Elections présidentielles américaines: Barack Obama ou Mitt Romney ? Le jour tant attendu est là…
WASHINGTON, DC (USA) - 05 NOV. 2012
© Jean François CHANNON | Le Messager
Généralement, cela se passe le quatrième jour. Cette fois ce sera le 6 novembre 2012. Ce jour qui très attendu par les quelque 300 millions des citoyens du pays de l’oncle Sam, le peuple américain va choisir son président. Il aura le choix entre le président sortant et le gouverneur milliardaire Mitt Romney. Selon des confidences recueillies à Washington DC par Le Messager, très généralement, le taux de participation s’élève à 55%. Très rarement, on atteint les 60% des citoyens qui se déplacent pour aller voter. Le pays étant à la fois un pays de business et de liberté, il est assez difficile d’avoir une participation à 100%.
Ainsi, peuvent voter, tous les citoyens américains qui ont 18 ans, et qui n’ont jamais été condamnés. Déjà depuis quelques semaines, des électeurs votent par anticipation à travers les 50 Etats que comptent les USA. C’est le cas du président Obama qui a accompli son vote le 1er novembre dernier. Les experts électoraux américains sont formels : selon des expériences récentes qu’a produites le système électoral américain, il est assez difficile de donner une certification de fiabilité à 100% du scrutin présidentiel aux Etats-Unis. Parce que quel que soit le niveau de perfectionnement du système électoral, il y a toujours des marges d’erreur, des « fraudes involontaires » qui sont dues très souvent à l’imperfection du système, pour des raisons liées au matériel électoral dans certains Etats. Rien à voir avec les fraudes grossières qu’on observe dans certains Etats d’Afrique subsaharienne, dont notamment notre cher et beau pays le Cameroun, qui malheureusement n’a jusque là jamais pu organiser des élections incontestables. Mais en gros, l’homme qui sera élu ce 6 novembre 2012 comme président des Etats-Unis, ne souffrira assurément, quelque soit le temps que prendra la confirmation de son élection, d’aucune contestation. Mais le fait le plus intéressant à savoir est que, quel que soit le résultat de cette élection et son gagnant, les Etats-Unis vont rester une démocratie forte, et les institutions seront renforcées comme l’ont voulu les pères fondateurs de ce pays. Et pour nous Africains, et particulièrement Camerounais, c’est important de le savoir. C’est peut-être la leçon qu’il faudra retenir de cette élection présidentielle dans le pays le plus puissant du monde.
Certes, il y a une question que beaucoup d’Africains en général et des Camerounais en particulier se posent après l’enthousiasme qu’a suscité il y a quatre ans par l’entrée de Barack Obama comme premier Noir élu président des Etats-Unis : que deviendra donc « l’Obamania » si l’actuel locataire de la Maison Blanche qui est au coude à coude avec son adversaire venait à être battu par son adversaire ? Il faut dire une chose. C’est vrai aux yeux de beaucoup d’Africains, notamment, les plus progressistes, Barack Obama depuis quatre ans n’a pas pu changer le système qui domine les pauvres dans ce monde. En réalité que pouvait-il ? N’était-il pas d’abord, nonobstant ses origines africaines, d’abord un Américain ? Mais ce qu’on a remarqué, comme l’a rappelé le 1er novembre dernier l’ambassadeur Carlson, responsables du bureau des affaires africaines au Département d’Etat des Etats-Unis, lors d’un échange avec les journalistes africains à Washington que l’actuel président a pu impulser une nouvelle vision de coopération entre le continent africain et les Etats-Unis. Il s’agit d’une coopération basée sur quatre grands piliers que sont :1)-renforcer les institutions démocratiques en Afrique ; 2)-stimuler la croissance économique par l’intermédiaire d’une économie de marché intégré dans l’économie mondiale ; et 3)-promouvoir la paix et la stabilité sur le continent et enfin 4)-encourager le développement des populations par un encadrement direct plus efficace. Si Barack venait à être battu, il est certain que dans une tradition bien ancienne de la politique étrangère des Etats-Unis, il y aura inéluctablement une continuité des dossiers .
En tout cas dans l’ambiance du Programme Edward R. Murrow 2012, Le Messager a pu suivre, depuis Washington DC, la capitale fédérale des Etats-Unis, au lendemain du terrible Ouragan Sandy qui a meurtri la Côte Est du pays d’Abraham Lincoln, les derniers moments de l’avant-scrutin, notamment au niveau du Départment d’Etat. Juste quelques clichés, pour essayer de faire comprendre l’ambiance dans laquelle les citoyens de ce pays caractérisé comme le sommet du monde s’apprêtent à élire leur président.
