Enoh Meyomesse milite pour l’abolition de la justice militaire

DOUALA - 13 NOV. 2014
© Robert Ndonkou | Cameroon-Info.Net

 

Pour l’écrivain et homme politique emprisonné à Yaoundé, elle est « d’un autre temps » et ne sert qu’à régler leur compte aux opposants politiques.

 

 

Enoh Meyomesse
Photo: (c) Archives

 

L’inculpation récente de trois journalistes camerounais par le Tribunal militaire de Yaoundé pour « non dénonciation » n’a pas laissé indifférent Enoh Meyomesse. Dans une tribune parue le 12 novembre 2014 dans le quotidien Le Jour, l’écrivain et homme politique incarcéré à la prison centrale de Yaoundé après un procès au Tribunal militaire, conteste l’utilité de cette justice. Il la trouve dépassée. « Faudrait-il rappeler que le Cameroun est actuellement l’un des derniers pays du monde à recourir aux tribunaux militaires pour juger ses citoyens ? Quelle honteuse distinction que celle-là qui ne fait nullement honneur à notre pays ? », s’indigne l’opposant condamné en 2012 à sept ans d’emprisonnement ferme pour complicité de braquage à main armée et vente illégale d’or.

 

 

Pour étayer son propos, il cite les exemples de la France, de l’Angleterre, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie et de la Suisse, grandes démocraties d’Europe ayant aboli la justice militaire « il y a longtemps ». Il se demande pourquoi des militaires jugent des civils au Cameroun alors que dans les pays précédemment cités, ce sont les tribunaux civils qui le font. Le président national du Parena (Parti de la renaissance nationale) croit que la justice militaire est utilisée au Cameroun comme une justice politique « qui dit la politique et non le droit ». Il fait remarquer qu’elle a servi pour tous les procès politiques depuis l’indépendance du pays. Et, citant sept procès auxquels il ajoute le sien, il soutient que l’ « on se retrouve en plein dans le régime Ahidjo qui avait transformé les citoyens camerounais en zélés délateurs ». Enoh Meyomesse interroge aussi la constitution et la hiérarchisation des tribunaux militaires du Cameroun.

 

 

Il critique un nombre insuffisant de juges et personnels judiciaires militaires et poursuit par quelques interrogations. « Pourquoi dans le même temps, il n’existe guère de Cour suprême militaire ni un Conseil supérieur de la magistrature militaire ? Cela n’a pas de sens ! De même, pourquoi des magistrats militaires et pas des avocats et des huissiers militaires ? Anachronisme », répond Enoh Meyomesse. Qui ne comprend pas pourquoi des ministres sans une formation de magistrat comme Jean-Baptiste Mabaya, Sadou Daoudou, Gilbert Andzé Tsoungui, Michel Meva’a m’Eboutou et Edgar Alain Mebe Ngo’o en sont venus à obtenir la condamnation de personnes jugées par le Tribunal militaire.

 

 

Robert Ndonkou, Cameroon-Info.Net

 



14/11/2014
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