Elections centrafricaines : troubles en vue à Douala, selon l'ambassadeur de la RCA au Cameroun (INTERVIEW)
Sources: Africatimes
Elections centrafricaines : troubles en vue à Douala, selon l'ambassadeur de la RCA au Cameroun (INTERVIEW)
(Xinhuanet 19/01/2011)
YAOUNDE -- Déjà observée en novembre 2010 à Douala au Cameroun lors des inscriptions sur les listes électorales soldées par un mort, la tension s'annonce vive à l'occasion des élections présidentielle et législatives de dimanche en Centrafrique, a confié dans un entretien à Xinhua l'ambassadeur de ce pays au Cameroun, Louis Oguéré-Ngaïkoumon.
De l'avis du diplomate, les violences annoncées par des "informations persistantes" sont une manœuvre des rebelles du Front pour la démocratie du peuple centrafricain (FDPC, non partie prenante du dialogue politique inclusif de décembre 2008 entre le pouvoir et l'opposition) pour empêcher la tenue des élections.
Question : Comment se préparent les élections du 23 janvier au Cameroun ?
Réponse : Au Cameroun il y a très longtemps, à cause des reports, que l'on s'est vraiment préparé ici. On a les différents partis politiques qui sont là. On a le KNK (le Kwa na Kwa) du président de la République. Il y a aussi le MLPC (Mouvement pour la libération du peuple centrafricain, ndlr) qui à la fois appartenait à Patassé et Ziguélé maintenant. Le président Patassé qui est candidat indépendant a ses partisans aussi. Il y a aussi un noyau des partisans du RDC (Rassemblement démocratique du peuple centrafricain, ancien parti unique créé par le défunt président André Kolingba, ndlr). Tout ce monde-là s'est organisé il y a longtemps.
Je puis vous assurer que c'est suite à cette organisation, dont l'inscription sur les listes électorales, qu'il y a eu les événements de Douala (en novembre 2010, ndlr), liés à l'esprit non seulement du report mais du refus d'aller aux élections. Des informations persistantes signalent des troubles en vue. Les autorités centrafricaines ont été contactées et c'est dans ce contexte que nous sommes. Il y a eu mort d'homme à Douala.
Q : D'après vous, quels sont les auteurs de ces manœuvres ?
R : Il y a un groupe de rebelles dit FDPC (Front pour la démocratie du peuple centrafricain, ndlr) qui a refusé de venir au dialogue à Bangui, le dialogue politique et inclusif. Tout le monde est arrivé sauf ce groupe-là et puis c'est le groupe qui continue à faire les attaques sur le terrain.
Q : C'est le groupe qui opère dans le Nord-est ?
R : Oui, qui attaque et est chassé. Et puis ils sont à 1.000 km de Bangui, à Birao, à la porte du Darfour. Chaque fois qu'ils attaquent, ils sont chassés. Evidemment, vous comprenez que cette zone qui se trouve à proximité du Darfour est un foyer d'insécurité.
Q : Combien d'électeurs ont été recensés au Cameroun ?
R : Au Cameroun, à Yaoundé précisément, nous avons à peu près 3.000 électeurs recensés. Ça devrait être les consulats de Douala et de Yaoundé. Maintenant, avec tout ce qui s'est passé à Douala, ils sont venus, ils ont tout déchiré, ils ont tout cassé. Le consulat est fermé pratiquement, l'administration ne fonctionne pas. Alors, sur quelle liste on va aller organiser les élections à Douala ? Voilà le problème. Les machines ont été cassées, ensuite on a égorgé un jeune plancton qui n'était même pas lié au service de l'organisation des élections.
Q : A combien est estimée la communauté centrafricaine au Cameroun ? Je vous pose la question, en fait c'est pour savoir si le nombre de 3.000 électeurs traduit un engouement pour ces élections ?
R : Au Cameroun, je ne peux pas vous donner avec précision le nombre de Centrafricains. Mais, ils sont nombreux. Le groupe qui s'est réellement recensé avec précision, ce sont les réfugiés placés sous la protection du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ndlr). La communauté centrafricaine qui est ici se structure en trois groupes. Le premier groupe, ce sont ceux qui sont venus pour des raisons économiques et se sont installés. Le deuxième groupe, c'est ceux-là qui sont partis du pays parce qu'il y a eu des problèmes politiques. C'est eux les réfugiés. Dans ce groupe de réfugiés-là, il y a deux groupes : les réfugiés officiellement identifiés par le HCR, mais il y a aussi un autre groupe qui est là, pas clairement identifié et c'est dans ses rangs que souvent il y a des malfrats, des gens qui attaquent. Ceux-là, on les compte comme des rebelles.
Le dernier groupe, ce sont les étudiants, les diplomates que nous sommes et quelques fonctionnaires de la Banque centrale (Banque des Etats de l'Afrique centrale, ndlr) et d'autres institutions qui sont ici. Les Centrafricains sont nombreux ici parce que la région qui fait frontière avec le Cameroun est l'une des plus peuplées de la République centrafricaine ; elle est beaucoup plus proche du Cameroun que de Bangui. Pour le nombre de 3.000 électeurs, le Code électoral qui a été adopté par toutes les parties prenantes au processus électoral dit que les réfugiés ne votent pas. C'est un document consensuel qui réglemente le bon fonctionnement des élections en Centrafrique. C'est l'une des raisons pour lesquelles il y a eu des incidents en Douala.