Jean François CHANNON, à Washington Dc
Campagne électorale: La présidentielle en discussion au Département d’Etat
Au lendemain de l’ouragan Sandy, même si on ne sent pas vraiment une effervescence électorale dans les rues de la capitale fédérale américaine, au Département d’Etat, où l’on structure et met en œuvre la politique étrangère des Etats-Unis le cœur est bien à l’élection présidentielle surtout en cette occasion du Murrow 2012.
Tous les étrangers non habitués de l’Amérique qui ont séjourné à Washington DC il y a environ une semaine n’oublieront jamais les effrayants moments vécus sous la menace de Sandy. Le terrible ouragan qui a causé des dégâts considérables à New-York et qui était annoncé pour arriver dans la capitale fédérale des Etats-Unis au petit matin du dimanche 28 octobre dernier n’a finalement sévi que dans la banlieue de Washington. Avec quelques arbres déracinés. Sandy est remontée vers le Nord des Usa mais a néanmoins causé l’annulation d’un total de 15 Mille vols aériens. Avant de laisser réapparaître le beau temps. Dès le mardi 3 octobre 2012, on a vu le ciel s’éclaircir en fin d’après-midi. Et le soleil bien chaud attiédir la ville de Washington le lendemain.
Et c’est dans cette ambiance où régnait encore le froid que les 135 journalistes de 90 pays élus au prestigieux Programme Edward R. Murrow ont eu le privilège d’aller visiter le Département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique. L’immense bâtiment de 8 étages est situé au quartier Foggy Bohom, qui était en fait autrefois un immense marécage qui a été entièrement assaini pour laisser place à cette bâtisse où des diplomates américains mettent en œuvre la politique étrangère des Etats-Unis. Le chauffeur du bus du groupe de journalistes africains francophones, Samir, (un égyptien naturalisé américain) traverse la ville de Washington à partir de l’hôtel Renaissance Maryflower, sur le Connecticut Avenue, où nous résidions depuis notre arrivée dans la capitale fédérale américaine, en moins de dix minutes, avant de s’immobiliser devant l’immense bâtiment qu’est le Département D’Etat. Avant cela, nous passons devant la Georges Washington University et la Ronald Reagan Institut of Emergency Médecine, avant d’apercevoir de loin les mûrs blancs de la Maison Blanche. « C’est là-haut qu’habite le président des Etats-Unis », lance avec un sourire. Latif Ndiaye, notre guide et interprète. Evidemment tout le monde dans la délégation des Journalistes sait que le président habite la White House. « J’imagine que vous avez envie d’aller saluer le président Obama ? Hélas, ce n’est pas possible à l’instant. Mais il est bien au courant que vous êtes aux Etats-Unis. Il est occupé pour le moment. Il est même très occupé », continue Latif Ndiaye, Sénégalais d’origine, lui aussi naturalisé américaine.
Témoignages
En tout cas nous arrivons au Département d’Etat, aux environs de 8h. Les bus qui transportent les 9 groupes de journalistes du Murrow 2012 s’immobilisent devant la façade gauche du bâtiment. Les hommes des médias du Murrow ont ce jour le privilège de passer par l’entrée qui est réservée au personnel du département d’Etat. Toutefois, comme on pouvait d’ailleurs s’y attendre, les fouilles sécuritaires sont rigoureuses. Exactement comme à l’ambassade américaine à Yaoundé, au quartier du Golf. Les hommes et femmes des services de sécurité sont fermes mais extrêmement polis. Tout est passé au peigne fin. Une fois admis à l’intérieur du Département d’Etat, l’accueil par le personnel est chaleureux. Surtout avec la responsable en charge groupe africain du programme Murrow, Katherine Diop. Cette diplomate américaine pure sang (aujourd’hui mariée à un Sénégalais) qui a longtemps été en poste à Bamako au Mali et à Dakar au Sénégal, est une passionnée de l’Afrique et des hommes et femmes des médias africains. Aujourd’hui responsable de programme au bureau africain, on lit sur son visage le bonheur de recevoir une fois de plus la presse africaine au Département d’Etat. « Nous avons espéré que madame le secrétaire d’Etat allait vous rencontrer et discuter avec vous. Mais son programme ne le permet pas. Ce sera pour la prochaine fois », lance cette dame âgée de la trentaine, et qui parle un wolof parfait. En réalité madame Hilary Clinton se trouvait en voyage sur le continent africain, précisément en Algérie pour entre autres discuter de la crise au Nord Mali. Elle n’a regagné Washington DC que quelque temps après le passage de l’ouragan Sandy. Pour évidemment se pencher sur d’autres dossiers, a en croire les confidences de ses collaborateurs approchés par le reporter du Messager.
