«On a bien senti et compris que cette visite, le patron la voulait vraiment. Il en a fait son affaire». Le membre de la délégation officielle qui se confiait ainsi à La Nouvelle Expression, au lendemain de la rencontre entre la suite de Paul Biya et le staff de François Hollande au palais de l’Elysée le 30 janvier, avait du mal à contenir son émotion.
Il se peut que cet état d’esprit ait été le dénominateur commun des membres du gouvernement camerounais. C’est que, apprend – on de sources faibles, le chef de l’Etat au cours de cette séance de travail, a lui-même exposé l’état des lieux et celui des besoins camerounais en matière d’investissement. Visiblement au fait des dossiers – préparés par ses collaborateurs- la président de la République n’a eu recours aux membres de sa délégation que pour des compléments, des détails techniques sur certains dossiers…
Ceux qui, parmi les ministres présents aux échanges à l’Elysée, se pâment d’admiration devant «la maîtrise des dossiers» dont aurait fait preuve le locataire du palais de l’Unité, espèrent secrètement que «la partie française pourrait avoir modifié son regard sur notre pays et son président». Tant que cela ? Les plus mesurés parmi les analystes- y compris dans la suite du Chef de l’Etat- n’ont toutefois pas fini de méditer sur «les étranges manières» de la partie française, et en l’occurrence cette option de l’Elysée à avoir concocté une séance de travail ayant privé Paul Biya d’un aparté avec François Hollande.
Il est probable que le président camerounais n’ait pas apprécie. Il est certain qu’au pays de Descartes, il ait choisi de faire, contre mauvaise fortune, bon cœur… Et on oublie que depuis l’ère Nicolas Sarkozy, Paris ne tolère que modérément les longs règnes en Afrique notamment. Secret de Polichinelle : la partie française demeure curieuse – d’autres disent vigilante- au processus de mise en place des institutions prévues par la Constitution de 1996, et au renforcement de la crédibilité de Elections Cameroon.