Fédérations sportives: Ces nouveaux hommes qui veulent sauver le mouvement sportif
Douala, 01 avril 2013
© C.T. | Le Messager
Ils sont pour la plupart des jeunes loups aux dents très longues acérées. Portés à la tête des fédérations sportives civiles nationales à l’issue des assemblées générales électives du mois dernier, ces nouveaux visages entendent redonner au sport camerounais son lustre d’antan. Zoom sur ces soldats de la Renaissance.
Jeux de chaises musicales aux fédérations de boxe, de cyclisme et d’athlétisme. Ces trois fédérations figurent justement parmi les quatre qui ont vu leurs dirigeants sortants être frappées d’inéligibilité par une décision du ministre des sports et de l’éducation physique (Minsep) qui leur reprochait leur «manquement à l’éthique sportive». Et comme il fallait s’y attendre, en l’absence de Bertrand Magloire Mendouga, l’entraîneur national, Justin Tchuem, a remporté le combat par K.O devant un Akono Ze dont on annonçait pourtant le retour triomphal aux affaires. Tchuem achève ainsi une évolution qui l’a amené du stade d’athlète à celui de président de fédération, en passant par les étapes intermédiaires. Pour l’heureux élu, l’heure est à la renaissance effective de la boxe camerounaise qui passe par le règlement de quelques préalables. Notamment la redynamisation des compétitions nationales avec en lame de fond, le championnat. Les clubs de boxe seraient alors en reconstitution, dans l’espoir d’y voir émerger les valeureux successeurs de Thomas Essomba, Blaise Yepmou, Christian Donfack, Joseph Mulema, Romaric Ngoula qui ont tous pris la poudre d’escampette lors des derniers Jeux olympiques à Londres.
Justin Tchuem sait également que la relance du noble art passe par la construction d’infrastructures sportives et compte plus que jamais sur la contribution du gouvernement qui serait d’un grand apport. L’avènement d’un gymnase de boxe pourrait booster la pratique de cette discipline, tout comme la formation des entraîneurs, des officiels et surtout d’une nouvelle race de boxeurs capables de prétendre légitimement au podium lors des championnats du monde.
Réconciliation
La tâche n’est pas moins aisée en cyclisme où Moustapha Dogo, l’ancien vice-président de la Fédération camerounaise de cyclisme (Fécacyclisme) est devenu principal à l’issue du dépouillement. Avec 42 voix, il a mis hors course son principal challenger, Fabien Ateba Koungou, qui n’a obtenu que 25 voix. Mais Dogo hérite d’une fédération où la mauvaise gestion et les détournements de fonds ont entraîné la chute de l’ancien bureau. L’heureux élu tout en exprimant sa satisfaction, se dit prêt à relever les défis qui l’attendent à la tête de la Fécacyclisme. Le premier, rétablir le Tour du Cameroun exclu par l’Union cycliste international (Uci). Il annonce également un tour cycliste qui sera organisé lors du cinquantenaire de la Réunification du Cameroun à Buéa. Pour atteindre ces objectifs, il appelle à la réconciliation de toute la famille du cyclisme camerounais. Dogo qui avait été hors course après le parachutage ministériel de son prédécesseur en 2008 alors que l’ancien président de la ligue régionale de l’Adamaoua, venait d’assurer l’intérim, peut enfin jouir du privilège d’être Monsieur le président, le vrai, sans devoir porter la lourde pénitence de « vice» très peu usitée.
En athlétisme, Emmanuel Moutombi peut (enfin) savourer la joie d’être président d’une fédération clé. Lui qui a battu au sprint final Ange-Aimé Sama Douala (38 voix contre 27) après avoir mis dans le vent Marie-Delaventure Messomo et le commissaire de police Moise Evina. L’ancien président de la Ligue régionale du Sud-ouest qui remplace Jacques Sébastien Mbous déclaré inéligible par le Minsep, aura pour mission première la revitalisation de l’athlétisme camerounais, empêtrés dans des batailles qui ont finalement eu raison des performances enregistrées par le passé.