C’est au bâtiment Harry S. Truman que nous sommes conduits. Les lieux sont impeccablement tenus. Le personnel va et vient avec une série de « good morning » bien sympathique. On a de la peine à croire qu’on est en période électorale tellement tous semblent avoir le cœur à la tâche. Selon une confidence d’un autre diplomate qui a accepté de discuter avec nous, et à qui nous avons posé la question de savoir s’il ne prenait pas part à la campagne électorale en faveur de son candidat à l’élection présidentielle dans sa région ou son Etat d’origine, ceci comme, c’est souvent le cas au Cameroun, notre pays, la réponse est sentencière : « Ce n’est pas possible. Nous sommes de l’administration Obama certes. Mais nous exprimons notre choix par le vote. En tout cas chacun à le devoir d’être à son poste. » Nous savions très bien que dans le cas présent, comparaison n’est absolument pas raison. Et que le Cameroun, pays pauvre très endetté, mais surtout considérablement victime de corruption généralisée dans sa fonction publique, ne saurait être comparée à cette grande démocratie qu’est les Etats-Unis, avec toute sa complexité qui fait rêver…Mais que dire sauf qu’il fallait tout de même fantasmer…
L’homme du Watergate parle
Le temps des civilités entre confrères journalistes, le début du symposium prévu ce jour au Département d’Etat est annoncé. Il est question de comprendre que l’élection présidentielle va avoir lieu ce mardi 6 novembre 2012. Et c’est dans le grand auditorium de deux mille places du Département d’Etat que cet échange va avoir lieu, avec comme thème « le journalisme américain et les élections de 2012 ». Pour commencer, les participants écoutent deux journalistes de renom, et à l’expérience indiscutable : Juan William, analyste politique à la chaine de télévision américaine très politique Fox News, et Steven R. Hurst, éditorialiste à l’agence Associated Press. Les deux journalistes ont ainsi fait une évaluation des arguments des deux candidats à cette élection présidentielle, et surtout de la manière dont le président Barack Obama et le gouverneur Mitt Romney ont voulu séduire les électeurs afin de remporter cette élection, notamment dans les Etat indécis. Pour Juan Williams, on a l’impression qu’on risque de revivre ce qui s’est passé en 2000 entre Georges W. Bush et Al Gore. « Les deux candidats sont depuis plusieurs semaines au coude à coude doivent se battre dans les huit Etats de balance, dont la Floride, le Colorado, l’Ohio…Ce qu’il faut savoir est que le président de notre pays a beaucoup de pouvoir. Mais son élection se décide à travers des sujets tels que l’avortement, et bien d’autres sujets sociaux qui ont tous un caractère national. Et c’est au journaliste de rappeler aux deux candidats les sujets qui sont liés à la vie des Américains». Pour Steven R. Hurst, « ce qu’il faut attendre des journalistes n’est pas seulement de dire qui a gagné en effectuant un sondage au sortir des urnes, mais surtout d’aller au-delà, en essayant de comprendre la nature et la motivation du choix des électeurs pour le candidat gagnant. »
La deuxième partie du symposium est donnée d’entendre une légende vivante du journalisme d’investigation en la personne Bob Woodward, l’homme qui a été à l’origine du Watergate, qui vu la démission au début des années 70, du président Nixon. Pendant ses 40 ans de journalisme au Washington Post, Bob Woodward a écrit sur le leadership et le fonctionnement interne de la plupart des institutions publiques de premier plan aux Etats-Unis. Les thèmes de ses articles sont notamment axés sur la présidence américaine, La Cour suprême, le Congrès, le Département d’Etat, le Pentagone, la Central Intelligence Agency (CIA) et la Réserve fédérale. Ce 31 octobre 2012, il a voulu rejoindre les journalistes du Murrow 2012 pour une conversation sur les questions critiques auxquelles font face les leaders américains, les décideurs politiques et les citoyens en cette année électorale de la présidentielle américaine. On retiendra du propos de Bob Woodward au Département d’Etat ce 31 octobre 2012, cette réflexion critique sur l’Etat du journalisme aux Etats-Unis, en heure électorale, notamment sur le fait que les hommes des médias n’ont pas pu ramener les deux candidats à la réalité des faits à savoir qu’à ce jour, les Etats-Unis ont en ce moment 16 mille milliards de dette.
Au final, en quittant le Département d’Etat, à l’issue de ce symposium, les 135 journalistes du Murrow 2012, ont pu comprendre que l’élection de ce 6 novembre 2012 va se jouer comme d’habitude sur des enjeux de politique nationale. Et les deux candidats, au regard des batailles qu’ils mènent sur le terrain, et qui sont depuis quelques semaines au coude à coude en sont bien conscients.
