Electricité: Départ programmé, fuite des responsabilités ou aveu d’incompétence ?
DOUALA - 03 JUIL. 2013
© Roland TSAPI* | Le Messager
Incapable d’assurer le service de fourniture d’électricité, acculé de toutes parts par les dettes, hésitante sur ses perspectives, le groupe Aes contraint à plier bagages
Le retrait d’Aes de la Sonel est déclenché par un sursaut de patriotisme dont ont fait preuve deux directeurs en fonction au ministère de l’Eau et de l’énergie, qui faisaient partie de la délégation conduite par le ministre Basile Atangana Kouna à Paris il y a un mois. Le gouvernement et Aes-Sonel devait se rencontrer dans la cadre de la relecture du contrat de concession prévue tous les 5 ans. Pourquoi à Paris ? Parce que les dirigeants du groupe Aes à Arlington avaient refusé de venir à Yaoundé ou à Douala, à cause du « climat social incertain. » Ils avaient conscience qu’Aes-Sonel a déjà créé des mécontentements au sein de la population, avec des coupures intempestives et des incendies à répétition, et redoutaient une réaction inattendue.
Au cours des discussions, les dirigeants locaux d’Aes-Sonel avaient posé un préalable à la relecture du contrat : ils voulaient que le gouvernement leur accorde 10 années supplémentaires. En fait ils avaient promis à Arlington qui s’inquiétait de leur gestion, qu’ils obtiendraient les 10 ans supplémentaires pour se remettre à flot. Ils avaient même pour cela, selon des sources, « huilé » le réseau, et sont arrivés à Paris convaincus que l’affaire était dans la poche. C’était sans compter avec la témérité et le courage des deux directeurs cités plus haut. Ces derniers, prenant tout le monde de court, ont exigé des dirigeants d’Aes-Sonel d’expliquer leur plan d’exploitation sur les 10 ans demandés, car leur prestation actuelle ne militait pas en leur faveur. Il leur a été en plus rappelé que la nouvelle loi sur l’électricité leur interdisait de faire dans le transport de l’énergie. Selon des indiscrétions, ces directeurs étaient si déterminés et virulents que même leur ministre n’a pas pu calmer leurs ardeurs. Face à une telle détermination, les dirigeants venus d’Arlington ont compris que les dirigeants locaux montraient des limites. Ils ont rapidement fait leurs calculs : le transport de l’énergie qui était rentable leur est retiré, ils ne peuvent obtenir 10 années supplémentaires, le Cameroun contribue pour 1% dans le bénéfice du Groupe, ils sont poursuivis aux Etats-Unis pour des préjudices causés au Cameroun. Ça faisait beaucoup, et ils sont partis sans même dire au revoir à leurs dirigeants locaux. Deux semaines plus tard, Hilary Mackson, ex-directrice financière d’Aes-Sonel, partie du Cameroun depuis novembre 2012, est revenue avec le potentiel repreneur de leurs actions, pour lui présenter l’entreprise.
Plus de 8 milliards dus aux sous traitants
Aes-Sonel ne serait plus qu’une coquille vide aujourd’hui, qui s’appuie sur des Petites et moyennes entreprises locales pour survivre. Ces Pme, appelés sous-traitants font tout le travail de Aes-Sonel : construction des lignes, remplacement des poteaux, branchements, élagage, pose et dépose compteur, relève, distribution des factures, coupure et remise…tout cela sur financement propre, en dehors du matériel personnalisé que pourvoie l’entreprise. Elles sont supposées être payées 60 jours plus tard, mais doivent attendre des années durant. A ce jour, les sous-traitant de Aes-Sonel opérant dans le secteur de l’électricité réclament plus de 8 milliards Fcfa. On a là un exemple type d’asphyxie de Pme locales par une multinationale. Réunies au sein de l’Association des entreprises d’électricité et d’eau du Cameroun (Aseelec), elles ont depuis longtemps entamé des négociations avec la direction de Aes-Sonel pour être payées, mais rien ne bouge véritablement, malgré de multiples réunions et même un mouvement de protestation initié il y a deux mois devant les locaux d’Aes-Sonel à Koumassi. Tout au plus, les dirigeants excellent dans le dilatoire, les menaces de retrait d’agrément à ces sous-traitants, le bluff et même le mensonge qui ne sont pas sans conséquences. Il y a deux mois, un sous-traitant a été tabassé et laissé pour mort à Bassa par ses employés. Ils assistaient ensemble à une réunion de sécurité d’Aes-Sonel, et un responsable a eu l’idée de dire qu’Aes-Sonel avait payé toutes les factures des sous-traitants. Les employés en question, traînant derrière eux des dizaines de mois de salaires impayés, ont conclu que leur patron se moquait d’eux et l’ont sérieusement roué de coups. Le calvaire de ces Pme continue donc. Pour le moment, c’est le 30 avril 2013 que le directeur général d’Aes Sonel Jean David Bilè, a écrit à quelques patrons de ces Pme, pour dire qu’il reconnaissait leurs dettes des « prestations exécutées entre Janvier et juillet 2011 », et avait le « plaisir » de les informer que les modalités de règlement de ces factures « seront communiquées dans les meilleurs délais possibles». Deux ans après.
