Elections - Joseph Antoine Bell: voici pourquoi je veux être maire
DOUALA - 05 SEPT. 2013
© Marie-Louise MAMGUE | Le Messager
L’ancien Lion Indomptable est candidat au poste de conseiller dans la commune de Ngambè
Joseph Antoine Bell: «Je serai le même, si je suis conseiller municipal ou maire»
Acteur actif de la scène sportive et plus particulièrement du football, chef traditionnel de Mouandè chefferie de Ngambe, militant du Rdpc, l’ancien Lion indomptable dévient désormais acteur actif de la scène politique. Candidat dans la commune de Ngambè dans le département de la Sanaga maritime, (région du Littoral), aux élections municipales 2013 qui se dérouleront le 30 septembre, l’ancien gardien de but revient sur sa motivation en politique.
On vous connaît comme un acteur de la scène sportive, aujourd’hui on vous voit sur un autre angle. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter comme candidat aux élections municipales dans la commune de Ngambè ?
On a toujours l’impression qu’avec Joseph-Antoine Bell tout lui est interdit. Je pense que nous sommes les êtres humains avant d’être des sportifs, et tout le monde sait très bien que la politique c’est le fait de s’occuper de la cité. Si vous ne vous en occupez pas, vous vivez quelque part, et si vous ne vous n’en occupez pas, d’autres s’occupent de vous. Donc si vous avez la capacité de faire quelque chose, vaut mieux s’engager pour le faire. Moi, plus que la politique au sens où vous l’entendez, je suis vraiment puriste. La politique c’est simplement s’occuper, et moi notamment, Ngambe c’est mon arrondissement de naissance, celui de mes parents et de mes grands-parents. Etre conseiller municipal, s’est apporter selon la tradition Bassa ses conseils à quelqu’un. Est-ce que je devrais refuser la possibilité d’apporter mes conseils à mon arrondissement de naissance ?
Après l’élection des conseillers municipaux, suivra celle des maires dans chaque commune, si vous étiez porté à la tête de votre arrondissement, quels seront vos projets ?
Si ça arrive pourquoi dirais-je non ? Est-ce que les gens de mon propre village seraient contents de savoir que, disposant du temps nécessaire puisqu’ils me voient régulièrement là-bas depuis très longtemps, que je puisse totalement me désintéresser de ce qui se passe là-bas y compris si je suis sollicité ? Je crois qu’il faut être conséquent. La commune c’est pour tout le monde, c’est justement pour se préoccuper du développement de cet arrondissement et du bien-être de la population. Il n’y a pas de meilleur programme que d’élever le niveau de vie des habitants de cette commune. Il n’y a pas de meilleur programme que celui-là, d’essayer d’élever le standard de vie de cette population. Même si finalement on est élu maire, on ne l’est pas tout , on est dans une équipe qui vous fait maire, vous êtes lié et notre loi nous a fait comprendre cela parfaitement. C’est ensemble qu’on va travailler pour pouvoir faire améliorer les conditions de vie des populations. Chez nous il y a véritablement du recul du niveau de vie des gens. Ça ne sera pas facile, mais il faut s’engager et je crois que c’est finalement nécessaire de montrer qu’avant la fin de ma vie je viens m’engager à leurs côtés et montrer qu’on est ensemble et qu’on peut faire avancer le niveau social de chez nous.
On vous connaît comme une personne critique envers le système en place, est-ce qu’en vous engageant vous pouvez changer les choses ?
Je n’ai pas de baguette magique. Je compte surtout être moi-même et c’est le type que vous venez de décrire, c'est-à-dire quelqu’un qui est capable de dire la vérité. Je compte sur la vérité pour pouvoir persuader les autres. Si ce que je dis est la vérité ou peut être la solution, les autres n’auront pas du mal à souscrire et du coup la solution n’appartient à personne tout comme la vérité. Donc le bien-être de notre population ne peut pas être ma vérité, c’est simplement la vérité et on la partage ensemble. Cette vision sera partagée d’abord entre conseillers et ensuite éventuellement avec les interlocuteurs partenaires avec qui on discute beaucoup. Dans tous les cas, je ne vois pas quelqu’un comme moi aller à la mairie de Ngambè pour un intérêt particulier. Forcement on y va pour l’intérêt de tous, et si on y est pour le bien de la population, c’est facile de s’entendre sur ce qu’il y a à faire.
Qu’est-ce que vous pensez apporter dans ce système critiqué par les Camerounais ?
