Emile Onambélé Zibi: «Le professionnalisme est dans la tête et non sur les bouts de papier»
DOUALA - 23 JAN. 2013
© Entretien avec Christian TCHAPMI | Le Messager
Il a été porté à la tête de l’Association des clubs d’élites du Cameroun (Acec) le 18 janvier dernier au cours de l’assemblée générale constitutive des clubs de D1 et D2. Mais deux jours seulement après son élection, Onambélé Zibi annonce les couleurs. Sa « cible » ? Pierre Semengue, président de la ligue de football professionnel (Lfp).
© Entretien avec Christian TCHAPMI | Le Messager
Il a été porté à la tête de l’Association des clubs d’élites du Cameroun (Acec) le 18 janvier dernier au cours de l’assemblée générale constitutive des clubs de D1 et D2. Mais deux jours seulement après son élection, Onambélé Zibi annonce les couleurs. Sa « cible » ? Pierre Semengue, président de la ligue de football professionnel (Lfp).
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Il a été porté à la tête de l’Association des clubs d’élites du Cameroun (Acec) le 18 janvier dernier au cours de l’assemblée générale constitutive des clubs de D1 et D2. Mais deux jours seulement après son élection, Onambélé Zibi annonce les couleurs. Sa « cible » ? Pierre Semengue, président de la ligue de football professionnel (Lfp). Pour avoir osé reporter sine die le démarrage du championnat D1 et D2 exigeant des clubs qu’ils se constituent d’abord en sociétés commerciales, le général d’armée à la retraite a essuyé les foudres des présidents de clubs conduit par le patriarche de Febe Village. L’Acec dit observer dans cette sortie du général « une incohérence et une mauvaise foi manifeste de sa part. Il déclare avoir signé un document sous la contrainte, invoquant le risque de trouble à l’ordre public, chose assez curieuse pour un homme de son rang et de sa stature ». Ses « bourreaux » constatent par ailleurs que dans son aveuglement, le président de la Lfpc, est allé jusqu’à contester la tutelle de la Fécafoot et du ministère des sports et de l’éducation physique, arguant d’une autonomie sans fondement. Face à ce qu’ils appellent « dérive managériale, caractérisée par le non respect des engagements pris, la gestion familiale des affaires de la Lfpc, l’absence de collaboration dans sa gestion », ils entendent donc respecter les résolutions de la réunion du 16 janvier dernier à Douala et surtout déterminés à lancer le championnat le 26 janvier prochain. Un vrai bras de fer. Dans l’entretien ci-dessous, Onambélé Zibi vide son sac et déballe tout. De la gestion de la Ligue à ses défis à l’Acec en passant par son règne contesté au Tkc, l’ancien président du Comité provisoire de gestion (Cpg) parle. Bonne lecture.
C. T.
«Le professionnalisme est dans la tête et non sur les bouts de papier»
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre élection à la tête de l’Association camerounaise des clubs d’élites (Acce) ?
Je suis très flatté par cette marque de reconnaissance. Les présidents de clubs ont montré à travers cet acte que malgré les clivages, le Cameroun avance. Vous savez, on s’attendait peut être à ce que les relents tribaux orientent les choix, que non ! Ma candidature a été proposée par le président Feutcheu qui n’est pas de ma tribu et tout le reste a approuvé. Ceux qui sont majoritaires dans cette association sont de l’Ouest. Je n’étais pas candidat. Ils ont voulu et ont pensé que je pourrais les représenter valablement et je ne saurais les décevoir. Mon souci c’est de travailler dans la collégialité et imprimer ma marque afin de marquer mon passage à la tête de cette association.