Infrastructures
A la Fédération camerounaise de catch (Fécacatch), le nouveau président a tronqué sa camisole de « faiseur de majors» dans l’enseignement supérieur contre celle de président de fédération. Sans doute entend-t-il insuffler à cette discipline sportive le vent favorable des succès qu’il connaît depuis plus d’une dizaine d’années avec l’institut universitaire qui porte son nom. En effet, Lucien Wantou Siantou prend les rênes d’une fédération malade. Une fédération dont la mort est programmée. Le diagnostic montre qu’elle souffre d’un manque de communication, d’une guerre de leadership, d’une crise d’incompréhension entre les membres du bureau national, d’un manque criard d’infrastructures sportives et de financements et surtout d’un dysfonctionnement total au niveau de ses démembrements régionaux. C’est une fédération dans laquelle on ne parle que de tensions à la trésorerie, d’éclatement, d’incompréhensions et d’appel à la démission. Une fédération où certains membres s’autoproclament entraîneurs national ou directeur technique national même sans avoir l’expérience et les compétences requises. Oubliée, minimisée et abandonnée par la tutelle qui ne lui a jamais donné de quitus pour l’organisation d’une compétition internationale, la Fécacatch que Wantou Siantou va désormais diriger, entend donc œuvrer pour permettre à cette discipline de repartir sur de nouvelles bases.
En judo, on annonçait les joutes électorales particulièrement houleuses au regard de la carrure et des états de service des candidats mais également des enjeux de ce « combat » pour la conquête de la fédération. Résultat des urnes : les suffrages ont tourné à la faveur de Me Kingue que ses camarades présentent comme le plus jeune président de fédération (39 ans). Le technicien en judo a mis « hors d’état de nuire » l’ancien président Me Eugène Christian Ewanè Essambo. Mais le visage du judo camerounais aujourd’hui est loin de forcer l’admiration. Malgré de bons résultats engrangés dans les compétitions africaines où le Cameroun arrive après les pays du Maghreb, la pratique et le développement du judo, art martial venu d'Asie, tarde à décoller. Infrastructures absentes, équipements inexistants et moyens financiers dérisoires font les déboires des adeptes de ce sport, pourtant présent dans ce pays depuis 1961 à travers la création d'une fédération nationale. Les judokas qui sont montés sur le tatami lors du 31e championnat d'Afrique de judo (du 15 et au 18 avril 2010 à Yaoundé), s'entraînaient avec un seul kimono. Une situation qui a été l'une des causes du mouvement de grève survenu dans la tanière des Lions indomptables de judo par des athlètes revendiquant des meilleures conditions de travail. Me Kingue et toute son équipe doivent donc réunir autour d’une même table toute la grande famille du judo camerounais mais surtout permettre aux athlètes de faire de bons résultats qui font défaut depuis 2009.
Cadeau empoisonné
A la Fédération camerounaise de powerlifting, la tempête s’est calmée. La page noire écrite par Philippe Collince Fogaing est enfin tournée. Finis aussi les batailles de clans, les querelles par médias interposés, les guerres de leadership et le vent de division qui a longtemps soufflé sur la fédération camerounaise de Powerlifting (Fécapolif). Depuis trois semaines, une nouvelle équipe dirigeante a pris les commandes de ce navire qui frôlait déjà le naufrage. Il ne serait donc pas prétentieux de dire qu’après plusieurs mois d’hibernation, le Powerlifting camerounais renaît (progressivement) de ses cendres. C’est d’ailleurs le souhait de tous les amateurs de cette discipline. Pour porter haut le flambeau de cette nouvelle équipe, M. Yaho a été choisi comme celui qui devra désormais présider définitivement aux destinées de cette fédération. Le nouvel élu sait que la tâche ne lui sera pas aisée ; étant donné qu’il hérite de ce que beaucoup qualifient aujourd’hui de « cadeau empoisonné ».
A la fédération camerounaise de danses sportives et assimilés (Fécadansa), c’est désormais un homme en tenue qui aura la lourde charge de mener la danse pendant les quatre prochaines années. Le commissaire de police Assila Ntset Léandre remplace à ce poste Jonas Kemajou Syabze qui a essuyé les foudres du Minsep à quelques jours du processus électoral. Lui dont la grande gueule et les multiples sorties médiatiques n’ont pas été du goût des collaborateurs d’Adoum Garoua. Avec ces nouveaux hommes, on espère une olympiade plus reluisante et moins catastrophique que la dernière.
