A Monsieur Le Secrétaire Général des Nations Unies, New York, USA
Monsieur le Secrétaire General,
Nous, Soussigné, Célestin Bedzigui, Chairman, Global Democratic Project, Harrisburg, USA, Citoyen du Cameroun et agissant comme tel, assisté par Howard Njeck, Executive Director, Cameroon Diaspora Conference, Washington DC, Marcel Simé, Représentant Adjoint du CODE, USA, Tous Citoyens du Cameroun et agissant comme tels,
Nous venons par la présente pétition demander l’institution d’ une Commission d’ enquête internationale chargée d’établir les faits et les circonstances des massacres des populations civiles survenus du 25 au 28 Février 2008 au Cameroun, de déterminer la nature des crimes commis dont le crime contre l’humanité, d’établir des responsabilités, d’identifier les auteurs dans la mesure du possible et de faire des recommandations, en application des dispositions édictées par les Conventions et Traites Internationaux découlant de la Charte des Nations Unies et visant a assurer aux peuples protection et droits civils et politiques.
Le bilan de ces massacres des populations civiles perpétrées par les forces de l’ordre au Cameroun a été évalué par une source indépendante, l’Observatoire National des Droits de l’Homme du Cameroun (ONDH) appuyé par des associations telles l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Littoral et France) a 136 tués et a environ 3.000 arrestations. Le Gouvernement quant à lui a reconnu un bilan officiel de 40 morts et de 1671 personnes interpellées. Il n’a par ailleurs pas cru devoir instituer une Commission d’enquête ni engager la moindre investigation pour établir les abus et réprimander ou punir leurs auteurs de ces tueries.
LE CADRE JURIDIQUE
Nous fondons notre pétition sur une base juridique dont l’une des dimensions renvoie au concept de ‘’ crime contre l’humanité’’ qui, parce qu’imprescriptible, fait que les poursuites engagées en résultante des massacres de Février 2008 ne sont pas frappés de caducité ou forclusion.
1-Droit interne : Le préambule de la Constitution du Cameroun de 1996 stipule que ‘’ Toute personne a droit a la vie et a l’intégrité physique…, elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité. En aucun cas, elle ne peut être soumise à la torture, a des peines ou traitements cruels…’’
2-Droit International relatif aux Droits de l’Homme : Le Cameroun a signé et ratifié la plupart des conventions internationales et régionales relatives aux droits de l’homme et comme tout autre Etat, il est également lié par les normes du Droit International coutumier en la matière. Deux instruments internationaux ratifiés par le Cameroun qui s’appliquent aux événements de Février 2008 méritent ici d’être mentionnés : le Pacte Internationale relatif aux Droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Par ailleurs, un grand nombre de victimes de ces massacres étant des enfants, il convient d’ajouter également la Convention relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine des Droits et de bien être de l’enfant, toutes ratifiées par le Cameroun. Il y aurait ainsi lieu que la Commission d’enquête vérifie que plusieurs droits garantis par ces conventions n’ont pas été violées lors de événements de Février 2008 et de déterminer la responsabilité de l’ Etat camerounais dans ces violations.
3-Droit pénal international : Le Cameroun a ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale Internationale, laquelle a donc juridiction pour juger les crimes commis au Cameroun et pour lesquels elle est compétente. Le Statut de Rome définit trois catégories de crimes internationaux parmi lesquels la catégorie de ‘’ crime contre l’humanité’’ est applicable aux événements du 28 Février 2008. Il y a ‘’crime contre l’humanité’’ quand l’un des actes énumérés a l’article 7 du Statut de Rome est commis dans le cadre d’ ‘’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque’’.
LES SERVICES DE SECURITE IMPLIQUES DANS LES MASSACRES DE FEVRIER 2008
Trois services de sécurité ont été impliqués dans les événements de Février 2008 et qui sont tous rattachés à la Présidence du Cameroun, ce qui engage en ultime ressort la responsabilité de celui qui occupe ce poste.