Certains estiment -en rapport avec le contexte qui a marqué votre élection- que c’est davantage un guerrier plutôt qu’un président de club qui a été porté à ce poste…
Ça dépend de ce que vous mettez dans «guerrier». Je dirais plutôt que je suis très courageux puisque lorsque vous avez le peuple avec vous, vous n’avez peur de rien. C’est ce qui fait ma force. Pour moi les équipes sont valablement représentées par les présidents de clubs ; ce qui sous entend que j’ai le peuple avec moi. Je n’ai pas peur de ce que diront ceux qui sont en face. J’ai des objectifs à atteindre et mon équipe et moi sommes déjà à pied d’œuvre.
Sur quoi allez-vous travailler pendant votre mandat ?
Mon premier challenge c’est de voir les présidents des clubs considérés comme des responsables puisque jusqu’ici il y en a qui pensent que ces dirigeants sont des mendiants qui ne vivent que des subventions de l’Etat. Ils oublient certainement que avant l’Etat ne donnait aucune subvention ; notre football se portait bien et le Cameroun glanait des médailles d’or partout en Afrique. Maintenant que nous avons déjà des subventions qui sont en plus mal gérées, nous constatons qu’il y a des dirigeants de clubs qui n’adhérent qu’à cause des subventions et non pour ce qu’ils souhaitent apporter au football. Ma mission certes, sera difficile mais ne sera pas impossible. Je compte sur la bonne collaboration entre les présidents et la cohésion au sein des équipes. Le professionnalisme n’est pas forcément la mutation des clubs d’associations en sociétés anonymes ; c’est dans la manière de gérer les joueurs, de gérer le patrimoine des clubs. Et en ce moment les clubs n’ont même pas de patrimoine. Il ne peut qu’être constitué. C’est pour dire qu’on peut être professionnel dans la gestion. Si les gens pensent qu’il suffit de changer de dénomination et de statut pour devenir professionnel, c’est que nous nous trompons. Le professionnalisme c’est dans la tête et non sur les bouts de papier.
N’avez-vous pas plutôt peur que ce changement de statut vienne fermer la vanne de la mangeoire où se délectent les dirigeants de club ?
Moi je n’ai pas peur. Vous ne pouvez pas être dirigeant dans une société si vous n’avez pas injecté de l’argent ; Pour le cas du Tonnerre, il est devenu une Société anonyme à objet sportif dont j’en suis l’actionnaire majoritaire. Ne fusses que sous ce prisme là personne ne peut m’empêcher d’être président du Conseil d’administration de cette équipe. Ce n’est pas l’argent des autres qui créent des sociétés. Nous refusons seulement que le président de la Ligue pense que des gens vont injecter leur argent dans le club sans en avoir un droit de regard. Même si vous vous appuyez sur les textes de l’Ohada, vous ne pouvez pas empêcher à un président d’association qui a 30% de parts de contrôler ses avoirs. Au Tkc par exemple, il souhaite que des badauds qui sortent de nulle part viennent prendre la direction du club. Ce que je trouve insensé puisque je suis deux fois majoritaire. J’ai mis de l’argent pour le compte de l’équipe et à mon compte personnel. Il veut faire croire aux gens que les présidents de clubs ne peuvent pas être des actionnaires majoritaires. Je dis non !
Le général Semengue a envoyé une correspondance au ministère des sports lui demandant de ne procéder au déblocage de la subvention accordée par l’Etat aux clubs qu’après leur mutation complète en sociétés commerciales. Comment réagissez-vous face à cette décision ?
Ce n’est pas une décision puisqu’il ne s’agit pas de son argent dans l’armée. Pierre Semengue n’a pas subventionné les clubs pour estimer que cet argent là vient de son compte privé de général d’armée. Aussi, il n’a pas d’instruction à donner au ministre. (…) Je pense que le général lui-même ne sait plus ce qu’il veut dans cette histoire. Il ne peut pas parler au nom des clubs en disant qu’il est l’interlocuteur valable. C’est absurde. L’année dernière nous avons été reçus par le premier ministre chef du gouvernement au sujet de la subvention et celle-ci est revenue cette saison. En ce moment là il avait détourné les 500 millions Fcfa que le Chef de l’Etat a bien voulu mettre à notre disposition. Il ne faut pas qu’il pense qu’il y a une différence entre l’argent qu’il détourne à la tête Ligue et l’argent que les autres camerounais détournent à partir des surfacturations. Qu’il sache que c’est la même chose. De toutes les façons, lorsque vous aurez besoin des preuves à ce sujet, je serais disposé à vous les donner.
