En snobant les investisseurs nationaux, Paul Biya compromet le développement du Cameroun par ses propres fils
En snobant les investisseurs nationaux, Paul Biya compromet le développement du Cameroun par ses propres fils
Combien de fois, ne serait-ce que depuis le début de l’année en cours, le président Biya a-t-il en grande pompe, reçu des investisseurs étrangers au palais de l’Unité ? On finit par ne plus pouvoir faire le compte. On peut tout au moins se souvenir que dans les trente derniers jours, il a tour à tour accordé des audiences à Vincent Bolloré le Français. Une semaine avant, c’est une délégation d'hommes d'affaires Marocains, Australiens qui s’étaient entretenus avec lui.
Pas besoin d’être particulièrement introduit auprès des sources proches du palais, pour deviner le menu desdits entretiens. Sans aucun doute, il s’agissait encore de nouvelles possibilités d’investissement de ces entrepreneurs au Cameroun. Le fait en lui-même n’a rien d’anecdotique, car c’est du devoir d’un chef d’Etat que de prospecter et de prendre toutes les initiatives jugées utiles, pour faire accroître l’investissement dans son pays et par là, ses ressources. Si on se mettait dans la logique de l’entreprise, le président au Cameroun doit pour ainsi dire, le premier agent commercial. C’est à travers ses initiatives et son action que l’activité économique peut connaitre un certain essor et dans ce sens, lutter contre le chômage qui est une gangrène sur notre tissu social.
Plus loin, combien de fois ces capitaines de l’économie camerounaise n’ont ne serait-ce que de manière furtive, eu l’honneur d’un entretien avec Paul Biya. Jamais. Pourquoi ? Est-ce parce que leur apport à l’économie camerounaise est jugé négligeable ? Loin s’en faut. Pour preuve, parmi ces opérateurs économiques Camerounais, certains emploient jusqu’à 4.000 compatriotes dans leurs entreprises. Ces compatriotes pèsent donc lourd et pour certains, bien plus que des investisseurs étrangers. Tenez, Victor Fotso par exemple. On ne compte plus l’étendue du patrimoine industriel, financier et commercial, ainsi que l’ampleur de l’œuvre sociale de cet homme d’affaires. Quel est le compatriote qui peut se souvenir d’avoir publiquement entendu Paul Biya prononcer seulement son nom ? En avril dernier, à l’occasion de l’inauguration de l’hôtel de Ville de Bandjoun et d’une avenue baptisée "Avenue Paul Biya" construite sur ses fonds propres pour un coût total de plus de 4 milliards, le président avait jusqu’à la dernière minute entretenu l’illusion de sa présence à cette cérémonie. Mais il va finir par se faire représenter par René Emmanuel Sadi. Autre cas. Un hôtel 4 étoiles a été érigé en plein cœur de la capitale politique par un fils de ce pays. Pour la cérémonie de coupure du ruban le chef de l’Etat avait été convié. L’histoire de manière anecdotique, retiendra que c’est le directeur du cabinet civil de l’époque qui l’a représenté à cette cérémonie.
Deux faits qui indiquent donc que Paul Biya se conduit d’une manière bien étrange avec ces compatriotes qui par leur dynamisme, participent bien mieux que certains investisseurs étrangers –si courus et honorés-, au processus de production de la richesse nationale. Pourquoi ces absences ? Certainement parce que Paul Biya évite de devoir en participant à de telles cérémonies de sacrifier au devoir de louer les mérites et les efforts de compatriotes. Dans sa logique, tout se passe comme s’il veille par ses choix, à être le seul qui doit recevoir louanges, honneurs, mérites et autres dithyrambes. En donnant l’impression qu’il ne leur prête pas l’attention qu’ils méritent, il n’œuvre pas dans le sens d’encourager l’investissement par les locaux. Et à cet effet, nous pensons que le développement est avant tout un processus endogène. Et à ce titre, le Cameroun ne pourra véritablement se développer qu’à partir du moment où nos dirigeants témoigneront confiance, considération et estime à nos propres entrepreneurs. Car, s’il est un fait établi, c’est bien que le dynamisme et l’intelligence des Camerounais n’est plus à démontrer sur tous les plans.