Exclusif. « Il n'y avait jamais moins de cinq millions de francs »
Dans le JDD, Robert Bourgi, décrit avec beaucoup de détails les remises de fonds d'Afrique qu'il aurait effectuées personnellement auprès de Jacques Chirac et Dominique de Villepin entre 1997 et 2005.
L'ombre de Foccart.
Robert Bourgi dit avoir survécu à toutes les crises grâce à sa discrétion. «Foccart
m'avait appris que les vrais secrets ne s'échangeaient qu'à deux,
jamais à trois (...). Foccart m'avait aussi dit de ne jamais toucher ni
au pétrole, ni aux matières premières stratégiques, ni aux armes.»
La traversée de Paris.
«J'ai
toujours atterri au Bourget ou à Roissy sans être embêté. Une seule
fois, j'ai eu peur. Un soir de manifestation, accompagné d'un émissaire
africain, j'ai traversé Paris avec quatre millions d'euros en petites
coupures dans le coffre de ma voiture.»
«Il rangeait lui-même les liasses».
«C'était toujours le soir. "Il y a du lourd? "
demandait Chirac quand j'entrais dans le bureau (...). Il prenait le
sac et se dirigeait vers le meuble vitré au fond de son bureau et
rangeait lui-même les liasses. Il n'y avait jamais moins de cinq
millions de francs. Cela pouvait aller jusqu'à quinze millions.»
L'argent dans des tam-tams...
«Un
exemple qui ne s'invente pas, celui des djembés. Un soir, j'étais à
Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré. Je devais ramener pour
Chirac et Villepin troismillions de dollars. Compaoré a eu l'idée, " connaissant Villepin comme un homme de l'art ",
a-t-il dit, de cacher l'argent dans quatre djembés. Une fois à Paris,
je les ai chargés dans ma voiture jusqu'à l'Élysée. C'est la seule fois
où j'ai pu me garer dans la cour d'honneur!»
...Ou une affiche.
Laurent Gbagbo «m'avait demandé
combien donnait Omar Bongo (pour le financement de la campagne de
Chirac en 2002) et j'avais dit trois millions de dollars. Laurent Gbagbo
m'a dit: "On donnera pareil alors". Il est venu à Paris avec l'argent.
Nous nous sommes retrouvés dans sa suite du Plaza Athénée. Nous ne
savions pas où mettre les billets. J'ai eu l'idée de les emballer dans
une affiche publicitaire d'AustinCooper. Et je suis allé remettre le
tout à Villepin, à l'Élysée».
«J'ai pensé au Général».
«J'avais
un gros sac de sport contenant l'argent et qui me faisait mal au dos
tellement il était lourd. Bongo et Chirac étaient confortablement assis
dans le bureau du secrétaire général de l'Élysée. Je les ai salués, et
je suis allé placer le sac derrière le canapé. Tout le monde savait ce
qu'il contenait. Ce jour-là, j'ai pensé au Général, et j'ai eu honte.»
Juppé pas épargné.
«L'argent d'Omar Bongo a servi à payer le loyer pendant des années» du club 89 (de l'actuel ministre des Affaires étrangères), accuse Robert Bourgi.