C.T.
© C.T. | Le Messager
Ils sont pour la plupart des jeunes loups aux dents très longues acérées. Portés à la tête des fédérations sportives civiles nationales à l’issue des assemblées générales électives du mois dernier, ces nouveaux visages entendent redonner au sport camerounais son lustre d’antan. Zoom sur ces soldats de la Renaissance.
Jeux de chaises musicales aux fédérations de boxe, de cyclisme et d’athlétisme. Ces trois fédérations figurent justement parmi les quatre qui ont vu leurs dirigeants sortants être frappées d’inéligibilité par une décision du ministre des sports et de l’éducation physique (Minsep) qui leur reprochait leur «manquement à l’éthique sportive». Et comme il fallait s’y attendre, en l’absence de Bertrand Magloire Mendouga, l’entraîneur national, Justin Tchuem, a remporté le combat par K.O devant un Akono Ze dont on annonçait pourtant le retour triomphal aux affaires. Tchuem achève ainsi une évolution qui l’a amené du stade d’athlète à celui de président de fédération, en passant par les étapes intermédiaires. Pour l’heureux élu, l’heure est à la renaissance effective de la boxe camerounaise qui passe par le règlement de quelques préalables. Notamment la redynamisation des compétitions nationales avec en lame de fond, le championnat. Les clubs de boxe seraient alors en reconstitution, dans l’espoir d’y voir émerger les valeureux successeurs de Thomas Essomba, Blaise Yepmou, Christian Donfack, Joseph Mulema, Romaric Ngoula qui ont tous pris la poudre d’escampette lors des derniers Jeux olympiques à Londres.
Justin Tchuem sait également que la relance du noble art passe par la construction d’infrastructures sportives et compte plus que jamais sur la contribution du gouvernement qui serait d’un grand apport. L’avènement d’un gymnase de boxe pourrait booster la pratique de cette discipline, tout comme la formation des entraîneurs, des officiels et surtout d’une nouvelle race de boxeurs capables de prétendre légitimement au podium lors des championnats du monde.
Réconciliation
La tâche n’est pas moins aisée en cyclisme où Moustapha Dogo, l’ancien vice-président de la Fédération camerounaise de cyclisme (Fécacyclisme) est devenu principal à l’issue du dépouillement. Avec 42 voix, il a mis hors course son principal challenger, Fabien Ateba Koungou, qui n’a obtenu que 25 voix. Mais Dogo hérite d’une fédération où la mauvaise gestion et les détournements de fonds ont entraîné la chute de l’ancien bureau. L’heureux élu tout en exprimant sa satisfaction, se dit prêt à relever les défis qui l’attendent à la tête de la Fécacyclisme. Le premier, rétablir le Tour du Cameroun exclu par l’Union cycliste international (Uci). Il annonce également un tour cycliste qui sera organisé lors du cinquantenaire de la Réunification du Cameroun à Buéa. Pour atteindre ces objectifs, il appelle à la réconciliation de toute la famille du cyclisme camerounais. Dogo qui avait été hors course après le parachutage ministériel de son prédécesseur en 2008 alors que l’ancien président de la ligue régionale de l’Adamaoua, venait d’assurer l’intérim, peut enfin jouir du privilège d’être Monsieur le président, le vrai, sans devoir porter la lourde pénitence de « vice» très peu usitée.
En athlétisme, Emmanuel Moutombi peut (enfin) savourer la joie d’être président d’une fédération clé. Lui qui a battu au sprint final Ange-Aimé Sama Douala (38 voix contre 27) après avoir mis dans le vent Marie-Delaventure Messomo et le commissaire de police Moise Evina. L’ancien président de la Ligue régionale du Sud-ouest qui remplace Jacques Sébastien Mbous déclaré inéligible par le Minsep, aura pour mission première la revitalisation de l’athlétisme camerounais, empêtrés dans des batailles qui ont finalement eu raison des performances enregistrées par le passé.
