Enquête: Révélations sur l'assassinat de Luc Holong

YAOUNDÉ - 05 Avril 2012
© Evariste MENOUNGA | Mutations

L'officier de police a formellement reconnu un des tueurs, aujourd'hui en garde à vue à la Division régionale de police judiciaire.

Les choses sont allées très vite au niveau des fins limiers de la Division régionale de la police judiciaire pour le Centre (Drpjc) à qui l'enquête a été confiée, l'un des trois membres du gang de malfrats qui a assassiné l'officier de police Luc Holong a été interpellé et mis à la disposition des enquêteurs. Le suspect qui est présentement exploité à la Drpjc aurait été formellement reconnu par l'officier de police défunt Luc Holong, en dépit de la cagoule qu'il arborait et avec laquelle il s'est pointé au domicile du défunt la nuit du forfait. Un malfrat dont l'identité n'a pas été révélée par les enquêteurs pour des raisons évidentes de confidentialité. Et de fait, des recherches se poursuivent activement pour repêcher les deux autres membres du gang en cavale.

Avant de passer à l'action, le tueur cagoulé aurait exigé de l'officier qu'il ne dévoilât pas son identité, en contre partie de la sauvegarde et de la vie des enfants et de l'épouse qu'il menaçait de liquider si la victime s'entêtait.

Entre autres pistes, indique-t-on à la Beac, les enquêteurs semblent s'intéresser aux éléments du Gmi en poste au ministère des finances et notamment à un des responsables du poste avec qui Luc Holong avait des rapports conflictuels. En cause, la distribution aux policiers de l'argent mis à leur disposition par la direction nationale de la Beac en rétribution de leur mission de convoie des fonds. En effet, en sa qualité de chef de convoie, Luc Holong était chargé de requérir, le temps d'une matinée, la mise à sa disposition des éléments du Gmi affectés à la surveillance des édifices publics.

De grosses divergences seraient nées entre lui et le chef de poste des finances qui entendait voir, en même temps, augmenter le nombre de ses éléments commis à cette tâche et se voir confier la distribution aux éléments issus de son poste, la distribution des frais payés à chacun. Ce à quoi s'opposait l'officier Holong qui préférait remettre de l'argent en mains propres à ceux qui avaient convoyé les fonds.


Cuisine

Des sources proches de l'enquête, l'on se montre peu disert sur le film des évènements. Tout au plus se contente-t-on d'indiquer que dans la nuit de lundi à mardi trois individus se sont pointés vers 03 heures du matin au domicile de l'officier Luc Holong. Sous la conduite du suspect interpellé qui était manifestement un habitué des lieux, les trois tueurs accèdent par la cuisine comme le fait habituellement le maître des lieux lorsqu'il arrive à une heure tardive chez lui. Comme le fait Luc Holong, les malfrats déplacent le contre-plaqué qui remplace la vitre cassée de la porte de la cuisine. Ce qui leur permet d'accéder au verrou intérieur qui est aisément déverrouillé. Une fois à l'intérieur et dans la plus grande discrétion, ils empruntent le couloir qui mène à la chambre conjugale du maître des lieux.

Une chambre ouverte, attenante à celle des enfants, à laquelle ils accèdent aisément. Luc Holong est brutalement sorti de son lit sous la menace d'une arme pointée sur lui. A peine a-t-il le temps de réaliser ce qui lui arrive qu'on lui intime l'ordre de remettre les deux armes de poing dont il est détenteur. Il s'exécute et remet une seule, tout en expliquant que l'autre a été confiée à un de ses éléments en poste à la direction nationale de la Beac. Les tueurs qui croient dur comme fer que l'officier de police est en train de les flouer et qu'il s'agit d'un stratagème pour gagner du temps, se montrent plus insistants et, après diverses menaces, finissent par exécuter la sentence.

Luc Holong reçoit dans l'abdomen et à bout portant, une décharge de plombs du calibre 12 aux canons sciés. Aussitôt le forfait commis, les trois malfrats se fondent dans la nuit, sans rien emporter, si ce n'est l'arme de poing et les deux téléphones portables de l'officier de police. Il se décidera à prendre lui-même sa voiture pour se rendre à l'hôpital, avant d'être dissuadé par ses proches. C'est alors qu'il fera usage d'un autre téléphone portable pour alerter son père, le colonel Holong, qui rappliquera aussitôt. Luc aura eu le temps de s'entretenir avec son père pendant près de 45 minutes avant de rendre l'âme.



05/04/2012
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