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Mohamed A…, jeune moto-taximan de Kribi, en sortant de chez lui jonché sur son engin était à mille lieux de s’imaginer que ce bel après midi ensoleillé du 08 septembre 2012 sera l’un des plus sombres de son existence. C’est précisément au niveau du carrefour Bello que son destin décide de flirter avec l’horreur. En effet, alors qu’il circule tranquillement sur un boulevard, il manque de peu de se faire écraser par un véhicule estampillé Bataillon d’Intervention Rapide (Bir) sortant d’une rue secondaire à vive allure. Le conducteur ne manque pas de s’insurger contre cette violation flagrante du code de la route signant du même coup son arrêt de mort. Le danger viendra du tout terrain militaire qui accélère bruyamment et lui fait un tête-à-queue pour l’obliger à s’arrêter en le coinçant sur un grumier en stationnement.

Le moto-taximan a à peine le temps d’immobiliser son engin que les deux bidasses sont déjà entrain de lui refaire le portrait. Les coups de cross, de ceinturons et de bottes pleuvent avec une rare violence au point où les passants suivent la scène avec des yeux hagards. Cependant le triste spectacle va connaitre un rebondissement quand les soldats décident d’emporter la moto de ce débrouillard. A ce moment Mohamed A…, refuse de se laisser faire et défend farouchement son gagne-pain. Les deux éléments du Bir passent alors à la vitesse supérieure en faisant recours à leur voiture de service pour écraser le deux roues. Trois passages seront nécessaires pour le mettre hors d’usage. La sale besogne achevée, le 4x4 fonce dans la foule et disparait avec le pied au plancher. Il ira d’ailleurs percuter un autre motocycliste quelques mètres plus loin sans pour autant juger utile de s’arrêter.


Un pour tous, tous pour un.

Ce délit de fuite va sonner la révolte des motos-taximen qui se mobilisent en un rien de temps. Informé de la situation, le président du Syndicat national des motos-taxis du Cameroun, Gustave Mbo Essam, par ailleurs promoteur d’une auto école à Kribi, se charge d’organiser la contre offensive. C’est ainsi qu’il prend la tête d’un interminable défilé motorisé qui paralyse la circulation dans la cité balnéaire dont les principales intersections seront bloquées. Pendant ce temps un autre groupe de manifestants met le cap sur la base du détachement Bir de Kribi sise au Port autonome de Kribi. Le camp en question est littéralement assailli au point où son Commandant décide de négocier contrairement aux méthodes de cette unité spéciale qui aime l’affrontement. Cette entorse au règlement intérieur s’explique par la cérémonie officielle de prise de commandement de ce Lieutenant colonel, annoncée dans les prochains jours.

Une raison suffisante pour obliger l’officier supérieur à mettre la main dans la poche pour permettre l’achat d’une nouvelle moto. Et la somme de 200 000 Fcfa pour réparer celle qui a été percutée. Deux gestes inédits qui seront suivis d’un troisième lorsque le Commandant du Bir de Kribi livre ses deux éléments fautifs à la gendarmerie où ils feront aussitôt connaissance avec la cellule de la Brigade territoriale du chef-lieu du département de l’Océan. Ils ne sont pas pour autant à l’abri des sanctions disciplinaires et financières. En attendant la suite à donner à l’affaire, c’est un ouf de soulagement que les kribiens ont poussé, eux qui avaient fini par croire que ces commandos étaient au-dessus des lois du fait de leurs nombreuses exactions restées impunies. Les motos-taximen pour leur part se réjouissent de voir qu’une fois de plus leur union a fait la force au point de désarmer les forces de défense dont le corps d’élite peine encore à gagner la bataille de la discipline dans ses rangs.