Fausse note : Les couacs des brefs séjours

 

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Les voyages du couple présidentiel en Europe ne sont pas toujours tranquilles.

 

Juillet 2009. Le président Paul Biya effectue une visite officielle en France. Après sa rencontre avec son homologue Nicolas Sarkozy, il décide de prolonger son séjour de deux semaines à la Baule. Le président Biya et sa suite prennent leurs quartiers dans deux palaces de la cité balnéaire française : l’hôtel Royal et l’Hermitage Barrière. Ce qui devait être des vacances tranquilles et sans histoires vire au scandale. Car la note des deux semaines de vacances présidentielles est salée : 800 000 euros (plus de 500 millions FCfa), jurent certains médias français. Lesquels ajoutent que Paul Biya et sa suite ont pris du bon temps dans 43 chambres. Au menu : restauration, séances de thalasso, casinos et shopping.

 

Pour en ajouter au scandale, le site d’information Rue89 révèle que les vacances en bord de mer du président Paul Biya sont plus coûteuses que celles de George W. Bush, Nicolas Sarkozy et Barack Obama réunis ! Au Cameroun, l’affaire fait grand bruit. Ce d’autant que le pays de Paul Biya a été présenté dans les différents articles au vitriol de la presse française comme un Etat où 48% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Gêné aux entournures, le pouvoir lance la riposte. Le ministre de la Communication, Issa Tchiroma parle de « complot » ourdi par « des forces tapies dans l’ombre, qui manipulent les médias même hors des frontières nationales ».

 

 

Jacques Fame Ndongo, secrétaire national à la communication du Rdpc, le parti au pouvoir, dénonce quant à lui « un débat moyenâgeux sur le sexe des anges ». « Légaliste jusqu’à la moelle, encense-t-il, le président Paul Biya ne saurait déroger à son éthique habituelle. Sobre, réservé et efficace dans l’ascèse, il est demeuré fidèle à la rigueur et à la moralisation, binôme fondateur de son projet de société. Alors, chers censeurs et auditeurs de mauvais aloi, circulez. Il n’y a rien à voir « du côté de chez Swan » (Marcel Proust) ; j’allais dire, du côté de chez Paul Biya. Car vous ne verrez qu’un président modeste, discret, intègre, travailleur, humaniste et patriote. »

Du côté de l’opposition, on ne voit pas les choses de la même manière. Le Sdf, principal parti de l’opposition crie au scandale. « Depuis son accession au pouvoir en 1982, Paul Biya et ses acolytes ne font que piller le peuple camerounais », accuse John Fru Ndi. Si l’affaire dite des vacances coûteuses du président Paul Biya et de sa suite à la Baule reste à ce jour celle qui aura fait le plus de bruit, il reste que ses autres brefs séjours privés en Europe sont souvent perturbés.

 

Le Code, qui regroupe des activistes de la diaspora camerounaise en Europe a pris pour habitude, à chaque voyage du président Biya en Suisse d’aller tambouriner à l’entrée de l’hôtel Intercontinental de Genève où il a ses habitudes, pour dénoncer pêlemêle « les violations des droits de l’homme au Cameroun, les fraudes électorales » ou pour exiger la libération des prisonniers dits « politiques », etc. En décembre 2013, le Code s’est associé au Conseil camerounais de la diaspora pour lancer une bravade contre le président Paul Biya à l’Hôtel Meurice à Paris.

 

© Le Jour : Jean-Bruno Tagne


22/08/2015
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