Par Raphaël MVOGO
Elections centrafricaines : troubles en vue à Douala, selon l'ambassadeur de la RCA au Cameroun (INTERVIEW)
(Xinhuanet 19/01/2011)
YAOUNDE -- Déjà observée en novembre 2010 à Douala au Cameroun lors des inscriptions sur les listes électorales soldées par un mort, la tension s'annonce vive à l'occasion des élections présidentielle et législatives de dimanche en Centrafrique, a confié dans un entretien à Xinhua l'ambassadeur de ce pays au Cameroun, Louis Oguéré-Ngaïkoumon.
De l'avis du diplomate, les violences annoncées par des "informations persistantes" sont une manœuvre des rebelles du Front pour la démocratie du peuple centrafricain (FDPC, non partie prenante du dialogue politique inclusif de décembre 2008 entre le pouvoir et l'opposition) pour empêcher la tenue des élections.
Question : Comment se préparent les élections du 23 janvier au Cameroun ?
Réponse : Au Cameroun il y a très longtemps, à cause des reports, que l'on s'est vraiment préparé ici. On a les différents partis politiques qui sont là. On a le KNK (le Kwa na Kwa) du président de la République. Il y a aussi le MLPC (Mouvement pour la libération du peuple centrafricain, ndlr) qui à la fois appartenait à Patassé et Ziguélé maintenant. Le président Patassé qui est candidat indépendant a ses partisans aussi. Il y a aussi un noyau des partisans du RDC (Rassemblement démocratique du peuple centrafricain, ancien parti unique créé par le défunt président André Kolingba, ndlr). Tout ce monde-là s'est organisé il y a longtemps.
Je puis vous assurer que c'est suite à cette organisation, dont l'inscription sur les listes électorales, qu'il y a eu les événements de Douala (en novembre 2010, ndlr), liés à l'esprit non seulement du report mais du refus d'aller aux élections. Des informations persistantes signalent des troubles en vue. Les autorités centrafricaines ont été contactées et c'est dans ce contexte que nous sommes. Il y a eu mort d'homme à Douala.
Q : D'après vous, quels sont les auteurs de ces manœuvres ?
R : Il y a un groupe de rebelles dit FDPC (Front pour la démocratie du peuple centrafricain, ndlr) qui a refusé de venir au dialogue à Bangui, le dialogue politique et inclusif. Tout le monde est arrivé sauf ce groupe-là et puis c'est le groupe qui continue à faire les attaques sur le terrain.
Q : C'est le groupe qui opère dans le Nord-est ?
R : Oui, qui attaque et est chassé. Et puis ils sont à 1.000 km de Bangui, à Birao, à la porte du Darfour. Chaque fois qu'ils attaquent, ils sont chassés. Evidemment, vous comprenez que cette zone qui se trouve à proximité du Darfour est un foyer d'insécurité.
Q : Combien d'électeurs ont été recensés au Cameroun ?
R : Au Cameroun, à Yaoundé précisément, nous avons à peu près 3.000 électeurs recensés. Ça devrait être les consulats de Douala et de Yaoundé. Maintenant, avec tout ce qui s'est passé à Douala, ils sont venus, ils ont tout déchiré, ils ont tout cassé. Le consulat est fermé pratiquement, l'administration ne fonctionne pas. Alors, sur quelle liste on va aller organiser les élections à Douala ? Voilà le problème. Les machines ont été cassées, ensuite on a égorgé un jeune plancton qui n'était même pas lié au service de l'organisation des élections.
Q : A combien est estimée la communauté centrafricaine au Cameroun ? Je vous pose la question, en fait c'est pour savoir si le nombre de 3.000 électeurs traduit un engouement pour ces élections ?
R : Au Cameroun, je ne peux pas vous donner avec précision le nombre de Centrafricains. Mais, ils sont nombreux. Le groupe qui s'est réellement recensé avec précision, ce sont les réfugiés placés sous la protection du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ndlr). La communauté centrafricaine qui est ici se structure en trois groupes. Le premier groupe, ce sont ceux qui sont venus pour des raisons économiques et se sont installés. Le deuxième groupe, c'est ceux-là qui sont partis du pays parce qu'il y a eu des problèmes politiques. C'est eux les réfugiés. Dans ce groupe de réfugiés-là, il y a deux groupes : les réfugiés officiellement identifiés par le HCR, mais il y a aussi un autre groupe qui est là, pas clairement identifié et c'est dans ses rangs que souvent il y a des malfrats, des gens qui attaquent. Ceux-là, on les compte comme des rebelles.
Le dernier groupe, ce sont les étudiants, les diplomates que nous sommes et quelques fonctionnaires de la Banque centrale (Banque des Etats de l'Afrique centrale, ndlr) et d'autres institutions qui sont ici. Les Centrafricains sont nombreux ici parce que la région qui fait frontière avec le Cameroun est l'une des plus peuplées de la République centrafricaine ; elle est beaucoup plus proche du Cameroun que de Bangui. Pour le nombre de 3.000 électeurs, le Code électoral qui a été adopté par toutes les parties prenantes au processus électoral dit que les réfugiés ne votent pas. C'est un document consensuel qui réglemente le bon fonctionnement des élections en Centrafrique. C'est l'une des raisons pour lesquelles il y a eu des incidents en Douala.
Par Raphaël MVOGO