Enquête : Sur les traces des assassins de Pius Njawé
Écrit par Cédric Mbida | Yaoundé Vendredi, 13 Août 2010 10:20
Décès de Pius Njawé : En marge de l’enquête du Fbi, la thèse d’un complot de l’opposition camerounaise prospère.Selon des informations concordantes, le fondateur du quotidien Le Messager aurait été fauché par des leaders de l’opposition camerounaise qui redoutaient qu’il devienne le seul challenger crédible contre Biya. Fru Ndi qui aurait flairé le coup tordu a boudé le forum de Washington. Décryptage.
Intuitif et flaireur devant l’Eternel, le président du Social democratic front (Sdf) Ni John Fru Ndi n’a pas répondu favorablement à l’invitation de Camdiac (une organisation de la diaspora camerounaise) inconnue jusqu’à l’organisation du forum du 10 juillet 2010 à Washington. Le chairman a tout simplement décliné l’invitation de la diaspora. Et pour cause, il trouvait et trouve encore soupçonneux, ce type d’évènement qui s’organise à plusieurs milliers de kilomè-tres du Cameroun, mais, qui est sensé régler les problèmes de l’alternance à Etoudi. Joint au téléphone, John Fru Ndi dénonce la manière dont se sont pris les organisateurs pour le convier à cette rencontre. «Quelqu’un m’a appelé au téléphone pour m’inviter. Il m’a dit qu’il le fait au nom de Bedzigui et un certain Djamen. Je n’ai pas aimé cette façon de faire. J’ai trouvé les choses précipitées puisque il ne restait plus que quelques temps entre le jour de ce coup de fil et celui de la date du forum», confie le baron de Ntarikon. Dans la foulée, il regrette que des leaders comme Adamou Ndam Njoya aient participé à une histoire improvisée. Cette sortie de Fru Ndi fait dire à de nombreux analystes politiques que c’est son intuition qui l’a emmené à sentir le coup foireux. Ce même flair qui a manqué à Njawé.
Connaîtra-t-on enfin les vraies circonstances de la mort de Pius Njawé ?
Nul ne peut y parier un seul sou. Tant les scénarios, même les plus invraisemblables, se succèdent sans convaincre autour des détails de la mort de cette icône de la liberté de la presse en Afrique. La première thèse rapportée faisait cas d’un accident provoqué par un camion tracteur, survenu à la suite d’un éclatement d’une roue du véhicule qui transportait Pius Njawé. Cette version a été très vite balayée par celle du même véhicule percuté à l’arrière par le même camion tracteur alors qu’il circulait sereinement sur la chaussée. Et puis subitement une voiture légèrement amochée est présentée par la presse nationale (y compris Le Messager), comme la Lexus berline à bord de laquelle se trouvait le journaliste. Quelques jours après, ce sont les photographies d’une voiture de même marque stationnée dans un garage qui sont présentées par les mêmes journaux comme «les photos de la vraie voiture accidentée». Le quotidien Le Messager va même avouer son erreur. Dans un éditorial peu ordinaire, Jean Baptiste Sipa présente des excuses aux lecteurs pour cette faute technique due aux «aléas de l’information». C’est que, même les collaborateurs immédiats de Pius Njawé ne savent plus à quel saint se vouer, encore moins, à quelle version de l’histoire croire.
Cédric Mbida
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