Excellence, Majesté, Honorable, Docteur... : Les Camerounais, champions en titres
Yaoundé, 27 février 2013
© Yvette MBASSI-BIKELE | Cameroon Tribune
Un poste de contrôle de police, quelque part sur un axe routier du pays.
© Yvette MBASSI-BIKELE | Cameroon Tribune
Un poste de contrôle de police, quelque part sur un axe routier du pays.
Un poste de contrôle de police,
quelque part sur un axe routier du pays. Les dossiers serrés sous
l'aisselle d'un des policiers de faction, tout comme les pièces et
billets de banque qui gonflent ses poches, montrent que la journée est
bonne. D'ailleurs, un automobiliste du haut de sa grosse cylindrée sans
assurance, ni visite technique est à la torture. L'homme est sous la
menace d'une mise en fourrière s'il «ne parle pas bien», quand vient à
passer un «bendskin» qui lui lance : «bonjour mon commissaire, c'est
comment?». Avant même que ledit commissaire ne réponde, les préposés au
contrôle se réajustent, palpent leurs uniformes, redressent les
couvre-chefs, se font plus courtois et servent le «café» avec
retentissement. «Milles excuses mon commissaire... On ne vous avait pas
reconnu avec le soleil-là... Il y a trop de gens qui dérangent sur cette
route... Tenez même votre dossier et voici ce qu'on a pu collecter
depuis là...», bredouillent-ils. L'autre empoche la cagnotte et décampe
rapidement, non sans avoir vertement remonté les bretelles à ces
«subalternes» insolents qui ne reconnaissent jamais les chefs. Personne
n'ose lui demander dans quel commissariat il officie. Le même
«bendskin», sur le retour, éclaire la lanterne de tout le monde «c’est
le commissaire aux comptes de notre tontine au quartier»...
Rassurez-vous, les faits que nous venons de vous narrer sortent tout droit d'un sketch à succès. Mais dans le théâtre, comme dans bien d'autres arts littéraires, il n'y a pas de hasard. C'est que ces œuvres s'inspirent souvent des mœurs sociales. Ainsi donc, au Cameroun, les titres ne passent plus inaperçus. Ils sont même la chose du monde la mieux partagée. Avec tous ces Excellences, Honorable, Professeur, Docteur, Majesté, Président, DG, Directeur, Maître, Chef en circulation, l'on ne se retrouve plus en effet. «J'ai une connaissance, Dr. S., que je ne croisais que dans le cadre des réunions professionnelles au sein d'une formation sanitaire. Comme tout le monde lui sert du Docteur là-bas, j'en ai conclu que c'est un médecin. Alors un week-end que j'avais un bobo, je fais appel à lui et là surprise : le Docteur est diplômé en sciences sociales et intervient comme consultant dans l'hôpital où je l'ai connu».
L'usage et l'abus des titres au sein de notre société n'entraînent pas seulement une certaine confusion dans la tête des simples d'esprit. Ils profitent à bien des gens : pas nécessairement à ceux qu'on croit. «Vous vous imaginez bien que quand quelqu'un vous donne un «dégéééé» tonitruant alors que vous n'êtes que directeur, il essaie de vous faire les poches. Généralement ça marche. Parce que votre ego s'en trouve flatté ou que vous êtes dans l'embarras, vous lui donnez «une bière»», confie le directeur régional d'une entreprise, plutôt amusé. Pour lui, cela participe d'un jeu dont les règles ne sont pas toujours maîtrisées. Ainsi, il peut arriver que celui qui a favorablement accueilli l'interpellation, hier, le prenne très mal aujourd'hui. La bataille pour les postes étant éternellement ouverte, le patron pourrait s'imaginer qu'on en veut déjà à sa place. Ce n'est pas bon pour les affaires, une telle atmosphère. Ceux qui n'ont aucun souci à se faire et en profitent plutôt bien, ce sont les «Mbombog», «Nkukuma» et autres patriarches dont les seuls cheveux blancs inspirent le respect. Malheur à tout blanc bec qui mal en pense!
Rassurez-vous, les faits que nous venons de vous narrer sortent tout droit d'un sketch à succès. Mais dans le théâtre, comme dans bien d'autres arts littéraires, il n'y a pas de hasard. C'est que ces œuvres s'inspirent souvent des mœurs sociales. Ainsi donc, au Cameroun, les titres ne passent plus inaperçus. Ils sont même la chose du monde la mieux partagée. Avec tous ces Excellences, Honorable, Professeur, Docteur, Majesté, Président, DG, Directeur, Maître, Chef en circulation, l'on ne se retrouve plus en effet. «J'ai une connaissance, Dr. S., que je ne croisais que dans le cadre des réunions professionnelles au sein d'une formation sanitaire. Comme tout le monde lui sert du Docteur là-bas, j'en ai conclu que c'est un médecin. Alors un week-end que j'avais un bobo, je fais appel à lui et là surprise : le Docteur est diplômé en sciences sociales et intervient comme consultant dans l'hôpital où je l'ai connu».
L'usage et l'abus des titres au sein de notre société n'entraînent pas seulement une certaine confusion dans la tête des simples d'esprit. Ils profitent à bien des gens : pas nécessairement à ceux qu'on croit. «Vous vous imaginez bien que quand quelqu'un vous donne un «dégéééé» tonitruant alors que vous n'êtes que directeur, il essaie de vous faire les poches. Généralement ça marche. Parce que votre ego s'en trouve flatté ou que vous êtes dans l'embarras, vous lui donnez «une bière»», confie le directeur régional d'une entreprise, plutôt amusé. Pour lui, cela participe d'un jeu dont les règles ne sont pas toujours maîtrisées. Ainsi, il peut arriver que celui qui a favorablement accueilli l'interpellation, hier, le prenne très mal aujourd'hui. La bataille pour les postes étant éternellement ouverte, le patron pourrait s'imaginer qu'on en veut déjà à sa place. Ce n'est pas bon pour les affaires, une telle atmosphère. Ceux qui n'ont aucun souci à se faire et en profitent plutôt bien, ce sont les «Mbombog», «Nkukuma» et autres patriarches dont les seuls cheveux blancs inspirent le respect. Malheur à tout blanc bec qui mal en pense!