Enquêtes d'Etat: Les membres du Gouvernement embarrassent Paul Biya

Yaoundé, 18 mars 2013
© Nelson Ze Evina | Le Soir

L'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur les affaires de souveraineté est devenue un véritable générateur de corruption et de détournement des fonds publics tant, elle donne forcément lieu aux décaissements colossaux pour faire fonctionner la commission d'enquête et autres comités divers dont les résultats ne sont jamais rendus publics.

L'instruction d'une enquête à la suite d'un scandale, une calamité ou une catastrophe apparaît plus que jamais pour les pouvoirs publics, comme le moyen par excellence d'archiver le dossier, dès lors que ce dernier enfonce, met en indexe ou implique des hautes personnalités. Telle attitude expose dangereusement les habitants, et leurs biens aux dérives excessives et dévastatrices, ferraillées par certains prédateurs aux mœurs totalement dépravées. Ce panel de bandits à col blanc ne rate la moindre occasion de prendre la direction des opérations, ou le pilotage d'une enquête. Question de se bourrer impunément les poches avec le budget de fonctionnement des rencontres fictives mieux, exemptes de l'obligation des résultats. Pour preuve, nombre ou presque la totalité des différentes commissions d'enquête instruites par le Chef de l'Etat ne livrent pas leur copie. Cela se passe sous le regard impuissant et surtout complice des pouvoirs publics. Ces délinquants se gavent à satiété dans le réfectoire de la forfaiture, et s'abreuvent dans la source de la gabegie pour tromper le Chef de l'Etat et le contribuable. Car les enquêtes supposées ne livrent pas toujours les résultats pour permettre à la justice de pouvoir engager les poursuites contre ces actes répréhensibles. Ici, la comptabilité publique justifie rarement les décaissements massifs dans les caisses de l'Etat opérés par les commissions d'enquête. Plus étonnant alors, même sans avoir atteint les résultats escomptés, personne ni le Parlement, encore moins le bras armé de la corruption et des détournements n'arrivent à leur imputer cet argent indûment perçu. Les vautours s'inquiètent absolument de rien du tout. Pourtant, ce pan de corruption et de détournement où Paul Biya n'y voit que du feu, devrait être pris très au sérieux par la CONAC, l'ANIF, le PNG et la Cour des Comptes. Les cas de défaillance et de vulnérabilité de l'autorité de l'Etat, face à la défiance desdits criminels à col blanc, font florès dans la société.


