L’ancien commandant de la Garde présidentielle s’est opposé bec et ongle au maintien de l’exécutif municipal sortant malgré un bilan reluisant, au grand désarroi des populations. Vers un vote sanction du parti au pouvoir dans l’arrondissement. Enquête.
Mengang déclare la guerre au Rdpc
Les populations de cette commune réclament leur maire déstabilisé par une maffia orchestrée par certaines élites locales, entérinée par la hiérarchie du Rdpc et qui y met à mal l’équilibre social. Elles menacent d’opter pour un vote sanction lors des municipales du 30 septembre prochain.
Sur les 267 recours, pour un total de 20 rôles de l’audience publique du 19 août 2013 introduits par l’ensemble des partis politiques à la Chambre administrative de la Cour suprême sur le contentieux pré-électoral des municipales du 30 septembre prochain, seule la commune de Mengang caracole en tête avec sept revendications. Les demandeurs : Polycarpe Olinga Olinga, Marie-Thérèse Akono Ondoua, Awounda Mbana, Athanase Bengono Bengondo Pierre Essindi Minkoulou, Léon Mengue, Dominique Tipta, appartiennent au parti au pouvoir, le Rdpc. Leurs numéros d’ordre et de recours sont respectivement les 26-59 /2013/ Ce ; 37- 59/2013/Ce ; 38- 58/ 2013/ Ce ;39- 57/ 2013/ Ce ; 98- 53/ 2013/Ce ; 99-54/2013/Ce; 100-55/2013/Ce.
Dans le registre des griefs qui sont constants et dirigés contre la liste choisie au forceps dans cet arrondissement où il est à craindre un embrasement, figure en place de choix l’annulation de la décision d’Elecam déclarant recevable laliste déposée par le Rdpc à Mengang. Puis suivent la contestation et l’annulation de la liste déposée par le Rdpc à Mengang, l’annulation de la décision d’Elecam acceptant la liste Rdpc, l’annulation de la liste Gabriel Bienvenu Ayia à Mengang. Ils contestent l’inscription sans leur avis sur la liste de Gabriel Bienvenu Ayia. La Cour Suprême a été saisie. Elle aurait dû donner une suite favorable à ces requêtes introduites auprès de son auguste Chambre par les conseillers municipaux de l’Hôtel de ville des « Grandes Ambitions » régulièrement inscrits sur la liste électorale de cette commune.
Ce d’autant plus qu’elles intervenaient avant l’expiration des délais prévus par l’article 189(2) du Code électoral. Les désabusés, candidats au renouvellement de leur mandat de conseillers municipaux, fondent leurs récriminations sur les conditions jugées frauduleuses de l’utilisation qui a été faite de leurs dossiers, en violation de l’article 182-4 du Code électoral, et qui devrait aboutir sur l’irrecevabilité de ceux-ci, pour défaut d’ « engagement sur l’honneur » en faveur de la liste retenue. Comment en est-on arrivé là ?
La famille politique à laquelle ils appartiennent ayant choisi le mode d’investiture pour la sélection de ses candidats, deux listes sont entrées en lice et ils se sont présentés à la sélection de la Commission communale compétente. Il s’agissait de la liste de Gabriel Bienvenu Ayia, et de celle d’Athanase Bengondo Mendogo, maire sortant, pour le compte de laquelle ils ont signé leur « Engagement sur l’honneur ». Ce serment en faveur de la liste Bengondo Mendogo était commandé par l’excellent bilan que l’équipe sortante a produit au cours de son mandat de 2007 à 2013. À la satisfaction générale des populations, et sur les perspectives réelles qui se dégagent de son action pour le développement de la commune. L’engagement de ces conseillers municipaux en faveur de la liste du maire sortant était dès lors, un engagement de conviction, laquelle du reste n’a jamais à ce jour été remise en cause.
Forfaiture
En dépit des deux séances de travail tenues par la Commission communale dépêchée par le Rdpc, aucun consensus n’a été conclu entre les deux listes en compétition. Cependant par la suite, il leur est revenu que c’est la liste Gabriel Bienvenu Ayia qui a été privilégiée par la Commission communale d’investiture et que leurs noms s’y trouvaient alors qu’ils n’avaient signé aucun engagement en faveur de cette liste.
Afin de prévenir toute méprise ultérieure, le sieur Dominique Tipta dont le nom figure à la 24ème place de cette liste querellée, avait signé le 20 juillet dernier, un document intitulé « attestation de réitération de mon engagement sur l’honneur en faveur de la liste Bengondo Mendogo
».
Ce document, précieuse pièce exigée dans la constitution du dossier de chaque candidat, avait pourtant été transmis à Elecam qui n’en a curieusement tenu aucun compte pour déclarer irrecevable la liste Gabriel Bienvenu Ayia. Toute chose qui a favorisé le recours à la Chambre administrative de la Cour suprême en vue de l’obtention de la condamnation de ces manipulations et autres pratiques frauduleuses qui expliquent la publication de leur nom sans leur consentement, dans la liste Gabriel Bienvenu Ayia. Au total, les dossiers initialement constitués ont manifestement été contrefaits, semble-t-il sous le fallacieux prétexte d’un consensus avec la liste concurrente. La tête de liste entourloupée a saisi, mais en vain, le Conseil électoral en produisant l’ « Attestation de réitération de leur engagement sur l’honneur » en faveur de la liste Bengondo Mendogo.
