Exclusif - Tombi A Roko Sidiki: «Samuel Eto’o n’est pas l’ennemi de la Fécafoot»
DOUALA - 21 Mars 2012
© Christian TCHAPMI | Le Messager
La Fécafoot est une institution et ses relations avec ses affiliés, ses licenciés, ses membres, les tiers, la tutelle, et d'autres institutions sont encadrées par des textes réglementaires. La Fécafoot, personne morale, n'a donc pas d'amis encore moins des ennemis. Samuel Eto'o n'est pas l'ennemi de la Fécafoot.
© Christian TCHAPMI | Le Messager
La Fécafoot est une institution et ses relations avec ses affiliés, ses licenciés, ses membres, les tiers, la tutelle, et d'autres institutions sont encadrées par des textes réglementaires. La Fécafoot, personne morale, n'a donc pas d'amis encore moins des ennemis. Samuel Eto'o n'est pas l'ennemi de la Fécafoot.
Le 29 février dernier, le Cameroun a
remporté son premier match (1-0) face à la Guinée Bissau pour le compte
des éliminatoires de la Can 2013. Un match laborieux où le public a eu
de la peine à reconnaître nos Lions indomptables. Avez-vous eu la même
lecture de cette rencontre?
C'est un match de qualification dans une formule à élimination directe. Il fallait déjà aller l'emporter à l'extérieur pour mieux préparer le retour à Yaoundé. C'est fait et je crois qu'il faut s'en satisfaire. Le match a pu apparaître laborieux aux yeux de certains. Mais il faut remarquer que l'équipe alignée était inédite en ce sens que c'est la première fois que tous ces joueurs, jeunes pour la plupart, étaient mis ensemble pour un match des Lions Indomptables. Du coup, il peut se poser un problème d'automatismes. Surtout quand on sait que la programmation du match a fait en sorte que l'équipe ait une seule séance d'entraînement avant le match. Il faut aussi intégrer un facteur climatique car pratiquement tous les joueurs convoqués venaient des pays où sévissait un hiver rude et devaient se produire sous une chaleur accablante et sur une aire de jeu recouverte d'un gazon synthétique de première génération. En face de nous on a eu une équipe de Bissau recroquevillée en défense et misant sur des contres. Du coup on a souvent eu le ballon mais on a éprouvé quelques difficultés à faire sauter leur verrou. Au bout l'essentiel est sauf.
Ne pensez vous pas que cette contre-performance est imputable au coach de cette sélection que vous avez visiblement imposé au ministère des Sports alors qu'il est présenté comme un «sans Diplôme»?
Nous n'avons pas à coup sûr la même signification des mots. Je ne saurai parler de contreperformance pour une équipe qui est allée s'imposer à l'extérieur. Aujourd'hui que peut-on reprocher à Denis Lavagne? D'avoir remporté tous les matchs qu'il a disputés depuis qu'il est à la tête de cette sélection? Est-ce une marque d'incompétence? Nous essayons du mieux que nous pouvons de conduire les choses en parfaite intelligence avec notre tutelle, le ministère des Sports. Je ne vois donc pas comment on peut penser que la Fécafoot ait pu imposer quoi que ce soit à la tutelle.
Parlons justement de Denis Lavagne. Il se dit que vous l'avez retenu et imposé à l'Etat du Cameroun à cause de son statut de manager de Coton sport de Garoua qui est un club cher au président de la Fédération. Dites-nous, sur quels critères l'avez-vous choisi plutôt que les autres candidats compétents qui se bousculaient au portillon?
Nous sommes une émanation de l'Etat, un démembrement de l'Etat puisque nous recevons un agrément pour organiser une activité, le football. Il est donc inconséquent de penser que nous imposons quoi que ce soit à l'Etat. Dans le processus de reconstruction en cours de notre sélection nationale, il nous a semblé opportun de trouver un technicien qui avait du caractère, une bonne connaissance de notre football au niveau local et de la mentalité de nos joueurs et qui pouvait nous offrir un bon rapport qualité — prix. Nous avons proposé Denis Lavagne et ce choix a rencontré l'assentiment de la tutelle.
Denis Lavagne a-t-il ou non signé son contrat?
Denis Lavagne a répondu à cette question lors de sa dernière conférence de presse. Il ne me souvient pas qu'il ait exprimé une moindre plainte ces temps derniers contre son employeur.
Vous ne répondez pas à la question...
Je vous le répète, il a déjà répondu à cette question. A Bissau, ses primes lui ont été payées conformément à ce qui est prévu ainsi qu'à tout le reste du staff.
L'actualité aujourd'hui fait état de ce que le Premier ministre, chef du gouvernement, a demandé à voir plus clair sur les conditions de recrutement du technicien français. Est-ce vrai et quelle a été la réaction de la Fédération?
J'entends parler, par voie de presse, d'une correspondance du Premier ministre. Je suppose que votre journal en est en ampliation et que vous aurez l'amabilité de m'en donner copie. A la Fécafoot, si la lettre existe, nous n'en sommes pas destinataire ou alors elle ne nous est pas encore parvenue. Vous comprendrez donc que je n'ai aucune réaction sur une chose dont je n'ai pas connaissance.
Le Cameroun occupe depuis le mois de janvier le 66eme rang mondial au Classement Fifa. N'est-ce pas un indicateur du piteux état de santé de notre football?
C'est un indicateur clair des résultats peu reluisants de la sélection nationale ces derniers mois. Puisque ce classement tient compte des performances sur le terrain des différentes sélections nationales. Notre absence à la dernière coupe d'Afrique des nations y est pour beaucoup.
La Fécafoot n'a-t-elle rien à se reprocher face à cette situation désastreuse?