Vous accusez donc le général de détournements de fonds ?
Ce ne serait pas la première fois puisque j’ai déjà eu à le lui dire lors d’une réunion. Vous ne pouvez pas commencer à payer des gens à coup de millions alors qu’ils ne sont pas recrutés et reconnus. Vous ne pouvez pas gérer un patrimoine comme votre fortune personnelle. C’est pourquoi Je le considère comme ceux qui sont aujourd’hui devant les tribunaux parce qu’ils ont distrait des fonds au trésor.
Vous revenez pourtant d’un conclave à Douala où vous avez été unanime sur le fait que le championnat démarrait le 26 janvier. Qu’est ce qui peut donc expliquer ce revirement du président de la Ligue ?
Vous savez, c’est dans ses habitudes. Lors du dernier Conseil d’administration de la Ligue, il a signé un communiqué qu’il a renié le lendemain face aux journalistes de la télévision nationale. C’est une honte mais lui seul sait pourquoi il veut empêcher le championnat de démarrer. On ne comprend pas comment vous pouvez dire oui le matin et changer de position quelque temps après. Ce qu’il oublie c’est qu’il n’a pas d’équipe. C’est nous qui sommes les patrons des clubs ; nous ne pouvons pas dire oui au Premier ministre et faire le contraire après. Quoi qu’il en soit nous avons pris des engagements et nous irons jouer le 26, même sans cette subvention.
Et si le ministre se pliait finalement au desiderata du général, que feriez-vous ?
Libre à lui de prendre la décision qui lui convient. S’il accepte cela veut dire qu’il est aux ordres du président de Ligue. A ma connaissance, le ministre des sports est un membre du gouvernement que dirige le Premier ministre. S’il veut recevoir des instructions d’un président de Ligue c’est qu’il sait à quoi ils jouent. Quoi qu’il en soit, il sera responsable des actes qu’il aurait posés.
Pierre Semengue affirme avoir apposé sa signature sur insistance des clubs, annulant la circulaire, sur les points relatifs à la reconnaissance exclusive des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée, régulièrement constituées d’une part, et le non cumul des fonctions de président d’association et de la société commerciale à objet sportif créée d’autre part… Contraint par qui ? Tout un général de sa trempe ? Y avait-il des armes dans cette cérémonie ? J’entends qu’il voulait éviter des troubles mais c’est lui qui veut créer les troubles en empêchant au championnat de démarrer. Moi je peux me permettre de vous dire que nous sommes dans un système compliqué où les amis du président de la République ne savent plus lui dire oui ou non. Je ne voudrais pas rentrer dans ses relations mais on en voit de toutes les couleurs avec ces gens qui nous disent à longueur de journée que la présidence a dit ci ou ça. Qui au palais a donné l’instruction au général pour nous empêcher de jouer ? Bref, nous irons dans les stades qui appartiennent à l’Etat ; la ligue n’a pas de stades. Nous sommes actuellement en train d’adresser des correspondances à la Fécafoot qui gère le corps arbitral afin qu’il mette à notre disposition des arbitres qui pourront diriger nos rencontres.
Il se dit que la Fécafoot a ourdi un complot avec les présidents de clubs contre le général en convoquant cette réunion de Douala. Qui manipule finalement ?
