Enoh Meyomesse, Accentuer la lutte pour la chute de Paul Biya et de son régime
Tribune libre, 05 /01/2009. La coutume veut que l’avènement d’une nouvelle année s’accompagne de vœux aux parents, aux amis, et, pour les militants politiques, aux camarades de lutte. C’est pourquoi nous formulons, dans les lignes qui suivent, les nôtres à l’intention des innombrables Camerounais qui luttent pour que notre peuple sorte, enfin et définitivement, de la servitude dont il n’était pas parvenu à se débarrasser, ni le 1er janvier 1960, date de la proclamation de l’indépendance, ni le 1er octobre 1961, date de la proclamation de la reconstitution partielle de notre patrie (divisée arbitrairement le 4 mars 1916 par les franco-britanniques), à travers la réunification qui s’était produite, sans le Northern Cameroons, ni le 6 novembre 1982, date du limogeage d’Ahmadou Ahidjo par la France et l’affectation de Paul Biya à sa place.
LES 3 VICTOIRES DE 2008.
Les Camerounais en lutte pour la liberté ont remporté, au cours de l’année qui s’achève, trois victoires décisives sur le régime en place.
1- Le réveil de l’avant-garde révolutionnaire au mois de février 2008.
Comme tous les pays du monde, notre pays est constitué de trois grandes classes sociales qui luttent entre elles. Il s’agit de la classe populaire, de la classe moyenne, et des riches.
La classe populaire est constituée des masses paysannes, des gagne-petits des villes, des journaliers de l’administration publique, des petits agents de bureaux, des bayam-sellam, des petits commerçants, des petits boutiquiers, des pousseurs, des vendeurs d’eau, de goyaves, de papayes, d’ananas, des coiffeurs au bord des routes, des vendeurs à la sauvette, des conducteurs de taxis de ville et de brousse, des nanga boko, des laveurs de voitures, des call-boxeurs, du personnel domestique, des tâcherons du Bâtiment et des Travaux Publics, des ouvriers dans les usines, des chômeurs, et, naturellement, des étudiants.
La classe moyenne, quant à elle, est constituée des fonctionnaires moyens, des cadres de l’administration publique et privée, des hauts fonctionnaires et hauts cadres du secteur privé, des professions libérales, pharmaciens, avocats, notaires, huissiers, architectes, des entrepreneurs divers, des prestataires de services, etc .
Enfin, les riches sont, essentiellement, les membres du gouvernement, les parlementaires, les dirigeants des grandes institutions publiques, les grands cadres de l’administration publique gestionnaires de crédits publics, les gros commerçants et hommes d’affaires fraudeurs en douane et au fisc membres du Comité Central du Rdpc, les directeurs généraux des sociétés d’Etat, etc.
Comme dans tous les pays du monde, la classe révolutionnaire, naturellement, est la classe populaire. Et au sein de celle-ci, se trouve une avant-garde qui, au Cameroun, est constituée des jeunes désœuvrés des villes, diplômés ou non, des pousseurs, des vendeurs d’eau, de goyaves, de papayes, d’ananas, des coiffeurs au bord des routes, des vendeurs à la sauvette, des conducteurs de taxis de ville et de brousse, des nanga boko, des laveurs de voitures, etc. Cette avant-garde révolutionnaire s’est réveillée après une hibernation de 17 ans, suite à sa défaite de 1991 pendant les villes-mortes, et a fait une démonstration magistrale de sa puissance et de son énorme capacité à détruire le régime de Paul Biya au mois de février de l’année qui s’est achevée, l’année 2008. Elle a été au front du refus par la population du projet de Paul Biya de s’éterniser au pouvoir à la faveur d’une modification de la constitution. Pendant la chaude semaine de février 2008, le régime a été ébranlé, comme il ne l’avait plus été depuis 1991. Paul Biya en a véritablement pris peur, et a découvert, abasourdi, qu’une révolte populaire pouvait se produire à Yaoundé, son fief politique tribal, et, en conséquence, renverser son régime. Autrement dit, même les Beti, le groupe ethnique auquel il appartient, sont entrés dans la contestation. Lui, pour se consoler, s’obstine à affirmer que ceux-ci ont été manipulés. Quoi qu’il en soit, que les Beti puissent l’être, si tel avait été véritablement le cas en février 2008, constitue une victoire phénoménale pour les Camerounais épris de liberté, et qui présage de batailles futures dont l’une, inéluctablement, finira par être victorieuse.
