EPIDEME DE FIEVRE HEMORRAGIQUE A VIRUS EBOLA : UNE PSYCHOSE AU CAMEROUN EST-ELLE JUSTIFIEE ?


CAMEROON, EPIDEME DE FIEVRE HEMORRAGIQUE A VIRUS EBOLA : UNE PSYCHOSE AU CAMEROUN EST-ELLE JUSTIFIEE ?L'OMS vient de déclarer la Fièvre Hémorragique à Virus Ebola comme étant une Urgence de Santé Publique de portée mondiale. L' évocation fantaisiste d'un cas suspect de patient porteur de virus Ebola à l'Hôpital Laquintinie de Douala a immédiatement provoqué une psychose chez les Camerounais. Mais cette psychose camerounaise est-elle justifiée ?

Même si la fièvre hémorragique à virus Ebola fait aujourd'hui la UNE de toute la presse mondiale, il faut savoir que les infections à virus Ebola sont connues depuis les épidémies survenues de juillet à novembre 1976, et marquées par le fait que, ce virus Ebola avait simultanément été identifié à environ 1000 km de distance au Sud-Soudan et au Nord de la RDC (ancien Zaire) près de la rivière EBOLA d'où le virus tire son nom. Le virus Ebola a toujours sévit de manière récurrente dans différents pays africains sous la forme d'épidémies très localisées.

C'est ainsi qu' EBOLA s'est déjà manifesté en Ouganda et au Gabon. L'épidémie actuelle est initialement apparue dans le Sud de la Guinée puis s'est étendue vers la capitale Conakry ainsi que vers le Liberia et la Sierra Leone, des pays voisins. La communauté médicale ignore jusqu'à ce jour où le virus survit entre les épidémies. Toutefois, les chauves-souris sont soupçonnées d'être des hôtes naturels du virus. Les primates qui vivent dans la forêt équatoriale tels que les singes, les chimpanzes et les gorilles sont incriminés dans la propagation du virus Ebola.

Quel est le mode de transmission du virus Ebola ?

Ainsi, la majorité des virologues pensent que le virus Ebola se transmet à l'homme à partir de ces  primates et se propage ensuite dans la population par transmission inter-humaine à savoir d'homme à homme. Cette transmission inter-humaine se fait par  contact physique direct et étroit avec tout fluide biologique ( salives, sang, sperme, sueur ) des personnes infectées ou tout simplement par l'exposition directe à des objets qui ont été contaminés par les excrétions et sécrétions corporelles diverses et variées ( selles, vomissements, urines ) d'une personne infectée vivante ou décédée. En effet, ces fluides corporels et liquides biologiques  contiennent les particules du virus Ebola en quantité importante.

Une transmission aérienne par goutelettes de salive ou de crachats, comme dans les cas d' épidémie de grippe, est considérée jusqu'à ce jour comme improbable.

Le drame du virus Ebola est sa propagation rapide, son fort taux de mortalité qui avoisine 90%, et sa forte contagiosité car même un contact avec un nombre infime de particules virales suffisent pour infecter un individu. C'est pour cette raison que tout individu infecté par le virus Ebola et présentant une fièvre doit absolument être considéré comme hautement contagieux.

Par contre, toute personne asymptomatique n'est pas contagieuse du fait que la contagiosité est liée à la virémie et donc à l'apparition du premier symptome de la maladie Ebola qui est la fièvre. Aussi, la disparition de la fièvre et les autres symptomes associés chez les malades qui ont survécu signe la disparition du risque de contagion.

Comment reconnaître un individu suspect de virus Ebola?

Selon l'OMS, toute personne qui présente une fièvre supérieure ou égale à 38°5 et qui revient depuis moins de 21 jours d'un pays où circule le virus de la Fièvre Hémorragique virale Ebola, doit être considérée comme suspect d'infection par le virus Ebola. Les pays incriminés à ce jour sont la GUINEE-CONAKRY, le LIBERIA, la SIERRA LEONE, et le NIGERIA. Bien évidemment, au moment de la rédaction de cet article, le CAMEROUN n'en fait pas partie.

Quelle prise en charge ?    

