Fichier électoral : L'informatisation au petit trot
Depuis le mois de janvier, la direction générale des élections est passée à l'enregistrement numérique des électeurs.
En
prélude au scrutin présidentiel d'octobre 2004, des formations
politiques réunies autour de la coalition pour la réconciliation et la
reconstruction nationales (CRNN), portée par John Fru Ndi président du
Social democratic front (SDF) et Adamou Ndam Njoya président de l'Union
démocratique du Cameroun, (UDC) multipliaient des manifestations en vue
d'obtenir «l'informatisation du processus électoral avant toute
élection». L'initiative connut alors un écho retentissant qui avait fini
par faire sortir le gouvernement de sa réserve. Par voie de communiqué
et de point de presse, le ministre de l'Administration territoriale et
de la décentralisation (Minatd) Marafa Hamidou Yaya, fit des
déclarations dont le ton apaisant eut pour effet de calmer les ardeurs
des leaders d'opposition. «Le débat pour les pouvoirs publics ne se
situe plus au niveau de l'opportunité d'une telle opération. En effet,
le gouvernement (…) a élaboré un projet d'informatisation non seulement
des listes, mais de l'ensemble des opérations électorales», avait
expliqué le ministre dans un communiqué le 29 juin 2004.
Si les
uns et les autres trouvaient l'opération audacieuse au regard du temps
que cela nécessitait (cinq ans pour un expert en documentation),
d'autres problèmes, suite l'annonce du démarrage de cette opération par
le Minatd quelques jours après sa première déclaration fusèrent. «Le
fichier électoral est un document. Sa confection, même électronique,
doit respecter toutes les contraintes qu'impose la science de gestion de
l'information documentaire. Pour réaliser un fichier informatisé, il
faut plusieurs documents (acte de naissance, certificat de nationalité,
carte nationale d'identité, certificat de domicile…)», indiquait alors
Victor Kamto, spécialiste de l'archivage et délégué de l'Onel lors du
scrutin de 2002.
Pour lui, disposer d'un fichier électoral
informatisé suppose six mois d'étude et de validation du projet, six
mois pour une éventuelle phase pilote, trois mois de corrections ou
d'ajustements indispensables. Un processus qui demande trois à quatre
années de travail. «Il est techniquement laborieux de réaliser un
fichier fiable compte tenu des mouvements des populations et de notre
niveau de gestion de l'information administrative», avait alors tranché
l'archiviste.
Dans la foulée de cette analyse, le Minatd qui
avait annoncé que neuf milliards de Fcfa étaient indispensables à la
réalisation de ce processus, va indiquer en 2007 à l'occasion des
élections municipales et législatives, que le logiciel des élections a
été acquis. «Le projet de l'informatisation des opérations électorales a
démarré en 1996 par la phase des études. Celles-ci ont pris fin en 2005
par la publication d'un schéma-directeur de l'informatisation des
opérations électorales. La mise en œuvre de ce schéma-directeur, censée
démarrer en janvier 2006, a connu un retard dû aux questions de
financement.» Ainsi, suite au transfert du fichier électoral à Elecam
(créé en décembre 2008) par le Minatd en 2010, l'organe en charge de la
gestion des élection a entrepris depuis quelques mois une vaste
opération d'informatisation du fichier électoral.
Dans les
régions de l'Ouest, de l'Adamaoua ou encore du Nord, le processus de
numérisation du fichier électoral est en cours. Pendant la phase de
lancement qui a commencé en janvier, Mbond Abdul Aziz, chargé d'études
assistant à la division de l'informatique à Elections Cameroon a
expliqué que la gestion des cas de double inscription et la détection
des personnes n'ayant pas encore atteint la majorité électorale est
assurée de façon sereine par le nouveau système d'exploitation. « Avec
cette informatisation il n'y aura plus de doublons parce que les gens ne
plus s'inscrire deux fois», indique René Tagne, délégué régional
d'Elecam pour l'Ouest.
Selon Thaddeus Menang, chef de la cellule
d'organisation et de suivi des opérations électorales et référendaires à
Elecam, les listes sont d'abord traitées au niveau départemental puis
acheminées au niveau régional pour subir un nouveau traitement avant
d'être acheminées au niveau national pour vérification et consolidation.
«Ce n'est qu'après ce traitement que nous allons procéder au tirage des
listes provisoires en vue de la vérification des erreurs»,
explique-t-il. A ce jour, toutes les régions sont couvertes par le
processus dont l'objectif est de faire inscrire 9 millions d'électeurs.
Pierre Célestin Atangana