2 – La modification de la constitution par le Parlement.
La modification de la constitution par le Parlement, plutôt que par voie référendaire, c’est-à-dire populaire, a constitué une défaite cuisante pour Paul Biya face aux Camerounais qui ne veulent plus de son régime. Il va sans dire que les Camerounais ne disposaient nullement du moyen d’empêcher le président de la République de réaliser ses desseins. N’empêche, ils lui ont, à travers le réveil de l’avant-garde révolutionnaire présentée ci-dessus, craché sur la face leur opposition à son projet. L’histoire l’a retenu.
3- L’extinction de l’opposition gouvernementale.
La plus grande réussite du régime du renouveau, les Camerounais n’en sont pas suffisamment conscients, aura été la manière avec laquelle celui-ci a corrompu toute l’opposition camerounaise, toutes chapelles confondues. Il n’existe, à ce jour, aucun leader de l’opposition, nous insistons bien sur AUCUN, qui n’ait, à un moment ou à un autre, avalé des morceaux de soya bien aromatisés du régime. Le jour, ils abreuvent le président de la République des pires injures qui soient. La nuit, ils se remplissent les poches de l’argent du régime. Que l’on se souvienne de la manière dont Mgr Tonye Bakot, l’Archevêque de Yaoundé, avait éclaboussé tous les chefs de partis politiques qui s’étaient retrouvés, avec lui, au mois de décembre 2006, au Premier ministère. A la sortie de la concertation avec les autorités gouvernementales, il s’était étonné, devant la presse, d’avoir reçu une enveloppe contenant la somme d’un million de francs cfa, en guise de « frais de carburant ». « De la cathédrale au Premier ministère, 1 kilomètre à peine, un million de francs, n’est-ce pas exagéré ? », telle avait été sa question. Mais, pendant que lui s’indignait ainsi devant la presse, aucun, nous insistons de nouveau sur AUCUN des présidents de partis politiques qui avaient pris part à la rencontre n’avait ouvert la bouche. Eux qui sont habituellement si prompts à dénoncer, dans la presse, « le régime corrompu, jusqu’à la moelle, de Paul Biya », étaient tous devenus subitement muets comme des carpes.
Devenus des prestataires politiques véritables du régime, ils n’œuvrent aucunement plus à sa chute, et, pis encore, crédibilisent plutôt la contre-vérité monumentale diffusée par le régime actuel et selon laquelle la démocratie est effective au Cameroun. C’est ainsi qu’ils participent à tous les scrutins dans l’unique but de négocier une entrée au gouvernement, et/ou d’obtenir de volumineuses enveloppes. Pour leur malheur, la population, depuis plus d’une décennie, a découvert cette supercherie. C’est pourquoi, d’un scrutin à l’autre, ces opposants véreux et corrompus à souhait, voient leur audience péricliter, au point où ils sont passés de 92 députés en 1992, à 18 en 2007. Signification : la population les a vomis.