1-La Police Nationale et principalement le GMI, Groupement Mobile d’ Intervention relevant du Secrétariat d’ Etat à la Sûreté Intérieure rattaché à la Présidence de la République;
2-La Gendarmerie Nationale relevant du Secrétariat d’ Etat à la Sécurité nationale ;
3-Les unités spéciales de lutte contre le grand banditisme : GSO et BIR rattachés au Ministère de la Défense et aux Services de la police nationale.
Les éléments de ces forces entretiennent une tradition de recours a la violence extrême exacerbée par la culture d’impunité dans laquelle ils ont été établis par un régime oppressif et accordant très peu de prix au respect de la vie et de la dignité humaine.
LE CONTEXTE
Il est utile de présenter brièvement le contexte dans lequel se situent les évènements de Février 2008 en reprenant la relation des faits de première main et les analyses produites par les associations de défense des Droits de l’Homme en activité au Cameroun, dont plus particulièrement l’ Observatoire National des Droits de l’ Homme du rapport duquel nous tirons l’ essentiel du matériel et des données utilisées dans la présente pétition.
1.Le contexte politique
Dans le courant de l’année 2007, plusieurs dignitaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) – parti au pouvoir – appellent individuellement à la modification de la Constitution afin de permettre au Président Paul Biya de briguer un nouveau mandat en 2011. Le débat est lancé. Diverses forces politiques de l’opposition expriment alors leur mécontentement et avertissent de prochaines manifestations. Le 30 octobre 2007, Paul Biya explique à la chaîne de télévision France 24 que la Constitution ne lui permet pas, « à l’heure actuelle », d’envisager une nouvelle candidature, avant d’ajouter : « Vous avez aussi des gens qui estiment que pour assurer la continuité, il faut que le Président se présente. Je laisse le débat se dérouler. » Le 6 novembre 2007, à l’occasion de la journée commémorative de l’arrivée au pouvoir de M. Paul Biya, (le 6 novembre 1982), le RDPC appelle publiquement à la révision constitutionnelle. Le discours de fin d’année du Président qui confirme cette option suscite de nouveau les critiques de l’opposition politique et de la société civile qui dénoncent une «dérive monarchique» visant à assurer le maintien au pouvoir du Chef de l’État après 2011.
2. Le contexte économique et social
Les vingt-six années de pouvoir de M. Paul Biya sont globalement jugées avec sévérité par les Camerounais. Depuis son accession à la tête de l’État, la situation économique du pays n’a fait que se dégrader, entraînant du coup une détérioration constante de la situation sociale : corruption, chômage, pauvreté, misère, insécurité. Les coupures d’eau et d’électricité sont devenues régulières. La santé et l’éducation sont devenues moins accessibles. Les conditions de vie des étudiants se sont détériorées : absence de bourses d’étude, montants d’inscription en hausse constante, logements universitaires insalubres et rares. L’avènement de la démocratie et de la pluralité des opinions, obtenues au début des années 90 au terme d’un puissant mouvement de contestation, n’a pas empêché le régime en place de se maintenir au pouvoir par le biais d’élections présidentielles que les Camerounais et de nombreux observateurs jugent «truquées». Le dernier scrutin présidentiel, d’octobre 2004, a par exemple fait l’objet de vives critiques des observateurs de l’Église catholique (1200 observateurs dans tout le pays) et de ceux du Commonwealth (2) : de nombreuses personnes n’ont pas pu voter faute d’être inscrites sur les listes électorales (seulement 4,6 millions d’inscrits sur environ 8 millions de personnes de plus de 20 ans) ; l’ensemble du processus électoral a été dirigé par le ministère de l’Administration territoriale et non par une commission électorale indépendante. Aujourd’hui, les Camerounais ont, dans l’ensemble, le sentiment que le gouvernement, sclérosé par l’élite au pouvoir, est profondément indifférent à ses attentes. La jeunesse, qui n’a connu que Paul Biya au pouvoir, est désespérée par une révision constitutionnelle tendant à obstruer l’espoir d’un changement politique et à pérenniser un régime estimé à l’origine de la précarité, du chômage, et des mauvaises conditions de vie actuelles. Sa seule aspiration : quitter le pays pour trouver mieux ailleurs. Dans ce contexte, l’explosion du prix du pétrole, entraînant une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité (riz, pain, huile) et des matériaux de construction, a aggravé le malaise social et renforcé la rancœur contre les élites.