Je pense que le système assez critiqué par les Camerounais n’a pas de nom, c'est-à-dire que le Cameroun qui est devenu indépendant en 1960, le Rdpc est moins vieux que ce Cameroun. Personne ne peut dire qu’il allait très bien, parce que moi j’ai été jeune à cette époque et j’ai vécu cette époque-là. Je pense que si on parle de système, c’est l’état d’esprit des Camerounais. Aucun pays n’est différent des gens qui l’habitent et ne peut être plus avancé que ses citoyens. Le système dont on parle est à nous et c’est la manière d’agir des Camerounais, ils sont ainsi où qu’ils soient. Donc le Rdpc n’est qu’un nom. Chez les sportifs, on dit que ce ne sont jamais les maillots qui jouent, mais les individus qui sont à l’intérieur des maillots. Les Camerounais, qu’ils soient au Rdpc ou dans un autre parti politique ont malheureusement certaines habitudes qui, aujourd’hui, commencent de manière notoire à prouver leur inefficacité ou plutôt leur degré de nocivité vis-à-vis de nous-mêmes. Il nous faut changer tous et ce n’est pas l’affaire d’un parti. Où il n’y a pas de parti, c’est sur la route que les gens ne respectent pas les règles. Il faut voir comment les gens conduisent sans le respect du code. Pourtant c’est la règle que tout le monde devrait suivre. C’est comment les individus se comportent qui fait la différence.
En tant qu’acteur sportif, vous maîtrisez parfaitement les problèmes qui minent le sport camerounais en général et plus particulièrement le football, est-ce que votre implication dans la sphère politique peut vous aider à apporter des solutions à cette crise qui déstabilise le sport camerounais ?
Je pense que le côté sportif on en parlera certainement à un autre moment. Mais il y a longtemps que je ne suis pas d’accord avec les choses qui se passent dans le milieu sportif. Or vous verrez que là-bas ce n’est pas un problème de parti, c’est tous ceux qui sont là-bas qui se sont comportés d’une certaine façon et aujourd’hui on est arrivé où nous en sommes. Tout le monde est obligé de reconnaître que c’est mauvais et une grande majorité commence à admettre qu’il y a un problème. C’est la même chose dans notre société. Il n’y a pas de cloisonnement entre la société et le sport. Tout le monde attend du sport qu’il soit propre et net alors qu’il est dans la société, il est pratiqué et dirigé par les hommes de la société. Les règles ne suffisent pas, c’est l’application de ces règles et la volonté de se soumettre aux règles qui fait la force d’une société. Que ce soit en sport ou en politique, les Camerounais ont besoin d’avoir cette grande volonté de se soumettre aux règles qui ont été établies. On a la chance qu’en sport elles ont été établies par d’autres alors que dans notre société, on a des lois que nous sommes censés établir pour nous-mêmes.
Est-ce que le fait que vous soyez désormais en politique pourra faciliter l’amélioration des choses ?
Je n’ai aucune idée. Vous savez, d’autres ont été en sport et étaient député, maire et aujourd’hui sénateur. Mais je ne pense pas que c’est leur titre qui va changer les choses, l’habit ne vous fait pas avancer, c’est la force de vos idées. Aujourd’hui, s’il y a plus des gens pour reconnaître que ce que j’ai dit, il y a longtemps était vrai, c’est simplement parce que c’est la vérité. Donc elle n’a pas été dénaturée après 10, 15 ou 20 ans. Il faut s’en accommoder. Donc je ne sais pas si le fait que j’ai la responsabilité en politique va changer les choses en sport, mais ce qui devrait faciliter le changement c’est la prise de conscience de chacun, de savoir que notre pays ne sera jamais plus avancé que si nous le voulons. Nous ne pouvons pas avoir un pays dit travailleur si les individus sont paresseux, etc. Il faut que nous sachions ce que nous voulons. Je ne crois pas que l’habit politique facilitera les choses, cela pourra peut-être être un déclic dans la tête de certains. En ce sens, vous avez raison. Pendant longtemps j’ai été perçu comme quelqu’un qui ne pouvait pas s’entendre avec le monde politique. Peut-être cela a pu causer un blocage dans la tête des gens moins engagés et qui ont tendance à suivre le vent. Aujourd’hui, et je le regrette, le monde politique aurait donné de la leçon au monde sportif alors que c’est en général l’inverse.
Et si vous étiez élu conseiller municipal ou maire, est-ce qu’avec vos nouvelles responsabilités vous serez encore présent sur la scène sportive ?
Quand c’est une histoire qui concerne Joseph-Antoine Bell, c’est toujours particulier. On a eu un président de fédération qui était directeur général d’une grande structure d’Etat, membre du Comité central du parti au pouvoir, président du club de sa société, personne n’a trouvé que c’était beaucoup. Donc , Je ne crois pas. Je serai le même si je suis conseiller municipal ou maire. Je ferai les deux. Je serai là pour les habitants de Ngambè.
Entretien avec Marie-Louise MAMGUE (Stagiaire)