A ce jour, lorsque le grand public se plaint de l’inexistence de l’opposition, il ne se rend pas compte, dans le même temps, qu’il a pris, lui-même, la seule décision qu’il lui restait à prendre face à ces politiciens félons et corrompus : leur tourner résolument le dos, en guise de punition. L’opposition, au Cameroun, a été mise k.o. par le peuple, parce qu’elle a trahi les immenses espérances placées en elle, du temps où il n’était pas encore aisé de découvrir qu’elle était au service du régime. Le peuple, qui n’est aucunement dupe, attend, à présent, quelque chose de neuf, une opposition nouvelle, une opposition pure, une opposition authentique qui pourra renverser ce régime, et non ce ramassis d’anciens rdépécistes qui se sont empressés, en 1991-1992, de créer des partis d’opposition, ou qui continuent à le faire à ce jour. Quiconque a été, l’espace d’un seul jour, rdépéciste, est totalement impur aux yeux des Camerounais en lutte pour leur liberté. Cette opposition nouvelle et authentique qu’attend le peuple, celui-ci lui fournira des troupes pour monter à l’assaut du régime, et, au bout du compte, Paul Biya sera renversé.
VOICI 2009 !
Voici 49 ans que l’indépendance a été proclamée et 48 ans que la réunification partielle l’a été également. Ces ô combien longues années, le moins que l’on puisse dire, n’ont nullement été des années de réjouissances pour les Camerounais, toutes classes sociales confondues. Elles se sont traduites par 22 années d’une dictature sanguinaire terrible, 1960-1982, huit années d’une dictature assouplie, 1982-1990, et nous vivons depuis 18 ans, 1991-2008, sous un multipartisme non démocratique. Le meilleur qualificatif du régime de Paul Biya est, « une République monarchique », dont le roi-président et la reine-première dame, écrasent toute la population.
Que faire donc, au courant de l’année 2009, pour débarrasser notre pays de ce régime et amener notre peuple à vivre, enfin, la liberté ?
1- Sortir du mythe de l’arme suprême de la candidature unique de l’opposition.
Nombreux sont les Camerounais lassés du régime actuel – qui en est déjà, rappelons-le, à sa 27ème année d’existence – qui se sont persuadés du fait que, compte tenu du scrutin à un tour qui prévaut, seule une candidature unique de l’opposition est de nature à venir à bout de Paul Biya. Ce raisonnement est, fondamentalement, erroné pour la bonne raison que, 0 + 0 + 0 + 0 = 0, autrement dit, une somme de zéros, quel qu’en soit le nombre, ne donne que zéro. Seule une somme de valeurs positives donne une valeur positive, et pas une somme de valeurs nulles. Actuellement, face à Paul Biya, c’est le néant qui règne. Que pourra donc donner la somme de ce néant, un regroupement de celui-ci à une élection, même si elle est juste et transparente ? La réponse est connue d’avance, rien du tout. Bien plus grave, toute tentative de désignation d’un candidat unique de l’opposition se transforme rapidement en un appel à la corruption des leaders de celle-ci, par le régime. Ce dernier s’empresse, aussitôt, de remplir des valises d’argent qu’il distribue aux protagonistes, et, ainsi que le dit la célèbre chanson, « le tour est joué ». Zéro candidat unique. Tel a été le cas en 1992, et, tout récemment encore, en 2004.
2- Présenter aux Camerounais un projet alternatif plutôt qu’une entente entre individualités.
Question : pourquoi l’opposition camerounaise, à ce jour, ou, tout au moins, ce qui en tient lieu, est-elle une somme de zéros ? Deux réponses : 1er , c’est une opposition nourrie et entretenue par le régime ; 2ème , il n’existe aucune différenciation entre son discours et celui de Paul Biya. C’est exactement la même vacuité dans les thèmes, le même bla-bla-bla-bla. Autant Paul Biya est ennuyeux lorsqu’il ouvre la bouche, autant les leaders de l’opposition le sont également. Tous tiennent des discours soporifiques. Alors, la population ne se retrouve ni dans l’un, ni dans les autres. Et dans une telle situation, c’est Paul Biya qui sort vainqueur, tout simplement parce que, aux yeux de la population, c’est lui qui détient le pouvoir, donc la nourriture, et pas ces baratineurs qui prétendent prendre sa place alors que tout prouve qu’ils ne le peuvent pas.