La Fécafoot ne peut se satisfaire de ces résultats surtout que les Lions Indomptables sont la vitrine de notre football. Les initiatives et les décisions prises ces temps derniers en rapport avec la vie du groupe, le staff technique et la mobilisation des moyens nécessaires participent de cette volonté de redresser la barre et retrouver la place de leader qui est la notre sur le continent africain. Dites-vous bien que le premier bénéficiaire des bons résultats de la sélection nationale c'est la Fédération. Vous n'allez donc pas penser qu'elle est masochiste et qu'elle éprouve du plaisir à ce qu'on soit dans cette situation ou œuvre pour que les choses restent en l'état.
La participation du Cameroun à la Lg Cup 2011 n'a pas été un long fleuve tranquille puisqu'aujourd'hui on souffre toujours des conséquences de ce qu'on a appelé le Marrakechgate. Que s'est-il réellement passé au Maroc?
Je pense que nous nous sommes largement expliqués sur ce qui s'est passé au Maroc dans divers médias et notamment lors du droit de réponse que nous avons exercé sur la chaîne de télévision Canal 2 International. Il faut retenir qu'il y a eu un malheureux concours de circonstances administratives qui résulte un peu de la double tutelle qui opère au niveau des sélections nationales et une violation du règlement intérieur instiguée par le capitaine des Lions Indomptables.
L'une des décisions fortes que vous avez prises au lendemain de cette expédition est la sanction infligée au capitaine des Lions indomptables. Beaucoup d'observateurs ont parlé de règlement de comptes. La Fécafoot avait-elle vraiment besoin de frapper si fort pour faire autorité?
Chacun peut interpréter la sanction et y aller de son jugement de valeur. Mais au moins tout le monde s'accorde sur la commission d'une infraction et à partir de ce moment les instances juridictionnelles de la Fédération se devaient de faire leur travail. La situation a peut-être permis de se rendre compte qu'il faut dans le règlement intérieur des sélections nationales, qui a été adopté par le Comité exécutif de la Fécafoot en août 2010, aller vers un meilleur encadrement du régime des sanctions.
Amis d'hier pourtant, la Fécafoot et le goaléador camerounais se regardent désormais en chiens de faïence. Est-il devenu à vos yeux l'homme à abattre?
La Fécafoot est une institution et ses relations avec ses affiliés, ses licenciés, ses membres, les tiers, la tutelle, et d'autres institutions sont encadrées par des textes réglementaires. La Fécafoot, personne morale, n'a donc pas d'amis encore moins des ennemis. Samuel Eto'o n'est pas l'ennemi de la Fécafoot.
Deux jours après la sortie médiatique de Samuel Eto'o sur Canal 2 vous avez fait une riposte sur les mêmes antennes. Etait-ce une campagne de dénigrement ou une envie de faire la lumière sur les non-dits de Samuel?
Au cours de l'interview du capitaine de la sélection nationale sur Canal 2, il a asséné un certain nombre de contre-vérités et s'est fendu de pas mal d'affirmations gratuites sur la manière dont la Fécafoot est gérée. En application des dispositions pertinentes de la loi sur la communication sociale au Cameroun, nous avons entrepris de rétablir la vérité par le même canal afin que-nul n'en ignore et que d'aucuns cessent de prendre des vessies pour des lanternes.
Peut-on avoir l'assurance aujourd'hui qu'après le scandale de Marrakech, cet éternel problème de primes impayées est définitivement réglé?
Je vous l'ai dit il y a eu un malheureux concours de circonstances administratives. Mais il y a longtemps qu'il n'y avait pas eu un problème de primes au sein des Lions Indomptables. Pour les campagnes de 2010, Can et Coupe du monde, dont les éliminatoires ont débuté en 2008 avez-vous appris qu'il y avait eu le moindre problème? Lors de sa dernière réunion, le Comité exécutif a pris une résolution qui enjoint chaque joueur appelé en sélection à communiquer un numéro de compte où lui seront versées ses primes afin que cessent les interactions et les manipulations d'argent qui peuvent amener à subodorer des collusions malsaines. La Fécafoot s'en tiendra à cela.
On reproche à la Fédération camerounaise de football et à ses responsables de se servir de la vraie ou supposée plate-forme de collaboration entre le Minsep et la Fécafoot pour entretenir des luttes d'influence axées sur la prise de contrôle des gros intérêts financiers générés par la participation de l'équipe nationale de football aux compétitions internationales. Nous en voulons pour preuve celle des Lions indomptables à la dernière Coupe du monde. Qu'avez-vous concrètement fait de cet argent?
Le président de la Fécafoot s'est longuement expliqué sur ce qui sera fait avec l'argent des retombées de la Coupe du monde 2010. Cet argent servira à financer un programme d'infrastructures qui a reçu l'onction gouvernementale. Dans une interview accordée à Fécafoot Mag dans son édition de février Iya Mohammed se montre exhaustif sur la répartition qui sera faite de l'argent et les infrastructures concernées. Après évaluation, les sommes qu'il faut mobiliser pour la réalisation de divers projets est de près de 3,5 milliards FCfa. Après avoir décaissé un peu plus d'un million de dollars de ce compte pour l'acquisition du terrain pour le nouveau siège et les primes distribuées aux clubs camerounais après la Coupe du monde, il nous reste 5.800.000 dollars. Si on considère qu'un dollar vaut 470 francs Cfa, nous disposons donc déjà de 2.700.000.000F Cfa. Il faudra donc trouver d'autres sources de financement pour un montant d'environ 800 millions de francs Cfa pour mener à bien tout ce programme d'infrastructures.
Lesquelles donc?
