Le chemin de croix des déplacés internes....Depuis l’augmentation des attaques de la secte islamique Boko Haram, dans la région de l'Extrême-Nord, notamment dans les villes frontalières, on enregistre de nombreux déplacés vers l’intérieur de la région, plus calme. Les villes les plus touchées par cette insécurité sont Fotokol, Makary, Dabanga et Kousseri. Des villages entiers se sont presque vidés. Par crainte de la violence, de nombreux villageois ont plié bagages pour trouver refuge chez un familier loin de la zone de conflits, abandonnant maisons, champs et autres biens. Kerawa, Limani, Kourgui, tous dans le département du Mayo-Sava, se vident ainsi chaque jour de ses populations.
«Aujourd’hui, ce département a vu partir plus de 1.000 familles. Contrairement aux réfugiés, les déplacés, eux, ne se regroupent pas à un endroit, ce qui laisse croire que personne ne bouge. Mais lorsque vous vous rendez dans ces villages qui ont connu les incursions des membres de la secte Boko Haram, vous-vous rendez compte de la situation en constatant le départ en masse des familles qui désertent avec des bagages sur des motos et des véhicules de transport», explique un responsable d’une Ong qui s’occupe des réfugiés.
Dans le Mayo-Tsanaga, les villages frontaliers Gossi et Tourou font
aussi partie de ceux qui se vident. Malgré les assurances des autorités
administratives de la place et des forces de maintien de l’ordre, les
populations n’oublient pas les quatre incursions des membres de la secte
qui ont fait plusieurs morts. D’ailleurs, la plus récente qui a eu lieu
le 13 juillet 2014, a causé la mort de trois Camerounais : un soldat du
Bir, un paysan et une adolescente de 18 ans. Pour Kaldapa, commerçant
camerounais basé à Gossi
du côté Cameroun, «ils sont toujours venus piller les populations,
emportant du bétail, des céréales et d’autres vivres. A chaque fois, ils
promettent revenir pour punir ceux qui ne possèdent pas grand-chose.
Avec cet état de chose, il est bien difficile de rester là pour
longtemps" dit-il. D’autres localités comme Zelevet, Mozogo ou Mogodé
ne sont pas non plus épargnées par l’exode des populations qui s’en vont
avec ce qu’ils peuvent.
A Kolofata dans le Mayo-Sava, d’après le préfet Babila Akaou, plus de la moitié de la population a quitté la ville dix jours après l’assaut des membres de la secte, survenu le 27 juillet 2014.
Dans le Logone et Chari, le 25 juillet, le sous-préfet de Makari a fait constater que plus de 400 personnes ont dû quitter Kamouna pour s’installer à Makari suite aux attaques de Hilé Halifa.
Ces Camerounais pris de peur, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, ont quitté les villages Gore-Mahamat, Bargaram, et Kamouna. Cette transhumance n’est pas sans conséquence sur la vie de ces déplacés camerounais qui en appellent chaque jour aux autorités et ne comptent plus que sur la providence pour survivre dans leur propre pays, le Cameroun.