Pour que l’opposition camerounaise, à ce jour, puisse constituer une menace politique véritable pour Paul Biya, elle doit, après avoir au préalable rompu le cordon ombilical financier qui la lie au régime, offrir, à la population, un projet politique véritablement alternatif. Elle doit lui offrir une vision différente de notre pays, qui soit en rupture totale avec celle de Paul Biya. Ainsi, l’électeur se retrouvera face à un véritable choix. Malheureusement, jusqu’à ce jour, l’opposition n’est nullement parvenue à le faire. Un exemple : quel avait été le contenu du célèbre slogan « power to the people » en 1991-1992 ? Aucun. Et pourtant, ce slogan, en soi, en son temps, avait été extrêmement mobilisateur. Mais, il était totalement vide. Alors, il n’a pu contenir, pendant longtemps, le nombre incalculable de Camerounais qui y avaient adhéré.
3- Acculer Paul Biya avec ses lois scélérates et le placer dans la situation de Robert Mugabe à qui la communauté internationale exige, de manière croissante, la démission.
Nombreux sont les Camerounais qui affirment : « tant qu’il ne sera pas créé un organe indépendant chargé de l’organisation des élections, nul ne pourra battre Paul Biya ». Ce raisonnement est, d‘une part erroné, d ‘autre part démobilisateur.
Il est erroné parce que, jusqu’à preuve du contraire, le Rdpc est battu dans le Noun, par exemple, depuis que le multipartisme a été réintroduit au Cameroun. L’opposition remporte, haut la main, les élections dans ce département, sans qu’il existe cet organisme indépendant d’organisation des élections. Pour quelle raison cela ne serait-il pas possible sur le plan national ?
Il est démobilisateur parce qu’il ne tient pas compte des expériences du passé. Si les Afro-Américains avaient tenu un tel discours, vis-à-vis de l’Amérique blanche, ils n’auraient jamais pu conquérir leurs droits civiques. Bien mieux, un afro-Américain ne se retrouverait pas, à ce jour, président des Etats Unis d’Amérique. Ils pouvaient se dire : « que pouvons-nous faire face à des lois qui nous sont défavorables, à une police, à une armée qui nous sont hostiles, et à la communauté blanche, majoritaire, qui détient le pouvoir et qui nous est opposée ? » De même, si les Sud Africains avaient, en se fondant sur la suprématie blanche, renoncé à luter pour l’abolition de l’apartheid, ce régime odieux de discrimination n’aurait jamais été vaincu. Si les nationalistes camerounais, en 1948, à la tête desquels se trouvait Ruben Um Nyobè, avaient estimé que le colonialisme était beaucoup trop puissant pour oser l’affronter, le Cameroun n’aurait pas vu son indépendance proclamée le 1er janvier 1960, ni sa réunification partielle réalisée le 1er octobre 1961. Et pourtant, engager la lutte contre le colonialisme, en 1948, paraissait, tout bonnement, insensé. Il n’existait, en ce temps-là, aucun exemple de pays africain ayant obtenu son indépendance. Bien mieux, une bonne partie de la population camerounaise s’était résignée à l’idée que nul ne pourrait jamais ébranler la suprématie blanche dans notre pays.
Il est démobilisateur, enfin, parce qu’il transforme Paul Biya, aux yeux de la population, en un être invincible. Pourtant, son propre comportement prouve tout le contraire. Si son gouvernement s’atèle tant à corrompre l’opposition, à élaborer des stratégies de fraude aux élections, cela signifie bien une chose, qu’il n’est nullement plus maître de la situation, que la population s’est émancipée politiquement de lui, qu’il est conscient du fait que celle-ci lui a, déjà, depuis bien longtemps, tourné le dos. Il ne se prépare à frauder que parce qu’il est assuré, d’avance, d’être battu.