Jean François CHANNON, à Washington DC
Système électoral: La particularité américaine
Considéré comme l’une des plus grandes démocraties du monde, les Etats-Unis, avec le vote dit des grands électeurs ont mis en place un système électoral qui ne garantit pas toujours la transparence.
Le sommier démographique de l’électorat américain des présidentielles a évolué au fil des ans. Pendant longtemps, il s’est agit d’un électorat de race blanche. Aujourd’hui, les hispaniques sont venus en force et se placent en deuxième position. Ils sont suivis de nos jours par les Noirs Américains qui forment la troisième couche. De manière plus générale, le vote des jeunes de 18 ans prend une allure déterminante. Dans ce faisceau les deux candidats se positionnent de manière assez singulière. Selon des sondages réguliers publiés ces derniers jours par la presse américaine, dont les très sérieux New-York Times et Washington Post notamment, 70% des Blancs qui ont plus de 60 ans ont un vote conservateurs, En principe ils choisiront le candidat républicain Mitt Romney. 90% des hispaniques soutiennent Barack Obama. Et dans cet électorat, il y a de plus en plus les femmes et les jeunes qui pèsent d’un poids décisif. En réalité ce que l’on peut considérer comme « une fracture démographique », pour reprendre une expression du journaliste et analyste politique juan William, joue un rôle important dans le système électoral américain à travers l’entrée en jeu des réseaux sociaux qui supplantent depuis un temps les médias traditionnels que sont la radio, la télévision et la presse écrite.
Mais la plus grosse controverse vient du système électoral en lui-même. Dans le principe, comme l’exprime la loi fondamentale, le président des Etats-Unis élu pour quatre ans, renouvelable une fois. Dans le cas, présent, si Barack Obama venait à perdre ces élections, il peut se représenter, disons dans dix ans. Mais là les spécialistes de l’histoire américaine vous diront que cela n’est plus arrivé aux Etats-Unis depuis assez longtemps. En général lorsqu’on perd une élection après avoir été en fonction, on est généralement foutu dans ce pays. Car la conquête de l’opinion est assez complexe quand on est un ancien président.
En réalité le pouvoir du président est limité par trois branches de gouvernement qui sont d’égale puissance. Il y a d’abord la branche exécutive constituée par le président et son administration. Puis la branche législative avec les deux chambres à savoir le Senat et la Chambre des représentants. Et enfin la branche judiciaire avec les tribunaux. Tout ceci influe dans le monde d’élection du président. Et comme on dit aux Etats-Unis, un président africain a plus de pouvoir sur le plan national qu’un président des Etats Unis. Ceci se vérifie par le fait que le président n’a pas le pouvoir d’initier une loi. Il doit nécessairement passer par les chambres qui constituent le Congrès avec ses 535 membres dont 435 pour la Chambre des représentants, et 100 pour le Senat.
Pour élire le président des Etats Unis, comme cela va se passer ce 6 novembre 2012, tous les citoyens en âge de voter et qui jouissent de leurs droits civiques participent au scrutin. Mais le vote des simples citoyens ne suffit pas. On a introduit dans le système électoral la notion des grands électeurs. Qui sont donc ces citoyens particuliers qui ont en fait le dernier mot dans le processus électoral. Selon Peter Bluds, interprète administratif et grand observateur de la politique américaine, « il s’agit des citoyens et de citoyennes qui ont acquis une certaine notoriété sociale et à qui les deux grands partis ont fait l’honneur d’être nommés comme tels, c'est-à-dire grands électeurs au moment du processus électoral. Ils sont anonymes. A chaque élection présidentielle, chaque parti nomme absolument 535 grands électeurs ».
Et de poursuivre : « En fait sur les 50 Etats que compte les Etats-Unis, chaque Etat a droit à deux sénateurs. Et au total il y a 435 représentants. Un représentant correspond à peu près à 750 mille habitants. Le nombre des grands électeurs dépend de la taille des Etats. Plus l’Etat a une population élevée, plus il a de grands électeurs. Et pour remporter l’élection présidentielle, il faut avoir acquis le vote de 270 grands électeurs. C’est la majorité. » Le problème est que malgré les efforts que le sens commun veut généralement bien faire pour appréhender ce principe, il reste à tout point de vue assez flou. Et c’est bien cela la complexité et la particularité américaine. Tout ce qu’on sait est qu’après le scrutin de ce mardi 6 novembre 2012, et la vérité du verdict des urnes, c'est-à-dire après qu’on ait calculé les voix de chaque Etat, les grands électeurs vont se réunir, probablement au mois de décembre prochain et vont déterminer la « vrai élection du président des Etats-Unis en fonction des résultats qui leur aura été communiqué », commente Peter Bluds. C’est bien cela l’Amérique, un pays où tout est business, y compris les élections.
