Depuis bientôt 30 ans, le « roi » Biya a mis sur pieds de nombreux systèmes électoraux uniques en leurs genres, et favorables à un système électoral made in Cameroon, comme avait prévenu en 1997, Augustin Kontchou Kouomegné, alors ministre de la communication et porte parole du gouvernement.
1992 : C’est la date de la première élection présidentielle pluraliste au Cameroun. Cette échéance est précédée par deux années de troubles. Le peuple, soutenu dans son action par des leaders de l’opposition encore clandestine et des organisations de la société civile, exige le lancement du processus de démocratisation du Cameroun. Cela doit nécessairement passer par la légalisation des partis politiques de l’opposition. Face à l’insurrection du peuple et à la pression internationale, Paul Biya cède.
C’est alors que la première élection pluraliste est organisée au Cameroun. Ni John Fru Ndi, le leader du Social democratic Front (Sdf) est en pôle position dans les sondages. Mais il ignore encore que son principal challenger détient l’appareil électoral à travers Gilbert Andzé Tsoungui, alors ministre de l’administration territoriale. Ce dernier, avec le soutien inconditionnel des forces de l’ordre et de défense, est au service de « l’homme Lion » d’Etoudi, met tout en jeu pour assurer sa réélection. Il orchestre avec le concours de la Préfectorale et de façon ostentatoire, des fraudes massives. Et comme on pouvait s’y attendre dans un tel contexte, Paul Biya est naturellement déclaré élu président de la République par la Cour suprême. La machine du régime, piloté sur le terrain par les préfets et les sous préfets, vient de briser l’espoir des Camerounais avides de changement.
De l’Onel à Elecam
Cinq années passent. Et nous voici en 1997, date d’une autre élection présidentielle comme le prévoit la constitution. Une fois encore, et malgré la détermination du peuple à changer le régime corrompu tenu par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Paul Biya est déclaré élu président de la République. La vague de contestation ne change rien à la donne. Se rendant compte qu’il faut soigner le mal à la racine, l’opposition exige la mise sur pied d’un code électoral crédible et la création d’un organe indépendant qui se chargera d’organiser le processus électoral. C’est alors qu’Augustin Kontchou Kouomegné, alors ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement monte au créneau.
Dans la foulée, et face à la pression des bailleurs de fonds, Paul Biya met sur pied l’Observatoire national des élections (Onel) dans les années 2000. Mais très tôt, l’on constate que ce n’est que la manifestation d’une imposture. Car le président de cette institution n’est personne d’autre d’Enock Kwayep, un membre du parti au pouvoir. A sa mort, il est remplacé par François-Xavier Ngoupeyou, un autre « camarade » du Rdpc. L’opposition ne lâche pas prise. La communauté internationale est appelée à la rescousse.
Restant dans la logique du dilatoire, Biya créé un nouvel organe : Elections Cameroon (Elecam). Mais, coup de tonnerre, son président, Samuel Fonkam Azu’u nommé par le chef de l’Etat est un membre influent du Rdpc. Pis d’autres membres telles Dorothy Djeuma et Cécile Bomba-Kolo sont membres du comité central du parti au pouvoir. Face à la contestation populaire, ces derniers se contentent d’annoncer leurs démissions du parti au pouvoir. Adieu l’alternance démocratique !