Enquête express / Nuits mouvementées à Abidjan - Comment les populations se barricadent : Tout sur la psychose nocturne
Enquête express / Nuits mouvementées à Abidjan - Comment les populations se barricadent : Tout sur la psychose nocturne
(Soir Info 21/12/2010)
Les nuits à Abidjan, notamment dans les quartiers populeux comme Koumassi, Abobo, Marcory, Treichville, Adjamé et Yopougon, sont devenues longues pour la plupart de ceux qui y habitent. Les populations dorment d’un œil et ont fini par développer des réflexes, pour disent-elles, ‘’assurer’’ leur sécurité face à des hommes en arme et en cagoule qui troublent leur sommeil depuis quelques jours en plein couvre-feu. ‘’Depuis l’instauration du couvre-feu, des hommes en arme ne cessent de faire irruption dans les habitations pour y extraire des personnes qui sont soumises à des actes de barbarie si elles ne sont pas exécutées’’, nous ont expliqué plusieurs personnes interrogées à Koumassi, Marcory et Treichville. Selon elles, l’attitude de ces ‘’dragons de nuit’’ a crée la psychose chez les populations qui, désespérées par l’absence de protection des forces légales, ont décidé de prendre leur destin en main.
Pour combattre donc, ce qu’il convient d’appeler la psychose nocturne, les populations ont décidé non seulement de se barricader à domicile mais mieux, elles ont pris des mesures pour sécuriser les sous-quartiers et les artères principales. En effet, dans les concessions, l’on a changé ou renforcé les serrures ainsi que celles des grands portails d’entrée. Dans les sous quartiers comme sur les voies principales, les jeunes notamment, à quelques minutes de l’heure officielle du couvre-feu (22h00), obstruent les différentes voies avec des déchets et toute sorte de matériels de fortune, l’essentiel étant d’empêcher ‘’leurs bourreaux’’, d’accéder avec leurs véhicules dans les quartiers. Mais face à la perméabilité des frontières érigées, les populations ont décidé de recourir à un système rapide de regroupement et de dissuasion des ‘’invités indésirables’’. Il s’agit du recours aux sifflets et aux casseroles. De fait, lorsque les jeunes qui se sont organisés pour faire la garde, aperçoivent des véhicules ou des individus suspects, automatiquement ils donnent l’alerte à travers leurs sifflets. Comme convenu, les autres habitants, surtout les hommes qui ont aussi leurs sifflets se mettent à faire du bruit.
Explications diverses
Quant aux femmes, elles tapent sur des casseroles pour renforcer le vacarme créé. Ainsi, tout le quartier ou tout le secteur se met en éveil. Les ampoules sont allumées dans toutes les maisons et dans le quartier. Tout cela, pour mettre en déroute les visiteurs qui auraient des intensions lugubres. ‘’Depuis que nous avons mis en place, ces systèmes, les hommes en armes, sont de moins en moins présents dans le quartier’’, nous a confié un habitant de la commune de Koumassi. Mais, malgré les barrages de fortune, installés par les populations, des coups de feu sont entendus souvent en milieu de nuit. Ces tirs nourris qui durent parfois une demi-heure et qui ont été récurrents un peu partout dans le district d’Abidjan, principalement dans les quartiers à fort peuplement, sont expliqués différemment, par les populations et par les forces de sécurité. Aux dires des populations, les hommes en arme qui agissent ainsi, ont le plus souvent une allure bizarre et sont très excités. ‘’Ils jettent des bombes lacrymogènes dans les cours et tirent des balles quelques fois réelles dans tous les sens. Ils sont sans état d’âme’’, nous a expliqué un jeune homme résidant à Adjamé-Dallas. Interrogé sur la question, un membre des forces de sécurité qui a requis l’anonymat, a rejeté en bloc ces allégations. ‘’Nous ne pouvons pas traumatiser les populations. Bien au contraire, nous sommes là pour les sécuriser et pour faire respecter le couvre-feu en vigueur’’, nous a-t-il précisé. Toutefois, notre interlocuteur a reconnu qu’il est arrivé quelques fois, que des patrouilles ont usé des tirs de sommation ou de gaz lacrymogènes pour disperser des ‘’suspects’’ qui traînent pendant le couvre-feu. ‘’Dans certains quartiers, des jeunes tentent, par tous les moyens, de nous empêcher de circuler. Pour notre propre sécurité, nous sommes quelques fois, obligés d’user des moyens conventionnels dont nous disposons pour les en dissuader’’, a-t-il précisé. Le constat sur le terrain est que les populations soutiennent mordicus qu’elles sont traumatisées par des hommes en arme. Du côté des forces régulières, on insiste pour dire que les patrouilles organisées pendant le couvre-feu, n’ont qu’un seul but : Maintenir l’ordre dans la nuit et sécuriser les populations. Qui donc crée la psychose pendant le couvre-feu ? La question demeure et amène à conclure que les choses de la nuit, sont difficiles à maîtriser !