27 milliards Fcfa dus au personnel
Suivant la convention d’entreprise signée par le directeur général d’Aes-Sonel, une prime de productivité due à tous les travailleurs de l’entreprise est retenue depuis avril 2004. Il s’agit, suivant les termes de la convention, de constituer la somme de 5 milliards Fcfa, qui permettra aux travailleurs d’entrer dans le capital. Cette somme est atteinte en décembre 2008, et à partir de janvier 2009, les travailleurs détiennent 5% des parts sociales de l’entreprise, ce qui leur donne droit à des dividendes. Non seulement ces travailleurs n’ont jamais reçu un copeck comme dividende, mais depuis janvier 2009, la société continue d’opérer des retenues. Le surplus est aujourd’hui évalué à 17 milliards, auxquels devraient s’ajouter les intérêts. Les travailleurs estiment donc la somme due à ce jour à 22 milliards Fcfa, et comme ils ne bénéficient pas des dividendes, ils réclament que leur soient aussi remboursés les 5 milliards représentant leurs actions. Le total s’élève dès lors à 27 milliards Fcfa. Les dirigeants de l’entreprise fuient le débat autour de la question depuis longtemps. Ils ont même, selon ces travailleurs voulu influencer au plus haut niveau pour noyer cet argent. C’est ainsi que le directeur d’Aes Group avait rencontré le président Paul Biya pour lui demander d’annuler cette convention d’entreprise, mais le chef de l’Etat lui a marqué son refus de s’immiscer dans une convention qui lie une entreprise à ses travailleurs. Les 27 milliards sont finalement devenus un serpent de mer, mais les travailleurs les considèrent comme une dette que l’entreprise doit payer. Sans compter que, plus le temps passe, plus les intérêts augmentent.
Seulement 30% de l’énergie distribuée est facturée
Si Aes-Sonel ploie sous le poids des dettes aujourd’hui, c’est tout simplement la conséquence d’une incompétence managériale criarde. Le fonctionnariat, c'est-à-dire cette attitude laxiste qui consiste à se dire que son salaire passera à la fin du mois, et en conséquence ne pas se soucier de la rentabilité, a fait son nid au sein de l’entreprise. Les Américains ont voulu impulser une nouvelle donne, celle de l’efficacité et de la rentabilité, mais ils se sont vite cognés le nez sur les habitudes bien camerounaises. Alors que dans le même temps, un opérateur de téléphonie qui reprenait Camtel Mobile, a très rapidement viabilisé la structure et fait des bénéfices faramineux à ce jour. Les dirigeants d’Aes-Sonel sont incapables de rentabiliser la société, malgré leur position de monopole sur le marché. Selon des statistiques, seulement 30% de l’électricité distribuée est facturée, le reste s’envole dans les fraudes entretenues, les lampadaires anarchiques, la non facturation des compteurs, même avec les réclamations des clients. Des connaisseurs du milieu parlent également d’une facturation hasardeuse, qui fait en sorte que les logiciels de facturation et les types de factures varient au gré du donneur d’ordre. Avec en prime de l’argent perdu. Le rendement de production est donc très mauvais. 70% de production perdus, là où on s’attendait à une perte non technique de 5% au trop.