Jean François CHANNON
A Washington DC
© Jean François CHANNON | Le Messager
C’est
une tradition bien américaine. En année électorale de la présidentielle
aux Etats-Unis, le scrutin a lieu le premier mardi du mois de novembre.
Généralement, cela se passe le quatrième jour. Cette fois ce sera le 6 novembre 2012. Ce jour qui très attendu par les quelque 300 millions des citoyens du pays de l’oncle Sam, le peuple américain va choisir son président. Il aura le choix entre le président sortant et le gouverneur milliardaire Mitt Romney. Selon des confidences recueillies à Washington DC par Le Messager, très généralement, le taux de participation s’élève à 55%. Très rarement, on atteint les 60% des citoyens qui se déplacent pour aller voter. Le pays étant à la fois un pays de business et de liberté, il est assez difficile d’avoir une participation à 100%.
Ainsi, peuvent voter, tous les citoyens américains qui ont 18 ans, et qui n’ont jamais été condamnés. Déjà depuis quelques semaines, des électeurs votent par anticipation à travers les 50 Etats que comptent les USA. C’est le cas du président Obama qui a accompli son vote le 1er novembre dernier. Les experts électoraux américains sont formels : selon des expériences récentes qu’a produites le système électoral américain, il est assez difficile de donner une certification de fiabilité à 100% du scrutin présidentiel aux Etats-Unis. Parce que quel que soit le niveau de perfectionnement du système électoral, il y a toujours des marges d’erreur, des « fraudes involontaires » qui sont dues très souvent à l’imperfection du système, pour des raisons liées au matériel électoral dans certains Etats. Rien à voir avec les fraudes grossières qu’on observe dans certains Etats d’Afrique subsaharienne, dont notamment notre cher et beau pays le Cameroun, qui malheureusement n’a jusque là jamais pu organiser des élections incontestables. Mais en gros, l’homme qui sera élu ce 6 novembre 2012 comme président des Etats-Unis, ne souffrira assurément, quelque soit le temps que prendra la confirmation de son élection, d’aucune contestation. Mais le fait le plus intéressant à savoir est que, quel que soit le résultat de cette élection et son gagnant, les Etats-Unis vont rester une démocratie forte, et les institutions seront renforcées comme l’ont voulu les pères fondateurs de ce pays. Et pour nous Africains, et particulièrement Camerounais, c’est important de le savoir. C’est peut-être la leçon qu’il faudra retenir de cette élection présidentielle dans le pays le plus puissant du monde.
Certes, il y a une question que beaucoup d’Africains en général et des Camerounais en particulier se posent après l’enthousiasme qu’a suscité il y a quatre ans par l’entrée de Barack Obama comme premier Noir élu président des Etats-Unis : que deviendra donc « l’Obamania » si l’actuel locataire de la Maison Blanche qui est au coude à coude avec son adversaire venait à être battu par son adversaire ? Il faut dire une chose. C’est vrai aux yeux de beaucoup d’Africains, notamment, les plus progressistes, Barack Obama depuis quatre ans n’a pas pu changer le système qui domine les pauvres dans ce monde. En réalité que pouvait-il ? N’était-il pas d’abord, nonobstant ses origines africaines, d’abord un Américain ? Mais ce qu’on a remarqué, comme l’a rappelé le 1er novembre dernier l’ambassadeur Carlson, responsables du bureau des affaires africaines au Département d’Etat des Etats-Unis, lors d’un échange avec les journalistes africains à Washington que l’actuel président a pu impulser une nouvelle vision de coopération entre le continent africain et les Etats-Unis. Il s’agit d’une coopération basée sur quatre grands piliers que sont :1)-renforcer les institutions démocratiques en Afrique ; 2)-stimuler la croissance économique par l’intermédiaire d’une économie de marché intégré dans l’économie mondiale ; et 3)-promouvoir la paix et la stabilité sur le continent et enfin 4)-encourager le développement des populations par un encadrement direct plus efficace. Si Barack venait à être battu, il est certain que dans une tradition bien ancienne de la politique étrangère des Etats-Unis, il y aura inéluctablement une continuité des dossiers .
En tout cas dans l’ambiance du Programme Edward R. Murrow 2012, Le Messager a pu suivre, depuis Washington DC, la capitale fédérale des Etats-Unis, au lendemain du terrible Ouragan Sandy qui a meurtri la Côte Est du pays d’Abraham Lincoln, les derniers moments de l’avant-scrutin, notamment au niveau du Départment d’Etat. Juste quelques clichés, pour essayer de faire comprendre l’ambiance dans laquelle les citoyens de ce pays caractérisé comme le sommet du monde s’apprêtent à élire leur président.
