (Sgbc). Rappelons qu'Ekindi avait également reçu mandat de gérer la société Soreleg et d'en rembourser la dette vis-à-vis de la Sgbc. Il se dit, arguments à l'appui, que depuis 1988 au moins, le «chasseur du Lion» a géré l'immeuble, sis rue Franqueville, en plein coeur d'Akwa à Douala, sans jamais reverser le moindre kopeck à son légitime propriétaire. Las d'attendre la reddition de comptes (présentation de bilan) de son ancien poulain, Claude Bricard décide de reprendre le contrôle de son immeuble. Le recours à la justice se révèle inéluctable, face à un J. J. Ekindi qui refuse sec de libérer les lieux.
«Immunité parlementaire».
Assigné en expulsion devant le tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri, le député Mp va multiplier les arguties. C'est dans ce dessein qu'il sollicite (et obtient) un sursis à statuer, après avoir déposé auprès du juge d'instruction une contre-plainte pour «abus de confiance portant sur un immeuble». Infraction impossible en droit pénal camerounais, renseigne-t-on. Cahin-caha, la procédure d'expulsion va suivre son chemin, bénéficiant même d'une conjoncture formidable: le changement de la composition du tribunal et le legs du dossier à un juge «facilement influençable» par l'éternel perdant aux élections présidentielles multipartistes organisées au Cameroun. Ce juge, s'appuyant sur le droit, va commencer par abroger la mesure de sursis, totalement vide de sens. Acte qui mettra tout de go l'affaire en délibéré.
Se fondant sur l'existence d'un titre foncier conférant des droits non contestés, le tribunal ordonne l'expulsion avec exécution provisoire de l'occupant Ekindi "avec tous les locataires de son chef". Encaissant mal sa déconvenue judicaire, le député sollicite, devant la Cour d'appel du Littoral, les «défenses à exécution».
Huit mois après, la Cour déclare ledit recours irrecevable pour "violation de la loi organisant les défenses à exécution". En violation de la loi, l'ancien patron du Rdpc dans le Wouri va introduire un deuxième recours, qui s'écrase derechef sur le veto de la Cour d'appel. Puis vient une troisième requête contre le même jugement et, cette fois, l'affaire est mise en délibéré pour le 09 avril 2012.
Joint au téléphone hier, mardi, M. Ekindi a éludé les questions du reporter de La Météo. «Les décisions de justice ne se commentent pas dans les journaux", a-t-il digressé avant de couper la communication. Cette fuite en avant n'est-elle pas une reproduction a minima des mesures dilatoires qu'il n'a eu de cesse de multiplier depuis la saisine des tribunaux par M. Bricard?
Notons que, dès le rejet de la première requête d'Ekindi, l'huissier de justice en charge d'exécuter la décision d'expulsion a déposé une réquisition à force publique devant le procureur du Tgi. Cela fut fait depuis décembre 2011. Cette réquisition n'est toujours pas signée depuis près de quatre mois. Suffisant, pour qu'une large part de l'opinion soupçonne l'opposant d'opérette d'avoir mis en branle ses réseaux tapis au sein de la magistrature pour qu'une forte pression soit exercée sur la personne du procureur. C'est le même réseau tribalo-maffieux sur lequel ce député, qui n'a rien d'honorable, entend s'appuyer pour jouir ad vitam aeternam du bien d'autrui.
M. Bricard a également engagé d'autres procédures contre J. J. Ekindi, qui est loin d'être un modèle de vertu.