Emprunt obligataire de l’état du Cameroun: Ca avance!
Emprunt obligataire de l’état du Cameroun: Ca avance!
(journal du cameroun 18/12/2010)
150 milliards de Fcfa auraient déjà été réunis et le gouvernement vient de prolonger le délai des souscriptions jusqu’au 20 décembre prochain
Forte implication annoncée des banques
Le ministère des finances qui pilote l’opération d’emprunt obligataire au Cameroun a décidé lundi dernier, de prolonger les délais de souscription aux titres d’obligation de l’état jusqu’au 20 décembre 2010 prochain. Une mesure que les autorités en charge des finances justifient par le besoin de permettre une plus grande adhésion. Le délai de 10 jours initialement prévu, n’aura finalement pas été respecté. Pourtant les prévisions sur cette opération s’améliorent au jour le jour, selon des sources proches de cette opération, 150 milliards de Fcfa de ces obligations auraient déjà été achetées par les investisseurs. Ce qui serait une amélioration nette si cette information se confirmait. La semaine dernière, le ministre camerounais des finances, Lazare Essimi Menye, était à Libreville au Gabon et au Congo pour présenter l’initiative aux investisseurs locaux.
Ousmane Mey, le directeur d’Afriland First Bank et chef de file des arrangeurs de cet emprunt qui l'accompagnait pour la circonstance, a fait savoir que 130 milliards de souscriptions avaient déjà été enregistrées. Les analystes des milieux financiers semblent confirmer ces chiffres, affirmant que le secteur privé camerounais à bien réagit face à cette première requête d’argent adressée à eux par l’état. Principalement actives, les banques filiales de grands groupes représentés au Cameroun auraient effectué le volume le plus important des souscriptions.
Un soutien de poids pour le Cameroun qui ne pouvait compter uniquement sur l’épargne des ménages assez faible et peu bancarisé, où sur celui des entrepreneurs dont on sait qu’ils sont majoritairement soit dans le secteur informel, soit dans une formalité maitrisée. Ces banques auraient bénéficié du soutien de leur maison mère en raison des règles de sécurité strictes appliquées par la commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC). Leurs fonds propres n’auraient semble-t-il pas suffit à soutenir l’initiative dans une telle proportion.
Les assureurs dans le dilemme
L’autre alternative à l’implication des banques était celle des assureurs. Ceux-ci ont du faire face à des arbitrages. Normalement une opération comme l’emprunt obligataire intéresse au plus haut point les assureurs qui doivent investir au moins 3% de primes qu'ils perçoivent pour pouvoir sécuriser la réparation des dommages éventuels dont leurs clients seraient les victimes ou les auteurs. Plusieurs compagnies présentes au Cameroun, étant déjà engagées sur d’autres marchés financiers, notamment en Afrique de l’ouest, ne possèdent actuellement plus suffisamment de liquidité pour intervenir efficacement dans le cadre de l’emprunt émis par l’état. Deux choix pour cela leur étaient donnés: Soit effectuer des souscriptions avec les primes collectées sur les six derniers mois ce qui ne permettrait logiquement une participation considérable, soit de revendre les titres d’obligation dont plusieurs sont détenteurs sur d’autres marchés financiers et venir réinvestir l’argent collecté au Cameroun. Une option que peu d’entreprises d’assurance suivront pour la simple raison que la rémunération offerte par le Cameroun bien qu’importante, n’est pas aussi intéressante que celle donnée par de nombreuses places financières d’Afrique de l’ouest. C’est pour cette raison que malgré l’enthousiasme affiché, les assureurs pourraient ne pas souscrire à une grande portion d’obligation, comme cela devrait normalement être le cas.
La réaction du gouvernement attendue
Face à l’importante implication annoncée des banques étrangères présentes au Cameroun, les avis des analystes sont partagés. Certains y voient malgré tout une victoire pour le gouvernement qui pourrait réussir le pari de réaliser la levée la plus importante de fonds issus d’un emprunt obligataire dans la zone franc cfa. D’autres au contraire pensent que cela reste un échec parce que l’objectif affiché de mobiliser l’épargne au moins de la sous-région Afrique centrale et au mieux des investisseurs purement camerounais pourrait ne pas être atteint en grande partie ce qui ne diffèrerait pas cette opération d’un emprunt normal chez des partenaires étrangers.
Des analyses plus neutres se refusent cependant à ne voir que le mauvais côté de la chose. Ils font savoir que même si à travers l’emprunt le Cameroun devenait débiteur de certaine banque étrangère, pour la première fois le pays aura réussi à obtenir de ses partenaires une somme très importante empruntée en Fcfa, et frappée d’un taux d’intérêt qui ne connaitrait pas de fluctuation en raison de la stabilité de la monnaie d’emprunt. La balle est désormais dans le camp du gouvernement qui devra se montrer reconnaissant de la main tendue par le secteur privé qui a choisi de minimiser les risques. C’est depuis le 06 novembre dernier qu’ont débuté les souscriptions pour l’opération d’emprunt obligataire initié par le Cameroun pour un montant visé de 200 milliards de Fcfa. Cette somme doit servir à financer sa quote-part dans de grands projets de développement: Une bonne part présentée comme devant servir à la construction du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, un ouvrage qui devrait permettre de stocker 7 milliards de mètres cube d'eau par an.
Une autre partie de cet argent devrait aussi servir au déplacement du pipeline Tchad-Cameroun sur une longueur de 25 km car celui-ci se trouve aujourd'hui dans l'emprise du barrage, ont expliqué les autorités. Il est aussi question enfin, de financer le projet de construction du port en eau profonde de Kribi, celui d'un autre barrage à Memve'ele sur le fleuve Ntem dans la région du sud, ainsi que des projets routiers et agricoles.