Ecoutez, nous devons être sérieux. Complot ourdi par qui ? Je crois qu’ils ont peur du président Eya alors qu’il n’a convoqué aucune réunion. C’est le président de la Ligue qui nous a convoqués à cette réunion dont l’ordre du jour n’était même pas connu avant. Ce n’est qu’à Douala que nous avons constaté qu’il avait associé M Eya à sa rencontre. Il a même demandé à Eya de nous supplier pour que le championnat démarre le 26 janvier. Mais celui-ci a été surpris de constater qu’il n’avait aucun problème quant au démarrage dudit championnat. Je crois que là encore le général s’est grossièrement trompé.
On note que certains présidents que vous représentez n’ont pas tous été associés à la remise du chèque représentant la subvention accordée par l’Etat aux clubs. Pourquoi ?
Vous savez, nous assistons à toutes les réunions avec le Premier ministre lorsque l’argent n’est pas encore disponible, mais dès que la subvention est disponible, le président de la Ligue trouve bon de se faire accompagner par ses enfants pour aller le percevoir. Nous devons déplorer cette façon de gérer que nous trouvons totalement en déphasage avec les volontés du président de la République.
On vous sent très amère vis-à-vis du général. On dirait une haine viscérale. Dites nous, quel problème avez-vous avec Pierre Semengue ?
Je n’ai aucun problème avec le général. Au Comité provisoire de gestion (Cpg), nous ne sommes pas habitués aux abus. Le général se comporte comme s’il avait en face de lui des hommes de troupes. Chose que nous n’acceptons pas. Nous créons nos clubs qui sont une émanation du privé et non de l’Etat. Il n’a pas été élu et quand bien même il le sera, il ne nous parlera pas sur ce ton là. Vous l’avez vu à la télévision ; il parle en frappant le poing sur la table et dit que c’est un ordre qui doit s’exécuter. A qui donne t-il des ordres ? Moi je crois qu’il confond de milieu ; il se croit encore chef d’Etat major des armées.
Et si on parlait du Tonnerre ! Quel est le Tkc engagé au championnat de football professionnel cette saison ?
De quoi me parlez-vous ? Il y a un seul Tkc légitime et reconnu. Je ne connais pas l’autre démembrement. Sauf si vous parlez de ce Tkc qui se comporte exactement comme le Général Semengue. Lui qui commence à ignorer ceux qui l’ont nommé hier. Moi j’ai nommé son fils au Tkc et aujourd’hui il veut s’emparer du club. Son père pour qui nous avons contribué à la nomination crie aujourd’hui qu’il est le seul reconnu par l’Etat, donne des ordres…Je peux comprendre. C’est tel père, tel fils.
Entretien avec Christian TCHAPMI
Il a été porté à la tête de l’Association des clubs d’élites du Cameroun (Acec) le 18 janvier dernier au cours de l’assemblée générale constitutive des clubs de D1 et D2. Mais deux jours seulement après son élection, Onambélé Zibi annonce les couleurs. Sa « cible » ? Pierre Semengue, président de la ligue de football professionnel (Lfp). Pour avoir osé reporter sine die le démarrage du championnat D1 et D2 exigeant des clubs qu’ils se constituent d’abord en sociétés commerciales, le général d’armée à la retraite a essuyé les foudres des présidents de clubs conduit par le patriarche de Febe Village. L’Acec dit observer dans cette sortie du général « une incohérence et une mauvaise foi manifeste de sa part. Il déclare avoir signé un document sous la contrainte, invoquant le risque de trouble à l’ordre public, chose assez curieuse pour un homme de son rang et de sa stature ». Ses « bourreaux » constatent par ailleurs que dans son aveuglement, le président de la Lfpc, est allé jusqu’à contester la tutelle de la Fécafoot et du ministère des sports et de l’éducation physique, arguant d’une autonomie sans fondement. Face à ce qu’ils appellent « dérive managériale, caractérisée par le non respect des engagements pris, la gestion familiale des affaires de la Lfpc, l’absence de collaboration dans sa gestion », ils entendent donc respecter les résolutions de la réunion du 16 janvier dernier à Douala et surtout déterminés à lancer le championnat le 26 janvier prochain. Un vrai bras de fer. Dans l’entretien ci-dessous, Onambélé Zibi vide son sac et déballe tout. De la gestion de la Ligue à ses défis à l’Acec en passant par son règne contesté au Tkc, l’ancien président du Comité provisoire de gestion (Cpg) parle. Bonne lecture.