Infrastructures
A la Fédération camerounaise de catch (Fécacatch), le nouveau président a tronqué sa camisole de « faiseur de majors» dans l’enseignement supérieur contre celle de président de fédération. Sans doute entend-t-il insuffler à cette discipline sportive le vent favorable des succès qu’il connaît depuis plus d’une dizaine d’années avec l’institut universitaire qui porte son nom. En effet, Lucien Wantou Siantou prend les rênes d’une fédération malade. Une fédération dont la mort est programmée. Le diagnostic montre qu’elle souffre d’un manque de communication, d’une guerre de leadership, d’une crise d’incompréhension entre les membres du bureau national, d’un manque criard d’infrastructures sportives et de financements et surtout d’un dysfonctionnement total au niveau de ses démembrements régionaux. C’est une fédération dans laquelle on ne parle que de tensions à la trésorerie, d’éclatement, d’incompréhensions et d’appel à la démission. Une fédération où certains membres s’autoproclament entraîneurs national ou directeur technique national même sans avoir l’expérience et les compétences requises. Oubliée, minimisée et abandonnée par la tutelle qui ne lui a jamais donné de quitus pour l’organisation d’une compétition internationale, la Fécacatch que Wantou Siantou va désormais diriger, entend donc œuvrer pour permettre à cette discipline de repartir sur de nouvelles bases.
En judo, on annonçait les joutes électorales particulièrement houleuses au regard de la carrure et des états de service des candidats mais également des enjeux de ce « combat » pour la conquête de la fédération. Résultat des urnes : les suffrages ont tourné à la faveur de Me Kingue que ses camarades présentent comme le plus jeune président de fédération (39 ans). Le technicien en judo a mis « hors d’état de nuire » l’ancien président Me Eugène Christian Ewanè Essambo. Mais le visage du judo camerounais aujourd’hui est loin de forcer l’admiration. Malgré de bons résultats engrangés dans les compétitions africaines où le Cameroun arrive après les pays du Maghreb, la pratique et le développement du judo, art martial venu d'Asie, tarde à décoller. Infrastructures absentes, équipements inexistants et moyens financiers dérisoires font les déboires des adeptes de ce sport, pourtant présent dans ce pays depuis 1961 à travers la création d'une fédération nationale. Les judokas qui sont montés sur le tatami lors du 31e championnat d'Afrique de judo (du 15 et au 18 avril 2010 à Yaoundé), s'entraînaient avec un seul kimono. Une situation qui a été l'une des causes du mouvement de grève survenu dans la tanière des Lions indomptables de judo par des athlètes revendiquant des meilleures conditions de travail. Me Kingue et toute son équipe doivent donc réunir autour d’une même table toute la grande famille du judo camerounais mais surtout permettre aux athlètes de faire de bons résultats qui font défaut depuis 2009.
Cadeau empoisonné
A la Fédération camerounaise de powerlifting, la tempête s’est calmée. La page noire écrite par Philippe Collince Fogaing est enfin tournée. Finis aussi les batailles de clans, les querelles par médias interposés, les guerres de leadership et le vent de division qui a longtemps soufflé sur la fédération camerounaise de Powerlifting (Fécapolif). Depuis trois semaines, une nouvelle équipe dirigeante a pris les commandes de ce navire qui frôlait déjà le naufrage. Il ne serait donc pas prétentieux de dire qu’après plusieurs mois d’hibernation, le Powerlifting camerounais renaît (progressivement) de ses cendres. C’est d’ailleurs le souhait de tous les amateurs de cette discipline. Pour porter haut le flambeau de cette nouvelle équipe, M. Yaho a été choisi comme celui qui devra désormais présider définitivement aux destinées de cette fédération. Le nouvel élu sait que la tâche ne lui sera pas aisée ; étant donné qu’il hérite de ce que beaucoup qualifient aujourd’hui de « cadeau empoisonné ».
A la fédération camerounaise de danses sportives et assimilés (Fécadansa), c’est désormais un homme en tenue qui aura la lourde charge de mener la danse pendant les quatre prochaines années. Le commissaire de police Assila Ntset Léandre remplace à ce poste Jonas Kemajou Syabze qui a essuyé les foudres du Minsep à quelques jours du processus électoral. Lui dont la grande gueule et les multiples sorties médiatiques n’ont pas été du goût des collaborateurs d’Adoum Garoua. Avec ces nouveaux hommes, on espère une olympiade plus reluisante et moins catastrophique que la dernière.
C.T.