LES FAITS DU 13 AU 29 FÉVRIER 2008
Dans ce climat de tension latente, le gouverneur de la province du Littoral publie, le 15 Janvier 2008, un arrêté interdisant, sur l’ensemble de la province, les manifestations et autres occupations non autorisées sur la voie publique, pour une durée indéterminée. Cette décision ravive le mécontentement populaire suscité par le projet de réforme de la constitution. Malgré cet arrêté, plusieurs meetings de l’opposition portant sur le sujet de la réforme constitutionnelle se succèdent à Douala, chef-lieu de la province du Littoral.
Des barricades sont dressées dans de nombreuses rues et des pneus et autres matériaux sont brûlés sur la voie publique. En différents endroits de la ville, la police intervient avec des camions lance eau et des gaz lacrymogènes pour essayer de disperser les manifestants. Les manifestants répliquent par des jets de pierres. Les manifestations se transforment lors en batailles rangées entre forces de l’ordre et jeunes protestataires. Face aux jets de pierres, les forces de l’ordre tirent à balles réelles. Dans certains cas à bout portant. A la vue du sang, la situation se dégrade et les manifestations se transforment en de véritables émeutes urbaines. De nombreuses scènes de pillage et des actes de vandalisme se multiplient dans tous les quartiers de la ville, excepté dans le quartier administratif de Bonanjo et au port, qui restera sécurisé tout au long des événements.
1- Les morts
D’après l’Observatoire National des Droits de l’Homme, on ne saurait limiter la cause de ce qui s’est passé au Cameroun en Février 2008 au simple facteur de la famine. Contrairement aux pays de l’Afrique de l’ouest, au Cameroun, le contexte politique lié à cette période au projet de la modification de la constitution, l’augmentation des prix des produits pétroliers et des denrées de première nécessité, ont largement contribué au soulèvement de la population. L’observatoire juge l’attitude gouvernementale répressive, et en donne pour preuve, le recours systématique des forces de l’ordre aux tirs à balles réelles, voire aux grenades sur les populations désarmées. Ces différentes armes ne sont pas adaptées aux opérations de maintien de l’ordre, contre des personnes qui n’étaient pourtant pas armées. Quelques exemples : Des jeunes en provenance du quartier Bonabéri à Douala 4e, avec des messages de paix inscrits bien en évidence sur des pancartes, ont entamé une marche pacifique pour exhorter leurs camarades à revenir à la raison. Ils avaient l’intention de rencontrer le Gouverneur de la région du Littoral, mais ils ont été sauvagement massacrés alors qu’ils traversaient le pont sur le fleuve Wouri. De même, le rapport mentionne qu’après le discours du chef de l’Etat, les jeunes Nono Laplage et Njonteng Ngantchou habitant le quartier Ndogpassi à Douala 3e, sont sortis s’enquérir de la situation de leurs camarades, malheureusement pour eux, ils sont tombés sous les balles d’une quinzaine de militaires et d’éléments du GSO. Ce sont ces procédés qui ont conduit au bilan constate de 136 morts que nous avons signale plus haut. L’ONDH fait remarquer que cette situation traduit clairement, les violations graves des droits de l’homme. Voici à titre indicatif une liste non exhaustive des personnes tuées au cours de ces évènements :
(Voir tableaux ci-contre)
2- Les exécutions sommaires
Des dizaines d’exécutions sommaires ont été rapportées. Plus significatifs sont les cas de certains manifestants ou des membres de leurs familles qui ont été délibérément ciblés par les forces de l’ordre et exécutés a bout portant. C’est le cas, le 27 Février, a Loum, ou Aya Patrick Lionel, 11 ans, a été tué par balle devant le domicile familial. Il était le fils de Joe la Conscience, un activiste bien connu des Droits de l’homme. A l’identique, le jeudi 28 Février, Jacques Tiwa a été tué par un militaire qui a tiré sur lui a bout portant, sans sommation, alors que la rue était calme ; aucun autre passant n’a été inquiété. Jacques Tiwa était un ancien leader estudiantin au début des années 90 qui s’était ensuite exilé en Afrique de l’Ouest pour fuir la répression.