Décryptage

Les fronts d’insolence des sectes, le tribalisme, le favoritisme et la corruption sont presque devenus familiers. Ils renvoient à l’incapacité de l’Etat à servir vigoureusement pour neutraliser les projectiles foudroyant contre les lois de la République. Dans la foulée, des repères les plus déroutants, qui exprime l'indignation, soulèvent de vives inquiétudes voire la psychose généralisée au sein de la population abandonnée à leurs monstres, nous pouvons résumer la situation en quelques manchettes. Il y a un peu plus de 17 ans en 1995, il s'est produit le crash du Boeing 737-200 (le Nyong). C'était à Douala. La catastrophe aérienne a coûté la vie à 71 passagers. A ce jour, les ayant-droit des victimes ne reçoivent pas le moindre radis concernant les indemnisations. Le statu quo lui, continue de prévaloir au mépris du choc des familles dont on ne se doute pas que certaines furent complètement décimées. La CAMAIR à laquelle appartenait l'aéronef a été liquidée et remplacée par la CAMAIR-CO. Cette mutation se passe sans que les 32 milliards qui auraient du permettre d’indemniser les familles soient débloqués. Les enquêtes et commissions diverses créées à cet effet, n’ont jusque-là permis à la justice d’établir les responsabilités dans l’accident. Au demeurant, l’oubli a permis de noyer l’affaire. L’on parle d'un violent courant de corruption et de détournement avec à la manœuvre, certains hiérarques du régime. Face aux révélations qui auraient pu éclabousser ce conglomérat de dignitaires du régime, l'Etat semble avoir opté pour le silence, laissant les familles des victimes dans la confusion et la désolation. L'autre cliché identifié exprime non seulement l'indignation mais surtout, soulève l'inquiétude des populations abandonnées à leurs monstres, c'est l'explosion il y a plus d'une décennie, de la poudrière du Quartier Général à Yaoundé. L'ouverture d'une enquête instruite par la bouche la plus autorisée en matière de Défense, et l'Etat tarde toujours à livrer les secrets et les dessous dudit incident dont les dégâts matériels pourraient être énormes. Le résultat des investigations n'est jamais porté à la connaissance du peuple. Figure dans la même manche, l'opération d'indemnisations des déguerpis des sites riverains du barrage de Mekin et le port en eau profonde de Kribi. Egalement resté un mystère atterrant, la livraison des secrets de l'enquête ordonnée au sujet de nombreuses attaques pour le moins insolites menées par «les bandits non identifiés» contre les positions des Forces de Défense dans la presqu'ile de Bakassi. Un feuilleton d'agressions virtuelles dont la dernière violente attaque a couté la vie à plus de 20 soldats camerounais. L'autre point d'ancrage et le dernier dans les casernes, met en relief l'aboutissement des investigations ouvertes sur l'abattage massif des éléphants dans le parc de Bouba Ndjidda, ainsi que la rafale tirée par un élément de la GP lors du passage du cortège présidentiel de retour de la Coupe du Cameroun édition 2012. Cerise sur le galon, nous serons au regret d'être obligé de nous interroger sur l'identité des 05 Colonels et magistrats présumés être impliqués dans le scandale qui a emporté le 07 Février dernier, le TPG de Yaoundé. Par ailleurs, l'opinion attend toujours en vain, la livraison des conclusions de l'enquête dans l'affaire du vol ou du présumé décès du bébé de Vanessa Tchatchou. Le Chef de l’Etat a personnellement ordonné une enquête sur la disparition du bébé à l’Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé. L’affaire a fait de grosses vagues dans l’opinion et la société civile, jusqu’à l’international. Le Pr Doh Anderson Sama, le DG de la formation hospitalière de référence y a laissé ses plumes dans cette controverse. Aujourd'hui, la tempête est passée, place au beau temps. L'affaire s'est curieusement tassée. Intimidations, trafics d'influence, la corruption et le copinage n'entendaient pas rater le coche. Le rouleau compresseur a réussi à museler la jeune maman du bébé, toute l'agitation et cogitation de la société civile et le landernau politico- intellectuel, dans et autour de cette fable.


Ondes de choc

Autre lieu, autre tragédie. Nous sommes au Hilton Hôtel. Il y a quelques années, Djomo Pokam, étudiant à L'Université de Yaoundé I, passait à trépas. Le jeune homme avait été violé, froidement torturé puis assassiné, avant d'être défenestré en plein jour. Ce fut là, l'une des démonstrations de force les plus arrogantes des homosexuels au Cameroun. La première collecte de renseignements faisait alors peser de lourds soupçons sur deux célèbres hauts placés du régime. Le dossier de cette grossière barbarie tout comme la victime, reposent dans les tiroirs de l'oubli. Les vrais commanditaires seraient toujours en liberté. Le pauvre personnel de l'hôtel est embastillé au pénitencier de Kondengui. L'affaire est purement et simplement classée. Une brève escale à la Cour des Comptes, le magistrat Biakan a été froidement abattu dans son domicile à Yaoundé. L'ultime butin emporté par ses assaillants n'était que les documents de la victime. Mais au-delà de l'opacité de l'hypothèse selon laquelle le magistrat détenait des documents qui accablent certains gros prédateurs activement recherchés par le rapace des tropiques est à considérer. La réouverture de l'enquête sur le procès kafkaïen ayant abouti à la condamnation à 15 ans de prison de Michel Thierry Atangana pour les mêmes faits confirme une fois de plus, comment Paul Biya n'a pas la bonne information. Des cas du genre sont à la pelle. Les résultats de différentes enquêtes sont influencés, biaisés ou tout simplement placardés, laissant le Chef de l’Etat et le peuple excentrés de la vérité.



26/03/2013
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