Réalisée par BAMBA Idrissa
(Soir Info 21/12/2010)
Les nuits à Abidjan, notamment dans les quartiers populeux comme Koumassi, Abobo, Marcory, Treichville, Adjamé et Yopougon, sont devenues longues pour la plupart de ceux qui y habitent. Les populations dorment d’un œil et ont fini par développer des réflexes, pour disent-elles, ‘’assurer’’ leur sécurité face à des hommes en arme et en cagoule qui troublent leur sommeil depuis quelques jours en plein couvre-feu. ‘’Depuis l’instauration du couvre-feu, des hommes en arme ne cessent de faire irruption dans les habitations pour y extraire des personnes qui sont soumises à des actes de barbarie si elles ne sont pas exécutées’’, nous ont expliqué plusieurs personnes interrogées à Koumassi, Marcory et Treichville. Selon elles, l’attitude de ces ‘’dragons de nuit’’ a crée la psychose chez les populations qui, désespérées par l’absence de protection des forces légales, ont décidé de prendre leur destin en main.
Pour combattre donc, ce qu’il convient d’appeler la psychose nocturne, les populations ont décidé non seulement de se barricader à domicile mais mieux, elles ont pris des mesures pour sécuriser les sous-quartiers et les artères principales. En effet, dans les concessions, l’on a changé ou renforcé les serrures ainsi que celles des grands portails d’entrée. Dans les sous quartiers comme sur les voies principales, les jeunes notamment, à quelques minutes de l’heure officielle du couvre-feu (22h00), obstruent les différentes voies avec des déchets et toute sorte de matériels de fortune, l’essentiel étant d’empêcher ‘’leurs bourreaux’’, d’accéder avec leurs véhicules dans les quartiers. Mais face à la perméabilité des frontières érigées, les populations ont décidé de recourir à un système rapide de regroupement et de dissuasion des ‘’invités indésirables’’. Il s’agit du recours aux sifflets et aux casseroles. De fait, lorsque les jeunes qui se sont organisés pour faire la garde, aperçoivent des véhicules ou des individus suspects, automatiquement ils donnent l’alerte à travers leurs sifflets. Comme convenu, les autres habitants, surtout les hommes qui ont aussi leurs sifflets se mettent à faire du bruit.
Explications diverses
Quant aux femmes, elles tapent sur des casseroles pour renforcer le vacarme créé. Ainsi, tout le quartier ou tout le secteur se met en éveil. Les ampoules sont allumées dans toutes les maisons et dans le quartier. Tout cela, pour mettre en déroute les visiteurs qui auraient des intensions lugubres. ‘’Depuis que nous avons mis en place, ces systèmes, les hommes en armes, sont de moins en moins présents dans le quartier’’, nous a confié un habitant de la commune de Koumassi. Mais, malgré les barrages de fortune, installés par les populations, des coups de feu sont entendus souvent en milieu de nuit. Ces tirs nourris qui durent parfois une demi-heure et qui ont été récurrents un peu partout dans le district d’Abidjan, principalement dans les quartiers à fort peuplement, sont expliqués différemment, par les populations et par les forces de sécurité. Aux dires des populations, les hommes en arme qui agissent ainsi, ont le plus souvent une allure bizarre et sont très excités. ‘’Ils jettent des bombes lacrymogènes dans les cours et tirent des balles quelques fois réelles dans tous les sens. Ils sont sans état d’âme’’, nous a expliqué un jeune homme résidant à Adjamé-Dallas. Interrogé sur la question, un membre des forces de sécurité qui a requis l’anonymat, a rejeté en bloc ces allégations. ‘’Nous ne pouvons pas traumatiser les populations. Bien au contraire, nous sommes là pour les sécuriser et pour faire respecter le couvre-feu en vigueur’’, nous a-t-il précisé. Toutefois, notre interlocuteur a reconnu qu’il est arrivé quelques fois, que des patrouilles ont usé des tirs de sommation ou de gaz lacrymogènes pour disperser des ‘’suspects’’ qui traînent pendant le couvre-feu. ‘’Dans certains quartiers, des jeunes tentent, par tous les moyens, de nous empêcher de circuler. Pour notre propre sécurité, nous sommes quelques fois, obligés d’user des moyens conventionnels dont nous disposons pour les en dissuader’’, a-t-il précisé. Le constat sur le terrain est que les populations soutiennent mordicus qu’elles sont traumatisées par des hommes en arme. Du côté des forces régulières, on insiste pour dire que les patrouilles organisées pendant le couvre-feu, n’ont qu’un seul but : Maintenir l’ordre dans la nuit et sécuriser les populations. Qui donc crée la psychose pendant le couvre-feu ? La question demeure et amène à conclure que les choses de la nuit, sont difficiles à maîtriser !
Réalisée par BAMBA Idrissa
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