3- Les arrestations en masse
Dans la foulée, il y a eu des arrestations que l’ONDH qualifie « d’arbitraires ». Le rapport indique qu’il y a eu environ 3 000 personnes arrêtées au sein de la société civile, dont 2 000 dans la région du Littoral, près de 4 00 à l’ouest, soit 213 à Bafoussam, 85 à Bafang , 65 à Dschang, 4 à Bandjoun et 17 à Baham. Ces différentes arrestations ont débuté timidement dès le 25 février 2008, puis ont pris de l’ampleur les 26, 27, 28 et 29 février. Le rapport de l’ONDH souligne alors que les forces de l’ordre ont à ce titre, manqué à leur devoir de porter assistance médicale aux victimes, ainsi que d’informer les familles affligées. Au cours des émeutes de février 2008, cette situation avait amené alors les associations de défense des droits de l’homme, à monter au créneau pour dénoncer les violations des droits de l’homme, prenant le contre-pied du gouvernement notamment au niveau du bilan des émeutes. Si l’Etat parle de 40 morts, celles-ci avaient estimé le bilan plus lourd, soit à une centaine de personnes tuées. Ces sorties dans les médias internationaux principalement, n’avaient pas du tout été appréciées par le gouvernement. Madeleine Affité, la présidente de l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, branche du Littoral, ainsi que de la maison des droits de l’homme du Cameroun, dit avoir plusieurs fois reçu des menaces d’intimidation, son véhicule vandalisé au lendemain des émeutes au mois de mars. Mais elle n’est pas la seule à avoir été intimidé, les journalistes travaillant notamment pour la presse étrangère selon l’observatoire, avaient aussi été menacés.
LA QUALIFICATION DES VIOLATIONS ET DES CRIMES
1-Les violations des Droits de l’ homme
Les événements ci-dessus décrits constituent de graves violations des Droits de l’Homme au regard des Conventions ratifiées et signées par le Cameroun qui garantissent les droits Fondamentaux de la personne. Plusieurs dispositions du Pacte Internationale relatif aux droits Civils et Politiques ont été violées. Le Cameroun n’a pas utilise son droit de dérogation a plusieurs disposition du Pacte prévu à l’ article 4. Toutes les dispositions du Pacte sont donc applicables aux événements en question.
De plus le Cameroun a violé de manière massive le Droit à la vie de ses citoyens (Art. 6 du Pacte) lorsque les forces de sécurité ont tué par balle plus d’une centaine de civils a Douala et à Yaoundé.
Le droit de n’être soumis, ni a la torture, ni aux traitements dégradants (Art. 7 du Pacte) a été également violé de manière massive. Les arrestations et détentions arbitraires documentées constituent quant à elles des violations de l’ Article 9 du Pacte.
2-Les violations du Droit Pénal International
Un faisceau d’indices sérieux permettent d’établir que les actes perpétrés du 25 au 29 Février 2008 ont atteint un niveau de gravite justifiant qu’ont les qualifie de crimes contre l’humanité. Analysons ainsi qu’il suit les faits à l’aune des éléments constitutifs du crime contre l humanité et sur la base des éléments relatifs aux crimes.