Il s'agit entre autres de : l'édification d'un nouveau siège pour la Fécafoot à Yaoundé, non loin du palais des Sports de Warda et le début des travaux est imminent ; quatre plates-formes gazonnées seront construites et feront office de Centres techniques pour les pôles régionaux à savoir Mbankomo pour les régions du Centre, du Sud et de l'Est, Maroua pour les trois régions septentrionales, Bafoussam pour l'Ouest et le Nord-Ouest, et enfin Buea pour le Littoral et le Sud-ouest. Quatre cent millions ont été budgétisés à cet effet et nous espérons obtenir des communes concernées des terrains à cet effet ; Le Centre technique d'Odza connaîtra également une métamorphose. Un terrain à gazon naturel va être construit ainsi qu'un terrain de futsal et un terrain de Beach-soccer. Un nouvel immeuble y sera également construit d'une valeur d'environ 300 millions afin de garantir un confort d'hébergement à même de permettre à toutes les équipes nationales d'y effectuer leurs mises au vert. Les deux immeubles existant au Centre technique seront réfectionnés. Par ailleurs, le siège de la Ligue régionale du Littoral sera construit et ceux des ligues régionales du
Sud-ouest et du Centre achevés.
Lors de la dernière réunion du comité exécutif de la Fécafoot, cette dernière a suspendu deux vice-présidents à l'instar de Charles Emedec et David Mayebi qui sont pourtant les amis d'hier du président Iya. Est-ce devenu une tradition à la Fécafoot de vous débarrasser de vos collaborateurs comme des pochettes jetables?
Au risque de me répéter, la Fécafoot est une institution, une personne morale qui n'entretient donc pas avec des individus des rapports sur la base d'un quelconque sentiment. Ceux qui en sont membres savent que les rapports y sont régis par les textes et règlements et que les libertés prises avec le respect de ces textes entraînent des sanctions qui sont également prévues dans les règlements. Ces derniers sont opposables à tous et s'appliquent à tous sans exclusive.
Quels sont les rapports que vous entretenez avec le nouveau ministre des Sports, Adoum Garoua?
Je me garderais bien de parler de rapports personnels avec le ministre. Pour ce qui est de la Fécafoot ce sont d'abord des rapports de tutelle à fédération donc verticaux. Mais également des rapports de franche collaboration pout arriver à maintenir le football camerounais au niveau où il s'est hissé. Nous essayons donc au quotidien d'œuvrer dans ce sens en parfaite intelligence.
La Fécafoot a récemment porté Rigobert Song au poste de Team Manager des Lions indomptables. Pensez-vous qu'il soit l'homme qu'il fallait à cette place?
Le Comité exécutif l'a pensé, il serait difficile pour moi de voir les choses autrement. Il a l'expérience, la connaissance et le vécu nécessaire pour assumer cette fonction. Il a été au contact de diverses méthodes managériales pour avoir joué en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Turquie, et est donc bien placé, en opérant une synthèse de toutes ces expériences, pour connaître le niveau d'exigences professionnelles à satisfaire pour mettre une équipe dans des conditions optimales.
Pour son premier match test, on l'a vu pratiquement faire ombrage au coach Denis Lavagne en donnant des consignes aux joueurs sous l'œil médusé du staff technique. Etes-vous sûr de lui avoir clairement défini quel était son rôle et ses missions?
Il a une parfaite connaissance de son rôle. Il travaille en parfaite intelligence avec le sélectionneur national et je puis vous assurer que le courant passe très bien entre eux. Rigobert Song est un compétiteur et c'est cette âme qu'il espère également transmettre à la jeune génération des Lions Indomptables qui poursuit sa structuration. Pour le joueur qu'il a été, pour la passion qu'il a toujours montrée pour le maillot national, vous ne vous attendiez quand même pas à le voir momifié sur le banc de touche. Dans le staff actuel chacun connaît ses prérogatives et les intelligences sont mises en commun pour arriver au résultat que nous souhaitons tous.
A la veille du match contre la sélection bissau-guinéenne, il a édicté un Code moral qu'il a intitulé «Les 11 engagements des Lions indomptables». L'avez-vous aidé dans la rédaction de ce document?
Il en est l'inspirateur et le rédacteur. Il a souhaité passer un contrat moral avec ses jeunes frères. Ceux-ci ont accueilli l'initiative avec beaucoup d'enthousiasme. Le staff technique a également souhaité souscrire à ce contrat moral. Il faut retenir qu'il n'est fait aucune obligation à personne de le signer. Ces onze engagements ne viennent pas non plus se substituer au règlement intérieur comme je l'ai entendu ci et là.
Qu'est devenu le Code disciplinaire des Lions indomptables? N'était-ce finalement qu'un épouvantail?
Le règlement intérieur des sélections nationales est appliqué depuis son adoption par le Comité exécutif de la Fécafoot en août 2010. Et toutes les sanctions prises depuis lors dans les sélections nationales et prononcées en première instance par la Commission fédérale d'homologation et de discipline l'ont été en application dudit règlement.
Au regard de tous les griefs qui vous sont reprochés depuis une dizaine d'années, pensez-vous aujourd'hui que le responsable de la Fécafoot que vous êtes fait véritablement son travail?
Le meilleur indicateur c'est que chacun prenne la machine à remonter le temps et fasse une photographie de ce qu'était l'organisation administrative de notre football il y a dix ans. Même en ce qui concerne l'organisation des compétitions et de nos sélections nationales. On peinait même à trouver des maillots y a pas longtemps. Aujourd'hui toutes les catégories des sélections nationales manquent de très peu de choses quand elles sont en stage ou en compétition. La Fécafoot est une institution fiable et viable par le travail abattu depuis lors et qui a contribué à crédibiliser une institution qui n'avait même pas une domiciliation physique propre. Les partenaires de la Fédération que sont aujourd'hui Mtn Cameroon, Camrail, Orange, Puma, les Brasseries du Cameroun, Bolloré Africa Logistics, Cac Cameroun, adhèrent à une vision et acceptent d'accompagner la Fécafoot parce qu'elle leur apparaît comme un interlocuteur crédible.
