L’arrivée à l’Assemblée nationale, la semaine dernière, d’un projet de lois violant de manière exemplaire la Constitution, après son passage sur les tables des experts de la présidence de la Républiques sur des questions du Droit constitutionnel semble une énième preuve du jeu trouble de certains collaborateurs de Paul Biya. Les batailles successorales obligeraient les unes et les autres à faire prendre au chef de l’Etat des décisions qui pourraient au maximum tenir son image…
On entend parler des fistules obstétricales au Cameroun depuis particulièrement l’an 2007, date de la « troisième mini campagne fistule obstétricale » à Maroua, capitale de la région de l’Extrême Nord. Les fistules obstétricales apprend-on des spécialistes, résultent en une fuite continue d’urine ou de selle à travers le vagin. C’est le docteur Pierre Marie Tebeu que l’association reçoit qui le rappelle. La rencontre, faut-il le souligner, s’inscrit dans le cadre des « cafés sciences » qui consistent en un entretien avec un scientifique qui échange avec l’association sur sa discipline. Ceci pour la formation continue des journalistes scientifiques.
Le phénomène à priori semblait rare sous le ciel camerounais. Mais le rapport de cette première campagne et ceux des autres qui suivront tant à Maroua qu’à Yaoundé prouveront le contraire et révèleront que le mal est bien profond malgré qu’il reste masqué par d’autres considérations liées à la honte qui favorise le mutisme des femmes qui en souffrent dans le silence. Il est prouvé à ce jour que les fistules obstétricales sont une cause majeure d’invalidité et d’exclusion dans les pays en voie de développement. Les femmes qui en souffrent ne sont pas autorisées à faire la cuisine pour la maisonnée du fait des odeurs qu’elles trainent à longueur de journée. Elles ne partagent pas non plus les repas avec le reste de la famille et vivent même à l’écart de la communauté dans certains cas…
En langage plus simple, lorsqu’un traumatisme produit à la fois, la déchirure d’une paroi du vagin et de la vessie, les deux cavités se mettent en contact tels les vases communicants et permettent que l’urine coule dans le vagin. Cela peut aussi se produire entre le vagin et le rectum. Dans ce cas ce sont les selles qui coulent à travers le vagin. Mais il arrive aussi que les selles et l’urine coulent toutes deux à travers la voie vaginale. Mais les fistules dans le sens général sont des trous sur un organe quelconque.
Accouchements compliqués. Dans la région de l’Extrême Nord par exemple, les enquêtes ont prouvé que chaque année, 50 à 200 nouveaux cas sont enregistrés. Il n’est pas exclu que ce chiffre soit plus important dans la mesure où sur les trois millions d’habitants que compte la région, 11 370 cas d’accouchements sont attendus chaque année. Toutefois seuls 6000 –presque la moitié- sont enregistrés dans les formations sanitaires. Ce qui laisse subodorer qu’autant une bonne frange de femmes n’a pas accès à un spécialiste à l’accouchement, autant une multitude d’autres déjà atteintes ne consultent pas pour le cas des fistules obstétricales.
La campagne de Maroua ci-dessus a pourtant permis que 16 femmes soient opérées entre le 8 et le 18 mars. Parmi celles-ci, dix avaient l’urine qui coulait à travers le vagin et pour une autre c’étaient les selles qui coulaient ainsi.
En 2010, à l’occasion de la nouvelle année et de la journée internationale de la femme, le Centre hospitalier universitaire –Chu- entrait en jeu avec l’organisation d’une campagne similaire. 28 femmes ont ainsi été admises au bloc opératoire pour les mêmes causes entre le 25 janvier et le 25 mars. Mais seulement 26 seront finalement opérées avec succès. Une séance de témoignages est programmée dans l’enceinte du Chu dans deux semaines. Ce sera également une activité à inscrire dans le registre des activités de sensibilisation de la population souffrante de ces fistules obstétricales.
Dans la région du Centre, ce sont plutôt 35 à 210 cas de fistules obstétricales qui sont enregistrés chaque année. Les accouchements précoces sont une des principales causes de ces fistules obstétricales. Dr Tebeu conseille par exemple la première maternité dès l’âge de vingt ans. Le personnel médical accoucheur reste aussi à sensibiliser car les fistules sont aussi occasionnées par un travail prolongé et difficile. Celui-ci selon l’expert ci-dessus ne devrait pas excéder 12 heures. Il est à noter que non traitées, les fistules peuvent causer de nombreux ulcères et infections autant que des maladies rénales ou la mort.
Maladies répandues dans les pays pauvres d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud du fait de l’insuffisant accès aux soins obstétriques, les fistules affectent 50 000 à 100 000 femmes chaque année dans ces parties du monde. Au Cameroun des experts en la matière sont encore en nombre insuffisant. En dehors de Dr Tebeu, véritable pionnier dans ce domaine, seuls des médecins ayant pris part aux symposiums organisés lors des campagnes de Maroua et Yaoundé ci-dessus peuvent prendre en charge avec une certaine efficacité ce mal. La campagne de réparation gratuite des fistules obstétricales du Chu se poursuit d’ailleurs. Elle est l’œuvre d’une collaboration internationale.