•Eléments constitutifs du crime contre l’humanité : Pour que des actes soient considérés comme constitutifs de crime contre l’humanité, il doit avoir été commis dans la cadre d’une attaque généralisée et systématique lancée contre une population civile et en connaissance de cette attaque.
oL’attaque : En référence aux crimes contre l’humanité, ‘’une attaque est un comportement qui consiste en la commission d’acte de violence’’. Le terme ‘’ attaque’’ englobe également ‘’ les mauvais traitements infliges a la population’’. Sur la base des informations recueillies, les actes de violences constates, de par leur nature, leur envergure et leurs caractéristiques faisaient tous partie d’ un ensemble de comportement qui indiquent une attaque coordonnée et organisée entre les gendarmes, les éléments du GMI et ceux du GSO.
oSon caractère généralisé et systématique : Le terme ‘’généralisé’’ se réfère ‘’au caractère étendu ou à grande échelle de l’attaque qui est principalement reflété par le grand nombre de victimes’’. Les évènements du 28 Février 2008 ont fait 136 morts et a 3000 arrestations selon les organisations des Droits de l’homme.
oSystématique : L’expression systématique se réfère ‘’ au caractère ‘’organise des actes et a l’improbabilité de leur survenance ait été le fruit d’un hasard ‘’. Les faits survenus en Février 2008 suggèrent fortement une approche coordonnée entre la gendarmerie, la GSO, et le GMI dans un effort manifeste de causer le maximum de victimes civiles et surtout parmi les jeunes.
oPopulations civiles : Pour que des actes soient qualifiés ‘’ crimes contre l’humanité’’, l’attaque doit être orientée vers les populations civiles. Selon les informations en notre possession, les manifestants n’étaient pas armés et arboraient tous des tenues civiles.
oAvec connaissance de l’attaque : La coordination entre les forces de l’ordre a l’œuvre sur le terrain démontre l’assistance apportée par les uns aux autres.
•Conclusions sur les crimes contre l’humanité : Les membres du GSO, du BIR et du GMI ont traqué les manifestants a travers les villes de Douala et de Yaoundé. En une journée, plus d’une centaine de civils ont trouvé la mort ou ont été gravement blessés. Indépendamment de la légalité de la manifestation, il ne saurait y avoir de justification en droit pour les moyens et méthodes utilises et pour la gravite et l’ ampleur des actes de violence commis contre les civils par les forces de sécurité. Ces actes constituent une ‘’attaque généralisée et systématique contre la population civile en application ou dans la poursuite d’une stratégie ayant pour but de réprimer, au travers de la commission de cette attaque, le mouvement de contestation’’ . Le crime contre l’humanité est donc ainsi constitué.
LES RESPONSABILTES
1. Responsabilités de l’Etat du Cameroun pour la violation des Droits de l’Homme
- L’Etat du Cameroun est responsable des violations commises par ses agents de la police, la gendarmerie, les unités spéciales du GSO et du BIR. Toutes ces unites ont participe de manière coordonnée aux massacres de jeunes désarmés, sur instruction de leur hiérarchie. La participation de ces unités a ces violations est détaillée dans le rapport de l’ ONDH joint en annexe.
- La première responsabilité de l’Etat camerounais est celle de protéger ses populations des graves violations des Droits de l’ Homme, obligations qui découlent de plusieurs instruments internationaux ratifies par le Cameroun et du Droit International coutumier. Les forces de sécurité camerounaise ont montre qu’elles étaient incapable de protéger leur populations.
- La seconde responsabilité de l’Etat camerounais est de mener sans délai des enquêtes efficaces et de traduire et de traduire en justice les responsables des graves violations perpétrées pendant ces évènements. Ce Droit est garanti par le pacte International relatif aux droits civils et politiques (art.2) et par la Convention contre la torture (art.5). Cette obligation est également reprise dans plusieurs instruments internationaux et est aujourd’hui généralement considérée comme une norme du droit international coutumier. Le gouvernement camerounais est loin de s’acquitter de l’obligation qui lui incombe à ce titre.
- Une troisième obligation se rapporte au ‘’ droit inaliénable de connaitre la vérité’’ sur les graves violations des évènements de Février 2008. De manière manifeste, le gouvernement camerounais ne s’ est pas acquitte de cette obligation.