Malgré ces pertes, le chiffre d’affaire d’Aes-Sonel est passé de 73 milliards en 2001 à 245 milliards en 2012. Cette augmentation est due à l’effet mécanique de l’augmentation des tarifs. Par exemple, l’éclairage public est passé de 36Fcfa en 2001 à 100Fcfa aujourd’hui, le prix du kilowatt heure est aujourd’hui facturé jusqu’à 97 Fcfa pour les ménages. Une prime fixe a été instaurée pour les clients non domestiques. La demande a aussi progressé depuis 12 ans que la société a été privatisée. Les experts s’accordent pourtant à dire qu’il suffisait d’une gestion saine de cette structure, pour que le prix du kilowatt soit ramené à 25Fcfa pour la population. L’entreprise jouerait ainsi son rôle social de manière plus efficace, au lieu de spolier la population de la sorte et essayer de diluer cela dans des pseudos actions sociales comme la semaine du cœur, la campagne contre l’hypertension…Au lieu de se concentrer sur l’amélioration de la gestion, sur des investissements rentables comme la construction des lignes dans des nouveaux quartiers des zones urbaines, l’entreprise s’est plutôt lancée dans des investissements foireux, comme cette fibre optique posée sur certains axes routiers, qui aurait coûté 15 milliards Fcfa, et dont l’exploitation fait l’objet aujourd’hui d’une interdiction de la part de l’Agence de régulation des télécommunications (Art).
Aujourd’hui Aes s’en va, parce que l’équipe managériale est incapable de la rentabiliser, et d’en faire une fierté comme les opérateurs de téléphonie mobile. Le prix de l’excellence récemment « obtenu » aux Etats-Unis par-Aes Sonel n’est en réalité qu’une opération marketing, un dernier coup de « pub »visant à faire croire aux éventuels repreneurs que la société se porte bien au Cameroun, alors que toute la population la voue aux gémonies. D’aucuns disent que c’est la dernière récompense que Aes a voulu donner à Jean David Bile avant de l’abandonner.
Roland TSAPI*
*Journaliste
Cabinet C-Ideas
tsapi2012@gmail.com
© Roland TSAPI* | Le Messager
Incapable d’assurer le service de fourniture d’électricité, acculé de toutes parts par les dettes, hésitante sur ses perspectives, le groupe Aes contraint à plier bagages
Le retrait d’Aes de la Sonel est déclenché par un sursaut de patriotisme dont ont fait preuve deux directeurs en fonction au ministère de l’Eau et de l’énergie, qui faisaient partie de la délégation conduite par le ministre Basile Atangana Kouna à Paris il y a un mois. Le gouvernement et Aes-Sonel devait se rencontrer dans la cadre de la relecture du contrat de concession prévue tous les 5 ans. Pourquoi à Paris ? Parce que les dirigeants du groupe Aes à Arlington avaient refusé de venir à Yaoundé ou à Douala, à cause du « climat social incertain. » Ils avaient conscience qu’Aes-Sonel a déjà créé des mécontentements au sein de la population, avec des coupures intempestives et des incendies à répétition, et redoutaient une réaction inattendue.
Au cours des discussions, les dirigeants locaux d’Aes-Sonel avaient posé un préalable à la relecture du contrat : ils voulaient que le gouvernement leur accorde 10 années supplémentaires. En fait ils avaient promis à Arlington qui s’inquiétait de leur gestion, qu’ils obtiendraient les 10 ans supplémentaires pour se remettre à flot. Ils avaient même pour cela, selon des sources, « huilé » le réseau, et sont arrivés à Paris convaincus que l’affaire était dans la poche. C’était sans compter avec la témérité et le courage des deux directeurs cités plus haut. Ces derniers, prenant tout le monde de court, ont exigé des dirigeants d’Aes-Sonel d’expliquer leur plan d’exploitation sur les 10 ans demandés, car leur prestation actuelle ne militait pas en leur faveur. Il leur a été en plus rappelé que la nouvelle loi sur l’électricité leur interdisait de faire dans le transport de l’énergie. Selon des indiscrétions, ces directeurs étaient si déterminés et virulents que même leur ministre n’a pas pu calmer leurs ardeurs. Face à une telle détermination, les dirigeants venus d’Arlington ont compris que les dirigeants locaux montraient des limites. Ils ont rapidement fait leurs calculs : le transport de l’énergie qui était rentable leur est retiré, ils ne peuvent obtenir 10 années supplémentaires, le Cameroun contribue pour 1% dans le bénéfice du Groupe, ils sont poursuivis aux Etats-Unis pour des préjudices causés au Cameroun. Ça faisait beaucoup, et ils sont partis sans même dire au revoir à leurs dirigeants locaux. Deux semaines plus tard, Hilary Mackson, ex-directrice financière d’Aes-Sonel, partie du Cameroun depuis novembre 2012, est revenue avec le potentiel repreneur de leurs actions, pour lui présenter l’entreprise.