Est-ce suffisant pour vous dédouaner?
On peut comprendre que les attentes et les exigences soient plus fortes afin que la Fécafoot se mette au diapason de l'aura qu'a connu notre football grâce au résultat des clubs dès les années 60 et ceux de la sélection nationale fanion au cours des trois dernières décennies. C'est la raison pour laquelle le président Iya s'est investi depuis son arrivée dans le chantier de professionnalisation de notre football et modernisation de son administration afin de construire de manière pérenne et durable. Pour mettre un terme à ce qui apparaissait comme une génération spontanée, la politique nationale de football adoptée par le Comité exécutif et déjà mise en œuvre par la direction technique nationale dont l'implantation est essentiellement soutenue par la Fécafoot.
On vous reproche d'être arrogant, manipulateur et d'être le bras armé de Iya Mohammed qui ne parle presque jamais à la presse et se comporte comme un intouchable. C'est ce profil là que vous avez de votre personne?
Mon éducation m'interdit l'usage d'un certain nombre d'adjectifs et des jugements de valeurs sur les personnes. L'humilité est l'une des valeurs que mes parents m'ont toujours demandée de cultiver et j'y travaille au quotidien. Je me considère comme un passionné de football qui s'investit du mieux qu'il peut pour vivre sa passion et modestement apporter sa pierre à l'amélioration de l'environnement du football au Cameroun. Je remercie le président Iya Mohammed et le Comité exécutif pour la confiance placée en moi afin d'assurer la matérialisation, du point de vue administratif et au jour le jour, d'une vision. Maintenant sur le prétendu mutisme du président de la Fécafoot, je n'ai pas la même impression que vous ou du moins de ceux dont vous vous faites le porte-voix. Même si ses occupations ne sont pas de tout repos, Iya Mohammed accepte assez souvent, et de bon cœur, de répondre tant à la presse camerounaise qu'étrangère.
Quatre ans après votre nomination à la tête du secrétariat général de la Fécafoot, pensez-vous que le bilan soit élogieux?
Je n'ai pas de bilan à titre personnel. Je suis, on va dire un factotum, qui travaille à la matérialisation de la vision et des objectifs du président Iya, donc à la constitution de son bilan à la tête de la Fécafoot. Je suis en poste depuis trois «ans et sans nul doute que l'année prochaine lors du renouvellement des instances fédérales, un bilan de l'olympiade sera dressé par le président de la Fécafoot.
Pour cette double campagne qualificative pour la Can 2013 et le Mondial 2014, on attend beaucoup de la Fécafoot. En avez-vous conscience?
La Fécafoot ne ménagera aucun effort, aucun moyen pour que le Cameroun soit présent à ces deux rendez-vous. Nous ferons tout ce qui est dans nos cordes pour mettre les joueurs et le staff dans les meilleures conditions pour produire les résultats escomptés. Nous poursuivons inlassablement notre mission de ramener sous les couleurs nationales tous ceux qui ont le talent nécessaire pour permettre aux Lions de briller à nouveau au firmament. Vous êtes sans ignorer les conséquences qu’une non participation à la Coupe du monde par exemple peut avoir même pour la stabilité financière de la Fédération et le développement de notre football.
C'est quoi justement l'agenda de la Fécafoot pour cette année 2012?
Cette année 2012 sera marqué par le lancement des divers chantiers prévus dans le cadre du programme de développement des infrastructures à réaliser avec les retombées de la Coupe du monde 2010. Par ailleurs la direction technique nationale va poursuivre son maillage du territoire national avec la nomination des conseillers techniques d'arrondissement et en densifiant la formation des formateurs. Il y aura cette année le lancement par la Dtn de l'opération 3000 éducateurs. Nous allons également mettre un accent sur une meilleure organisation des compétitions des jeunes en même temps que nous intensifierons notre croisade contre les trafics d'âge qui gangrènent notre football et vicient un peu la structuration et la programmation de la relève.
Le football camerounais traverse une sérieuse crise depuis bientôt dix ans. En championnat d'élite comme à l'équipe nationale il souffre des mêmes maux : intérêts égoïstes, corruption, favoritisme et trafic d'influence. D'aucuns parlent de la mafia entretenue par la Fécafoot et le Minsep autour de cette équipe. Qu'en dites-vous?
Il n'y a pas de mafia à ce que je sache. Les sanctions récemment prises tant par le Comité exécutif que la Commission d'éthique par exemple témoignent bien de la volonté de l'exécutif fédéral d'expurger le milieu de toutes ces pratiques et personnes qui nuisent à l'image de la Fécafoot et du football camerounais. Le président de la Fécafoot a rappelé lors du dernier Comité exécutif à ses pairs le devoir d'exemplarité qui est le leur et celui de tous les acteurs du football dans notre pays.
Le mois dernier les responsables de la Fecafoot ont présenté la méthode scientifique qui permettra désormais de détecter l'âge réel des joueurs. Cette méthode, a-t-on appris, consiste à faire la radio du poignet de la main gauche du joueur que l'on comparera par la suite aux clichés de l'atlas de Greulich et Pyle, les deux chercheurs qui ont mis sur pied cette méthode. D'aucuns pensent que c'est juste un autre projet sans visibilité pour distraire 60 millions Fcfa du football jeune au Cameroun. Outre la perte d'argent, la Fédération donc certains administrateurs et proches sont… cités dans le tripatouillage des âges ne se fait-t-elle pas hara-kiri?
