Eto'o et Marafa: Deux destins, un Système

Cameroun - Eto'o et Marafa: Deux destins, un Systèmele président Camerounais Paul Biya regagné le Cameroun le 10 septembre dernier après un des ses « courts séjours privés en Europe » auquel il a habitué son peuple depuis prés de 30 ans. Il faut rappeler que le président Paul Biya a été absent pendant un peu plus d'un mois sans que personne ne sache où il se trouve ou du moins ce qu'il y fait.

Force est de constater que sa présence au Cameroun ou son absence ne change pas grand chose puisque l'homme cultive le culte du secret et manie avec un certain plaisir la politique du silence.  Surtout que ces dernières semaines l'actualité est dominée par d'autre thèmes qui passionnent les Camerounais bien plus que le lieux de résidence du « président du peuple » ou son engagement pour la résolution des leur problèmes quotidien.

Le football Camerounais , Eto'o et les procès « Épervier »
Dire que le football est le sport roi du Cameroun serais une bien malheureuse sous-estimation. Le football au Cameroun c'est plus important que tout. Il occupe à lui tout seul un ministre des sports (en réalité ministre du Football), qui organise régulièrement des réunions techniques pour préparer des matchs, nomme les responsables des équipes nationales, nomme les capitaines de l’équipe bref des compétences pas seulement politiques mais également techniques. Un fait unique dans l'histoire de la gestion du football dans une nation contemporaine. L'histoire récente montre aussi que les chutes des ministres des sports ne surviennent que si leur rendement par rapport au football n'est plus satisfaisant. Depuis les prestations insuffisantes de la CAN 2010 ainsi que de la coupe du monde sud-africaine, le débat national est, de façon intermittente mais récurrente, agité par les prestations de plus en plus décevante des lions indomptables. La suspension de Samuel Eto'o en décembre 2011 ainsi que la guerre des clans instiguée par la Fecafoot n'y ont rien arrangé. La médiocrités des instances dirigeantes du football Camerounais (Fecafoot, Ministère, DTN etc.) n'a d’égal que l'inertie de la société civile. Mais au vue de la situation générale du pays, il aurait bien été assez étonnant que le football se développe très bien dans un environnement socio-économique et politique où presque rien ne marche. D’où le parallèle entre ce qui convient aujourd’hui d'appeler « l'affaire Eto'o » et les procès « Épervier » qui se déroulent depuis quelques années.

Biya contre Marafa – Iya contre Eto'o: Destins croisés?
On se souvient de la subite productivité littéraire de Marafa Hamidou Yaya quelque temps après son incarcération à la prison centrale de Yaoundé. À quelques détails prés on est bien obligé de remarquer les similarités dans la démarche qu'a choisie Samuel eto'o par sa lettre du 27 Août dernier  refusant la convocation de la Fecafoot au match aller de qualification pour la CAN 2013 contre le Cap-Vert.

Marafa en tant que « prince » déclaré du grand nord Cameroun, Eto'o, Idole de toute une jeunesse, de tout un continent. Les deux personnalités bien que venant d'univers bien différents, avec des destins distincts, ont un problème commun: le système de gouvernance du Cameroun, ce qui convient d'appeler le système Biya. L'un l'a assidûment servi et même construit pendant plusieurs décennies, pendant que l'autre s'y est accommodé et a même par moment été utilisé par celui-ci.

Marafa critique Paul Biya ou son entourage mais ne perd pas un mot sur le système de gouvernance au Cameroun. Eto'o critique la Fecafoot de manque de professionnalisme mais oublie le ministère des sports où règne au moins autant d'amateurisme.

Tous les deux font montre d'un manque de consistance éclatant car il faut bien être clair sur le fond : sans changement de Système au Cameroun ni le football ni la justice ne pourront fonctionner correctement. Il n y aura jamais de foot Camerounais bien géré et professionnel ou une justice impartiale tant que la direction du pays continuera à vivre dans le désordre, la corruption et les injustice qui le caractérise. Toute autre forme de résolution des problème du Cameroun n'est que leurre et aboutit à un immobilisme que nous observons depuis des décennies. Mais au contraire de Marafa, Eto'o peut se targuer de n'avoir pas construit ce Systeme-Biya mais juste d'y avoir involontairement contribué par les victoires sportives. Marafa lui est plongé dans ses contradictions desquelles il ne pourra que difficilement se sortir.

Ce constat pourrais surprendre  si nous ne nous trouvions pas au Cameroun ou certaines singularités bien particulières ont finit de faire de ce pays jadis respecté et craint un lieu bien à part non pas dans sa propension à promouvoir le mérite et excellence pour le bien de la majorité mais dans la capacité à créer des formules grossière mais malheureusement pérenne de gestion des affaires de la cité.


Henri Depe Tchatchu
Rédacteur en Chef www.maooni.com
Ingénieur en Télécommunication et en Électronique
Spécialiste des questions de Management de Projets
Allemagne

© Correspondance de : Henri Depe Tchatchu


17/09/2012
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