2. Responsabilités individuelle pour les violations du Droit Pénal International
2.1. Il existe deux formes principales de responsabilité, alternatives, selon lesquels un individu peut être rendu pénalement responsable de violation du droit pénal international : la responsabilité directe ou la responsabilité indirecte ou la responsabilité du chef militaire ou hiérarchique. La responsabilité directe prévaut lorsqu’ un individu commet, ordonne, favorise, aide et encourage ou alors assiste a la perpétration ou fournit les moyens pour la perpétration de crimes, ou contribue intentionnellement a la perpétration d’un crime par un groupe de personnes ayant un objectif criminel commun. La responsabilité indirecte ou de commandement prévaut quand un chef ou supérieur possède un contrôle effectif sur les individus ou sur les forces sous son commandement ou autorité, quand cet individu savaient ou aurait du savoir que les forces sous son contrôle commettaient ou étaient sur le point de commettre de tels crimes.
2.2. Au regard des informations consignées dans le rapport de l’ ONDH et des normes édictées par les instruments internationaux ratifies par le Cameroun et le Droit International coutumier, il existe des motifs raisonnables de présumer, en relation avec les évènements de Février 2008, une responsabilité pénale individuelle des personnes suivantes :
- Le Président de la République, Chef des Armées, M. Paul Biya : Les faits rapportes dans le rapport de l’ ONDH permette de présumer de sa responsabilité pénale directe voire une responsabilité de commandement, pour les faits qui se sont produits en Février 2008 ; en tant que Commandant en Chef des forces armées et de sécurité, le Président Biya a l’ ultime pouvoir de commandement sur toutes les forces de sécurité engagées dans les évènements de Février 2008 d’ autant que le discours télévisé délivré par lui le 27 Février 2008 a constitue un véritable permis de tuer octroyé aux forces de sécurité.
- Le Délégué a la Sureté nationale de l’époque, Edgar Mebe Ngo : Les informations présentées dans le rapport de l’ONDH indique qu’il existe des raisons suffisantes de présumer une responsabilité pénale directe de Edgar Mebe Ngoh, voire une responsabilité de commandement pour les actes en relation avec les massacres de Février 2008. Les informations disponibles confirme la participation de éléments places sous son commandement, ce qui place ces unités ‘’au centre de l’attaque organisée et coordonnée contre des manifestants civils.
- Les Commandants des unités spéciales GSO, ESIR et le BIR ainsi que les Commandants de Légion de gendarmerie des provinces du Centre, Littoral, Sud Ouest, Ouest : Les éléments du rapport de l’ ONDH établissent qu’ il pourrait y avoir des motifs suffisants de présumer la responsabilité de chef militaire et de supérieur hiérarchique des Commandants d’ unités ci-dessus énumérées.
LES ATTENTES DU PEUPLE CAMEROUNAIS
Le peuple camerounais s’enfonce chaque jour davantage dans une misère grandissante, toute chose incompréhensible pour un pays doté de ressources naturelles et humaine remarquable. Au cours des cinq dernières décennies qui n’ont vu que deux personnes a la tête de l’Etat, les populations ont été de manière récurrentes victimes de massacres tous liés a un désir légitime d’émancipation et de meilleures conditions de vie . On a ainsi assisté aux massacres de près de 500,000 personnes par les forces de la France, puissance coloniale, utilisant quelques supplétifs locaux, au début des années 60, a la suite d’une revendication nationaliste d’accès a la souveraineté. En 1990-1991, on enregistrera des massacres par les forces de sécurité de plus de 1,000 personnes à la suite de revendications demandant l’instauration du multipartisme. Aucun de ces massacres, contrairement aux réactions enregistrées a la suite d’évènements de même nature dans d’autres pays, n’a semblé susciter un intérêt significatif de la communauté internationale.
Les massacres du 25-29 Février 2008 sont l’ expression du ras de bol des populations et plus précisément des jeunes face a la dégradation croissante de leur condition de vie, la montée du chômage, de la pauvreté, les restriction de plus en plus marquées de leurs libertés. Le bilan de 136 morts et de 3000 arrestation relèvent d’une ampleur identique a ceux qui se sont déroule en République de Guinée en Septembre 2009 et pour lesquels la Commission Internationale a travers l’ONU s’est élevé et établi une commission d’enquête internationale.
