Evaluation: Des ministres chez les marabouts pour valider les feuilles de route

YAOUNDÉ - 19 Septembre 2012
© Roger Zanga | Libération Plus

Le retour du chef de l'Etat le lundi 10 septembre 2012 dernier a inéluctablement suscité de multiples appréhensions chez certains de ses collaborateurs, au sujet des feuilles de route.

L’activisme observé au sien de la caste gouvernementale serait tributaire de la perspective pour quelques-uns de se voir maintenus et de la crainte, non seulement d'être déchus de leur postes pour d'autres, mais d'être également virés du côté de la justice, pour répondre de leurs frasques. L'angoisse qui les étreint se voit alors portée à son paroxysme, avec le retour du créateur de ces êtres frileux.

Le moment est ainsi propice pour les charlatans de faire fortune, eux qui sont l'objet de multiples sollicitations et à d'abondantes visites, assorties de victuailles et autres billets de banques craquants neuf, sortis directement des coffres-fort de la Beac. Les crocs-en-jambe et l'instrumentalisation des médias ne sont point du reste, durant cette période d'angoissante attente.

Mais l'on a tôt fait de mettre entre parenthèses les programmes dits des grandes réalisations; personne dans ce crique ne se souciant d'autres choses que des intérêts personnels. La question des critères d'évaluation des feuilles de route qui se seront plutôt transformées en feuilles de doute restent quant à eux un véritable secret de Dieu. Uniquement intéressé par la gestion de son pouvoir, ce dernier ne jettera qu'un regard complaisant sur le marasme vécu par les populations du grand Nord du pays. Une catastrophe humanitaire qui interpelle pourtant le principal chef tenant tous les pouvoirs du pays. Cet abandon vient de surcroit trahir la véritable inertie d'un régime dont le souci n'a jamais été le bien être du peuple, ce dernier devant toujours faire face à ses problèmes en solitaire. Comment saurait-il en être autrement, dans un environnement où les véritables mécanismes de gestion sont dictés de l'extérieur?

Ainsi, vu de face, il sera indubitablement question d'une évaluation des feuilles de route avec conséquences. Mais au fond, quel en serait l'impact sur les plans sociopolitique et économique pour l'ensemble des camerounais?

Certains observateurs estiment, à tort ou à raison que, cette évaluation serait en fait celle du régime en général, dans le cas où elle aurait lieu. Percutions somme toute logique, compte tenu du fait que les concernés par les feuilles de route constituent la principale composante dudit régime. Il s'agirait donc d'une auto-évaluation. D'autres parts le chef devrait d'abord s'auto-évaluer, avant de jeter un regard scrutateur sur le travail de ses collaborateurs.

Quoi qu'il en advienne, des têtes tomberont, des sacrifiés sur l'autel d’une pseudo recherche de performances et ceux les plus concernés par cette déchéance se douteraient déjà du sort qui les attend. Pour eux, aucun espoir ne semble autorisé, à moins d'un miraculeux revirement du manitou d'Etoudi. Son retour était de ce fait variablement apprécié par ses collaborateurs, bien que ces derniers soient toujours contraints à la servilité et éternellement condamnés à la flagornerie.

La défiance est ainsi de mise, l'incertitude et l'angoisse plus présentes que jamais, dans cette attente du verdict. Qui sanctionnerait les prouesses révérencieuses et l’efficacité autant des compétences déployées à l'accomplissement de leurs missions. Mais jusqu'à quand expieront-ils les affres de cette déstabilisante étreinte, nul ne saurait le dire, à défaut de lire à travers la boule de cristal.


19/09/2012
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