Par Idriss Linge - 17/12/2010
(journal du cameroun 18/12/2010)
150 milliards de Fcfa auraient déjà été réunis et le gouvernement vient de prolonger le délai des souscriptions jusqu’au 20 décembre prochain
Forte implication annoncée des banques
Le ministère des finances qui pilote l’opération d’emprunt obligataire au Cameroun a décidé lundi dernier, de prolonger les délais de souscription aux titres d’obligation de l’état jusqu’au 20 décembre 2010 prochain. Une mesure que les autorités en charge des finances justifient par le besoin de permettre une plus grande adhésion. Le délai de 10 jours initialement prévu, n’aura finalement pas été respecté. Pourtant les prévisions sur cette opération s’améliorent au jour le jour, selon des sources proches de cette opération, 150 milliards de Fcfa de ces obligations auraient déjà été achetées par les investisseurs. Ce qui serait une amélioration nette si cette information se confirmait. La semaine dernière, le ministre camerounais des finances, Lazare Essimi Menye, était à Libreville au Gabon et au Congo pour présenter l’initiative aux investisseurs locaux.
Ousmane Mey, le directeur d’Afriland First Bank et chef de file des arrangeurs de cet emprunt qui l'accompagnait pour la circonstance, a fait savoir que 130 milliards de souscriptions avaient déjà été enregistrées. Les analystes des milieux financiers semblent confirmer ces chiffres, affirmant que le secteur privé camerounais à bien réagit face à cette première requête d’argent adressée à eux par l’état. Principalement actives, les banques filiales de grands groupes représentés au Cameroun auraient effectué le volume le plus important des souscriptions.
Un soutien de poids pour le Cameroun qui ne pouvait compter uniquement sur l’épargne des ménages assez faible et peu bancarisé, où sur celui des entrepreneurs dont on sait qu’ils sont majoritairement soit dans le secteur informel, soit dans une formalité maitrisée. Ces banques auraient bénéficié du soutien de leur maison mère en raison des règles de sécurité strictes appliquées par la commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC). Leurs fonds propres n’auraient semble-t-il pas suffit à soutenir l’initiative dans une telle proportion.
Les assureurs dans le dilemme
L’autre alternative à l’implication des banques était celle des assureurs. Ceux-ci ont du faire face à des arbitrages. Normalement une opération comme l’emprunt obligataire intéresse au plus haut point les assureurs qui doivent investir au moins 3% de primes qu'ils perçoivent pour pouvoir sécuriser la réparation des dommages éventuels dont leurs clients seraient les victimes ou les auteurs. Plusieurs compagnies présentes au Cameroun, étant déjà engagées sur d’autres marchés financiers, notamment en Afrique de l’ouest, ne possèdent actuellement plus suffisamment de liquidité pour intervenir efficacement dans le cadre de l’emprunt émis par l’état. Deux choix pour cela leur étaient donnés: Soit effectuer des souscriptions avec les primes collectées sur les six derniers mois ce qui ne permettrait logiquement une participation considérable, soit de revendre les titres d’obligation dont plusieurs sont détenteurs sur d’autres marchés financiers et venir réinvestir l’argent collecté au Cameroun. Une option que peu d’entreprises d’assurance suivront pour la simple raison que la rémunération offerte par le Cameroun bien qu’importante, n’est pas aussi intéressante que celle donnée par de nombreuses places financières d’Afrique de l’ouest. C’est pour cette raison que malgré l’enthousiasme affiché, les assureurs pourraient ne pas souscrire à une grande portion d’obligation, comme cela devrait normalement être le cas.
La réaction du gouvernement attendue
Face à l’importante implication annoncée des banques étrangères présentes au Cameroun, les avis des analystes sont partagés. Certains y voient malgré tout une victoire pour le gouvernement qui pourrait réussir le pari de réaliser la levée la plus importante de fonds issus d’un emprunt obligataire dans la zone franc cfa. D’autres au contraire pensent que cela reste un échec parce que l’objectif affiché de mobiliser l’épargne au moins de la sous-région Afrique centrale et au mieux des investisseurs purement camerounais pourrait ne pas être atteint en grande partie ce qui ne diffèrerait pas cette opération d’un emprunt normal chez des partenaires étrangers.
Des analyses plus neutres se refusent cependant à ne voir que le mauvais côté de la chose. Ils font savoir que même si à travers l’emprunt le Cameroun devenait débiteur de certaine banque étrangère, pour la première fois le pays aura réussi à obtenir de ses partenaires une somme très importante empruntée en Fcfa, et frappée d’un taux d’intérêt qui ne connaitrait pas de fluctuation en raison de la stabilité de la monnaie d’emprunt. La balle est désormais dans le camp du gouvernement qui devra se montrer reconnaissant de la main tendue par le secteur privé qui a choisi de minimiser les risques. C’est depuis le 06 novembre dernier qu’ont débuté les souscriptions pour l’opération d’emprunt obligataire initié par le Cameroun pour un montant visé de 200 milliards de Fcfa. Cette somme doit servir à financer sa quote-part dans de grands projets de développement: Une bonne part présentée comme devant servir à la construction du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, un ouvrage qui devrait permettre de stocker 7 milliards de mètres cube d'eau par an.
Une autre partie de cet argent devrait aussi servir au déplacement du pipeline Tchad-Cameroun sur une longueur de 25 km car celui-ci se trouve aujourd'hui dans l'emprise du barrage, ont expliqué les autorités. Il est aussi question enfin, de financer le projet de construction du port en eau profonde de Kribi, celui d'un autre barrage à Memve'ele sur le fleuve Ntem dans la région du sud, ainsi que des projets routiers et agricoles.
Par Idriss Linge - 17/12/2010
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