Il est désormais interdit de dire du bien de Samuel Eto’o, pourtant le plus gros palmarès du football africain et désormais le plus gros salaire de la planète foot. Justement, c’est la fortune de ce garçon de 30 ans (gagnée en suant derrière un ballon et non en surfacturant les marchés publics) qui semble être devenue l’objet de tous les délires dans son pays.
Résultat des courses, pour être bien vu aujourd’hui aussi bien dans les milieux mondains que dans les cercles privilégiés, il vaut mieux insulter l’avant-centre de FC Anzhi Makhachkhala (vous voyez que malgré la laideur du nom de ce club de foot russe, on le prononce quand même, puisqu’il y a un joueur au nom sucré qui y évolue : Eto’o).
N’osez pas dire qu’il a gagné quatre Ballon d’or africain, trois ligues des champions, deux Can, une médaille d’or olympique et qu’il est le recordman des buteurs de toute l’histoire des Lions indomptables et de la Coupe d’Afrique des nations ; toutes choses pourtant vraies et que personne ne pourra changer. Mais on vous reprendra de volée : «Aah ka, Eto’o vous a achetés, avec ses milliards !» Et les dirigeants du football camerounais ont trouvé là un beau cache-sexe derrière lequel sont facilement enfouis tous les problèmes qui se posent : pourquoi on n’a pas joué contre l’Algérie ? Pourquoi on n’est pas à la Can ? Qu’est-ce qui a fait désordre au Mondial? Où sont nos stades ? Pourquoi les clubs camerounais ne gagnent plus de coupe d’Afrique ? La réponse à toutes ces questions est invariable : «C’est Eto’o, nooon !»
Heureusement que chaque chose a une fin. Dans quatre ou cinq ans, quand l’enfant d’autrui aura pris sa retraite sportive, on se demande bien quel est le condiment qui sera encore sucré dans nos bouches ! Certains iront peut-être jusqu’à suggérer que l’on arrête l’activité appelée football dans notre pays. C’est vrai aussi que sans ses stars des années 1970, honnies ou vénérées, le foot zaïrois est entré dans un long anonymat.