Les candidats de cette liste évoquent la culpabilité des auteurs de ces manipulations, comptables à leurs yeux d’infractions prévues et réprimées par la loi, d’une part de « faux en écriture privée » (art.314 al. 3 -C du Cp), et d’autre part, de « contrefaçon » de certificat (art.315 du Cp), au regard des signatures portées sur les documents libellés « engagement sur l’honneur » dont-ils en contestent la sincérité. Ce gangstérisme politique n’ira pas sans conséquences. Des voix s’interrogent sur la l’extrême légèreté dont a fait montre le Comité central du Rdpc à l’issue de laquelle son destin politique semble mal engagé. Il va de soi que cet état de chose peut contribuer à mettre en péril le processus démocratique dans cette commune en particulier pourtant promue à un bel avenir, ou de l’ensemble du pays.
Devant l’insistance de la défense d’engager ces débats au fond, et malgré les agitations du Rdpc conduit par Grégoire Sébastien Owona, et d’Elecam, la Chambre administrative s’est débinée en hâtant les réquisitions de l’avocat général qui a requis un jugement à la Salomon en déclarant la Cour suprême incompétente. Il semble que la Chambre administrative de la Cour suprême, par peur de confirmer cet impair , n’a pas daigné vouloir ouvrir le débat au fond, alors que manifestement la décision d’Elecam est illégale en vertu des irrégularités criardes parmi lesquelles l’absence du consentement, et l’engagement sur l’honneur des 6 conseillers municipaux constatées dans la liste à elle
transmise par le parti au pouvoir et qui leur procure des places non sollicitées dans la liste concurrente. On continue à Mengang, de s’interroger sur les raisons d’une telle attitude. La Cour suprême ayant accepté de recevoir des requêtes au demeurant bien étoffées.
Rejet
Les populations quant à elles ne cachent pas leur désarroi. Elles comptent exprimer ce sentiment par les urnes à travers les bulletins nuls, pour ceux qui vont exercer leur devoir citoyen. Une autre frange n’entend pas aller retirer les cartes d’électeur et mettent en garde Elecam contre tout tripatouillage qui pourrait déboucher sur un autre contentieux, cette fois –ci post électoral.
Dans leur majorité, n’étant pas opposées à l’alternance, le changement ou le renouvellement, elles estiment avoir été traumatisées et flouées par le procédé peu cavalier dont a usé le Comité central du Rdpc qui a privilégié la liste d’un concessionnaire d’Aes Sonel pour le placer à la tête de leur exécutif communal en éjectant sans élégance l’entreprenant titulaire.
De plus, elles semblent regretter la présence d’une autre formation politique à qui elles auraient pu accorder leurs suffrages. Elles ne désespèrent pas pour autant. Que penser de l’intégrité des patriarches de cette commune, en termes de hauteur d’esprit tels que le colonel à la retraite Titus Ebogo ? L’ancien comandant de la Garde présidentielle (1985-1999) se serait opposé bec et ongle au maintien de l’équipe sortante, en dépit de l’étalage du dynamisme de celle-ci et de ses résultats probants.
Pour mener à son terme cette opération de déstabilisation,Titus Ebogo et son affidé Gabriel Bienvenu Ayia auraient mis à contribution le Comité de développement pour la solidarité de l’arrondissement de Mengang (Codesom). Cette institution communale dont Gabriel Bienvenu Ayia est le président, aurait été créée à dessein pour régler des comptes à ceux qui ont le malheur de ne pas regarder dans la même direction que ses caciques .Elle aurait ainsi la capacité d’évincer de leur poste certains responsables politiques. Bengondo Mendogo, le maire sortant serait de ce fait une victime de cette broyeuse. Indexé comme un cumulard par ses détracteurs politiques à Mengang, et par lui battus aux municipales de 2007, ils se seraient adossés sur Robert Nkili Atyam, ministre des Transports et coordonnateur des activités politiques dans le Nyong et Mfoumou.
Bien plus encore, visiblement sur le Rdpc dont la collusion a porté Gabriel Bienvenu Ayia à la présidence de la Commission communale des activités du Rdpc à Mengang, au détriment de Bengondo Mendogo dont les pairs sont ailleurs présidents de Commissions
communales. Au moment de la constitution des listes des candidats aux municipales de 2013, quel rôle le Pr. Pius Ondoua, ancien ministre, sénateur Rdpc du Nyong et Mfoumou et président de la Commission communale de supervision des listes, aurait-il joué dans le « succès » des partisans du colonel Titus Ebogo ?
Selon des avis concordants, l’officier supérieur à la retraite aurait du reste imposé, sans surprise la liste où se trouvait Géneviève Aboudou Si sa jeune épouse, candidate sur 25 au poste de conseillère municipale, dans la liste conduite par Gabriel Bienvenu Ayia. Cependant, le Pr. Pius Ondoua aurait plutôt choisi de tenir la réunion de réception des listes à l’hôtel de ville des «Grandes Ambitions » de Mengang, lieu neutre par conséquent, plutôt qu’à Essouba dans la concession du colonel Ebogo qui lui en aurait fait la demande. Par acquit de conscience ?
Félix Tiako, à Mengang
tiakofelix@yahoo.fr