La période d'incubation à savoir la période comprise entre le moment du contact avec le virus Ebola et l'apparition du premier symptome de la maladie, se situe entre 2 et 21 jours mais chez la plupart des malades contaminés dans l'épidémie actuelle, cette période d'incubation se situait entre 4 et 9 jours avec une moyenne à 8 jours. C'est pour cette raison que  toute personne suspectée d'infection par le virus Ebola doit immédiatement être isolée pendant un minimun de 21 jours et l'on devrait sans perte de temps procéder à l'identification de tous les sujets ayant été en contact avec cette personne dans la cellule familiale ainsi que dans le cercle amical  et professionnel afin de détecter l'existence ou la survenue d'une fièvre qui signerait leur contagiosité et l'obligation de mise en quarantaine.

Toutefois, si une personne a séjourné dans un pays où le virus Ebola sévit et qu'elle est totalement asymptomatique, il est juste recommandé que cette personne surveille quotidiennement sa température. Dans ce cas, aucune mesure d'éviction n'est requise tant que la personne demeure non fébrile. Par contre, l'apparition de la moindre poussée de fièvre, exige l'isolement de la personne et sa mise en quarantaine.

Quelles mesures préventives ?

Le virus Ebola a une très forte contagiosité, une propagation rapide et un taux de mortalité qui avoisine les 90%. Il poursuit actuellement sa folle aventure meurtrière en Afrique de l'Ouest et a déjà conquis le Nigéria voisin. La probabilité pour qu'il se propage au Cameroun est plus que certaine avec la porosité des frontières. Ainsi, devant une épidémie aussi mortelle, à forte contagiosité, à propagation rapide et dont la communauté médicale ne dispose d'aucun vaccin ni  traitement curatif, il est nécessaire et indispensable de bien connaître les gestes de prévention qui permettent de limiter la propagation du virus et qui permettent également de mieux se protéger en cas d' attaque à virus Ebola. C'est pour cette raison qu'il a semblé indispensable au Docteur Armand NGHEMKAP de résumer ces mesures préventives par l'énumération de DIX COMMANDEMENTS qui sont :

  1. Eviter tout contact physique avec une personne suspecte d'être infectée par     le virus Ebola.
  2. Eviter tout contact direct avec les fluides biologiques ( Sang, Sperme,     Salive, Sueur ), avec les excrétions et sécrétions ( Selles, Urines, Vomissements     ) ainsi qu'avec les effets personnels d'une personne suspectée d'être infectée par     le virus Ebola.
  3. Mettre immédiatement en quarantaine toute personne suspecte d'être     infectée par le virus Ebola ainsi que toutes les personnes  qui auraient été en     contact physique étroit avec un malade infecté.
  4. Mettre également en quarantaine et désinfecter totalement avec de l'eau de     Javel les locaux ayant abrité une personne infectée par le virus Ebola.
  5. Se laver régulièrement les mains.
  6. Penser à bien cuire les aliments ( viande et légumes ) avant de les     consommer.
  7. Eviter de consommer du gibier trouvé mort dans la forêt.
  8. Eviter les voyages dans les zones à risque à savoir dans les pays où le virus     Ebola sévit de façon endémique.
  9. Eviter les soins de corps ainsi que tout contact avec les dépouilles     mortuaires lors des rites funéraires traditionnels.
  10. Lutter contre les rites funéraires qui imposent l'exposition du corps à la     famille ou au public avant de procéder à l'enterrement du fait d'un risque     majeur de contact physique avec la dépouille mortuaire et de propagation     majeure du virus.

En Conclusion

Ainsi, à la lecture des mesures préventives énumérées ci-dessus, même s'il n'existe jusqu'à ce jour aucun vaccin ni traitement spécifique contre la Fièvre Hémorragique à Virus Ebola, en l'état actuel de propagation du virus, aucune psychose n'est justifiée au CAMEROUN. Les Camerounais doivent tout simplement se réapproprier les gestes de prévention qui sont désormais connus de tous, car en matière de Fièvre Hémorragique à Virus Ebola, plus que jamais, ... PREVENIR VAUT MIEUX QUE  GUERIR !  A Bon Entendeur... Merci  !

Dr Armand NGHEMKAP
Médecin des Hôpitaux

© Avec Camer.be : Dr Armand NGHEMKAP


19/08/2014
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