Dans sa volonté d'assainissement le président Iya n'entend reculer devant rien, ni personne. Les règlements de la Fécafoot ne font de passe-droit à personne. La méthode de détection de l'âge apparent d'un sujet par radio du poignet a fait ses preuves ailleurs et nous irons au bout de cette croisade. Nous ne mesurons pas toujours le préjudice causé par ce phénomène. Quelle planification peut-on faire si l'âge des joueurs à la base est vicié? Quand vous échafaudez des choses en moins de 17 ans avec un joueur alors que celui-ci en a 24. Au bout vous n'arrivez à rien. Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. L'année 2012 au Cameroun est placée sur le signe de l'action même par le chef de l'Etat, la Fécafoot sera dans l'action-permanente.
C'est un match de qualification dans une formule à élimination directe. Il fallait déjà aller l'emporter à l'extérieur pour mieux préparer le retour à Yaoundé. C'est fait et je crois qu'il faut s'en satisfaire. Le match a pu apparaître laborieux aux yeux de certains. Mais il faut remarquer que l'équipe alignée était inédite en ce sens que c'est la première fois que tous ces joueurs, jeunes pour la plupart, étaient mis ensemble pour un match des Lions Indomptables. Du coup, il peut se poser un problème d'automatismes. Surtout quand on sait que la programmation du match a fait en sorte que l'équipe ait une seule séance d'entraînement avant le match. Il faut aussi intégrer un facteur climatique car pratiquement tous les joueurs convoqués venaient des pays où sévissait un hiver rude et devaient se produire sous une chaleur accablante et sur une aire de jeu recouverte d'un gazon synthétique de première génération. En face de nous on a eu une équipe de Bissau recroquevillée en défense et misant sur des contres. Du coup on a souvent eu le ballon mais on a éprouvé quelques difficultés à faire sauter leur verrou. Au bout l'essentiel est sauf.
Ne pensez vous pas que cette contre-performance est imputable au coach de cette sélection que vous avez visiblement imposé au ministère des Sports alors qu'il est présenté comme un «sans Diplôme»?
Nous n'avons pas à coup sûr la même signification des mots. Je ne saurai parler de contreperformance pour une équipe qui est allée s'imposer à l'extérieur. Aujourd'hui que peut-on reprocher à Denis Lavagne? D'avoir remporté tous les matchs qu'il a disputés depuis qu'il est à la tête de cette sélection? Est-ce une marque d'incompétence? Nous essayons du mieux que nous pouvons de conduire les choses en parfaite intelligence avec notre tutelle, le ministère des Sports. Je ne vois donc pas comment on peut penser que la Fécafoot ait pu imposer quoi que ce soit à la tutelle.
Parlons justement de Denis Lavagne. Il se dit que vous l'avez retenu et imposé à l'Etat du Cameroun à cause de son statut de manager de Coton sport de Garoua qui est un club cher au président de la Fédération. Dites-nous, sur quels critères l'avez-vous choisi plutôt que les autres candidats compétents qui se bousculaient au portillon?
Nous sommes une émanation de l'Etat, un démembrement de l'Etat puisque nous recevons un agrément pour organiser une activité, le football. Il est donc inconséquent de penser que nous imposons quoi que ce soit à l'Etat. Dans le processus de reconstruction en cours de notre sélection nationale, il nous a semblé opportun de trouver un technicien qui avait du caractère, une bonne connaissance de notre football au niveau local et de la mentalité de nos joueurs et qui pouvait nous offrir un bon rapport qualité — prix. Nous avons proposé Denis Lavagne et ce choix a rencontré l'assentiment de la tutelle.
Denis Lavagne a-t-il ou non signé son contrat?
Denis Lavagne a répondu à cette question lors de sa dernière conférence de presse. Il ne me souvient pas qu'il ait exprimé une moindre plainte ces temps derniers contre son employeur.
Vous ne répondez pas à la question...
Je vous le répète, il a déjà répondu à cette question. A Bissau, ses primes lui ont été payées conformément à ce qui est prévu ainsi qu'à tout le reste du staff.
L'actualité aujourd'hui fait état de ce que le Premier ministre, chef du gouvernement, a demandé à voir plus clair sur les conditions de recrutement du technicien français. Est-ce vrai et quelle a été la réaction de la Fédération?
J'entends parler, par voie de presse, d'une correspondance du Premier ministre. Je suppose que votre journal en est en ampliation et que vous aurez l'amabilité de m'en donner copie. A la Fécafoot, si la lettre existe, nous n'en sommes pas destinataire ou alors elle ne nous est pas encore parvenue. Vous comprendrez donc que je n'ai aucune réaction sur une chose dont je n'ai pas connaissance.
Le Cameroun occupe depuis le mois de janvier le 66eme rang mondial au Classement Fifa. N'est-ce pas un indicateur du piteux état de santé de notre football?
C'est un indicateur clair des résultats peu reluisants de la sélection nationale ces derniers mois. Puisque ce classement tient compte des performances sur le terrain des différentes sélections nationales. Notre absence à la dernière coupe d'Afrique des nations y est pour beaucoup.
La Fécafoot n'a-t-elle rien à se reprocher face à cette situation désastreuse?
La Fécafoot ne peut se satisfaire de ces résultats surtout que les Lions Indomptables sont la vitrine de notre football. Les initiatives et les décisions prises ces temps derniers en rapport avec la vie du groupe, le staff technique et la mobilisation des moyens nécessaires participent de cette volonté de redresser la barre et retrouver la place de leader qui est la notre sur le continent africain. Dites-vous bien que le premier bénéficiaire des bons résultats de la sélection nationale c'est la Fédération. Vous n'allez donc pas penser qu'elle est masochiste et qu'elle éprouve du plaisir à ce qu'on soit dans cette situation ou œuvre pour que les choses restent en l'état.
