Après avoir été longtemps tenu à l’écart des antichambres du pouvoir français, la visite officielle de Paul Biya prévue à la fin de ce mois s’annonce riche en suspens et en rebondissements.
Hier, le jeudi 24 janvier à 11 heures précises, l’ambassadeur du Cameroun en France Lejeune Mbella Mbella a donné une conférence de presse dans les locaux de la représentation diplomatique du Cameroun en hexagone, situés à la rue d’Auteuil dans le 16ème arrondissement parisien. Dans l’ordre du jour dudit évènement figuraient en première ligne : la préparation de la visite d’amitié et de travail qu’effectuera Paul Biya en France le 31 janvier prochain ; mais aussi et surtout la situation de la coopération bilatérale entre le Cameroun et la France. Déjà, dès lundi dernier, l’information faisant état de la présence du chef de l’exécutif camerounais en France à la fin du mois, pour une mission économique, avait largement été diffusée par certains médias locaux. Toutefois, quelques incertitudes persistaient encore sur un éventuel tête-à-tête au sommet, entre les dirigeants français et camerounais.
Pour cause, en juillet 2009, prenant part à une marche de protestation ourdie par le collectif des organisations patriotiques de la diaspora (Code) en marge d’une visite officielle de Paul Biya en France, le président François Hollande qui n’était alors que député de la Corrèze à l’assemblée nationale française, avait déclaré : «Je suis au courant de ce qui se passe au Cameroun et c’est inadmissible…» . Or, quand on sait qu’aux dernières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le chef de l’Etat camerounais faisait déjà l’objet d’une mise à l’index des antichambres du pouvoir français, et ce en dépit de ses soutiens que furent : André Parent, ex patron de la cellule africaine de l’Elysée et Alain Juppé l’ancien chef de la diplomatie. Moult de nos sources indiquent que plusieurs visites d’Etat, assorties d’audiences, dont l’une aurait pu précéder la visite officielle de Paul Biya en Chine auraient été annulées in-extrémis par l’ancien locataire de l’Elysée.
De ce fait, plusieurs observateurs avertis soutiennent mordicus que la visite d’Etat de Paul Biya à Paris le 31 janvier prochain devrait être considérée comme une prouesse diplomatique. Un expert des questions de politique internationale mitigé et circonspect, pense que la situation serait plus complexe. En effet, argue-t-il, après 30 ans de règne, il ne ferait plus l’ombre d’aucun doute que la France ne cacherait plus son souhait de voir Paul Biya quitter le pouvoir. Sinon, ne le lui faisait t-elle pas savoir, en des termes à peine voilés, dans le message officiel de félicitations que Nicolas Sarkozy avait adressé au président nouvellement élu ? Ne lui avait t-elle pas enjoint de mettre sur pied, dans les plus brefs délais les institutions (Sénat, conseil constitutionnel) prévues par la constitution du 18 janvier 1996 ? Ne plaidait-elle pas in fine, pour l’amélioration du processus électoral dans notre pays ?
Le Code en ordre de bataille
Entretemps, des indiscrétions font état de ce que, le collectif des organisations patriotiques de la diaspora (Code) serait d’ores et déjà entrain de battre le rappel de ses troupes en vue de perturber le séjour parisien du chef de l’Etat. En effet, d’après les informations en notre possession, Brice Nitcheu, Guillaume Tene, Moïse Essoh et leurs principaux autres lieutenants, qui s’étaient déjà illustrés il y’a quelques jours à l’hôtel continental de Genève, seraient déjà en pleine campagne de mobilisation… pour faire converger vers Paris, le plus grand nombre de leurs sympathisants pour des grandes marches de protestations où l’on pourrait apercevoir, certaines figures de proue du landerneau politique français.