Plus de 8 milliards dus aux sous traitants
Aes-Sonel ne serait plus qu’une coquille vide aujourd’hui, qui s’appuie sur des Petites et moyennes entreprises locales pour survivre. Ces Pme, appelés sous-traitants font tout le travail de Aes-Sonel : construction des lignes, remplacement des poteaux, branchements, élagage, pose et dépose compteur, relève, distribution des factures, coupure et remise…tout cela sur financement propre, en dehors du matériel personnalisé que pourvoie l’entreprise. Elles sont supposées être payées 60 jours plus tard, mais doivent attendre des années durant. A ce jour, les sous-traitant de Aes-Sonel opérant dans le secteur de l’électricité réclament plus de 8 milliards Fcfa. On a là un exemple type d’asphyxie de Pme locales par une multinationale. Réunies au sein de l’Association des entreprises d’électricité et d’eau du Cameroun (Aseelec), elles ont depuis longtemps entamé des négociations avec la direction de Aes-Sonel pour être payées, mais rien ne bouge véritablement, malgré de multiples réunions et même un mouvement de protestation initié il y a deux mois devant les locaux d’Aes-Sonel à Koumassi. Tout au plus, les dirigeants excellent dans le dilatoire, les menaces de retrait d’agrément à ces sous-traitants, le bluff et même le mensonge qui ne sont pas sans conséquences. Il y a deux mois, un sous-traitant a été tabassé et laissé pour mort à Bassa par ses employés. Ils assistaient ensemble à une réunion de sécurité d’Aes-Sonel, et un responsable a eu l’idée de dire qu’Aes-Sonel avait payé toutes les factures des sous-traitants. Les employés en question, traînant derrière eux des dizaines de mois de salaires impayés, ont conclu que leur patron se moquait d’eux et l’ont sérieusement roué de coups. Le calvaire de ces Pme continue donc. Pour le moment, c’est le 30 avril 2013 que le directeur général d’Aes Sonel Jean David Bilè, a écrit à quelques patrons de ces Pme, pour dire qu’il reconnaissait leurs dettes des « prestations exécutées entre Janvier et juillet 2011 », et avait le « plaisir » de les informer que les modalités de règlement de ces factures « seront communiquées dans les meilleurs délais possibles». Deux ans après.
27 milliards Fcfa dus au personnel
Suivant la convention d’entreprise signée par le directeur général d’Aes-Sonel, une prime de productivité due à tous les travailleurs de l’entreprise est retenue depuis avril 2004. Il s’agit, suivant les termes de la convention, de constituer la somme de 5 milliards Fcfa, qui permettra aux travailleurs d’entrer dans le capital. Cette somme est atteinte en décembre 2008, et à partir de janvier 2009, les travailleurs détiennent 5% des parts sociales de l’entreprise, ce qui leur donne droit à des dividendes. Non seulement ces travailleurs n’ont jamais reçu un copeck comme dividende, mais depuis janvier 2009, la société continue d’opérer des retenues. Le surplus est aujourd’hui évalué à 17 milliards, auxquels devraient s’ajouter les intérêts. Les travailleurs estiment donc la somme due à ce jour à 22 milliards Fcfa, et comme ils ne bénéficient pas des dividendes, ils réclament que leur soient aussi remboursés les 5 milliards représentant leurs actions. Le total s’élève dès lors à 27 milliards Fcfa. Les dirigeants de l’entreprise fuient le débat autour de la question depuis longtemps. Ils ont même, selon ces travailleurs voulu influencer au plus haut niveau pour noyer cet argent. C’est ainsi que le directeur d’Aes Group avait rencontré le président Paul Biya pour lui demander d’annuler cette convention d’entreprise, mais le chef de l’Etat lui a marqué son refus de s’immiscer dans une convention qui lie une entreprise à ses travailleurs. Les 27 milliards sont finalement devenus un serpent de mer, mais les travailleurs les considèrent comme une dette que l’entreprise doit payer. Sans compter que, plus le temps passe, plus les intérêts augmentent.
