Faure - Biya - Kabila. Objectif final : s'incruster au pouvoir
AFRISCOOP
Les
moeurs politiques gardent leur cap en Afrique francophone en dépit du
fait que nous vivons dans un nouveau millénaire. Au moment où leurs
peuples aspirent légitimement à des alternances pacifiques et propices
au développement de leurs Etats, des dirigeants d’Afrique francophone
comme Faure Gnassingbé du Togo, Paul Biya du Cameroun et Joseph Kabila
(de la Rdc) s’adonnent à de tout autres calculs.
Faure Gnassingbé
n’est pas pressé de voir son pays rentrer dans le gotha des Nations
africaines qui ont réussi avec brio des alternances politiques
pacifiques. Ces lignes sont loin d’être des procès d’intention. Les
faits et gestes du plus jeune président d’Afrique de l’ouest le
démontrent à suffisance. Les réformes constitutionnelles censées mettre
fin à la non-limitation de mandat qui caractérise en ce moment la
Constitution togolaise sont au point mort. Les fins tacticiens du Rpt
(parti de M. Faure) inventant régulièrement diverses stratégies pour
noyer le poisson des réformes constitutionnelles dans l’eau. C’est le
cas en ce moment de « l’affaire Kpatcha Gnassingbé » ; alors même que le pays fait face à de graves urgences multisectorielles.
Ces lignes ne sont pas contre le jugement de « l’affaire Kpatcha Gnassingbé ».
Elles viennent tout simplement se rajouter aux nombreux commentaires
d’analystes de la politique au Togo. Analystes qui ont montré et
démontré à suffisance qu’il y a trop d’anguilles sous roche dans « l’affaire Kpatcha Gnassingbé »...
Un chef de l’exécutif qui n’est pas sûr de conserver le pouvoir au
cours des années à venir (très précisément s’offrir un troisième
quinquennat) ne se comporterait pas de cette façon envers un de ses
anciens ministres de la Défense, qui, de surcroît, est l’un des
principaux artisans de son coup d’Etat du 05 février 2005 ; juste après
la fin de l’interminable règne de leur père Eyadèma.
Kabila et Biya : mêmes préoccupations qu’au Togo
A
côté de Faure Gnassingbé, Joseph Kabila fait partie du cercle fermé des
chefs d’Etat les plus jeunes d’Afrique. Aux commandes du sous-continent
Rdc depuis 2001, le président jumeau s’apprête à remettre en jeu son
fauteuil présidentiel.
Mais le hic, c’est que les conditions d’organisation d’un scrutin
juste et libre ne sont pas réunies actuellement dans l’ex Zaïre. De
telle sorte qu’avec ou sans candidat unique de l’Opposition, le leader
du Pprd (formation de M. Kabila) devrait remporter la mise ! Etienne
Tsishekedi et ses militants auront beau crier à tue-tête dans les rues
et sur les médias internationaux, la victoire de M. Kabila est déjà
dessinée. Il ne lui manque plus que les chiffres. Le sacre du jeune
Kabila est d’autant plus certain dans la mesure où il n’a plus de réels « adversaires militaires » devant
lui, depuis l’incarcération de M. Bemba à La Haye. La candidature
annoncée de ce dernier depuis les geôles hollandaises n’étant qu’une
façon de rester au devant de l’espace médiatique !
Une autre
victoire présidentielle annoncée en Afrique centrale, c’est celle de M.
Biya, 78 ans dont 28 passées au pouvoir. Comme Faure Gnassingbé, le
président à la voix la plus rauque bénéficie de la non-limitation de
mandat en vigueur en ce moment sur sa terre natale. Malgré un Rdpc
(parti de P. Biya) en crise et miné par des rébellions tues, l’époux de
Chantal devrait une nouvelle fois encore s’imposer envers et contre ses
adversaires politiques.
Dans un Cameroun dans lequel les
populations ont fini, visiblement, par se lasser de rêver à une
alternance, la mission du chef de file du Rdpc devrait être facile à
matérialiser. Au Togo, en Rdc ou au Cameroun, soit tu aimes les règnes
sans fin des présidents, soit tu les quittes.