Fecafoot : Le TCS va auditer les comptes pour la période 2009-2014
Un auditeur vient d’être désigné à cet effet afin de permettre au tribunal criminel spécial de poursuivre sereinement les enquêtes commencées il y a quelques semaines.
La Fédération internationale de Football Association, encore sous le choc du verdict du Tribunal arbitral de Sport vient de proroger pour la troisième fois le mandat du comité de normalisation de la Fecafoot. Joseph Owona va encore arpenter les couloirs de l’immeuble siège de la Fecafoot à Tsinga jusqu’au 20 mars prochain. Une prorogation de trop aux allures d’humiliation pour quelqu’un qui a occupé les postes les plus importants de l’administration camerounaise. Pour les analyses les plus futés de la chose sportive, cette prorogation est une ultime occasion que la FIFA donne à Joseph Owona de quitter la Fecafoot dans la dignité, après son incapacité à organiser des élections. Ce temps permettra à Joseph Owona de déménager, lui qui est arrivé à Tsinga il y a 20 mois avec son chauffeur, son garde du corps, la responsable de la communication, son Secrétaire particulier et les personnes a qui ils donnaient constamment les marchés, notamment certains de ses propres enfants.
Il faut donc un peu de temps pour ce beau monde pour plier leurs bagages. C’est aussi une occasion pour le président du comité de normalisation d’effacer quelques preuves, lui qui a pris beaucoup de libertés avec l’argent du football. La prorogation permettra aussi au gouvernement de continuer les négociations avec la FIFA afin d’installer à Tsinga une équipe qui va gérer la transition et organiser enfin des élections. Selon des sources dans les salons huppés de la capitale, Louis Marie Abogo Nkono ancien secrétaire général des services du premier ministre et ancien ministre des domaines et des affaires foncières est pressenti pour conduire la transition à la Fecafoot, après l’échec des grands professeurs de Droit.
Parlant justement de cacher les preuves, il sera difficile pour les gens qui ont géré la Fecafoot ces dernières années de cacher quoique ce soit. En effet, le Tribunal criminel spécial qui est aux trousses de la Fecafoot depuis quelque temps vient de désigner un auditeur chargé d’examiner les comptes de la Fecafoot durant la période 2009-2014. Il faut dire que cette période n’est pas choisie au hasard. Ceux qui suivent les affaires de la Fecafoot savent très bien que c’est en 2009 que Tombi A Roko Sidiki a été porté à la tête du Secrétariat général de la Fecafoot. On revient donc à cette date parce qu’on veut voir clair dans sa gestion. En incluant 2014, il est question de retrouver les frasques de Joseph Owona, lui qui a été aux affaires en 2014.
Il faut dire que les magistrats du TCS, avant de designer l’auditeur, ont entendu au préalable quelques employés du Secrétariat général de la Fecafoot. En vérifiant donc les documents comptables, il est question de voir s’il y a une certaine cohérence dans les discours. Pour ce qui est de l’année 2014, une délégation était en Angola, en Autriche, en Allemagne et au Brésil pour voir ce que la campagne des Lions indomptables au mondial brésilien a effectivement coûté au contribuable camerounais. Selon certaines indiscrétions, plusieurs fausses factures auraient été confectionnées pour justifier les multiples dépenses, notamment pour la location de l’avion qui a transporté les Lions au mondial.Pour le stage de préparation des Lions indomptables en Autriche, on parle de Volker Finke, le coach de l’équipe nationale qui serait dans la magouille puisque c’est lui qui avait négocié le lieu du stage et a dû prélever des commissions.
Les prochaines semaines s’annoncent donc difficile pour certains cadres de la Fecafoot et même pour le comité de normalisation. L’Etat du Cameroun a finalement décidé de démystifier la Fecafoot. Pendant longtemps, on a laissé croire que l’argent donné par la FIFA à la Fecafoot ne peut être contrôlé que par Zurich, et même le blanchiment d’argent qui est devenu un sport national à Tsinga ne regarderait pas nos autorités. Ceux qui pensent que les choses ne vont pas changer à la Fecafoot ont là la preuve par mille que force reviendra à la loi. La loi du Cameroun et non celle de la Suisse, un pays que nous respectons par ailleurs.
René Mouandjo