C. T.
«Le professionnalisme est dans la tête et non sur les bouts de papier»
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre élection à la tête de l’Association camerounaise des clubs d’élites (Acce) ?
Je suis très flatté par cette marque de reconnaissance. Les présidents de clubs ont montré à travers cet acte que malgré les clivages, le Cameroun avance. Vous savez, on s’attendait peut être à ce que les relents tribaux orientent les choix, que non ! Ma candidature a été proposée par le président Feutcheu qui n’est pas de ma tribu et tout le reste a approuvé. Ceux qui sont majoritaires dans cette association sont de l’Ouest. Je n’étais pas candidat. Ils ont voulu et ont pensé que je pourrais les représenter valablement et je ne saurais les décevoir. Mon souci c’est de travailler dans la collégialité et imprimer ma marque afin de marquer mon passage à la tête de cette association.
Certains estiment -en rapport avec le contexte qui a marqué votre élection- que c’est davantage un guerrier plutôt qu’un président de club qui a été porté à ce poste…
Ça dépend de ce que vous mettez dans «guerrier». Je dirais plutôt que je suis très courageux puisque lorsque vous avez le peuple avec vous, vous n’avez peur de rien. C’est ce qui fait ma force. Pour moi les équipes sont valablement représentées par les présidents de clubs ; ce qui sous entend que j’ai le peuple avec moi. Je n’ai pas peur de ce que diront ceux qui sont en face. J’ai des objectifs à atteindre et mon équipe et moi sommes déjà à pied d’œuvre.
Sur quoi allez-vous travailler pendant votre mandat ?
Mon premier challenge c’est de voir les présidents des clubs considérés comme des responsables puisque jusqu’ici il y en a qui pensent que ces dirigeants sont des mendiants qui ne vivent que des subventions de l’Etat. Ils oublient certainement que avant l’Etat ne donnait aucune subvention ; notre football se portait bien et le Cameroun glanait des médailles d’or partout en Afrique. Maintenant que nous avons déjà des subventions qui sont en plus mal gérées, nous constatons qu’il y a des dirigeants de clubs qui n’adhérent qu’à cause des subventions et non pour ce qu’ils souhaitent apporter au football. Ma mission certes, sera difficile mais ne sera pas impossible. Je compte sur la bonne collaboration entre les présidents et la cohésion au sein des équipes. Le professionnalisme n’est pas forcément la mutation des clubs d’associations en sociétés anonymes ; c’est dans la manière de gérer les joueurs, de gérer le patrimoine des clubs. Et en ce moment les clubs n’ont même pas de patrimoine. Il ne peut qu’être constitué. C’est pour dire qu’on peut être professionnel dans la gestion. Si les gens pensent qu’il suffit de changer de dénomination et de statut pour devenir professionnel, c’est que nous nous trompons. Le professionnalisme c’est dans la tête et non sur les bouts de papier.
N’avez-vous pas plutôt peur que ce changement de statut vienne fermer la vanne de la mangeoire où se délectent les dirigeants de club ?
Moi je n’ai pas peur. Vous ne pouvez pas être dirigeant dans une société si vous n’avez pas injecté de l’argent ; Pour le cas du Tonnerre, il est devenu une Société anonyme à objet sportif dont j’en suis l’actionnaire majoritaire. Ne fusses que sous ce prisme là personne ne peut m’empêcher d’être président du Conseil d’administration de cette équipe. Ce n’est pas l’argent des autres qui créent des sociétés. Nous refusons seulement que le président de la Ligue pense que des gens vont injecter leur argent dans le club sans en avoir un droit de regard. Même si vous vous appuyez sur les textes de l’Ohada, vous ne pouvez pas empêcher à un président d’association qui a 30% de parts de contrôler ses avoirs. Au Tkc par exemple, il souhaite que des badauds qui sortent de nulle part viennent prendre la direction du club. Ce que je trouve insensé puisque je suis deux fois majoritaire. J’ai mis de l’argent pour le compte de l’équipe et à mon compte personnel. Il veut faire croire aux gens que les présidents de clubs ne peuvent pas être des actionnaires majoritaires. Je dis non !