Jean François CHANNON, à Washington Dc
Campagne électorale: La présidentielle en discussion au Département d’Etat
Au lendemain de l’ouragan Sandy, même si on ne sent pas vraiment une effervescence électorale dans les rues de la capitale fédérale américaine, au Département d’Etat, où l’on structure et met en œuvre la politique étrangère des Etats-Unis le cœur est bien à l’élection présidentielle surtout en cette occasion du Murrow 2012.
Tous les étrangers non habitués de l’Amérique qui ont séjourné à Washington DC il y a environ une semaine n’oublieront jamais les effrayants moments vécus sous la menace de Sandy. Le terrible ouragan qui a causé des dégâts considérables à New-York et qui était annoncé pour arriver dans la capitale fédérale des Etats-Unis au petit matin du dimanche 28 octobre dernier n’a finalement sévi que dans la banlieue de Washington. Avec quelques arbres déracinés. Sandy est remontée vers le Nord des Usa mais a néanmoins causé l’annulation d’un total de 15 Mille vols aériens. Avant de laisser réapparaître le beau temps. Dès le mardi 3 octobre 2012, on a vu le ciel s’éclaircir en fin d’après-midi. Et le soleil bien chaud attiédir la ville de Washington le lendemain.
Et c’est dans cette ambiance où régnait encore le froid que les 135 journalistes de 90 pays élus au prestigieux Programme Edward R. Murrow ont eu le privilège d’aller visiter le Département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique. L’immense bâtiment de 8 étages est situé au quartier Foggy Bohom, qui était en fait autrefois un immense marécage qui a été entièrement assaini pour laisser place à cette bâtisse où des diplomates américains mettent en œuvre la politique étrangère des Etats-Unis. Le chauffeur du bus du groupe de journalistes africains francophones, Samir, (un égyptien naturalisé américain) traverse la ville de Washington à partir de l’hôtel Renaissance Maryflower, sur le Connecticut Avenue, où nous résidions depuis notre arrivée dans la capitale fédérale américaine, en moins de dix minutes, avant de s’immobiliser devant l’immense bâtiment qu’est le Département D’Etat. Avant cela, nous passons devant la Georges Washington University et la Ronald Reagan Institut of Emergency Médecine, avant d’apercevoir de loin les mûrs blancs de la Maison Blanche. « C’est là-haut qu’habite le président des Etats-Unis », lance avec un sourire. Latif Ndiaye, notre guide et interprète. Evidemment tout le monde dans la délégation des Journalistes sait que le président habite la White House. « J’imagine que vous avez envie d’aller saluer le président Obama ? Hélas, ce n’est pas possible à l’instant. Mais il est bien au courant que vous êtes aux Etats-Unis. Il est occupé pour le moment. Il est même très occupé », continue Latif Ndiaye, Sénégalais d’origine, lui aussi naturalisé américaine.
Témoignages
En tout cas nous arrivons au Département d’Etat, aux environs de 8h. Les bus qui transportent les 9 groupes de journalistes du Murrow 2012 s’immobilisent devant la façade gauche du bâtiment. Les hommes des médias du Murrow ont ce jour le privilège de passer par l’entrée qui est réservée au personnel du département d’Etat. Toutefois, comme on pouvait d’ailleurs s’y attendre, les fouilles sécuritaires sont rigoureuses. Exactement comme à l’ambassade américaine à Yaoundé, au quartier du Golf. Les hommes et femmes des services de sécurité sont fermes mais extrêmement polis. Tout est passé au peigne fin. Une fois admis à l’intérieur du Département d’Etat, l’accueil par le personnel est chaleureux. Surtout avec la responsable en charge groupe africain du programme Murrow, Katherine Diop. Cette diplomate américaine pure sang (aujourd’hui mariée à un Sénégalais) qui a longtemps été en poste à Bamako au Mali et à Dakar au Sénégal, est une passionnée de l’Afrique et des hommes et femmes des médias africains. Aujourd’hui responsable de programme au bureau africain, on lit sur son visage le bonheur de recevoir une fois de plus la presse africaine au Département d’Etat. « Nous avons espéré que madame le secrétaire d’Etat allait vous rencontrer et discuter avec vous. Mais son programme ne le permet pas. Ce sera pour la prochaine fois », lance cette dame âgée de la trentaine, et qui parle un wolof parfait. En réalité madame Hilary Clinton se trouvait en voyage sur le continent africain, précisément en Algérie pour entre autres discuter de la crise au Nord Mali. Elle n’a regagné Washington DC que quelque temps après le passage de l’ouragan Sandy. Pour évidemment se pencher sur d’autres dossiers, a en croire les confidences de ses collaborateurs approchés par le reporter du Messager.