Le Peuple camerounais souhaite avoir les mêmes privilèges accordés à d’autres peuples, tel que celui dont la Guinée a bénéficié il y a quelque mois. La Commission d’enquête internationale qui serait instituée sous la houlette des Nations Unies a la suite de notre démarche renforcera la conscience du peuple du Cameroun d’être reconnue comme membre de la communauté des nations pouvant bénéficier de la protection qu’ elle garantit aux populations de ceux de ses membres qui sont exposes aux coups de boutoir de systèmes oppressifs.
SIGNATAIRES
Celestin Bedzigui, Chairman, Global Democratic Project, Harrisburg, USA Howard Njeck, Executive Director, Cameroon Diaspora Conference, Washington DC Marcel Simé, Représentant- Adjoint du CODE, USA
NB : les surtitre titre et chapeau sont de la rédaction.
Source : Rapport de l’Observatoire National des Droits de l’ Homme
1 Ndimah Lovert Fuambuh DOUALA 2 Awana Touabe Blaise DOUALA 3 Dibaben Etienne dit Yoyo DOUALA 4 Directeur du snack “‘e protocole” a Akwa DOUALA 5 Ebanga Ndongo Lurie DOUALA 6 Ebwele Blaise DOUALA 7 Issom Joseph Mustapha DOUALA 8 Jabea Christian Daniel DOUALA 9 Mbede Thomas Lucres DOUALA 10 Mbeng Junior DOUALA
11 Ngounou Edouard DOUALA
12 Tsague Jules DOUALA
13 Kameni Auriol BAFANG
14 Kamga Romain DOUALA
15 Owuboki Paul KUMBA
16 Tantoh Emmanuel BAFOUSSAM
17 Tekoh Roland KUMBA
18 Bebbey Epee Thomas DOUALA
19 Bonang Omang Jean Pierre PENJA
20 Che Emmanuel KUMBA
21 Corps non identifie (un fou) LOUM
22 Etchong remy DOUALA
23 Hinsia DOUALA
24 Kamdem Kenmegne Jean DOUALA
25 Kameni Patrick Lionel LOUM
26 Maleg Thaddeus KUMBA
27 Minkante Makamte Jonas DOUALA
28 Minkoulou DOUALA
29 Nana Nameni Giresse Alias Nono Lapage DOUALA
30 Ngantchou Njenteg Timothee DOUALA
31 Nintedem Aurelien DOUALA
32 Norbert (prenom) MBANGA
33 Nsoh Nsoh DOUALA
34 Nyamsi Gervais DOUALA
35 Onah Patrick Joseph DOUALA
36 Oyema Paul KUMBA
37 Steven Abbia Joseph BUEA
38 Tabungong Emmanuel KUMBA
39 Turbo (sobriquet) DOUALA
40 Walter Stephen DOUALA
41 Anya Eyong Elvis KUMBA
42 Awah Debene BAMENDA
43 Che Emmanuel Tanifor BAMENDA
44 Etong Taile Andre DOUALA
45 Fontoh Isily BAMENDA
46 Ndogma Wamba Jules DOUALA
47 Nsaba Michel DOUALA
48 Saayem Jean De Dieu DOUALA
49 Tchapda Eric Martial DOUALA
50 Tiwa Jacques DOUALA
51 Anthony Foment BAMENDA
52 Blaise Ebouele
53 Prudencia Bih
54 Un moto-taximan ( Benskinneur)
Voici par ailleurs ci-dessous le tableau des victimes par localité fournie par la LCDH :
Ville Nb de morts Nb de morts
LCDH Autorités
Douala 100 26
Yaoundé NC 2 (dont un policier)
Mbanga 2 1
Bafang 2 0
Buéa 2 0
Njombé-Penja 2 1
Loum 7 2
Bamenda 6 4
Santa NC 1
Bafoussam 4 1
Kumba 7 0
Limbé 5 0
Dschang 1 1
Muéa 1 1
TOTAL Au moins 139 40 |