Le général Semengue a envoyé une correspondance au ministère des sports lui demandant de ne procéder au déblocage de la subvention accordée par l’Etat aux clubs qu’après leur mutation complète en sociétés commerciales. Comment réagissez-vous face à cette décision ?
Ce n’est pas une décision puisqu’il ne s’agit pas de son argent dans l’armée. Pierre Semengue n’a pas subventionné les clubs pour estimer que cet argent là vient de son compte privé de général d’armée. Aussi, il n’a pas d’instruction à donner au ministre. (…) Je pense que le général lui-même ne sait plus ce qu’il veut dans cette histoire. Il ne peut pas parler au nom des clubs en disant qu’il est l’interlocuteur valable. C’est absurde. L’année dernière nous avons été reçus par le premier ministre chef du gouvernement au sujet de la subvention et celle-ci est revenue cette saison. En ce moment là il avait détourné les 500 millions Fcfa que le Chef de l’Etat a bien voulu mettre à notre disposition. Il ne faut pas qu’il pense qu’il y a une différence entre l’argent qu’il détourne à la tête Ligue et l’argent que les autres camerounais détournent à partir des surfacturations. Qu’il sache que c’est la même chose. De toutes les façons, lorsque vous aurez besoin des preuves à ce sujet, je serais disposé à vous les donner.
Vous accusez donc le général de détournements de fonds ?
Ce ne serait pas la première fois puisque j’ai déjà eu à le lui dire lors d’une réunion. Vous ne pouvez pas commencer à payer des gens à coup de millions alors qu’ils ne sont pas recrutés et reconnus. Vous ne pouvez pas gérer un patrimoine comme votre fortune personnelle. C’est pourquoi Je le considère comme ceux qui sont aujourd’hui devant les tribunaux parce qu’ils ont distrait des fonds au trésor.
Vous revenez pourtant d’un conclave à Douala où vous avez été unanime sur le fait que le championnat démarrait le 26 janvier. Qu’est ce qui peut donc expliquer ce revirement du président de la Ligue ?
Vous savez, c’est dans ses habitudes. Lors du dernier Conseil d’administration de la Ligue, il a signé un communiqué qu’il a renié le lendemain face aux journalistes de la télévision nationale. C’est une honte mais lui seul sait pourquoi il veut empêcher le championnat de démarrer. On ne comprend pas comment vous pouvez dire oui le matin et changer de position quelque temps après. Ce qu’il oublie c’est qu’il n’a pas d’équipe. C’est nous qui sommes les patrons des clubs ; nous ne pouvons pas dire oui au Premier ministre et faire le contraire après. Quoi qu’il en soit nous avons pris des engagements et nous irons jouer le 26, même sans cette subvention.
Et si le ministre se pliait finalement au desiderata du général, que feriez-vous ?
Libre à lui de prendre la décision qui lui convient. S’il accepte cela veut dire qu’il est aux ordres du président de Ligue. A ma connaissance, le ministre des sports est un membre du gouvernement que dirige le Premier ministre. S’il veut recevoir des instructions d’un président de Ligue c’est qu’il sait à quoi ils jouent. Quoi qu’il en soit, il sera responsable des actes qu’il aurait posés.