C’est au bâtiment Harry S. Truman que nous sommes conduits. Les lieux sont impeccablement tenus. Le personnel va et vient avec une série de « good morning » bien sympathique. On a de la peine à croire qu’on est en période électorale tellement tous semblent avoir le cœur à la tâche. Selon une confidence d’un autre diplomate qui a accepté de discuter avec nous, et à qui nous avons posé la question de savoir s’il ne prenait pas part à la campagne électorale en faveur de son candidat à l’élection présidentielle dans sa région ou son Etat d’origine, ceci comme, c’est souvent le cas au Cameroun, notre pays, la réponse est sentencière : « Ce n’est pas possible. Nous sommes de l’administration Obama certes. Mais nous exprimons notre choix par le vote. En tout cas chacun à le devoir d’être à son poste. » Nous savions très bien que dans le cas présent, comparaison n’est absolument pas raison. Et que le Cameroun, pays pauvre très endetté, mais surtout considérablement victime de corruption généralisée dans sa fonction publique, ne saurait être comparée à cette grande démocratie qu’est les Etats-Unis, avec toute sa complexité qui fait rêver…Mais que dire sauf qu’il fallait tout de même fantasmer…
L’homme du Watergate parle
Le temps des civilités entre confrères journalistes, le début du symposium prévu ce jour au Département d’Etat est annoncé. Il est question de comprendre que l’élection présidentielle va avoir lieu ce mardi 6 novembre 2012. Et c’est dans le grand auditorium de deux mille places du Département d’Etat que cet échange va avoir lieu, avec comme thème « le journalisme américain et les élections de 2012 ». Pour commencer, les participants écoutent deux journalistes de renom, et à l’expérience indiscutable : Juan William, analyste politique à la chaine de télévision américaine très politique Fox News, et Steven R. Hurst, éditorialiste à l’agence Associated Press. Les deux journalistes ont ainsi fait une évaluation des arguments des deux candidats à cette élection présidentielle, et surtout de la manière dont le président Barack Obama et le gouverneur Mitt Romney ont voulu séduire les électeurs afin de remporter cette élection, notamment dans les Etat indécis. Pour Juan Williams, on a l’impression qu’on risque de revivre ce qui s’est passé en 2000 entre Georges W. Bush et Al Gore. « Les deux candidats sont depuis plusieurs semaines au coude à coude doivent se battre dans les huit Etats de balance, dont la Floride, le Colorado, l’Ohio…Ce qu’il faut savoir est que le président de notre pays a beaucoup de pouvoir. Mais son élection se décide à travers des sujets tels que l’avortement, et bien d’autres sujets sociaux qui ont tous un caractère national. Et c’est au journaliste de rappeler aux deux candidats les sujets qui sont liés à la vie des Américains». Pour Steven R. Hurst, « ce qu’il faut attendre des journalistes n’est pas seulement de dire qui a gagné en effectuant un sondage au sortir des urnes, mais surtout d’aller au-delà, en essayant de comprendre la nature et la motivation du choix des électeurs pour le candidat gagnant. »
La deuxième partie du symposium est donnée d’entendre une légende vivante du journalisme d’investigation en la personne Bob Woodward, l’homme qui a été à l’origine du Watergate, qui vu la démission au début des années 70, du président Nixon. Pendant ses 40 ans de journalisme au Washington Post, Bob Woodward a écrit sur le leadership et le fonctionnement interne de la plupart des institutions publiques de premier plan aux Etats-Unis. Les thèmes de ses articles sont notamment axés sur la présidence américaine, La Cour suprême, le Congrès, le Département d’Etat, le Pentagone, la Central Intelligence Agency (CIA) et la Réserve fédérale. Ce 31 octobre 2012, il a voulu rejoindre les journalistes du Murrow 2012 pour une conversation sur les questions critiques auxquelles font face les leaders américains, les décideurs politiques et les citoyens en cette année électorale de la présidentielle américaine. On retiendra du propos de Bob Woodward au Département d’Etat ce 31 octobre 2012, cette réflexion critique sur l’Etat du journalisme aux Etats-Unis, en heure électorale, notamment sur le fait que les hommes des médias n’ont pas pu ramener les deux candidats à la réalité des faits à savoir qu’à ce jour, les Etats-Unis ont en ce moment 16 mille milliards de dette.
Au final, en quittant le Département d’Etat, à l’issue de ce symposium, les 135 journalistes du Murrow 2012, ont pu comprendre que l’élection de ce 6 novembre 2012 va se jouer comme d’habitude sur des enjeux de politique nationale. Et les deux candidats, au regard des batailles qu’ils mènent sur le terrain, et qui sont depuis quelques semaines au coude à coude en sont bien conscients.
