Une trentaine d’organisations de la société civile est réunie à Yaoundé pour se construire en vue d’avoir un véritable impact sur les actions de démocratie et de développement du Cameroun.
Des reformes politiques pour atteindre l’émergence
Dans la perspective des prochaines échéances électorales, les organisations de la société civile regroupées au sein du Forum de la société civile pour la démocratie (Fscd) ont entamé hier jeudi 6 septembre deux jours de travaux afin de plancher sur les notions de la citoyenneté, la démocratie, la dévolution du pouvoir, les techniques de mobilisation de groupe ; sur le thème : «Citoyenneté et stratégie du suivi du processus électoral par la société civile». Une initiative de l’Ong «Un Monde avenir» que l’Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Robert P. Jackson a salué à sa juste valeur.
Tout en appréciant le fait que depuis la dernière élection présidentielle du 9 octobre 2011, la société civile a travaillé dur pour renforcer ses capacités dans le domaine du leadership dans l’optique de jouer un rôle constructif dans la démocratisation du Cameroun. Et pour cause dira Robert P. Jackson, «Chaque pays a besoin d’une société civile dynamique pour se développer.»
Parce qu’il soutient que seuls le sens du devoir civique, la responsabilité civique et l’engagement civique pourront contribuer à créer le type de citoyen dont ce pays a besoin pour accomplir sa vision 2035 et ses objectif en matière de réduction de la pauvreté, et partant réaliser son véritable potentiel, qui est extraordinaire. Avant de souligner que «réaliser cet objectif n’est pas seulement une question de transformation économique, cela implique des modifications des modes de pensées traditionnels, de conduite des affaires et de gouvernances.»
Parce que poursuit-il : «les pouvoirs publics, tous seuls, ne peuvent pas relever ces défis. Ils interpellent tous les citoyens.» Non sans préciser que pour devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2035, «c’est aujourd’hui que le Cameroun doit tracer sa voie.» Autrement dit, il ne saurait attendre l’échéance de 2035 pour agir. Mieux atteindre la croissance économique pour mettre en œuvre les reformes, «la croissance étant impossible sans les reformes.» sérine Rober P. Jackson.
En dépit de la polémique qu’entretiennent les économistes, les sociologues, les politologues et autres spécialistes sur la question de savoir si le développement économique doit précéder la reforme politique, l’Ambassadeur des Etats-Unis, pour sa part estime que « les reformes politiques et les reformes économiques doivent, à la fois, être effectives pour pouvoir s’inscrire dans la durée.»
Et pour le chef de la mission diplomatique des Etats-Unis au Cameroun, l’une des pistes serait de : - promouvoir l’égalité des sexes, ainsi que l’intégration des femmes et des jeunes à la vie politique et économique du Cameroun ; - renforcer le système juridique et électoral en vigueur tout en renforçant l’autonomie et partant la crédibilité ; - lutter contre la corruption ; - rendre effectif l’application de l’article 66 de la constitution sur la déclaration des biens…
Appel à une démocratie effective
Et comme à son habitude, l’Ambassadeur des Etats-Unis, Robert P. Jackson a profité de cette tribune pour se prononcer sur les sujets d’actualité. Il va marteler qui une fois de plus, une justice équitable et efficace, des élections justes et transparentes, constituent les meilleurs outils pour combattre la corruption, renforcer les institutions et préserver la paix. Une paix fondée sur la règle de droit et des décisions justes est une paix durable et soutenable. «Parce que c’est la loi du peuple et pour le peuple.» Une invite à Elecam, dont le président du Conseil électoral, Fonkam Azuh qui était à ses côtés, afin de jouer le rôle d’impartialité qu’on attend de cet organe qui a la charge de gérer le processus électoral.
Quant à l’Opération Epervier, Il va reconnaitre que cette campagne de lutte contre la corruption, a connu un nouvel élan. Mais Robert P. Jackson va réitérer que des procès équitables, rapides et transparents sont essentiels à la réussite de tout effort de lutte contre la corruption.
Et sur les interdictions de réunions et de manifestations qui sont le sport favori du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, l’Ambassadeur des Etats-Unis va soutenir que «L’Etat de droit et de démocratie ne constitue pas une religion. Mais un système de gouvernance. Ce n’est ni une unanimité de pensée, ni une unanimité de croyance, c’est une expression de la diversité.»
A ce titre, pour protéger toute démocratie, le peuple doit avoir le droit de s’exprimer et de se réunir librement, notamment quand il souhaite partager d’autres idées ou points de vue. Et pour l’étayer il va parodier l’écrivain anglais, Evelyn Beatrice Hall qui répondait ainsi au philosophe français Voltaire : «Je désapprouve ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire.» En d’autres termes, la liberté d’expression ne doit pas être subordonnée à la teneur du discours. Car le débat politique et les idées contradictoires sont inhérents à la santé même d’une démocratie.
C’est pourquoi, dans la perspective des prochaines élections, il a demandé à la société civile de pouvoir coordonner ses efforts afin de couvrir davantage de bureau de vote, si elle veut véritablement œuvrer pour des élections transparentes. Notamment s’entendre pour que les unes et les autres ne supervisent pas le même bureau de vote afin de maximiser leur présence dans les bureaux de vote.
Toutefois, il a souhaité voir des reformes
supplémentaires être prises pour rendre ces élections davantage
crédibles. A l’instar de l’instauration du : - quota pour les femmes, -
principe d’une personne une voix pour les circonscriptions à candidat
unique, - bulletin de vote unique, - publication des listes électorales
sur internet afin de permettre à tous de dépister les éventuelles
erreurs, - distribution à temps des cartes d’électeurs, - prolongement
de la durée de la campagne, - abrogation de la clause ambiguë du code
électoral unique , qui empêche « les agents des entités étrangères » de
se porter candidats, identification des bureaux de vote, - accréditation
de tous les observateurs par Elecam, - utilisation de l’encre
indélébile, réduction des bureaux de vote dans les zones urbaines et
instaurer plus d’un isoloir par bureau de vote, - prise de dispositions
complémentaire pour les électeur handicapés physiques, - la scellé
correcte des urnes, - fermeture des bureaux de vote une heure avant le
coucher du soleil, - annoncer et publier les décomptes de votes par
bureau de vote, - et couverture médiatique équilibrée.