Pierre Semengue affirme avoir apposé sa signature sur insistance des clubs, annulant la circulaire, sur les points relatifs à la reconnaissance exclusive des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée, régulièrement constituées d’une part, et le non cumul des fonctions de président d’association et de la société commerciale à objet sportif créée d’autre part… Contraint par qui ? Tout un général de sa trempe ? Y avait-il des armes dans cette cérémonie ? J’entends qu’il voulait éviter des troubles mais c’est lui qui veut créer les troubles en empêchant au championnat de démarrer. Moi je peux me permettre de vous dire que nous sommes dans un système compliqué où les amis du président de la République ne savent plus lui dire oui ou non. Je ne voudrais pas rentrer dans ses relations mais on en voit de toutes les couleurs avec ces gens qui nous disent à longueur de journée que la présidence a dit ci ou ça. Qui au palais a donné l’instruction au général pour nous empêcher de jouer ? Bref, nous irons dans les stades qui appartiennent à l’Etat ; la ligue n’a pas de stades. Nous sommes actuellement en train d’adresser des correspondances à la Fécafoot qui gère le corps arbitral afin qu’il mette à notre disposition des arbitres qui pourront diriger nos rencontres.
Il se dit que la Fécafoot a ourdi un complot avec les présidents de clubs contre le général en convoquant cette réunion de Douala. Qui manipule finalement ?
Ecoutez, nous devons être sérieux. Complot ourdi par qui ? Je crois qu’ils ont peur du président Eya alors qu’il n’a convoqué aucune réunion. C’est le président de la Ligue qui nous a convoqués à cette réunion dont l’ordre du jour n’était même pas connu avant. Ce n’est qu’à Douala que nous avons constaté qu’il avait associé M Eya à sa rencontre. Il a même demandé à Eya de nous supplier pour que le championnat démarre le 26 janvier. Mais celui-ci a été surpris de constater qu’il n’avait aucun problème quant au démarrage dudit championnat. Je crois que là encore le général s’est grossièrement trompé.
On note que certains présidents que vous représentez n’ont pas tous été associés à la remise du chèque représentant la subvention accordée par l’Etat aux clubs. Pourquoi ?
Vous savez, nous assistons à toutes les réunions avec le Premier ministre lorsque l’argent n’est pas encore disponible, mais dès que la subvention est disponible, le président de la Ligue trouve bon de se faire accompagner par ses enfants pour aller le percevoir. Nous devons déplorer cette façon de gérer que nous trouvons totalement en déphasage avec les volontés du président de la République.
On vous sent très amère vis-à-vis du général. On dirait une haine viscérale. Dites nous, quel problème avez-vous avec Pierre Semengue ?
Je n’ai aucun problème avec le général. Au Comité provisoire de gestion (Cpg), nous ne sommes pas habitués aux abus. Le général se comporte comme s’il avait en face de lui des hommes de troupes. Chose que nous n’acceptons pas. Nous créons nos clubs qui sont une émanation du privé et non de l’Etat. Il n’a pas été élu et quand bien même il le sera, il ne nous parlera pas sur ce ton là. Vous l’avez vu à la télévision ; il parle en frappant le poing sur la table et dit que c’est un ordre qui doit s’exécuter. A qui donne t-il des ordres ? Moi je crois qu’il confond de milieu ; il se croit encore chef d’Etat major des armées.
Et si on parlait du Tonnerre ! Quel est le Tkc engagé au championnat de football professionnel cette saison ?
De quoi me parlez-vous ? Il y a un seul Tkc légitime et reconnu. Je ne connais pas l’autre démembrement. Sauf si vous parlez de ce Tkc qui se comporte exactement comme le Général Semengue. Lui qui commence à ignorer ceux qui l’ont nommé hier. Moi j’ai nommé son fils au Tkc et aujourd’hui il veut s’emparer du club. Son père pour qui nous avons contribué à la nomination crie aujourd’hui qu’il est le seul reconnu par l’Etat, donne des ordres…Je peux comprendre. C’est tel père, tel fils.
Entretien avec Christian TCHAPMI