Les Camerounais épris de liberté doivent adopter une attitude nouvelle face à Paul Biya. Ils doivent le pousser jusqu’à ses derniers retranchements. Qu’est-ce à dire ? Les ambassadeurs des pays occidentaux ont exercé, sur lui, une pression telle qu’il s’est trouvé, après avoir longtemps traîné des pieds, contraint de créer Elections Cameroon, ELECAM. Ce faisant, toutefois, il a cru pouvoir trouver une parade à leur exigence, un moyen de la contourner. Pour cela, il a, tout bonnement, nommé des membres du comité central et du bureau politique de son parti dans le « Conseil électoral », c’est-à-dire à la direction d’ELECAM. Naturellement, ceci a provoqué un tollé général de la population et du corps diplomatique accrédité à Yaoundé. Résultat, à ce jour, tout le monde est acquis par avance, à l’idée que les résultats de la prochaine élection présidentielle, si Paul Biya est déclaré vainqueur, seront truqués. S’en suivra, alors, une réprobation internationale et des tensions internes dont il n’est pas dit que l’issue lui sera favorable.
Toutefois, pour que le scénario puisse se produire, il importe, impérativement, que l’opposition se prépare à participer, de manière efficiente, à cette élection. En 2011, elle pourra alors, en cas de besoin, c’est-à-dire si Paul Biya ne reconnaît pas sa défaite, mener, avec succès, une campagne sur le thème de la « victoire volée », qui n’avait pas été pris en considération, il y a 17 ans, en 1992, ni par la communauté nationale, ni par la communauté internationale. Si c’est aujourd’hui que cela s’était produit, Paul Biya se serait retrouvé, dans le meilleur des cas, contraint de partager le pouvoir avec John Fru Ndi, à la manière de ce qui s’est passé au Kenya et au Zimbabwe, mais probablement pas avec le même bonheur que les deux dictateurs de ces deux pays, car il n’est pas, par exemple, Rober Mugabe qui a mené une guerre de libération nationale pour accéder au pouvoir, et le Rdpc n’est pas la ZANU-PF qui a arraché l’indépendance des mains des Blancs.
4- Passer de l’opposition saisonnière à l’opposition permanente.
L’opposition camerounaise doit passer des partis politiques à l’activité saisonnière, à des partis politiques à l’activité permanente. Le malheur de l’opposition camerounaise est que, la grande majorité de ses leaders sont d’anciens militants, voire d’anciens apparatchiks, du Rdpc. Ils en ont, en conséquence, traîné les tares une fois dans l’opposition. Au nombre de celles-ci, figure en bonne place le caractère saisonnier du Rdpc. Celui-ci ne s’ébroue que lorsque se profile, à l’horizon, un scrutin, autrement dit, dans les six derniers mois, maximum, le précédant. Mais, si le Rdpc peut se permettre de fonctionner de manière saisonnière, c’est qu’il se trouve que l’administration publique supplée, en continue, à son activité, pendant son sommeil. Tous les fonctionnaires occupant des postes de responsabilité, à quelque niveau que ce soit, dans l’administration publique, se chargent, en ses lieu et place, de la propagande du régime. Les préfets, les sous-préfets, les gouverneurs, les délégués provinciaux, les délégués départementaux, les chefs de services, les sous-directeurs, les directeurs, les inspecteurs généraux, les conseillers techniques, les secrétaires généraux, etc, dans leurs discours, ventent, en permanence, les médiocres et faméliques réalisations de Paul Biya. Le mur d’un petit dispensaire de brousse repeint ? « C’est grâce à Paul Biya qui a pour souci constant le bien-être des Camerounais ». Deux planches d’un pont en pleine forêt remplacées alors que la route que dessert ce pont était coupée depuis deux ans ? « C’est grâce à Paul Biya qui a pour souci constant le bien-être des Camerounais ». L’équipe nationale de football remporte une victoire ? « C’est grâce à Paul Biya, le premier sportif camerounais, qui a donné des instructions fermes pour que les joueurs ne manquent de rien ». En conséquence, le Rdpc peut dormir de son sommeil comateux, les fonctionnaires font la propagande à sa place. Rien de tel pour l’opposition. Il revient aux partis qui y appartiennent, de se départir de ce comportement du Rdpc, et ne pas prendre de vacances entre deux scrutins. Il existe, malgré les innombrables entraves à leur fonctionnement, de la part des sous-préfets, d’autres modes de mobilisation de la population, que la tenue de meetings.