La participation du Cameroun à la Lg Cup 2011 n'a pas été un long fleuve tranquille puisqu'aujourd'hui on souffre toujours des conséquences de ce qu'on a appelé le Marrakechgate. Que s'est-il réellement passé au Maroc?
Je pense que nous nous sommes largement expliqués sur ce qui s'est passé au Maroc dans divers médias et notamment lors du droit de réponse que nous avons exercé sur la chaîne de télévision Canal 2 International. Il faut retenir qu'il y a eu un malheureux concours de circonstances administratives qui résulte un peu de la double tutelle qui opère au niveau des sélections nationales et une violation du règlement intérieur instiguée par le capitaine des Lions Indomptables.
L'une des décisions fortes que vous avez prises au lendemain de cette expédition est la sanction infligée au capitaine des Lions indomptables. Beaucoup d'observateurs ont parlé de règlement de comptes. La Fécafoot avait-elle vraiment besoin de frapper si fort pour faire autorité?
Chacun peut interpréter la sanction et y aller de son jugement de valeur. Mais au moins tout le monde s'accorde sur la commission d'une infraction et à partir de ce moment les instances juridictionnelles de la Fédération se devaient de faire leur travail. La situation a peut-être permis de se rendre compte qu'il faut dans le règlement intérieur des sélections nationales, qui a été adopté par le Comité exécutif de la Fécafoot en août 2010, aller vers un meilleur encadrement du régime des sanctions.
Amis d'hier pourtant, la Fécafoot et le goaléador camerounais se regardent désormais en chiens de faïence. Est-il devenu à vos yeux l'homme à abattre?
La Fécafoot est une institution et ses relations avec ses affiliés, ses licenciés, ses membres, les tiers, la tutelle, et d'autres institutions sont encadrées par des textes réglementaires. La Fécafoot, personne morale, n'a donc pas d'amis encore moins des ennemis. Samuel Eto'o n'est pas l'ennemi de la Fécafoot.
Deux jours après la sortie médiatique de Samuel Eto'o sur Canal 2 vous avez fait une riposte sur les mêmes antennes. Etait-ce une campagne de dénigrement ou une envie de faire la lumière sur les non-dits de Samuel?
Au cours de l'interview du capitaine de la sélection nationale sur Canal 2, il a asséné un certain nombre de contre-vérités et s'est fendu de pas mal d'affirmations gratuites sur la manière dont la Fécafoot est gérée. En application des dispositions pertinentes de la loi sur la communication sociale au Cameroun, nous avons entrepris de rétablir la vérité par le même canal afin que-nul n'en ignore et que d'aucuns cessent de prendre des vessies pour des lanternes.
Peut-on avoir l'assurance aujourd'hui qu'après le scandale de Marrakech, cet éternel problème de primes impayées est définitivement réglé?
Je vous l'ai dit il y a eu un malheureux concours de circonstances administratives. Mais il y a longtemps qu'il n'y avait pas eu un problème de primes au sein des Lions Indomptables. Pour les campagnes de 2010, Can et Coupe du monde, dont les éliminatoires ont débuté en 2008 avez-vous appris qu'il y avait eu le moindre problème? Lors de sa dernière réunion, le Comité exécutif a pris une résolution qui enjoint chaque joueur appelé en sélection à communiquer un numéro de compte où lui seront versées ses primes afin que cessent les interactions et les manipulations d'argent qui peuvent amener à subodorer des collusions malsaines. La Fécafoot s'en tiendra à cela.
On reproche à la Fédération camerounaise de football et à ses responsables de se servir de la vraie ou supposée plate-forme de collaboration entre le Minsep et la Fécafoot pour entretenir des luttes d'influence axées sur la prise de contrôle des gros intérêts financiers générés par la participation de l'équipe nationale de football aux compétitions internationales. Nous en voulons pour preuve celle des Lions indomptables à la dernière Coupe du monde. Qu'avez-vous concrètement fait de cet argent?
Le président de la Fécafoot s'est longuement expliqué sur ce qui sera fait avec l'argent des retombées de la Coupe du monde 2010. Cet argent servira à financer un programme d'infrastructures qui a reçu l'onction gouvernementale. Dans une interview accordée à Fécafoot Mag dans son édition de février Iya Mohammed se montre exhaustif sur la répartition qui sera faite de l'argent et les infrastructures concernées. Après évaluation, les sommes qu'il faut mobiliser pour la réalisation de divers projets est de près de 3,5 milliards FCfa. Après avoir décaissé un peu plus d'un million de dollars de ce compte pour l'acquisition du terrain pour le nouveau siège et les primes distribuées aux clubs camerounais après la Coupe du monde, il nous reste 5.800.000 dollars. Si on considère qu'un dollar vaut 470 francs Cfa, nous disposons donc déjà de 2.700.000.000F Cfa. Il faudra donc trouver d'autres sources de financement pour un montant d'environ 800 millions de francs Cfa pour mener à bien tout ce programme d'infrastructures.
Lesquelles donc?
Il s'agit entre autres de : l'édification d'un nouveau siège pour la Fécafoot à Yaoundé, non loin du palais des Sports de Warda et le début des travaux est imminent ; quatre plates-formes gazonnées seront construites et feront office de Centres techniques pour les pôles régionaux à savoir Mbankomo pour les régions du Centre, du Sud et de l'Est, Maroua pour les trois régions septentrionales, Bafoussam pour l'Ouest et le Nord-Ouest, et enfin Buea pour le Littoral et le Sud-ouest. Quatre cent millions ont été budgétisés à cet effet et nous espérons obtenir des communes concernées des terrains à cet effet ; Le Centre technique d'Odza connaîtra également une métamorphose. Un terrain à gazon naturel va être construit ainsi qu'un terrain de futsal et un terrain de Beach-soccer. Un nouvel immeuble y sera également construit d'une valeur d'environ 300 millions afin de garantir un confort d'hébergement à même de permettre à toutes les équipes nationales d'y effectuer leurs mises au vert. Les deux immeubles existant au Centre technique seront réfectionnés. Par ailleurs, le siège de la Ligue régionale du Littoral sera construit et ceux des ligues régionales du
Sud-ouest et du Centre achevés.
