FECAFOOT: M. Iya Mohammed disqualifié par l'article 35

Yaoundé, 03 avril 2013
© Jean Robert Fouda | Repères

Cette disposition des statuts de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) écarte du processus électoral toute personne accusée de fautes de gestion dans l'exercice de ses fonctions.

Iya Mohammed, le Directeur Général de la Société de Développement de Coton (SODECOTON) a été sanctionné le 28 mars dernier par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière du Contrôle Supérieur de l'Etat. Pour la seule période allant de 2005 à 2010, pas moins de 20 fautes de gestion ont été retenues contre le DG qui est par ailleurs président la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Le préjudice financier est évalué à 9.052.078.692 (neuf milliards cinquante deux millions soixante dix-huit mille six cent quatre vingt douze francs) CFA. Une amende spéciale de 2 millions a également été infligée au DG de la SODECOTON, en poste depuis 1984.

Cette décision annonce-t-elle la fin de M. Iya Mohammed non seulement à la tête de cette entreprise qui reste l'un des fleurons de l'économie camerounaise, mais également à la Présidence de la FECAFOOT qu'il dirige depuis 1998? L'article 35 des statuts de la Fédération stipule en effet que: «Tout candidat au poste de Président ou de membre du Comité exécutif de la FECAFOOT doit entres autres être citoyen camerounais jouissant de ses droits civiques; avoir atteint la majorité civile; résider sur le territoire camerounais»; mais aussi et surtout, «n’avoir pas été convaincu de malversations financières».

A la FECAFOOT, où la situation financière reste aussi chaotique, l'Etat a déposé une plainte en mai 2005, au sujet de l'opacité des contrats avec l'équipementier Puma, les recettes publicitaires, le sponsoring, etc. Après quelques années de silence, M. Iya Mohammed a été entendu à plusieurs reprises en 2011 à la Sous-direction des Enquêtes Economiques de la Police Judiciaire (PJ) à Yaoundé.

Retombées financières

La Police Judiciaire enquête également sur les retombées de plusieurs compétitions internationales depuis 14 ans. Les enquêteurs sont sur les traces des fonds issus de la participation des Lions Indomptables au Mondial 98 en France, 2002 en Corée-Japon, la Coupe des Confédérations 2003 et des Coupes d'Afrique des Nations 2000 et 2002, etc.

Au terme du premier tour de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, le Cameroun a reçu de la FIFA environ cinq milliards de FCFA. Afin de mettre un terme au flou entretenu par la Fédération Camerounaise de Football sur la gestion des fonds, M. Michel Zoah, le Ministre des Sports et de l'Education Physique (MINSEP) à cette époque, a pris des mesures conservatoires. «Nous avons pris la décision de bloquer cet argent dans les comptes de la FIFA, en attendant que la Fédération Camerounaise de Football nous présente un programme d'utilisation de ces fonds», a-t-il indiqué, le 29 mai à Yaoundé, au cours de l'Assemblée Générale ordinaire de la FECAFOOT.

Le MINSEP a promis veiller afin que les retombées financières de la 19e Coupe du Monde 2010 soient utilisées pour la réhabilitation et la construction de nouvelles infrastructures sportives: construction du nouveau siège de la FECAFOOT, et des ligues régionales ou départementales qui en sont dépourvues.


Détournement de 3 milliards

Le 17 mai 2004, l'ancien Ministre des Sports, M. Etame Massoma créé une commission d'enquêtes dirigée par l'Inspecteur d'Etat Christophe Ngack Mahop. Avec à ses côtés, MM. André Akam Akam, Pierre Kameni, Gaspard Bih, Aliou Dewa et Mme Marie Louise Secke Pouka.

Ils ont pour missions de recenser, répertorier et contrôler la régularité de la gestion des retombées matérielles et financières de la participation des équipes nationales aux compétitions internationales, du sponsoring et des droits de retransmission audiovisuelle ainsi que l'organisation des matchs amicaux et la publicité dans les stades entre l'an 2000 et le 1er semestre 2004. Le 13 juillet 2004, la Commission Ngack Mahop boucle ses travaux et rend sa copie. Plus de 3 milliards de FCFA détournés entre 2000 et 2004.

La Commission Maho s'est employée à reconstituer les différentes recettes tombées dans les caisses de la FECAFOOT, soit un peu plus de 8 milliards de FCFA. De cette somme, l'on a pu fournir des justificatifs qu'à hauteur de 5 milliards de FCFA. Plus de 3 milliards de FCFA ayant pris des destinations inconnues.

M. lya Mohammed aurait reconnu n'avoir pas reversé en totalité les sommes dues au Ministère des Sports et de l'Education Physique (MINSEP) et au Trésor Public. C'est ainsi que s'agissant des dettes de la FECAFOOT vis-à-vis du MINSEP, selon le rapport précisément, il s'agit de 7 333.000.000 FCFA de reliquat de la quote-part du MINSEP sur les retombées de la Coupe des Confédérations 2003; 35.000.000 FCFA représentant le reliquat de la quote-part du Trésor Public sur les recettes de sponsoring et des matches amicaux en 2003; 109.390.000 FCFA au titre de la quote-part sur les recettes de sponsoring et des matches amicaux en 2004; 53.060.000 FCFA comptant pour la quote-part du Trésor Public sur les recettes de sponsoring et des matches amicaux en 2004; 5.000.000 FCFA ayant trait à la quote-part du volet Infrastructures sur les recettes générées par la publicité sur les stades en 2004; 2.500.000 FCFA représentant la quote-part du Trésor Public sur les recettes produites par la publicité sur les stades en 2004 et 33.837.493 FCFA comptant pour la quote-part du MINSEP sur les retombées de la CAN 2004.

A la suite des conclusions de la Commission Mahop, le Procureur de la République avait recommandé l'incrimination d'un certain nombre d'agents de la FECAFOOT, dont le Président Iya Mohammed pour détournement de fonds.


03/04/2013
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