Dès la deuxième semaine de sa détention préventive à la prison de Kondengui où il a été trainé manu militari, Marafa Hamidou Yaya a réagi : il a écrit. Deuxième semaine, première lettre. Innovant en la matière sur la vague d’arrestations qui secoue le Rdpc depuis 1999 et qui balaie d’anciens pontes du régime, l’homme était fermement décidé à se faire entendre.
Sans vitupérer, poliment, mais avec fermeté, l’ex-Sg de la présidence de la République voudrait expliquer. Expliquer aux Camerounais, et en particulier au premier d’entre eux, Paul Biya, pourquoi. Pourquoi d’après lui, il aurait été arrêté. Dans son premier épitre, il parle de haine, de harcèlement, de vengeance de la part de ses ennemis. Troisième semaine d’incarcération, deuxième lettre de Marafa.
Quatrième semaine, troisième lettre. Cette fois, Marafa s’est directement adressé au « peuple camerounais ». De quoi semer la panique dans les rangs du Rdpc. Suffisamment en tout cas, pour avoir déclenché 16 pages d’explications dans le Journal l’Action (Rdpc) et un programme de séminaires de contre offensive de ce parti à travers tout le pays pour contrer les lettres de l’ex-Minatd.
Mais ces lettres divisent l’opinion. Non pas leur contenu, mais leur auteur. On lui reproche notamment d’avoir, lors de son passage au Minatd, contribué à faire maintenir illicitement Paul Biya au pouvoir par la fraude aux élections… Et la vétusté des prisons dont, ironie du sort, il est lui-même aujourd’hui, le captif. Nous nous garderons bien, nous, de juger, encore moins, condamner…
Cependant et pour la gouverne, Marafa et ses « amis » ont bel et bien été transférés. Au Secrétariat d’Etat à la Défense, comme la presse l’avait annoncé… Des mesures extrêmes ont été prises pour les sevrer de mouvements. Quant à Marafa, on l’a aussi dépourvu de toute écritoire, et l’on est en droit de se demander si dans ces conditions, il y aura une quatrième épitre de Marafa.