Lors de la dernière réunion du comité exécutif de la Fécafoot, cette dernière a suspendu deux vice-présidents à l'instar de Charles Emedec et David Mayebi qui sont pourtant les amis d'hier du président Iya. Est-ce devenu une tradition à la Fécafoot de vous débarrasser de vos collaborateurs comme des pochettes jetables?
Au risque de me répéter, la Fécafoot est une institution, une personne morale qui n'entretient donc pas avec des individus des rapports sur la base d'un quelconque sentiment. Ceux qui en sont membres savent que les rapports y sont régis par les textes et règlements et que les libertés prises avec le respect de ces textes entraînent des sanctions qui sont également prévues dans les règlements. Ces derniers sont opposables à tous et s'appliquent à tous sans exclusive.
Quels sont les rapports que vous entretenez avec le nouveau ministre des Sports, Adoum Garoua?
Je me garderais bien de parler de rapports personnels avec le ministre. Pour ce qui est de la Fécafoot ce sont d'abord des rapports de tutelle à fédération donc verticaux. Mais également des rapports de franche collaboration pout arriver à maintenir le football camerounais au niveau où il s'est hissé. Nous essayons donc au quotidien d'œuvrer dans ce sens en parfaite intelligence.
La Fécafoot a récemment porté Rigobert Song au poste de Team Manager des Lions indomptables. Pensez-vous qu'il soit l'homme qu'il fallait à cette place?
Le Comité exécutif l'a pensé, il serait difficile pour moi de voir les choses autrement. Il a l'expérience, la connaissance et le vécu nécessaire pour assumer cette fonction. Il a été au contact de diverses méthodes managériales pour avoir joué en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Turquie, et est donc bien placé, en opérant une synthèse de toutes ces expériences, pour connaître le niveau d'exigences professionnelles à satisfaire pour mettre une équipe dans des conditions optimales.
Pour son premier match test, on l'a vu pratiquement faire ombrage au coach Denis Lavagne en donnant des consignes aux joueurs sous l'œil médusé du staff technique. Etes-vous sûr de lui avoir clairement défini quel était son rôle et ses missions?
Il a une parfaite connaissance de son rôle. Il travaille en parfaite intelligence avec le sélectionneur national et je puis vous assurer que le courant passe très bien entre eux. Rigobert Song est un compétiteur et c'est cette âme qu'il espère également transmettre à la jeune génération des Lions Indomptables qui poursuit sa structuration. Pour le joueur qu'il a été, pour la passion qu'il a toujours montrée pour le maillot national, vous ne vous attendiez quand même pas à le voir momifié sur le banc de touche. Dans le staff actuel chacun connaît ses prérogatives et les intelligences sont mises en commun pour arriver au résultat que nous souhaitons tous.
A la veille du match contre la sélection bissau-guinéenne, il a édicté un Code moral qu'il a intitulé «Les 11 engagements des Lions indomptables». L'avez-vous aidé dans la rédaction de ce document?
Il en est l'inspirateur et le rédacteur. Il a souhaité passer un contrat moral avec ses jeunes frères. Ceux-ci ont accueilli l'initiative avec beaucoup d'enthousiasme. Le staff technique a également souhaité souscrire à ce contrat moral. Il faut retenir qu'il n'est fait aucune obligation à personne de le signer. Ces onze engagements ne viennent pas non plus se substituer au règlement intérieur comme je l'ai entendu ci et là.
Qu'est devenu le Code disciplinaire des Lions indomptables? N'était-ce finalement qu'un épouvantail?
Le règlement intérieur des sélections nationales est appliqué depuis son adoption par le Comité exécutif de la Fécafoot en août 2010. Et toutes les sanctions prises depuis lors dans les sélections nationales et prononcées en première instance par la Commission fédérale d'homologation et de discipline l'ont été en application dudit règlement.
Au regard de tous les griefs qui vous sont reprochés depuis une dizaine d'années, pensez-vous aujourd'hui que le responsable de la Fécafoot que vous êtes fait véritablement son travail?
Le meilleur indicateur c'est que chacun prenne la machine à remonter le temps et fasse une photographie de ce qu'était l'organisation administrative de notre football il y a dix ans. Même en ce qui concerne l'organisation des compétitions et de nos sélections nationales. On peinait même à trouver des maillots y a pas longtemps. Aujourd'hui toutes les catégories des sélections nationales manquent de très peu de choses quand elles sont en stage ou en compétition. La Fécafoot est une institution fiable et viable par le travail abattu depuis lors et qui a contribué à crédibiliser une institution qui n'avait même pas une domiciliation physique propre. Les partenaires de la Fédération que sont aujourd'hui Mtn Cameroon, Camrail, Orange, Puma, les Brasseries du Cameroun, Bolloré Africa Logistics, Cac Cameroun, adhèrent à une vision et acceptent d'accompagner la Fécafoot parce qu'elle leur apparaît comme un interlocuteur crédible.
Est-ce suffisant pour vous dédouaner?
On peut comprendre que les attentes et les exigences soient plus fortes afin que la Fécafoot se mette au diapason de l'aura qu'a connu notre football grâce au résultat des clubs dès les années 60 et ceux de la sélection nationale fanion au cours des trois dernières décennies. C'est la raison pour laquelle le président Iya s'est investi depuis son arrivée dans le chantier de professionnalisation de notre football et modernisation de son administration afin de construire de manière pérenne et durable. Pour mettre un terme à ce qui apparaissait comme une génération spontanée, la politique nationale de football adoptée par le Comité exécutif et déjà mise en œuvre par la direction technique nationale dont l'implantation est essentiellement soutenue par la Fécafoot.