Seulement 30% de l’énergie distribuée est facturée
Si Aes-Sonel ploie sous le poids des dettes aujourd’hui, c’est tout simplement la conséquence d’une incompétence managériale criarde. Le fonctionnariat, c'est-à-dire cette attitude laxiste qui consiste à se dire que son salaire passera à la fin du mois, et en conséquence ne pas se soucier de la rentabilité, a fait son nid au sein de l’entreprise. Les Américains ont voulu impulser une nouvelle donne, celle de l’efficacité et de la rentabilité, mais ils se sont vite cognés le nez sur les habitudes bien camerounaises. Alors que dans le même temps, un opérateur de téléphonie qui reprenait Camtel Mobile, a très rapidement viabilisé la structure et fait des bénéfices faramineux à ce jour. Les dirigeants d’Aes-Sonel sont incapables de rentabiliser la société, malgré leur position de monopole sur le marché. Selon des statistiques, seulement 30% de l’électricité distribuée est facturée, le reste s’envole dans les fraudes entretenues, les lampadaires anarchiques, la non facturation des compteurs, même avec les réclamations des clients. Des connaisseurs du milieu parlent également d’une facturation hasardeuse, qui fait en sorte que les logiciels de facturation et les types de factures varient au gré du donneur d’ordre. Avec en prime de l’argent perdu. Le rendement de production est donc très mauvais. 70% de production perdus, là où on s’attendait à une perte non technique de 5% au trop.
Malgré ces pertes, le chiffre d’affaire d’Aes-Sonel est passé de 73 milliards en 2001 à 245 milliards en 2012. Cette augmentation est due à l’effet mécanique de l’augmentation des tarifs. Par exemple, l’éclairage public est passé de 36Fcfa en 2001 à 100Fcfa aujourd’hui, le prix du kilowatt heure est aujourd’hui facturé jusqu’à 97 Fcfa pour les ménages. Une prime fixe a été instaurée pour les clients non domestiques. La demande a aussi progressé depuis 12 ans que la société a été privatisée. Les experts s’accordent pourtant à dire qu’il suffisait d’une gestion saine de cette structure, pour que le prix du kilowatt soit ramené à 25Fcfa pour la population. L’entreprise jouerait ainsi son rôle social de manière plus efficace, au lieu de spolier la population de la sorte et essayer de diluer cela dans des pseudos actions sociales comme la semaine du cœur, la campagne contre l’hypertension…Au lieu de se concentrer sur l’amélioration de la gestion, sur des investissements rentables comme la construction des lignes dans des nouveaux quartiers des zones urbaines, l’entreprise s’est plutôt lancée dans des investissements foireux, comme cette fibre optique posée sur certains axes routiers, qui aurait coûté 15 milliards Fcfa, et dont l’exploitation fait l’objet aujourd’hui d’une interdiction de la part de l’Agence de régulation des télécommunications (Art).
Aujourd’hui Aes s’en va, parce que l’équipe managériale est incapable de la rentabiliser, et d’en faire une fierté comme les opérateurs de téléphonie mobile. Le prix de l’excellence récemment « obtenu » aux Etats-Unis par-Aes Sonel n’est en réalité qu’une opération marketing, un dernier coup de « pub »visant à faire croire aux éventuels repreneurs que la société se porte bien au Cameroun, alors que toute la population la voue aux gémonies. D’aucuns disent que c’est la dernière récompense que Aes a voulu donner à Jean David Bile avant de l’abandonner.
Roland TSAPI*
*Journaliste
Cabinet C-Ideas
tsapi2012@gmail.com