Le Ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, s’est exprimé vendredi 23 août dernier face aux medias, afin d’expliciter les raisons pour lesquelles, les églises dites « de réveil » sont fermées sur l’étendue du territoire Camerounais depuis quelques semaines, de façon récurrente. Le Ministre en charge de la Communication gouvernementale, a tour à tour, évoqué des raisons liées au trouble à l’ordre public, aux nuisances sonores, aux pratiques malsaines et indécentes et enfin, celles liées à l’absence d’autorisation légale. Au total, ce sont 35 églises qui sont fermées à ce jour sur l’ensemble du territoire Camerounais. [Nous mettons sous presse le vendredi 23 août et d’autres fermetures sont annoncées NDLR].
Il s’agit donc:
Yaoundé Ier
La cathédrale de la foi
Eglise Catholique Traditionnelle Universelle Succession Utreicht
Eglise Communauté Chrétienne
Eglise chrétienne évangélique
Union des Eglises Evangéliques des Frères du Cameroun
Yaoundé III
Heaven Gate of All Nations
Ministère de la Délivrance et du Progrès
Yaoundé V
Eglise du Salut
La Traversée de la Mer Rouge par Jésus
Une église sans nom dont le promoteur est Malachi Botombé
Douala Ier
Gospel of Christ Ministries
Sainte église du Sabbath
Centre spirituel Sion
The Door Christian Fellowship Church
Douala IIe
Eglise Mouvement de Réveil Charismatique Catholique
La sentinelle
Eglise Universelle du Royaume de Dieu
Bamenda IIe
Christ Embassy
The Redemed Church of God
The lords Chosen Charismatic Revival Ministry
Jesus Reigns for ever Ministry
Glorious Life Pentecostal Church International
Zion Assembly church of God of Prophecy
Atuda Community Hall church
Assemblies of God
God’s Power Ministries International
The Grace Bible church
One church at Pinyin Quarter
One church (Mariana Restaurant old town)
World Eternity Ministry International (food Market Bridge)
Bamenda IIIe
Assembly of God (Mile 4 Nkwen)
Dominion Ministries Worldwide (Ndamukong Street)
Christaldelphian Bible Mission (A 2 Street Bayele)
Good news Mission (Upper Bayele)
Jesus Evangelistic Bible Ministry (Ntabessi)
Tolerance administrative
“ Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude”, nous enseigne un principe du droit civil. Au pays de Paul Biya, de nombreux secteurs d’activités, sont le lieu de la cacophonie, du désordre et de l’anarchie. Le gouvernement y est absent. L’Etat, abandonne régulièrement ses prérogatives régaliennes et ses missions de préservation de la paix sociale et de maintien de l’ordre public. Les secteurs d’activités les plus victimes de cet abandon sont celui des motos taxis, celui des églises de réveil, celui de la presse privée et enfin, celui de la création des bars. On y retrouve alors, tous types d’individus à la morale douteuse. La surenchère politique étant devenue le mode de gouvernement par excellence. Elle vient au secours des hommes politiques à des fins de récupération, l’on se souvient de cette perche lancée par Paul Biya aux conducteurs de Motos taxis à Yaoundé. Sous le prétexte de la laïcité, de la neutralité et de l’indépendance de l’Etat vis-à-vis de toutes les religions, l’on a vu se développer au Cameroun, une liberté de culte la plus exponentielle d’Afrique. Après la Nigéria, le Cameroun est devenu en l’espace d’une décennie, l’un des pays Africains où l’on retrouve le plus d’églises de réveil au Km2.
Le préambule de la constitution du 18 janvier 1996 qui fait partie intégrante de la loi fondamentale, est clair « l’Etat est laïc, la neutralité et l’indépendance de l’Etat vis-à-vis de toutes les religions sont garanties. La liberté du culte et le libre exercice de sa pratique sont garantis ». Et par ricochet, « nul ne peut être inquiété, en raisons de ses origines, de ses opinions, ou croyances religieuses… sous réserves du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs ». C’est dire que la liberté de culte fait partie des droits fondamentaux, inaliénables et sacrés. Pourtant, il ne se passe pas un seul jour sans que l’on enregistre une plainte, dans un commissariat de police ou devant une brigade de gendarmerie, contre une église ou son promoteur. Récemment, la presse a fait Etat d’une église à Yaoundé où le pasteur, Tsala Essomba de l’église « va et raconte », homme d’affaires intraitable, ne se contentait pas uniquement de vendre une bouteille d’eau minérale six ou sept fois plus chère que son prix d’achat initial, mais envoyait aussi ses fidèles exercer des travaux champêtres, dans les champs de sa maman à Obala, une localité située à une cinquantaine de Kilomètres de Yaoundé.
Comment en sommes nous arrivés là ?
Les lois du 19 décembre 1990 et plus précisément celle n° 90/053 traitant de la liberté d’association religieuse, dans ses articles 5, alinéa 2 et 23 et 24, prescrivent l’autorisation préalable accordée par décret du président de la république, après avis du Minat, le Ministère de l’Administration Territoriale (actuellement Minatd) qui a le temps de s’informer sur la moralité des promoteurs, pour se prévaloir d’une existence légale. Dans les faits, il suffit souvent de réunir quelques centaines de personnes, faire ensuite un tapage médiatique, prétendre prier pour la paix, pour le président de la république, pour son épouse ou ses enfants, ou encore pour les membres du gouvernement, ou enfin, pour des élections pacifiques comme ce sera le cas probablement d’ici le 30 septembre prochain, pour se voir reconnaître comme église et voir les membres de l’exécutif assister au premier rang des fidèles. Selon Issa Tchiroma Bakary le Mincom, les églises fermées le sont non pas par ce que le gouvernement camerounais veut museler la liberté de culte mais par ce qu’elles sont devenues le lieu des pratiques les plus insoutenables, avec des dégâts collatéraux indescriptibles, nuisances sonores diurnes et nocturnes, déchirement et éclatement des familles avec diabolisation des époux ou des parents qui s’opposent à la pénétration de l’église dans le cercle familial, escroquerie financière, spoliation des biens meubles et immeubles, prosélytisme, mariages forcés, viols et détournements de mineurs.
Maintenant
Au regard de la synergie et de l’engouement avec lesquels les autorités administratives agissent sur le cas des églises dites de réveil, il en découle que leurs prises de décisions reçoivent la bénédiction de la hiérarchie. René Emmanuel Sadi, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation du gouvernement Yang Philémon II, avait en effet donné des garanties à la représentation nationale lors de la séance plénière du 28 juin 2013, suite à la question orale n° 391/ QO/AN/8 posée par l’honorable Lyonga Rachel, Célestine Epouse Epoupa, sur son appel à la mise sur pied d’un ordre confessionnel légal. Les camerounais espèrent y voir un début d’assainissement et non pas un coup d’épée dans l’eau.