On vous reproche d'être arrogant, manipulateur et d'être le bras armé de Iya Mohammed qui ne parle presque jamais à la presse et se comporte comme un intouchable. C'est ce profil là que vous avez de votre personne?
Mon éducation m'interdit l'usage d'un certain nombre d'adjectifs et des jugements de valeurs sur les personnes. L'humilité est l'une des valeurs que mes parents m'ont toujours demandée de cultiver et j'y travaille au quotidien. Je me considère comme un passionné de football qui s'investit du mieux qu'il peut pour vivre sa passion et modestement apporter sa pierre à l'amélioration de l'environnement du football au Cameroun. Je remercie le président Iya Mohammed et le Comité exécutif pour la confiance placée en moi afin d'assurer la matérialisation, du point de vue administratif et au jour le jour, d'une vision. Maintenant sur le prétendu mutisme du président de la Fécafoot, je n'ai pas la même impression que vous ou du moins de ceux dont vous vous faites le porte-voix. Même si ses occupations ne sont pas de tout repos, Iya Mohammed accepte assez souvent, et de bon cœur, de répondre tant à la presse camerounaise qu'étrangère.
Quatre ans après votre nomination à la tête du secrétariat général de la Fécafoot, pensez-vous que le bilan soit élogieux?
Je n'ai pas de bilan à titre personnel. Je suis, on va dire un factotum, qui travaille à la matérialisation de la vision et des objectifs du président Iya, donc à la constitution de son bilan à la tête de la Fécafoot. Je suis en poste depuis trois «ans et sans nul doute que l'année prochaine lors du renouvellement des instances fédérales, un bilan de l'olympiade sera dressé par le président de la Fécafoot.
Pour cette double campagne qualificative pour la Can 2013 et le Mondial 2014, on attend beaucoup de la Fécafoot. En avez-vous conscience?
La Fécafoot ne ménagera aucun effort, aucun moyen pour que le Cameroun soit présent à ces deux rendez-vous. Nous ferons tout ce qui est dans nos cordes pour mettre les joueurs et le staff dans les meilleures conditions pour produire les résultats escomptés. Nous poursuivons inlassablement notre mission de ramener sous les couleurs nationales tous ceux qui ont le talent nécessaire pour permettre aux Lions de briller à nouveau au firmament. Vous êtes sans ignorer les conséquences qu’une non participation à la Coupe du monde par exemple peut avoir même pour la stabilité financière de la Fédération et le développement de notre football.
C'est quoi justement l'agenda de la Fécafoot pour cette année 2012?
Cette année 2012 sera marqué par le lancement des divers chantiers prévus dans le cadre du programme de développement des infrastructures à réaliser avec les retombées de la Coupe du monde 2010. Par ailleurs la direction technique nationale va poursuivre son maillage du territoire national avec la nomination des conseillers techniques d'arrondissement et en densifiant la formation des formateurs. Il y aura cette année le lancement par la Dtn de l'opération 3000 éducateurs. Nous allons également mettre un accent sur une meilleure organisation des compétitions des jeunes en même temps que nous intensifierons notre croisade contre les trafics d'âge qui gangrènent notre football et vicient un peu la structuration et la programmation de la relève.
Le football camerounais traverse une sérieuse crise depuis bientôt dix ans. En championnat d'élite comme à l'équipe nationale il souffre des mêmes maux : intérêts égoïstes, corruption, favoritisme et trafic d'influence. D'aucuns parlent de la mafia entretenue par la Fécafoot et le Minsep autour de cette équipe. Qu'en dites-vous?
Il n'y a pas de mafia à ce que je sache. Les sanctions récemment prises tant par le Comité exécutif que la Commission d'éthique par exemple témoignent bien de la volonté de l'exécutif fédéral d'expurger le milieu de toutes ces pratiques et personnes qui nuisent à l'image de la Fécafoot et du football camerounais. Le président de la Fécafoot a rappelé lors du dernier Comité exécutif à ses pairs le devoir d'exemplarité qui est le leur et celui de tous les acteurs du football dans notre pays.
Le mois dernier les responsables de la Fecafoot ont présenté la méthode scientifique qui permettra désormais de détecter l'âge réel des joueurs. Cette méthode, a-t-on appris, consiste à faire la radio du poignet de la main gauche du joueur que l'on comparera par la suite aux clichés de l'atlas de Greulich et Pyle, les deux chercheurs qui ont mis sur pied cette méthode. D'aucuns pensent que c'est juste un autre projet sans visibilité pour distraire 60 millions Fcfa du football jeune au Cameroun. Outre la perte d'argent, la Fédération donc certains administrateurs et proches sont… cités dans le tripatouillage des âges ne se fait-t-elle pas hara-kiri?
Dans sa volonté d'assainissement le président Iya n'entend reculer devant rien, ni personne. Les règlements de la Fécafoot ne font de passe-droit à personne. La méthode de détection de l'âge apparent d'un sujet par radio du poignet a fait ses preuves ailleurs et nous irons au bout de cette croisade. Nous ne mesurons pas toujours le préjudice causé par ce phénomène. Quelle planification peut-on faire si l'âge des joueurs à la base est vicié? Quand vous échafaudez des choses en moins de 17 ans avec un joueur alors que celui-ci en a 24. Au bout vous n'arrivez à rien. Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. L'année 2012 au Cameroun est placée sur le signe de l'action même par le chef de l'Etat, la Fécafoot sera dans l'action-permanente.