Jean François CHANNON, à Washington DC
Système électoral: La particularité américaine
Considéré comme l’une des plus grandes démocraties du monde, les Etats-Unis, avec le vote dit des grands électeurs ont mis en place un système électoral qui ne garantit pas toujours la transparence.
Le sommier démographique de l’électorat américain des présidentielles a évolué au fil des ans. Pendant longtemps, il s’est agit d’un électorat de race blanche. Aujourd’hui, les hispaniques sont venus en force et se placent en deuxième position. Ils sont suivis de nos jours par les Noirs Américains qui forment la troisième couche. De manière plus générale, le vote des jeunes de 18 ans prend une allure déterminante. Dans ce faisceau les deux candidats se positionnent de manière assez singulière. Selon des sondages réguliers publiés ces derniers jours par la presse américaine, dont les très sérieux New-York Times et Washington Post notamment, 70% des Blancs qui ont plus de 60 ans ont un vote conservateurs, En principe ils choisiront le candidat républicain Mitt Romney. 90% des hispaniques soutiennent Barack Obama. Et dans cet électorat, il y a de plus en plus les femmes et les jeunes qui pèsent d’un poids décisif. En réalité ce que l’on peut considérer comme « une fracture démographique », pour reprendre une expression du journaliste et analyste politique juan William, joue un rôle important dans le système électoral américain à travers l’entrée en jeu des réseaux sociaux qui supplantent depuis un temps les médias traditionnels que sont la radio, la télévision et la presse écrite.
Mais la plus grosse controverse vient du système électoral en lui-même. Dans le principe, comme l’exprime la loi fondamentale, le président des Etats-Unis élu pour quatre ans, renouvelable une fois. Dans le cas, présent, si Barack Obama venait à perdre ces élections, il peut se représenter, disons dans dix ans. Mais là les spécialistes de l’histoire américaine vous diront que cela n’est plus arrivé aux Etats-Unis depuis assez longtemps. En général lorsqu’on perd une élection après avoir été en fonction, on est généralement foutu dans ce pays. Car la conquête de l’opinion est assez complexe quand on est un ancien président.
En réalité le pouvoir du président est limité par trois branches de gouvernement qui sont d’égale puissance. Il y a d’abord la branche exécutive constituée par le président et son administration. Puis la branche législative avec les deux chambres à savoir le Senat et la Chambre des représentants. Et enfin la branche judiciaire avec les tribunaux. Tout ceci influe dans le monde d’élection du président. Et comme on dit aux Etats-Unis, un président africain a plus de pouvoir sur le plan national qu’un président des Etats Unis. Ceci se vérifie par le fait que le président n’a pas le pouvoir d’initier une loi. Il doit nécessairement passer par les chambres qui constituent le Congrès avec ses 535 membres dont 435 pour la Chambre des représentants, et 100 pour le Senat.
Pour élire le président des Etats Unis, comme cela va se passer ce 6 novembre 2012, tous les citoyens en âge de voter et qui jouissent de leurs droits civiques participent au scrutin. Mais le vote des simples citoyens ne suffit pas. On a introduit dans le système électoral la notion des grands électeurs. Qui sont donc ces citoyens particuliers qui ont en fait le dernier mot dans le processus électoral. Selon Peter Bluds, interprète administratif et grand observateur de la politique américaine, « il s’agit des citoyens et de citoyennes qui ont acquis une certaine notoriété sociale et à qui les deux grands partis ont fait l’honneur d’être nommés comme tels, c'est-à-dire grands électeurs au moment du processus électoral. Ils sont anonymes. A chaque élection présidentielle, chaque parti nomme absolument 535 grands électeurs ».
Et de poursuivre : « En fait sur les 50 Etats que compte les Etats-Unis, chaque Etat a droit à deux sénateurs. Et au total il y a 435 représentants. Un représentant correspond à peu près à 750 mille habitants. Le nombre des grands électeurs dépend de la taille des Etats. Plus l’Etat a une population élevée, plus il a de grands électeurs. Et pour remporter l’élection présidentielle, il faut avoir acquis le vote de 270 grands électeurs. C’est la majorité. » Le problème est que malgré les efforts que le sens commun veut généralement bien faire pour appréhender ce principe, il reste à tout point de vue assez flou. Et c’est bien cela la complexité et la particularité américaine. Tout ce qu’on sait est qu’après le scrutin de ce mardi 6 novembre 2012, et la vérité du verdict des urnes, c'est-à-dire après qu’on ait calculé les voix de chaque Etat, les grands électeurs vont se réunir, probablement au mois de décembre prochain et vont déterminer la « vrai élection du président des Etats-Unis en fonction des résultats qui leur aura été communiqué », commente Peter Bluds. C’est bien cela l’Amérique, un pays où tout est business, y compris les élections.
Jean François CHANNON
A Washington DC