Les professionnels de ce secteur s’inquiètent de sa morosité.
Le tourisme traverse une période d’une difficulté historique dans la région de l’Extrême-nord. D’après les acteurs de ce secteur, jamais le tourisme ne s’est aussi mal porté comme au cours de ces deux dernières années. Pour eux, les mauvaises performances enregistrées sont inquiétantes pour l’avenir du tourisme. La principale cause du recul dans ce secteur qui contribue pourtant de manière significative à l’économie de la région, est l’insécurité qui s’est installée avec les prises d’otages et les attaques perpétrées par la secte islamiste Boko Haram. Du fait de cette situation, les chancelleries présentes au Cameroun ont interdit à leurs ressortissants de se rendre à l’Extrême-Nord, classée zone rouge.
Conséquence, des milliers de touristes hésitent aujourd’hui à prendre la direction de l’Extrême-Nord, destination touristique la plus prisée du pays. «Avec le climat d’insécurité qui est toujours d’actualité depuis que les prises d’otages ont commencé, beaucoup de touristes ne veulent plus prendre le risque d’arriver dans la région de l’Extrême-Nord. Mais cela ne remet pas en cause les richesses touristiques dont dispose notre région», observe Taybé Ngaba, délégué régional du Tourisme et des loisirs de l’Extrême-Nord.
Selon les statistiques obtenues à la délégation régionale du ministère du Tourisme et des loisirs, 60.176 touristes sont arrivés à l’Extrême-Nord en 2013 contre 67.444 en 2012 à la même période, soit une baisse des arrivées de l’ordre de 7.268 personnes. Les recettes touristiques ont rapporté 958.911.245 Fcfa en 2012 et permis de renflouer les caisses de l’Etat avec 165.243.945 Fcfa. En 2013, le tourisme n’a rapporté que 849 millions Fcfa, soit une baisse de l’ordre de 109 millions Fcfa par rapport à l’année précédente.
Cette situation a causé un manque à gagner de plusieurs millions de Fcfa, à l’Etat. Dans ce tableau des statistiques, les recettes réalisées dans le secteur de l’artisanat n’y figurent pas. Et pourtant, c’est grâce à l’arrivée des touristes dans la région que les produits artisanaux sont bien vendus. Et depuis que le tourisme se porte mal, l’artisanat qui contribue à hauteur de plus de 50 % à l’économie de la région se porte également mal. «Si l’insécurité persiste, l’artisanat va tout simplement mourir. Vous savez, les matières premières de l’artisanat notamment les peaux d’animaux sont écoulées au Nigeria. Comme vous le savez, maintenant l’entrée dans ce pays voisin est bloquée.
Quant aux produits finis de notre artisanat, nous les vendons beaucoup plus aux touristes qui viennent hors du Cameroun. Quand ils ne viennent pas, c’est une situation difficile pour nous», se désole Mahamat Cherif, président des artisans de l’Extrême-Nord. «L’artisanat est le seul secteur qui offre des emplois directs», ajoute-t-il. Et de préciser que l’insécurité a fait perdre à l’artisanat des dizaines de millions de Fcfa. Les Camerounais constituent la majorité des touristes qui arrivent dans la région de l’Extrême-Nord. En 2012 par exemple, sur 67.444 touristes, 47.046 sont des Camerounais.
Mais les recettes réalisées proviennent à plus de 60 % des touristes étrangers. D’où la préférence des artisans et autres acteurs du tourisme pour les occidentaux. «Les blancs nous font des bonnes recettes. Il est mieux d’avoir dix touristes blancs que d’avoir cent touristes camerounais», indique Mahamat Cherif. Les professionnels du secteur du tourisme pensent d’ores et déjà que les statistiques de 2014 seront une fois encore très mauvaises. Ils en veulent pour preuve, la courbe baissière des arrivées des touristes ces deux dernières années. A la délégation régionale du Tourisme et des loisirs, on s’active malgré tout à séduire les touristes courageux à visiter la beauté touristique de la région de l’Extrême-Nord.
«Au niveau de la délégation régionale du Tourisme, nous avons anticipé sur les mesures de la promotion du tourisme. Nous avons un stand à l’aéroport de Maroua. En 2013, nous l’avons entièrement rénové. Nos personnels sont prêts pour accueillir et vendre les richesses touristiques de notre région aux visiteurs qui atterrissent à l’aéroport», explique Taybé Ngaba. En dehors de l’insécurité qui empêche la majorité des touristes à visiter la région, le mauvais état des routes contribue aussi à «chasser» les étrangers.