5- Inventer une idéologie alternative.
Les partis politiques de l’opposition camerounaise ne les exploitent guère. Ceci est, grandement, à leur désavantage. Pour qu’un camp politique remporte une élection dans un pays où l’activité politique est intense, il importe, avant tout, que son idéologie devienne triomphante dans le pays. C’est ainsi que, par exemple, lorsque François Mitterrand remportait l’élection présidentielle en France le 10 mai 1981, l‘idéologie de gauche, dont il était porteur, était devenue dominante en France. De même, pour que Nicolas Sarkozy remporte la dernière présidentielle, en France, il aura fallu que l’idéologie de droite soit parvenue à supplanter celle de gauche. Au Cameroun, l’opposition n’est porteuse d’aucune idéologie alternative, face à Paul Biya. Ce sont les idées du camp de ce dernier qui triomphent encore grandement, malgré la désaffection générale de la population à sa politique. Les jeunes veulent devenir fonctionnaires pour piller les caisses de l’Etat et construire de somptueuses villas ainsi qu’ils le voient faire les dignitaires du régime. L’intérêt général n’a aucune valeur, ce qui compte c’est l’ascension individuelle dans la société, au détriment des autres citoyens. Il faut, coûte que coûte, devenir une « élite », quitte, pour cela, à se lancer dans la sorcellerie, et devenir, ainsi, « ministrable ». Grâce à l’argent, on doit pouvoir tout acheter : un concours, une affectation, un marché public, un magistrat, un préfet, un directeur de service, etc, tout. Voilà les idées qui dominent, et face auxquelles l’opposition camerounaise est sans voie. Elle ne parvient, nullement, à faire admettre rien d’autre à la population.
6- Attention à la diversion politique.
Qu’on se le dise bien, l’objectif unique et primordial de Paul Biya est de mourir au pouvoir. Il est ainsi admiratif de la réussite, sur ce plan, de Lansana Conté, son ex-homologue de Guinée Conakry décédé tout récemment en fonction. Pour réaliser ce dessein, il se sert, depuis son affectation au poste de président de la République par Ahmadou Ahidjo, de la ruse. Tout ce qu’il entreprend, ne vise qu’une chose : endormir le peuple jusqu’à ce que la mort survienne pendant qu’il est en fonction. En conséquence, depuis l’année 2008, il cherche à surprendre les Camerounais par des élections présidentielles anticipées. Il se rend bien compte que le sol, c’est-à-dire le peuple, se dérobe dangereusement sous ses pieds, et que, fatalement, l’opposition camerounaise finira par se réorganiser. Il s’agit, en conséquence, pour lui, de la prendre de vitesse, en organisant un scrutin avant 2011, et perdre peut-être une ou deux années du mandat en cours, mais gagner, tout d’un coup, 7 années supplémentaires, la durée du mandat présidentiel au Cameroun.
De ce fait, les camerounais doivent comprendre que l’annonce de l’organisation d’élections sénatoriales, par exemple, en 2008, ne sert, pour lui, qu’à brouiller les cartes, à dissimuler sa véritable intention. Mars 2008, il a fait sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Décembre 2008, il a transféré l’organisation des élections à son parti politique, le Rdpc, à travers la création d’un organe « indépendant » chargé de cela en lieu et place du Ministère de l’Administration Territoriale à la fraude tant décriée. Mars 2009, le pape, pour la troisième fois, va visiter le Cameroun. Avril 2009, le président français sera de passage au Cameroun. Paul Biya désire se servir de tous ces éléments comme arguments électoraux face à une opposition à qui il inoculé du chloroforme, et dont il redoute, plus que tout, le réveil. Alors, octobre-novembre 2009 : Camerounais, attention !!!!!
Yaoundé, le 04 janvier 2009.