Le commissaire du 2éme arrondissement de la ville de Yaoundé serait le principal responsable des émeutes sanglantes du samedi dernier. Notre enquête.
Le marché Mokolo a été provisoirement fermé au public, il y’a quelques jours, pour une semaine par un arrêté signé du préfet du Mfoundi Jean-Claude Tsila, président du comité de crise.Entre-temps, moult versions continuent d’alimenter la chronique, quant au mobile réel du déclenchement des émeutes de samedi dernier. Pendant que les uns et les autres se rejettent la responsabilité de l’incident.
Des sources proches de la communauté urbaine de Yaoundé soutiennent mordicus que Gilbert Tsimi Evouna le délégué du gouvernement ne serait, ni de près, encore moins de loin, associé. Pour l’une d’entre elle : « nous avons lu beaucoup de choses dans les journaux, vous savez comme moi que plusieurs de nos concitoyens ne portent pas le délégué dans leurs cœurs parce qu’il fait correctement son travail… il ne s’est rendu au marché Mokolo qu’après le déclenchement des émeutes autour de 13 heures, et pas avant, comme j’ai pu le lire dans beaucoup de journaux, c’est lorsqu’il a été informé par le préfet que ça n’allait pas au marché qu’il a pris l’initiative de s’y rendre ».
Cette version des faits semblent d’ailleurs corroborée par le témoignage d’un vendeur à la sauvette, qui a assisté de près au déclenchement desdites émeutes, Flaubert P. Raconte : « tout était calme, l’activité se déroulait normalement, le commissaire Aristide Ayissi Mbarga et ses éléments ont fait irruption dans le marché comme d’habitude pour escroquer les commerçants. Y étant, il a confisqué la marchandise d’une bayam sellam, c’est alors que sa voisine qui suivait la scène a affirmé que Ayissi va mal mourir. Fâché, le commissaire a demandé à ses éléments et aux gros bras qui l’accompagnaient d’arrêter la bonne dame et de l’enfermer dans ses cellules.
Pendant qu’ils s’apprêtaient à l’arrêter, la nouvelle a fait le tour du marché et les commerçants et autres badauds accourant de toutes parts, ont par solidarité dit qu’elle n’allait pas bouger. Voilà donc comment l’affaire là, a commencé. En fait, lorsque le commissaire et ses hommes ont voulu insister, les commerçants se sont mis à ériger des barricades sur la chaussée et à brûler les pneus de véhicules. Débordé le commissaire Ayissi a fait appel au renfort, notamment au GMI, qui est venu avec son camion anti-émeute et ses canons à eau et a entrepris de disperser les foules, alors que tout le marché avait déjà pris feu ».
Hier encore, un impressionnant dispositif policier était perceptible au marché Mokolo. Appuyés par les éléments du commissariat du 1er arrondissement, ainsi que ceux des équipes spéciales d’intervention rapide (Esir), les hommes du commissaire de sécurité publique du 2éme arrondissement visiblement sur les dents, campaient toujours sur les lieux. Pendant ce temps, nous confirme-t-on, de nombreux commerçants et autres vendeurs à la sauvette, accusés d’avoir pris une part active aux incidents de samedi dernier, croupissent dans les cellules de ladite unité, alors que d’autres méditent déjà leur sort à la prison centrale de Kondengui.
Si au terme de nos multiples investigations, aucun élément d’appréciation ne nous a permis d’établir que mademoiselle Yakam Ngantcha Annie-Laure Viviane employée du Pari mutuel urbain du Cameroun (dont le corps a été placé sous scellé à la morgue de l’hôpital central, en attendant l’aboutissement des enquêtes ) et tenancière du kiosque du marché Mokolo est l’unique victime du drame. Eu égard que les avis continuent de diverger sur le nombre réel de victimes. Un témoin oculaire affirme avoir vu la dépouille, d’un jeune homme âgé d’environ 16 ans, celui-ci argue-t-il aurait été tué par un policier qui a tiré sur lui à bout portant. Toutefois, alors que certains établissent une causalité entre les corps repêchés au lac municipal il y’a quelques jours, et ceux des morts du marché Mokolo, il reste fragrant, que cette thèse semble être discréditée par le fait que jusqu’à lors aucune famille n’a officiellement revendiqué la disparition d’un de ses membres.