Emana: Egorgée et abandonnée dans sa voiture

oël Nguetti est gardé à vue depuis vendredi dernier à la Drpj du Centre, soupçonné du meurtre de sa fiancée, Elisabeth Ngo Ond Gwet.

 

Le 03 mars prochain, Elisabeth Ngo Ond Gwet devrait souffler sur sa 29ème bougie. C’est ce jour-là que sa famille a programmé ses obsèques. Retrouvée morte dans sa voiture le 17 février dernier en fin d’après-midi sur un terrain de football sis au quartier Emana, à Yaoundé, son corps est actuellement gardé à la morgue de l’Hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy). Son véhicule, lui, est aujourd’hui garé au commissariat du 6è arrondissement d’Etoudi.

 

La dépouille avait d’abord été transportée à la direction régionale de la police judiciaire (Drpj) du Centre, pour identification, avant d’être déposée à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé aux environs de 21h cette nuit-là. Elle a ensuite été transférée à l’Hgopy. «Nous l’y avons déposée pour quelques points de suture au niveau du cou, car la tête a été coupée», explique un ami de la famille.

 


le 17 février 2012, Elisabeth, l’une des aînées de la victime, reçoit un coup de fil d’un de ses beaux-frères lui demandant la véritable identité de «Nyango» (petit nom attribué à la défunte). Ce qu’elle fait. Elle reçoit un autre appel, cette fois de son mari qui lui donne des sueurs froides : Nyango est à la Drpj, et c’est très grave. «Je me suis dit qu’elle a dû faire un accident, surtout qu’elle venait de s’acheter un véhicule, une Rav4 de couleur bleue. J’ai donc alerté la famille pour qu’on se rende sur les lieux, mais j’étais loin de m’imaginer qu’elle était morte», se lamente la soeur de la disparue.


Elisabeth Ngo Ond, au moment où son corps est retrouvé inanimé, semblait avoir subi des sévices corporels avant l’issue fatale. «Elle était toute nue, les cheveux baignaient du sperme. Les pieds, ligotés, semblaient avoir été repassés au fer ainsi que ses cuisses. Elle avait reçu plusieurs coups du poignard dans le dos», détaille un proche parent qui avait participé au transport du corps à la morgue.

Samedi dernier, la famille apprend que le fiancé, après plusieurs versions données aux enquêteurs, finira par passer aux aveux. «Il a déclaré avoir commandité le meurtre de sa dulcinée, en contrepartie de la somme de 30 mille francs Cfa», confie une source policière. Les motifs du meurtre ne sont pas encore connus.
Toujours est-il que la jeune fille, sur les conseils de sa famille la veille même de sa disparition, avait décidé de mettre un terme à sa relation amoureuse devenue «trop dangereuse pour sa vie». La dernière fois qu’Elisabeth Ngo Ond Gwet a été aperçue à son lieu de service, à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), services centraux où elle était cadre moyen à la direction des ressources humaines, c’était le 15 février dernier. Elle avait, apprend-on obtenu une permission d’absence de 2 heures aux fins d’une consultation chez son ophtalmologue. Selon des indiscrétions, c’est à la sortie de la banque centrale qu’elle aurait rejoint dans la voiture son fiancé, Joël Nguetti.

Amoureux des bastonnades

Plus tard, les deux tourtereaux seront aperçus aux environs de midi du côté de la Cité verte. Pendant les heures qui suivront, c’est tout seul que Joël Nguetti fera des apparitions à son appartement, et dès le 16 février au domicile de la famille de la victime. «Il est venu jeudi matin, aux environs de 9h30. Il portait un pantalon jeans et une chemise rayée. Il s’est assis sur le talus. J’étais fâchée pour ce qu’il faisait subir à ma fille. Il s’est levé et est allé prendre de l’eau dans une bassine à la cuisine. Après en avoir bu une quantité, il s’est nettoyé le visage et s’est essuyé les mains sur son pantalon, avant de repartir», se souvient la mère éprouvée. La dame, en larmes, décrit une situation devenue insupportable entre sa fille et le fiancé, toujours ponctuée de disputes : «Il l’a même obligée à contracter un crédit à la banque pour s’acheter cette voiture sous son nom, mais elle a plutôt mis son propre nom», ajoute une des s?urs de la disparue. Joël est décrit par la famille de sa fiancée comme un être «trop brutal et amoureux des bastonnades à répétition. «Lorsqu’il m’a appelé pour la dernière fois, le 15 février, c’était pour me dire qu’il aimait ma s?ur. En retour, j’ai juré de ne pas me rendre aux célébrations de leur mariage, si jamais ils en arrivaient là», renseigne Berthe, une autre soeur d’Elisabeth.
En clair, cette relation n’était pas appréciée par les proches de Mlle Ngo Ond Gwet, qui pourtant tenait à l’imposer à sa famille. «C’était trop précipité. Ils se sont revus de manière fortuite en mai 2011, et deux mois plus tard on parlait de fiançailles. C’est allé très vite. On lui demandait de prendre son temps dans cette relation», renchérit un autre parent de la victime, qui avoue ne pas connaître grand chose du présumé bourreau. «Nyango» expliquait aux gens que l’homme était en service à Camnews, et qu’elle était allée le voir plusieurs fois dans son bureau.

A sa dulcinée, il annonçait qu’il devait être nommé à la présidence de la République. Une des soeurs d’Elisabeth Ngo Ond Gwet se souvient alors d’un détail : «Il nous disait aussi qu’il rédigeait souvent les discours du président du conseil d’administration de la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam), Joseph Anderson Le, dont il se disait très proche». Un Pca qui aurait affirmé l’avoir viré il y a quelques temps.
Josephine Abiala



21/02/2012
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