Dans un discours radio-télévisé adressé à la jeunesse camerounaise le 10 Février, Paul Biya s'est de nouveau lancé dans un exercice dont il est devenu maître maintenant: promettre monde et merveilles à la jeunesse camerounaise. C’est cet octogénaire qui s’est présenté dans un décor talentueusement choisi par des conseillers en panne d’inspiration pour offrir la pathétique mise-en-scène cyclique.Ce chef de l’Etat, ne sert jusqu’ici à sa jeunesse, que du copié coller réchauffé qu'on entend tous les ans et ce depuis 31 ans. Et comme il n’échange pas avec sa jeunesse, le président de la République ne peut mesurer le dégoût, la désinvolture, l’indifférence et la méprise que la jeunesse affiche devant ses discours.
Il est à noter que Paul Biya tient les mêmes termes depuis 1983 et que depuis ce temps, le Cameroun en général et sa jeunesse en particulier dont l'espérance de vie ne cesse de décroître, passant de 40 ans en 1985 à 25 ans en 2011 et que depuis ce temps, le Cameroun sombre impitoyablement dans un système où les jeunes sont marginalisés, abandonnés.
Il est à noter, que la seule alternative offerte à cette jeunesse dont on parle comme fer de lance de la nation est de fuir. Quitter le pays pour aller mendier chez le voisin.
Politique de l'emploi
Paul Biya annonce la création de 250 000 emplois (Deux cent cinquante mille emplois) "Compte tenu de l’augmentation possible du taux de croissance".Encore un autre langage politicien et ordurier que les économistes classent dans la rubrique de la fraude morale avec pour corollaire, des promesses fallacieuses. Comme les années précédentes, Paul Biya compte encore sur des prévisions liées au taux de croissance. Mais il aura lui-même compris, les camerounais commencent à connaître ce refrain par chœur, sans résultats.
Au sujet de la démocratie
Paul Biya affirme " les choses bougent au Cameroun. Le mouvement est lancé et il est irréversible. C’est vous qui en serez les principaux acteurs ". Quel est le mouvement qui est lancé ? celui de se transformer en détourneur de la fortune publique ?. Si comme d'habitude, des individus pour qui corruption et pillage de la fortune publique, népotisme constituent un facteur de développement ont applaudi ce discours, ils ignorent avec mépris et arrogance, la souffrance des milliers de jeunes camerounais désœuvrés et livrés à misère.
Sur le plan social, le discours de l'octogénaire de Mvomeka'a n’a pas fondamentalement changé, en ce sens que, comme d’habitude, Paul Biya n’arrive pas à trouver des solutions concrètes aux nombreux problèmes des jeunes. Bien au contraire, le locataire d’Etoudi est allé cette fois-ci un peu plus loin en « insultant » carrément sa jeunesse. Notamment sur son peu de civisme et la dégradation des valeurs morales."J’avais également dit ma préoccupation devant la baisse de la moralité publique dans notre pays. J’avais déploré le fait qu’elle n’épargnait pas ce que nous avons de plus précieux, la jeunesse. Notre avenir, l’avenir de notre pays"
Paul Biya évoque les martyrs
"je voudrais qu’ensemble nous nous reportions cinquante ou soixante ans en arrière. C’est de l’Histoire, me direz-vous. Certes, mais nous n’en avons peut-être pas tiré toutes les leçons. A cette époque troublée, ceux qui rêvaient de l’indépendance et de l’unité nationale étaient des jeunes comme vous.[...] Mais l’objectif était clair : la LIBERTE. Et beaucoup se sont engagés dans ce combat, au péril de leur vie.
Les Um Nyobé, Ossende Afana, Ernest Ouandié, Moumié Roland, les victimes du commandement opérationnel, les jeunes assassinés en février 2008 au Cameroun etc.vont se retourner dans leur tombe car Biya oublie qu'il a été et le demeure encore bourreau.
Il a oublié aussi qu'il existe des jeunes héros du Cameroun actuel,tombés dans les rues des villes en ébullition lors des événements de février-mars 2008, d’autres ont vu leur sang se répandre sur les campus universitaires, certains portent dans des contrées éloignées la flamme patriotique à travers leur intelligence exceptionnelle et leur talent formidable.. La jeunesse camerounaise n’a pas attendu que l’on lui demande d’entrer dans l’histoire, elle y est déjà..
Diaspora et de la politique d’émigration
Pourquoi ne vient-il même pas à l’esprit de Paul Biya l’idée de parler à la jeunesse camerounaise ne serait-ce que pour lui montrer qu’il a compris sa situation ?
Par quelle forme de « sadomasochisme politique » ce président ne voit-ils même pas comment son pays se vide des forces juvéniles nécessaires au développement ? Ignorance ou cynisme ? Dans les deux cas, le silence de Paul Biya sur ce phénomène et les drames de l’immigration devient véritablement assourdissant et quelque part criminel.
Les jeunes camerounais attendent plus d’égalité et de justice sociale.. Ils voudraient aussi comme la progéniture présidentielle être formés dans les meilleures écoles, avoir la possibilité de réaliser le rêve camerounais sans être obligé d’adhérer à des cercles initiatiques obscurs, de devenir des griots du parti au pouvoir.
Au lieu de rester les bras croisés et se laisser dépérir par la désillusion qu'engendrent les discours mensongers et les promesses non tenues par mauvaise foi de monsieur Biya, il convient de s'inspirer de la jeunesse maghrébine qui, lasse de souffrir, lasse de se voir spolier leur droit de rêver, leur droit au bonheur, leur droit à l'espoir ont su chasser Moubarak et Ben Ali