L'épouse du célèbre écrivain disparu voit le fils du chef de l'Etat en massacreur des forêts du Cameroun.
L'association Survie s'est notamment fait connaître, depuis quelques années, sur le chapitre de la dénonciation des méfaits de la Françafrique. Dirigée par Odile Tobner, qui dans le civil est la veuve du célèbre écrivain et activiste politique Mongo Beti, elle est revenue ces jours-ci hanter le sérail camerounais, dans le registre où elle excelle : la provocation.
Dans une interview à l'agence Panapress, la présidente de Survie évoque les activités qualifiées de néfastes pour l'environnement de celui qu'elle appelle le "fils du dictateur camerounais". Vendredi dernier, Odile Tobner a accusé Franck Biya de détruire des milliers d'hectares de forêts camerounaises, dans le cadre de ses activités de chef d'entreprise. "En tant qu'exploitant forestier, Franck Biya continue aujourd'hui encore de détruire les forêts du Cameroun, profitant de la position de son père. Cela nous paraît inadmissible", s'emporte-t-elle.
Pour elle, non content de provoquer la déforestation au Cameroun, Franck Biya voulait s'attaquer aux forêts de la Centrafrique en s'associant au fils du président de ce pays, François Bozizé. "Mais leur demande de permis d'exploitation a été rejetée pour défaut de conformité", apprend-on. Dans la foulée, Odile Tobner révèle que l'aîné des enfants du président camerounais "doit des centaines de millions de FCfa au fisc camerounais au titre de ses activités d'exploitant forestier : "Nous avons la preuve qu'il a acquis des biens faramineux en France, en Suisse et à Monaco, en détruisant les forêts du Cameroun."
En termes de dénonciations, le lecteur peut s'estimer servi par de telles accusations, dans un pays où les dirigeants et leur filiation sont de plus en plus regardés de travers. Pour l'effet aussi, les défenseurs de la nature et autres altermondialistes devraient trouver matière à réflexion.
La présidente de Survie a en effet choisi de faire dans l'effet d'annonce, la provocation gratuite et l'injure facile. En responsable présumée d'une association qui se veut sérieuse, la meilleure manière de démontrer la destruction massive de forêts au Cameroun était de les situer en terme géographique, de surface(s) illégalement détruite(s), de tonnes de bois arrachées à la nature. Odile Tobner aurait dû étayer ses accusations de fraude fiscale avec des chiffres, des faits, des dates, des noms. Elle aurait pu, afin de rendre sa démarche sérieuse, brandir "la preuve" qu'elle évoque quant aux "biens faramineux" que détiendrait Franck Biya en France, en Suisse et à Monaco.
Sa démonstration, qui aurait pu faire tilt au sein de l'opinion publique nationale et internationale, relève davantage de l'esbroufe et du gâchis. Peut-être était-ce alors une façon de confirmer le manque de sérieux dont on l'accuse souvent…