Enjeux: Aminatou Ahidjo peut-elle capitaliser le RDPC dans le Nord?
Douala, 10 septembre 2013
© Joseph OLINGA N. | Le Messager
Sans base connue, la fille cadette du premier président de la République est recrutée par le Rdpc pour reconquérir l’électorat d’une région qui semble en froid avec le régime de Yaoundé.
Fille cadette du défunt président de la République du Cameroun et, depuis quelques temps sujet, parmi les plus récurrents du débat politique national, peut-elle justifier les attentes que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) nourrit en sa personne? Au moment où le parti au pouvoir éprouve quelques difficultés à rallier les populations de la région septentrionale à sa cause dans le cadre des élections municipales et législatives du 30 septembre 2013, le parti de Paul Biya vient de faire adhérer à sa cause la famille de son adversaire politique le plus connu du landernau. Dans son propos, le nouveau «Joker» du Rdpc dans la région du Nord ne cache pas son ambition d’intégrer le sérail. «Je retrouve un Cameroun rassemblé pour l’émergence, des hommes et des femmes debout, tournés vers l’avenir. Je voudrais en faire partie.» Une posture en déphasage avec la détermination de sa mère résolument opposée à toute compromission avec le pouvoir de Yaoundé qu’elle ne cesse de tenir pour responsable des maux que la famille de l’ex-chef de l’Etat vit depuis son décès en 1989.
Au-delà des raisons officielles évoquées pour justifier la présence de la fille d’Ahmadou Ahidjo aux côtés de celui qui reste considéré par l’essentiel de la famille comme son plus grand «ennemi» politique, des sources introduites dans le Rdpc place l’entrée d’Aminatou Ahidjo sous le prisme de la reconquête du parti dans le septentrion et la ville de Garoua en particulier. «Il s’agit de donner du change aux remous qu’entretiennent certaines élites de cette région.» En clair explique cette source, sous cape, face à la grogne suscitée par l’incarcération de l’ancien ministre secrétaire général de la présidence de la République, Marafa Hamidou Yaya, l’ancien directeur général de la Sodecoton, Iya Mohamed ainsi que l’ancienne ministre de l’Education de base, Haman Adama, l’introduction sur la scène de la fille de l’ancien président de la République apparaît comme une opération de déstabilisation de l’élite du Nord.
Profil de l’emploi
«Il s’agit d’une part de mettre en scène l’idée d’une réconciliation entre la famille de l’ancien président de la République avec le régime Biya. Et, d’autre part, de fragiliser l’élite Rdpc du septentrion.» Une stratégie questionnée par de nombreux observateurs. Interrogé par nos confrères du quotidien Le Jour, le politologue Mathias Eric Owona Nguini voit en l’entrée de la fille du défunt président Ahidjo dans les rangs du Rdpc une action sans grand bénéfice pour le parti de Paul Biya dans le cadre des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013. Selon l’analyste, «Il y a une démarche politique en forme de manipulation.» Pour explication le Dr Owona Nguini précise qu’«en cooptant Aminatou Ahidjo, on veut faire croire que la famille Ahidjo roule désormais pour le pouvoir. Cela participe d’une stratégie de manipulation du nom Ahidjo dans le but de consolider la position du Rdpc dans les régions du septentrion.» Une stratégie aventureuse pour le Rdpc comme l’indique l’analyste politique. Le grand Nord, avec un potentiel électoral estimé à plus de 30% de la population nationale constitue un enjeu décisif dans la conservation des «acquis» du Rdpc sur l’échiquier politique national. Dans le même temps, les prises de position de ses ressortissants depuis quelques mois ne rassurent pas le pouvoir sur la certitude d’une victoire au terme de la double concertation du 30 septembre prochain.
La mise à l’écart des traditionnels partenaires du Rdpc dans le septentrion apparaît dès lors comme une cause supplémentaire d’effritement du Rdpc dans ce vivier. Une perception partagée par nombre d’observateurs qui interrogent par ailleurs le poids politique d’Aminatou Ahidjo ainsi que sa capacité à remobiliser un électorat souvent acquis au Rdpc et qui ne cache plus sa détermination à offrir ses suffrages à l’adversaire. Des adversaires et partenaires supposés du Rdpc qui ont désormais à l’esprit de capitaliser la rancœur des masses populaires. Dans les faits, l’Undp de Bello Bouba, l’Andp d’Amadou Moustapha, le Fscnc de Issa Tchiroma, partenaires politiques du Rdpc et de Paul Biya dans le grand Nord, ainsi que de nombreux cadres issus du Rdpc pourraient, logiquement, coaliser pour l’échec du Rdpc dans le grand Nord. «Dans sa logique de clientélisme politique, le régime est parfaitement conscient que la neutralisation de Marafa Hamidou Yaya, et dans une moindre mesure de Iya Mohammed, n’a pas été reçue avec joie dans les fiefs du Nord auxquels le Rdpc semble attaché.» Des raisons pour le Rdpc de trouver une «personnalité» qui pourrait faire pièce au mouvement d’opposition qui se constitue face au pouvoir en place. Or, soutiennent en chœur les analystes, la personnalité d’Aminatou Ahidjo ne parait pas de poids pour pallier au front que semble constituer le grand Nord contre le Rdpc et Paul Biya.
Joseph OLINGA N.
© Joseph OLINGA N. | Le Messager
Sans base connue, la fille cadette du premier président de la République est recrutée par le Rdpc pour reconquérir l’électorat d’une région qui semble en froid avec le régime de Yaoundé.
Fille cadette du défunt président de la République du Cameroun et, depuis quelques temps sujet, parmi les plus récurrents du débat politique national, peut-elle justifier les attentes que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) nourrit en sa personne? Au moment où le parti au pouvoir éprouve quelques difficultés à rallier les populations de la région septentrionale à sa cause dans le cadre des élections municipales et législatives du 30 septembre 2013, le parti de Paul Biya vient de faire adhérer à sa cause la famille de son adversaire politique le plus connu du landernau. Dans son propos, le nouveau «Joker» du Rdpc dans la région du Nord ne cache pas son ambition d’intégrer le sérail. «Je retrouve un Cameroun rassemblé pour l’émergence, des hommes et des femmes debout, tournés vers l’avenir. Je voudrais en faire partie.» Une posture en déphasage avec la détermination de sa mère résolument opposée à toute compromission avec le pouvoir de Yaoundé qu’elle ne cesse de tenir pour responsable des maux que la famille de l’ex-chef de l’Etat vit depuis son décès en 1989.
Au-delà des raisons officielles évoquées pour justifier la présence de la fille d’Ahmadou Ahidjo aux côtés de celui qui reste considéré par l’essentiel de la famille comme son plus grand «ennemi» politique, des sources introduites dans le Rdpc place l’entrée d’Aminatou Ahidjo sous le prisme de la reconquête du parti dans le septentrion et la ville de Garoua en particulier. «Il s’agit de donner du change aux remous qu’entretiennent certaines élites de cette région.» En clair explique cette source, sous cape, face à la grogne suscitée par l’incarcération de l’ancien ministre secrétaire général de la présidence de la République, Marafa Hamidou Yaya, l’ancien directeur général de la Sodecoton, Iya Mohamed ainsi que l’ancienne ministre de l’Education de base, Haman Adama, l’introduction sur la scène de la fille de l’ancien président de la République apparaît comme une opération de déstabilisation de l’élite du Nord.
Profil de l’emploi
«Il s’agit d’une part de mettre en scène l’idée d’une réconciliation entre la famille de l’ancien président de la République avec le régime Biya. Et, d’autre part, de fragiliser l’élite Rdpc du septentrion.» Une stratégie questionnée par de nombreux observateurs. Interrogé par nos confrères du quotidien Le Jour, le politologue Mathias Eric Owona Nguini voit en l’entrée de la fille du défunt président Ahidjo dans les rangs du Rdpc une action sans grand bénéfice pour le parti de Paul Biya dans le cadre des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013. Selon l’analyste, «Il y a une démarche politique en forme de manipulation.» Pour explication le Dr Owona Nguini précise qu’«en cooptant Aminatou Ahidjo, on veut faire croire que la famille Ahidjo roule désormais pour le pouvoir. Cela participe d’une stratégie de manipulation du nom Ahidjo dans le but de consolider la position du Rdpc dans les régions du septentrion.» Une stratégie aventureuse pour le Rdpc comme l’indique l’analyste politique. Le grand Nord, avec un potentiel électoral estimé à plus de 30% de la population nationale constitue un enjeu décisif dans la conservation des «acquis» du Rdpc sur l’échiquier politique national. Dans le même temps, les prises de position de ses ressortissants depuis quelques mois ne rassurent pas le pouvoir sur la certitude d’une victoire au terme de la double concertation du 30 septembre prochain.
La mise à l’écart des traditionnels partenaires du Rdpc dans le septentrion apparaît dès lors comme une cause supplémentaire d’effritement du Rdpc dans ce vivier. Une perception partagée par nombre d’observateurs qui interrogent par ailleurs le poids politique d’Aminatou Ahidjo ainsi que sa capacité à remobiliser un électorat souvent acquis au Rdpc et qui ne cache plus sa détermination à offrir ses suffrages à l’adversaire. Des adversaires et partenaires supposés du Rdpc qui ont désormais à l’esprit de capitaliser la rancœur des masses populaires. Dans les faits, l’Undp de Bello Bouba, l’Andp d’Amadou Moustapha, le Fscnc de Issa Tchiroma, partenaires politiques du Rdpc et de Paul Biya dans le grand Nord, ainsi que de nombreux cadres issus du Rdpc pourraient, logiquement, coaliser pour l’échec du Rdpc dans le grand Nord. «Dans sa logique de clientélisme politique, le régime est parfaitement conscient que la neutralisation de Marafa Hamidou Yaya, et dans une moindre mesure de Iya Mohammed, n’a pas été reçue avec joie dans les fiefs du Nord auxquels le Rdpc semble attaché.» Des raisons pour le Rdpc de trouver une «personnalité» qui pourrait faire pièce au mouvement d’opposition qui se constitue face au pouvoir en place. Or, soutiennent en chœur les analystes, la personnalité d’Aminatou Ahidjo ne parait pas de poids pour pallier au front que semble constituer le grand Nord contre le Rdpc et Paul Biya.
Joseph OLINGA N.